(Cet article a été co-écrit avec Matteo Zaid, qui est revenu sur le parcours de l’équipe de France)
Alors qu’on arrive à l’EuroBasket 2013, l’Espagne est incontestablement la meilleure équipe d’Europe dans le monde dans la balle orange, et la deuxième tout court derrière la Team USA. Peut-elle réussir à obtenir un triplé historique, ou est-ce qu’une équipe va enfin réussir à vaincre la fureur rouge?
EuroBasket 2013, direction la Slovénie

Pour la première fois de son histoire, la Slovénie organise l’EuroBasket. 24 équipes se sont affrontées entre le 4 et le 22 septembre 2013 dans 5 arènes réparties dans 4 villes : à Celje, à la Salle de la Corne d’Or, pouvant accueillir jusqu’à 5 500 personnes, à Jesenice, à la Salle Podmežakla, disposant d’une capacité de 5 500 places, à Koper, à l’Arena Bonifika, prévue pour 5 000 personnes et à Ljubljana, à l’Arena Stožice, pouvant contenir 12 500 personnes et à la Salle Tivoli, ayant une capacité maximale de 5 600.
Au cours de la première phase de l’EuroBasket 2013, chaque équipe devait affronter toutes les autres équipes de son groupe. Cela représentait cinq matchs par équipe. Groupe A à la Salle Tivoli, groupe B à Jesenice, groupe C à Celje et groupe D à Koper.
Dans chaque groupe, les trois meilleures équipes se qualifiaient pour la deuxième phase à l’Arena Stožice et les trois moins bonnes étaient éliminées. Au cours de la deuxième phase, deux nouveaux groupes furent formés. Les trois meilleures équipes des groupes A et B étaient réunies pour former le groupe E et les trois meilleures équipes des groupes C et D étaient réunies pour former le groupe F.
Dans ces deux nouveaux groupes de la deuxième phase, seules les équipes qui ne s’étaient pas encore affrontées devaient jouer. Quant aux matchs qui avaient déjà eu lieu lors de la première phase, leurs résultats comptaient également pour la deuxième phase. Ainsi, chaque équipe a disputé trois matchs et 12 équipes ont participé à la deuxième phase. À l’issue de la deuxième phase, les quatre meilleures équipes de chacun des deux groupes se sont qualifiées pour les quarts de finale, tandis que les deux dernières équipes ont été éliminées de l’EuroBasket 2013.
Avant le tournoi, les bookmakers et les journalistes placent l’Espagne, la Grèce, la Lituanie et la France comme étant les grands favoris de la compétition. Ce sont les équipes avec les effectifs les plus complets, mais également celles avec le plus de certitudes.
Double championne d’Europe et double vice-championne olympique en titre, l’Espagne est définitivement au-dessus du lot. Certes, Pau Gasol, nommé dans le 5 majeur de l’EuroBasket 2011 et meilleur joueur espagnol en 2012, n’est pas là en 2013 après avoir subi une intervention chirurgicale au genou. Juan Carlos Navarro, MVP du précédent EuroBasket est absent aussi. A 33 ans, il a besoin de repos et de se préparer pour le Championnat du Monde 2014, en Espagne.
Une chose est sûre, je vais prendre du repos vis-à-vis de la sélection nationale cet été. Comme je l’ai déjà dit, ça a été une saison difficile pour tout le monde et pour moi personnellement. J’ai besoin de repos et de récupérer pour l’année prochaine.” a-t-il déclaré.
Mais l’équipe peut toujours compter sur Marc Gasol, le Défenseur de l’année en NBA, ainsi que Rudy Fernández, qui avait brillé avec l’Espagne lors des Jeux Olympiques de Londres en 2012, en plus d’un noyau solide qui a dominé l’Europe ces dernières années.
La Grèce, après un EuroBasket 2011 très décevant, semble s’être revigorée. En reconstruction depuis 2008, la Grèce mise à l’EuroBasket 2013 sur Vassilis Spanoulis, MVP de l’EuroLeague. Ses jeunes talents Kostas Sloukas et Papanikolaou, ce dernier ayant été nommé la Rising Star de l’EuroLeague sont à suivre. Le frontcourt est fourni avec Georgios Printezis, Antonis Fotsis, Loukas Mavrokefalidis et Ioannis Bourousis. Les ambitions sont claires pour les Grecs.
