Neal Sako Crédit : Infinity Nine Média / Ilan Allouche
Neal Sako, un joueur qui promet déjà en Euroligue Crédit : Infinity Nine Média / Ilan Allouche

Interview Neal Sako : « Mon objectif c’est la NBA »

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Neal Sako, l’un des nouveaux joueurs importants de l’ASVEL, est un joueur qui n’a pas froid aux yeux et qui a pu nous décrypter son destin plus qu’improbable dans le basketball.

Une progression époustouflante pour un joueur qui a commencé le basketball à 17 ans

Crédit : Melvyn Augas

Si on revient quelques années en arrière, tu as un parcours très atypique, car tu as d’abord pratiqué le tennis, jusqu’à tes 16 ans, qu’est-ce qui t’a poussé à changer de sport ?

Je pratiquais beaucoup le tennis, j’étais dans une académie et j’ai eu envie de revenir dans une structure plus classique aussi bien scolairement que sportivement. Ma taille a inspiré mon père, ancien basketteur semi-pro, a m’introduire dans ce monde car il pensait que je pouvais nourrir de réelles ambitions professionnelles dans le basket dû à ma taille et au fait que j’évoluais à un bon niveau au tennis. J’ai donc commencé et réellement apprécié, et il s’est avéré que je me suis lourdement blessé en tout début de saison en faisant du tennis. J’ai donc finalement continué à suivre l’équipe de basket et j’ai laissé de côté le tennis assez logiquement puisque c’est un sport individuel. Quand j’ai pu reprendre l’activité sportive, je me suis focalisé sur le basket et les choses se sont très vite enchaînées.

Ensuite, tu exploses très rapidement au centre de formation de Levallois. En très peu de temps tu es passé d’un joueur débutant à une sélection dans le centre de formation de Boulogne Levallois, comment expliques-tu cette progression si rapide ?

Oui, je n’ai eu qu’une année intermédiaire en U20 région, j’ai eu la chance de tomber sur un coach exceptionnel qui me faisait beaucoup travailler hors des horaires d’entraînements même si j’avais déjà cette volonté là de progresser parce que j’avais quand même de lourdes lacunes techniques par rapport aux autres. J’ai fait ensuite deux sélections de centre, Limoges CSP et Levallois, et c’est le club francilien qui m’a sélectionné. Une fois encore, lors de ma première année, le niveau n’était pas encore tout à fait là mais c’est à force de travail et de routine que j’y suis arrivé.

À un moment de ta jeune carrière, tu as pris la décision par deux fois de partir jouer en N1, du côté de Rueil. Quel a été l’élément de bascule pour que tu dises qu’il fallait peut-être descendre un peu plus bas pour remonter plus haut ensuite ?

J’ai réalisé en effet un premier passage à Rueil pendant ma 3ème année en espoir, c’était la première année où j’intégrais un groupe professionnel pleinement. J’étais stagiaire pro à Levallois et on en a discuté avec mon agent, le club de Levallois et Rueuil. On l’a fait dans le but que j’accumule de l’expérience et des minutes dans un bel effectif, et j’ai pu ensuite rapidement obtenir des minutes à Levallois parce que le gap physique est moindre entre la N1 et la Pro A, donc l’expérience s’est avérée très enrichissante. J’ai refait un deuxième passage par la suite parce que je n’avais pas assez de temps de jeu en Pro, et ça m’a permis de finir la saison avec des minutes et quelques matchs dans les pattes.

Tu as été formé à Levallois, le club a vécu des dernières heures très compliquées, qu’est-ce que t’évoque cette soudaine descente aux enfers de ton club formateur qui avait pourtant connu une finale de championnat de France ?

C’est vraiment dommage parce que le club était sur une super dynamique avec Victor Wembanyama, Bilal Coulibaly et toute leur équipe. C’est vraiment regrettable qu’ils aient ensuite réalisé une saison aussi dure que celle de l’an passé, mais c’est ça aussi le basket, on traverse parfois des moments compliqués voire très compliqués. Maintenant le basket est toujours présent à Levallois en N1 (Levallois BBC) qui a repris le flambeau à Marcel Cerdan, je le suis et j’espère qu’ils vont remonter le plus rapidement possible.

Après une année de transition du côté de Châlon-Reims, tu pars à Cholet où tu vas te révéler auprès du grand public, que t’as apporté ce passage où tu as gagné en minutes et en responsabilité ?

Ça a été deux années bien différentes pour moi parce que la première année, j’étais back-up au sein de l’équipe. Je jouais 16, 17 minutes par match mais on avait vraiment une très bonne équipe. Après, je finis bien la saison avec notamment des playoffs mémorables face à Levallois et surtout face à Victor Wembanyama. Donc une fin d’année vraiment cool qui m’a permis de continuer à commencer les matchs et d’avoir au final plus de responsabilités que l’an passé. Ça m’a permis d’engranger de la confiance dans mon jeu, tout comme à Châlon-Reims, mais avec comme différence qu’on gagnait des matchs, ce qui a rempli la crédibilité et l’impact de mes performances. Cholet m’a donc permis de m’affirmer dans le championnat ainsi qu’en BCL.

L’an passé avec Cholet, vous avez vécu une saison remplie de hauts et de bas, des bas qui se sont beaucoup ressentis en fin de saison où vous avez enchaîné 5 défaites de suite. Il restera ensuite 2 matchs dont un à Monaco que vous allez chercher avec la manière, comment avez-vous inversé cette dynamique malgré l’adversité et la lourdeur de ces défaites ?