Après une élimination surprise face à la Macédoine devant son public et un quart de finale à Londres, la Lituanie veut retrouver le podium en 2013. En transition entre Šarūnas Jasikevičius et Jonas Valančiūnas, la Lituanie de Jonas Kazlauskas mélange les vétérans comme Robertas Javtokas, Kšyštof Lavrinovič et Linas Kleiza et jeunes talents comme Mindaugas Kuzminskas et Valančiūnas.
Forte sous le cercle mais limitée à quatre arrières, elle dépendra de Mantas Kalnietis, Renaldas Seibutis, Tomas Delininkaitis et Martynas Pocius. Valančiūnas, en forme éclatante en préparation après une saison de rookie solide en NBA, pourrait être la clé pour viser haut à l’EuroBasket 2013 malgré quelques doutes défensifs.

Finaliste du précédent EuroBasket et quart de finaliste aux JO, la France veut son premier titre majeur. Pourtant, l’été de préparation avant l’EuroBasket 2013 remet beaucoup en question les chances de l’équipe de France dans ce tournoi. Cette préparation d’un mois a été plus que mouvementée, avec pas moins de 6 joueurs qui ont annoncé leur forfait pour le tournoi : Joakim Noah, Kévin Séraphin, Ludovic Vaty, Ian Mahinmi, Rudy Gobert et Ronny Turiaf. L’absence de Noah en particulier fait mal, lui qui venait d’être nommé All-Star pour la première fois de sa carrière.
Si pour certains, ce forfait est justifié par des problèmes de santé ou des blessures, pour d’autres, les raisons restent beaucoup plus floues. Pression de leurs franchises NBA ou choix de carrière, des forfaits posent question sur l’implication de certains joueurs en équipe de France. L’équipe se retrouve décimée dans le secteur intérieur, et au lendemain de l’annonce du dernier forfait, Vincent Collet, coach de l’équipe de France, déclarait en conférence de presse :
Ce que je constate aujourd’hui, c’est qu’il y a une rupture dans le pacte de l’engagement envers le maillot bleu (…) sur la liste des huit joueurs prioritaires au poste 5 que j’avais arrêtée en janvier, il y en a sept qui sont forfait. »
Au poste de pivot, seul Alexis Ajinça est au rendez-vous de la liste définitive. Collet doit trouver des solutions, en construisant une nouvelle identité de jeu, et en faisant la promotion de jeunes talents, dans des rôles avec beaucoup plus de responsabilités.
Malgré les nombreux forfaits, l’effectif de l’équipe de France reste tout de même compétitif. Il est composé à la fois de la génération Tony Parker, avec notamment Boris Diaw et Florent Piétrus, et des jeunes joueurs comme Nicolas Batum, Antoine Diot, Alexis Ajinça ou encore Thomas Heurtel. Cette nouvelle génération qui arrive est très talentueuse, et double championne d’Europe en titre chez les jeunes.
Ces jeunes joueurs viennent donc renforcer l’effectif d’une génération dorée, qui n’a toujours pas concrétisé ses ambitions en remportant un titre majeur. Au moment de cet EuroBasket, cela fait 10 ans que la génération Parker essaye de ramener le premier titre majeur dans l’histoire de l’équipe de France, en vain. Cette génération a déjà réalisé de très bons tournois, en finissant sur le podium lors de précédentes éditions de l’EuroBasket, mais jamais sur la plus haute marche. C’est donc dans une ambiance particulière, avec des doutes, un effectif plus jeune et un entraîneur qui bricole, que la France s’envole pour l’EuroBasket, cette fois-ci dans la position d’un outsider.
Chez les outsiders, on retrouve également la Russie… en théorie. Médaillée de bronze en 2011 et 2012, l’équipe se ramène en 2013 sans son leader incontesté : Andrei Kirilenko, qui a pris sa retraite internationale. Sans lui, les ambitions sont clairement revues à la baisse pour cet EuroBasket.
La Macédoine a réalisé un parcours miraculeux jusqu’en demi-finale de l’EuroBasket en 2011, mais même en maintenant son noyau, y compris Bo McCalebb et le capitaine Pero Antić, personne ne s’attend à revoir l’équipe faire aussi bien en 2013.
La consécration de la génération Tony Parker

Après plus de 10 ans d’attente et de défaites frustrantes, la génération dorée de l’équipe de France, emmenée par Tony Parker, décroche enfin le premier titre majeur dans son histoire. Un EuroBasket 2013 historique pour le basket français, mais un qui n’avait pas commencé de la meilleure des manières.
L’équipe de France hérite d’un groupe A à sa portée, dans lequel elle fait figure de grande favorite. En ouverture de l’EuroBasket, la France affronte l’Allemagne, un adversaire plus faible sur le papier, surtout sans Dirk Nowitzki, mais contre qui l’équipe de France doit se montrer sérieuse et se rassurer. L’équipe d’Allemagne a du répondant, et réalise une prestation très solide. La France s’incline 80-74 à la surprise générale. Tony Parker, et ses 18 points, est le seul à véritablement être rentré dans sa compétition, mais la prestation collective de l’équipe est inquiétante. Dans le vestiaire après la rencontre, Vincent Collet pousse un coup de gueule qui doit servir d’électrochoc pour motiver tout le monde.

« Ce n’est pas comme ça qu’on sera prêt, ce qui vous a échappé depuis 10 ans, va vous échapper encore. » Déclaration dure mais nécessaire pour remobiliser l’équipe de la part du coach français dans le vestiaire après le match France-Allemagne.
Dès le lendemain, le staff de l’équipe de France commence déjà les premiers réglages. Nicolas Batum fait notamment partie des choses à régler dans le fonctionnement et le jeu de l’équipe. Jeune grand espoir du basket français, Batum sait qu’il doit élever son niveau pour venir appuyer les leaders de l’équipe et notamment Tony Parker.
Il vaut mieux être un très bon lieutenant qu’un mauvais Général. Le Général on l’a déjà, c’est Tony Parker. Mais un jour, cette équipe va être la tienne, pour l’instant c’est la sienne. » Vincent Collet à Nicolas Batum, lors de l’entraînement pour la préparation du second match de poule.
Le jeune joueur doit prendre ses responsabilités, et le staff veille pour lui apporter toute sa confiance. Ils savent très bien qu’ils auront besoin d’un Batum au niveau pour espérer aller loin dans ce tournoi. Autre particularité qui doit être peaufinée à l’entraînement, l’adaptation aux dimensions du terrain. En effet, la ligne de 3 points est plus proche en FIBA qu’en NBA, donc ça peut être tentant de bombarder et prendre beaucoup de tirs. Mais Tony Parker, en tant que leader, rappelle à ses coéquipiers, et notamment ceux évoluant en NBA, l’importance de la sélection des shoots.
Les deux matchs qui suivent sont des formalités pour l’équipe de France, qui affronte des adversaires beaucoup plus faibles et s’impose facilement, notamment de 23 points d’écart contre la Grande-Bretagne (88-65). Le vrai test de cette poule semblait être celui contre l’Ukraine, mais les Français, emmenés par un Tony Parker en feu, s’imposent finalement 77-71, et se rassurent pour la suite de la compétition. Le meneur tricolore inscrit 28 points dans ce match, bien aidé également par les 15 points de Boris Diaw.
Lors du dernier match de la première phase contre la Belgique, la France doit continuer de rassurer et doit gagner pour garder la confiance, surtout face à un adversaire plus faible sur le papier. Mais le match va s’avérer plus délicat que prévu. À la mi-temps, la France compte 12 points de retard. C’est une surprise lorsqu’on sait que la Belgique n’a pas passé les poules de l’EuroBasket depuis plus de 20 ans, et ne compte pas un effectif très fourni.
En deuxième mi-temps, des Français plus concentrés et agressifs retournent la situation, pour finalement s’imposer 82-65. Ce match marque un déclic. C’est à partir de ce moment-là qu’on commence à voir les prémices d’une équipe qui se transcende dans l’adversité. Les Français ont également fait preuve de solidarité pour pallier le forfait de Nicolas Batum, touché au pied et laissé au repos pour ce match. La France s’est donc imposée lors de ses 4 derniers matchs de poule pour assurer sa qualification, mais ne s’est pas entièrement rassurée.
Malgré un regain de forme dans la deuxième mi-temps contre la Belgique, et des motifs de satisfaction, la France commence le deuxième tour par une défaite 62-76 contre la Lituanie. Le capitaine et cadre de l’équipe de France, Boris Diaw, hausse la voix dans le vestiaire après le match. Il reproche à l’équipe d’être trop décontractée, après sa victoire contre la Belgique, chacun doit se concentrer et redevenir sérieux, comme pour les matchs qui ont suivi la défaite inaugurale contre l’Allemagne.
Dans le même temps, Batum est sous les critiques, notamment à cause de son manque d’impact dans les matchs, alors qu’il devrait être le lieutenant de TP, et le leader de la nouvelle génération. L’ailier français a du mal à rentrer ses tirs et est en plein doute après ce match.
« Batman », comme on le surnomme, va faire taire beaucoup de critiques durant le second match contre la Lettonie. Les deux jeunes protégés de Vincent Collet, Alexis Ajinça et Nicolas Batum, vont porter la France dans ce match, qui avait absolument besoin de l’emporter pour se qualifier en 1/4 de finale. Auteur de 25 points pour l’un et 19 pour le second, et bien aidé par les 23 points du maestro Tony Parker, ils vont offrir à la France le 8ème quart de finale consécutif dans une grande compétition, et le 7ème pour TP.
Depuis que je suis là, on a tout le temps été en quart de finale. Maintenant, il faut gagner une fois l’Or pour que tout le monde se rappelle notre génération. » Déclaration de Tony Parker à V.Collet dans les vestiaires de l’équipe de France après le match.
Tout le groupe connaît l’importance de remporter des grands trophées pour rentrer dans l’histoire de son pays. Cette génération dorée, et son leader T.Parker, ont mis la France sur la carte du basketball dans le monde. Les nombreux résultats de cette génération sont gratifiants pour tout le monde, mais ils doivent monter sur la plus haute marche, et enfin garnir l’armoire à trophées de l’équipe de France.
Lors du dernier match de ce deuxième tour, la France, déjà qualifiée, s’incline dans un match qui ne compte pas contre la Serbie. Malgré le manque d’enjeux, les Français montrent encore une fois leurs lacunes. L’abattement se fait ressentir après le match, pour un groupe qui voulait se rassurer avant d’entamer la préparation de son quart de finale.
À partir de maintenant, les défaites passées ne comptent plus, c’est un nouveau tournoi qui commence. Ce sont les matchs à élimination directe, et c’est ce que le capitaine TP essaye de faire comprendre en conférence de presse d’avant match, malgré des journalistes sceptiques sur les chances françaises, à la suite d’une phase de poule très mitigée. Qui plus est, la France affronte le pays hôte en Quart de finale, la Slovénie, et va donc jouer dans une ambiance bouillante.
Dans une salle totalement acquise à la sélection locale, les Slovènes prennent le dessus dès le début du match. Mais le leader de l’équipe de France, T.Parker, sort une prestation XXL, et en patron, il permet à la France de rester dans le match. Parker porte la France en attaque, bien aidé en défense par Batum, qui réalise une énorme performance en muselant la jeune star locale, Goran Dragić.
Les Bleus s’imposent 75-62 et sortent l’équipe à domicile. C’est un match référence pour la France, qui dans un contexte délicat, contre une bonne équipe, a su être solidaire, faire le dos rond et appuyer quand il le fallait, pour finalement s’imposer. À noter les grosses performances de T.Parker une nouvelle fois : 27 points à 45% au tir, et de N.Batum , 14 points à 45% au tir également. Les Bleus se qualifient en demi-finale, pour y affronter leur bête noire, l’ogre espagnol.
Cela fait 13 mois que j’attends qu’on recroise leur route, parce que je suis persuadé que toutes les séries sont faites pour s’arrêter ». Déclaration de Vincent Collet avant le choc contre l’Espagne.
L’Espagne, le meilleur ennemi de l’équipe de France, que les Bleus n’ont battu qu’une fois en 8 ans. Les Espagnols restent sur trois victoires contre la France en tournoi officiel, en 2009 en 1/4 de l’Euro, en 2011 en Finale de l’EuroBasket, et en 2012 en 1/4 des JO de Londres. L’équipe d’Espagne, hyper agressive, tue la confiance de l’adversaire pour dérouler ensuite, c’est un véritable rouleau compresseur. La France n’a pas réussi à trouver la solution lors des dernières confrontations, mais arrive plus motivée que jamais pour écrire sa propre histoire.
La tension se fait ressentir côté Français avant cette demi-finale. Le début de match est en faveur de l’Espagne qui domine la France. Les Français sont fébriles, et les vieux démons du passé commencent à faire surface. Les Espagnols mettent beaucoup plus de rythme et d’envie. T.Parker est seul à performer et à rentrer ses shoots, ce qui permet à la France de ne pas trop être distancée au score.
Un événement va marquer la fin de cette première mi-temps. Boris Diaw réalise une énorme faute sur un Espagnol qui partait seul inscrire un panier en contre. Par ce geste, le capitaine français souhaite réveiller ses coéquipiers, et leur montrer qu’aucun panier ne doit être facile pour eux. La France compte tout de même 14 points de retard à la mi-temps. Dans les vestiaires, les visages sont fermés. Tony Parker va alors s’adresser à ses coéquipiers, et prononcer un discours qui restera dans l’histoire du sport français.
Ça se voit dans leurs visages, ils nous prennent pour de la merde. Je m’en fous si on perd, mais en 2ème mi-temps, on joue avec notre fierté et on joue dur. Après on perd c’est pas grave, c’est la vie, mais moi je préfère perdre en se battant, pas comme ça ».
Le discours de la superstar de l’équipe de France va marquer tout le monde dans le vestiaire et redonner un second souffle à tout un groupe. S’en suit une 2eme mi-temps d’anthologie, peut être la meilleure de l’histoire du basketball français.
La fin de match est irrespirable. À 2min de la fin de 4QT, T.Parker rentre un gros tir à 3 points qui permet à la France de mener 64/63. Première fois que la France passe devant au score dans la 2eme mi-temps. À 40sec de la fin, la France a comblé son retard et est à égalité avec l’Espagne. T.Parker prend la balle, se fait contrer, et les espagnols partent en contre, mais ne réussissent pas à marquer le panier décisif. Les deux équipes partent donc pour 5 min de prolongation.
L’Espagne ne marque pas un panier en 4 minutes, et semble sans solution. En face, les bleus ont du mal aussi et n’inscrivent que 2 points en 4minutes. 73/72 pour la France à 18 secondes de la fin. Antoine Diot obtient deux lancers francs importantissimes, et marque les deux. La France mène 75/72. L’Espagne a une dernière possession pour égaliser, mais n’arrive pas à scorer. Sergio Rodríguez et Marc Gasol loupent successivement leurs tirs, et la France s’impose dans une fin de match incroyable. À souligner la dernière séquence défensive impeccable des Français, et notamment Florent Piétrus qui colle Marc Gasol, et l’oblige à envoyer un dernier shoot ultra compliqué à 3 points.
La France, après s’être fait peur en fin de prolongation, élimine son bourreau, et file en finale de l’EuroBasket. Tony Parker a réalisé une demi-finale légendaire, qui restera dans l’histoire de l’Euro. Le meneur français a inscrit 32 points sur les 75 des Français, avec un pourcentage au tir hallucinant de 57%.

L’équipe de France n’est donc plus qu’à une marche de réaliser le plus grand exploit de son histoire. Mickaël Gelabale, qui était incertain pour la Finale après un coup reçu au mollet, décide de tout de même participer à ce match. La tension est palpable dans le bus et le vestiaire avant le match, mais c’est un groupe concentré qui s’avance en Finale, un groupe qui a rendez-vous avec son Histoire.
Les 15 premières minutes sont engagées, et les deux équipes sont aux coude à coude. La Lituanie décide de faire souffler Linas Kleiza, son meilleur joueur. La France en profite et accélère pour faire le break dans ce match. Ce tir du milieu de terrain d’Antoine Diot symbolise la confiance du groupe dans ce match. La France réalise l’écart décisif dans ce deuxième quart-temps (31-12), pour mener de plus de 16 points à la mi-temps (50-34).
Dans les vestiaires, T.Parker, en leader, prononcera quelques mots pour que le groupe reste concentré, et surtout qu’il ne donne rien aux Lituaniens. Ne pas faire de geste vers le public (lever les bras pour célébrer), pour ne pas donner une rage et une source de motivation supplémentaire à l’adversaire.
La seconde mi-temps est une formalité. La France s’impose finalement 80-66, et remporte le premier titre majeur de son histoire. On l’a fait, on l’a fait » « 10 ans qu’on bataille pour ça ! »Le soulagement de Tony Parker et Florent Piétrus, qui se prennent dans les bras au coup de sifflet final.

Cette médaille d’Or marque enfin l’histoire pour cette génération dorée, qui est allée chercher le plus beau titre de l’histoire du basketball français. Symbole de ce groupe soudé, la marque a été très équilibrée côté Français durant cette finale. Nicolas Batum finit meilleur marqueur avec 17 points, suivi des 15 points de Boris Diaw et des 12 points de Tony Parker.
Ce dernier finit également meilleur joueur, meilleur marqueur et dans l’équipe type du tournoi, avec 19 points de moyenne, à plus de 50% au tir. Une campagne 2013 historique pour le meneur des San Antonio Spurs. Tony Parker est rejoint dans le 5 majeur de l’EuroBasket 2013 par le Slovène Goran Dragić, le Croate Bojan Bogdanović, le Lituanien Linas Kleiza et l’Espagnol Marc Gasol.
Cette victoire a permis au public Français de vibrer pour son équipe nationale de Basketball, et d’offrir une grande visibilité pour ce sport. La génération Tony Parker a réussi ce pourquoi elle se bat depuis plus de 10 ans, et commence petit à petit à passer le flambeau aux jeunes joueurs. Cette nouvelle génération arrive en nombre, que ce soit en NBA et en équipe de France, pour faire briller ce drapeau bleu sur la scène internationale.
Quand on sait ce qu’il s’est passé ensuite, on se dit que ce titre a marqué le début d’une belle histoire pour le basketball français. Alors certes, la France n’a pas regagné l’Or dans une compétition depuis ce sacre, mais elle enchaîne les performances marquantes. 3ème lors de l’EuroBasket 2015 et des Coupe du Monde 2014 et 2019 (en éliminant Team USA en quart du mondial 2019 notamment), finaliste de l’EuroBasket 2022, mais surtout des Jeux Olympiques 2020 et 2024.
Malgré quelques désillusions, la France est considérée comme l’une des Nations avec le meilleur noyau de jeunes joueurs, symbolisé par la superstar Victor Wembanyama. C’est une équipe construite et avec de l’ambition, notamment de remporter d’autres grandes compétitions, à commencer par l’EuroBasket 2025, qui débutera le 27 août prochain.
La meilleure performance du basket belge moderne
Après les années 60, les apparitions de la Belgique aux EuroBaskets se sont faites de plus en plus rares. Ayant fait son retour en 2011 après 18 ans d’absence, la Belgique avait terminé à une triste 23e place et un bilan de 0-5. Autant dire que les attentes en 2013 n’étaient pas très hautes. Et pourtant, les Lions Belges vont réaliser leur meilleur tournoi depuis 1977 en termes de classement, et 1963 en termes de performance.
Mais l’EuroBasket 2013 n’a pas bien commencé par la Belgique. La Belgique a perdu de justesse son premier match face à l’Ukraine, 57-58. Les hommes d’Eddy Casteels ont pourtant dominé la rencontre, menant 12-11 après le premier quart-temps et 36-26 à la mi-temps. Jonathan Tabu était le meilleur joueur belge avec 13 points à 5-9 et 5 rebonds. L’écart était encore de 8 points (48-40) à l’entame du dernier quart, mais les Lions Belges ont craqué en fin de match.
À 1:54 de la fin du match, un tir à trois points de Sergiy Gladyr ramène l’Ukraine à égalité, 55-55. Christophe Beghin, meilleur marqueur belge avec 14 points, redonne l’avantage, 57-55, mais Eugene Jeter égalise à 3 secondes du buzzer, 57-57, obtenant dans la foulée un lancer franc qu’il transforme pour offrir la victoire à son équipe. La Belgique a beau avoir tenté de prendre un dernier tir, le buzzer final a sonné avant que cela ne puisse arriver.
Nous étions la meilleure équipe mais nous perdons au final. L’Ukraine ne gagne pas le match, c’est nous qui le perdons », a déclaré Axel Hervelle après le match « On a tout simplement craqué dans les derniers moments. Si on avait joué la seconde mi-temps comme la première, on aurait gagné de vingt points. L’Ukraine a mis ses trois points et nous, plus rien. Comment va-t-on se relever mentalement? On va battre l’Allemagne. Nous n’avons pas d’autre choix… »
Et les coéquipiers d’Axel n’ont pas manqué à l’appel. La Belgique a signé une victoire historique face à l’Allemagne, 77-73 après prolongations, mettant ainsi fin à vingt ans sans succès dans la compétition. Les Belgian Lions, dos au mur, ont démarré prudemment, menés 14-16 après le premier quart-temps. Tibor Pleiß, qui a fini avec 10 points, 9 rebonds et 2 interceptions, a donné le ton rapidement.
Mais les Belges réalisent ensuite un deuxième quart-temps exceptionnel, infligeant un 16-0 aux Allemands pour passer en tête avant la pause, 35-26. Encore une fois c’est Tabu qui a été le meilleur belge. 15 points, 6 rebonds, 5 passes décisives pour le joueur de Zaragoza durant ce match.
L’avance belge fond ensuite à 41-39 durant le troisième quart-temps, mais les hommes d’Eddy Casteels reprennent 7 points d’avance avant le quatrième quart. L’Allemagne revient à égalité à quatre minutes du terme, 54-54, et la tension monte. Tabu redonne l’avantage à la Belgique dans la dernière minute (63-60), mais Lucca Staiger arrache la prolongation à 10 secondes de la fin sur un tir à 3 points.
Durant les 5 dernières minutes, les Lions restent devant mais sans se mettre à l’abri. À 22 secondes du buzzer, ils ne menaient que d’un point, 74-73. Trois lancers francs réussis, 1 par Sacha Massot, 2 par Roel Moors scellent la victoire, la première pour la Belgique depuis l’EuroBasket 1993 contre la Slovénie. Après cette performance historique, les Lions Belges ne comptent pas se contenter d’une victoire.
La Belgique a remporté une deuxième victoire en 24 heures contre la Grande-Bretagne, 76-71. Mal embarqués à la mi-temps, les Belges étaient menés 33-38. Dan Clark, 19 points à 7-13 et 3-5 à 3 points et 9 rebonds, était difficile à contrôler à l’intérieur comme à l’extérieur. Mais Roel Moors et ses partenaires ont redressé la tête en deuxième période.
Le coach nous a dit à la mi-temps qu’on avait une chance unique de pousser le basket belge à une nouvelle place.” a déclaré le numéro 4 belge. “On a été beaucoup plus présents en défense avec davantage de pression. La Grande-Bretagne n’a pas un style très académique mais on a su trouver de bonnes solutions au plan physique. »
Grâce à une performance complète de Sam Van Rossom, 12 points à 4-4, 5 rebonds, 5 passes décisives et 2 interceptions, la Belgique s’est relancée et a fini par obtenir une victoire très précieuse, avec une place au deuxième tour de l’EuroBasket maintenant à leur portée. En effet, l’équipe était première du groupe A à ce stade de la compétition.
Peut-être trop en confiance, la Belgique a subi une lourde défaite face à Israël, 87-69. Les Israéliens prennent rapidement l’avantage, menant 19-15 après le premier quart. Les Belges reviennent à 21-20 durant le deuxième quart-temps, avant que Guy Pnini et Afik Nissim ne creusent l’écart à 41-33 à la mi-temps. Nissim en particulier a dominé la rencontre. 23 points à 9-11, 4-5 à 3 points et 5 passes décisives.
Le tournant survient au troisième quart-temps, catastrophique pour la Belgique, qui encaisse un 32-18, notamment en raison de trois tirs à longues distances de Nissim. L’écart monte jusqu’à 27 points (73-46) à l’issue des 10 minutes. Malgré un léger sursaut dans le dernier quart, les Lions ne peuvent inverser la tendance et s’inclinent lourdement. Désormais, il fallait soit battre la France, soit obtenir des résultats favorables.
Mauvaise nouvelle, la Belgique n’a pas battu la France. Bonne nouvelle, grâce aux victoire de l’Ukraine sur la Grande-Bretagne et de l’Allemagne sur l’Israël, la Belgique termine 3e du groupe A, avec le même bilan que les Britanniques et Allemands, mais avec des victoires importantes sur eux. Pour la première fois depuis 1993, la Belgique passe le deuxième tour de l’EuroBasket.
Hélas cette deuxième partie commence mal pour les Lions Belges. La Belgique s’est inclinée 69-76 face à la Serbie. Malgré un excellent départ à 8-0 puis 10-3, la Serbie a repris les commandes pour mener 18-19 à la fin du premier quart temps et 36-40 à la pause. Le duo de Stefan Marković (15 points à 5-6, 3-4 à 3 points) et Nenad Krstić (17 points à 5-8, 5 rebonds, 2 contres) était trop difficile à contenir pour l’équipe belge. Les hommes d’Eddy Casteels marquent alors un peu le pas à la reprise restant muets en attaque pendant plus de 5 minutes.
La Serbie en a profité pour prendre quelques points d’avance et obliger les Belges à une course poursuite qui s’avérera vaine malgré un retour à 2 points avec 2:40 à jouer et à 3 points à une minute de la fin. Alors que le score était de 67-70, la Belgique n’a pas pu passer à une vitesse supérieure avec si peu de temps restant. Wen Mukubu a fait de son mieux de cette rencontre avec 16 points à 6-8 et 6 rebonds, mais ce fut insuffisant. Pour espérer atteindre les quarts de finale, il fallait maintenant battre la Lituanie.
Malheureusement pour eux, une victoire miraculeuse n’a pas eu lieu. La Lituanie a facilement battu la Belgique 86-67 lors du deuxième match du groupe E de l’EuroBasket, se rapprochant ainsi des quarts de finale. Après un début équilibré, avec un 12-11 pour la Belgique à la 7e minute, les Lituaniens ont pris l’avantage 18-12, puis creusé l’écart grâce à Jonas Valančiūnas et Mindaugas Kuzminskas, menant 41-21 à la mi-temps. Valančiūnas a dominé la rencontre et a enregistré un double-double, 12 points à 4-5 et 10 rebonds.
Le troisième quart-temps a été fatal aux Belges: l’écart a grimpé jusqu’à 35 points (69-34). Le dernier quart, disputé sur un rythme plus détendu, permet à la Belgique de réduire légèrement la marque, sans remettre en cause l’issue du match. Tabu a inscrit 15 points à 4-6, mais ce fut insuffisant pour combler l’écart entre ces deux équipes.
Les superstitions sont des superstitions, mais le vendredi 13 septembre sera malheureux pour une équipe. Les Lituaniens sont toujours les favoris des championnats, mais en nous qualifiant pour la deuxième phase de la compétition, nous avons prouvé que nous pouvions rivaliser avec tout le monde”, a déclaré l’entraîneur belge Casteels.
Déjà éliminée de l’EuroBasket 2013, la Belgique va malgré tout sauver son honneur en battant la Lettonie lors de la dernière journée du groupe E. La Belgique a bien débuté face à la Lettonie, infligeant un 6-2 en moins de trois minutes, profitant du manque d’agressivité adverse. Les Lettons, nerveux et imprécis, notamment Rolands Freimanis, peinent à trouver leur rythme. Un tir de Jānis Strēlnieks avant la pause permit néanmoins d’atteindre la mi-temps sur un score de parité, 32-32.
Malgré quelques éclairs, la Lettonie ne parvint jamais à maintenir l’intensité, handicapée par les fautes et la discrète prestation de Dairis Bertānsh (5 points à 1-8 et 0-5 à 3 points). Rolands a essayé de maintenir l’équipe dans le match et a même terminé la rencontre avec 10 points à 5-9 et 11 rebonds, mais ce n’était pas suffisant.
Les Belges, déterminés à ne pas finir le second tour sans victoire, sont restés constants et appliqués. S’appuyant sur un collectif solide et sur le duo Tabu-Mukubu, auteurs de 21 points et 12 rebonds combinés et leaders sur le terrain, ils ont atteint leur objectif. Une victoire qui leur permet de terminer la tête haute, et finir à une respectable 9e place.
D’avant-dernier à 9e de l’EuroBasket, la progression est très impressionnante. Et même si la Belgique n’arrivera jamais à égaler sa performance de 2013 par la suite, cette génération a permis d’installer le pays dans le paysage du ballon orange européen. Les Lions Belges sont présents à tous les EuroBaskets depuis 2011, et quand on sait la traversée du désert que l’équipe a connu, les supporters ne vont pas s’en plaindre.
Leurs voisins français quant à eux sont aux anges après avoir enfin remporté son premier trophée majeur dans le monde du basketball. Mais maintenant que cette génération dorée est au sommet, pourront-ils encore une fois triompher lors de l’EuroBasket 2015 en Ukraine?