Monaco jouait les playoffs d’Euroleague donc naturellement ils avaient aligné un effectif assez restreint, nous savions que c’était une opportunité pour nous de se relancer. Après un match assez poussif au départ, nous avons finalement déroulé par la suite face à une équipe qui restait malgré tout complète, avec un 5 de départ qui restait imposant. Derrière, on enchaîne à domicile face à Chalon-sur-Saône et on se sort d’une situation qui aurait pu nous coûter les playoffs.

Neal Sako, une arrivée pleine d’espoir du côté de l’ASVEL

Crédit : Infinity Nine Média / Ilan Allouche

Tu as été annoncé très tôt à l’ASVEL, comment s’est passée ta préparation et comment tu t’es intégré dans ce groupe de très haut niveau ?

Je dirais que la préparation s’est plutôt bien passée, c’est toujours une expérience un peu particulière quand tu intègres une nouvelle équipe parce qu’il y a la découverte d’un nouvel effectif, il faut comprendre comment jouent tes nouveaux coéquipiers et comprendre et surtout intégrer la philosophie de jeu du coach. Mais j’ai de la chance de rejoindre un groupe qui comporte des joueurs expérimentés dans le championnat de France et qui s’installent dans le projet mis en place en fin d’année par le coach (Pierre Poupet). La préparation s’est donc bien passée et on essaie de poursuivre notre construction dans la continuité de cet été.

Est-ce que c’était un désir pour toi de quitter Cholet ou est-ce que c’était plus une opportunité et une chance que tu as saisie ?

Compétiteur dans l’âme, j’ai cette volonté de passer des caps chaque année. Donc bien sûr que j’avais pour objectif de jouer à un plus haut niveau après Cholet, mais je n’avais pas forcément l’ASVEL en ligne de mire. J’avais plus cette tentation de partir à l’étranger où j’ai pu être invité par des équipes qui avaient des projets très intéressants comme Valence en Espagne (Eurocup). Il y avait globalement beaucoup d’équipes européennes qui jouaient en Eurocup ou en BCL, et puis l’ASVEL s’est finalement positionnée sur mon cas. C’était la seule offre d’Euroleague que j’ai reçue à ce moment-là, j’y ai réfléchi, et je me suis dit que c’était le meilleur choix pour moi que de rejoindre une équipe qui disputait l’Euroleague, et je suis très heureux de l’avoir fait.

Tu vas donc vivre ta première saison en Euroleague qui a d’ailleurs déjà commencé, comment tu abordes cette nouvelle épreuve ? Est-ce que tu es confiant sur ce que tu vas apporter à ta nouvelle équipe, ou est-ce qu’il y a un peu d’appréhension dans ce nouveau défi ?

À vrai dire, il y a un peu des deux. D’un côté, je sais pourquoi je suis ici, je sais pourquoi l’ASVEL est venu me chercher et je joue en Pro A depuis maintenant 6 ans, un championnat qui compte de nombreuses équipes d’Euroleague, donc je sais à quel niveau m’attendre et je vais tout faire pour que l’équipe fasse une meilleure saison que l’an passé ou même que l’année d’avant.

Parlons justement de ce premier match en Euroleague face au Maccabi Tel-Aviv. Tu as vécu une première expérience assez particulière puisque ce match se déroulait à huis clos, comment l’as tu vécu et est-ce que l’absence du public a pu causer un manque d’intensité ?

C’est vrai que c’était très particulier, ça m’a rappelé les années Covid où nous avions tous les matchs à huis clos. Mais bon, nous savions à quoi nous attendre dans ce contexte assez particulier, donc ça n’a pas été très dérangeant, je sais que je rencontrerais des ambiances bien plus hostiles que ça. Après, je n’ai pas ressenti personnellement un manque d’intensité dû à l’absence du public. Le fait que ça soit le premier match, il n’y a pas encore de routine qui s’est installée donc je pense que nous étions tous aussi concentrés les uns que les autres.

Tu as pu vivre tes premières minutes avec le public lyonnais, à l’Astroballe, est-ce que tu peux nous parler de l’ambiance et de ce que tu as ressenti pendant ce match ?

L’ambiance est vraiment sympa, il y a vraiment pas mal de supporters et j’espère que nous pourrons en amener encore plus à venir nous regarder, mais pour cela, tout dépendra de nos résultats cette saison.

Le prochain match est à l’Astroballe, tu vas pouvoir vivre ton premier ASVEL-Monaco. Vous faites un début de saison très convaincant. Est-ce que ce n’est pas le moment pour l’ASVEL d’aller chercher une victoire qu’elle attend depuis longtemps face au rival monégasque ?

C’est vrai que l’ASVEL n’a pas gagné depuis pas mal de temps face à Monaco, et je pense bien sûr que nous pouvons le faire, surtout à domicile. Mais je pars du principe que chaque match que nous jouerons face à eux, nous aurons la volonté et la possibilité de gagner. Mais c’est vrai que notre dynamique et les quelques blessés qu’ils ont paraissent comme un très bon contexte pour les battre.

Résultat, l’ASVEL s’imposera 88 à 71.

Tu vas avoir beaucoup plus d’opposition cette année sur ton poste, en la personne de Joffrey Lauvergne, comment abordes tu ce nouveau rôle dans une équipe où la concurrence sera probablement plus rude qu’à Cholet ?

Pour commencer, je savais ce qui se passerait en intégrant ce groupe, donc je m’étais préparé au fait de moins jouer. Quand on prend ce genre de décision, on a conscience que l’effectif sera plus étoffé, mais ce n’est peut-être pas plus mal au vu du nombre de matchs qu’il va y avoir à jouer. Avec l’intensité de la saison, le fait d’avoir très peu de rotation peut être très vite dangereux, autant pour les équipes que pour la santé des joueurs. Pour en revenir à ta question, je suis très heureux d’être le coéquipier de Joffrey Lauvergne mais aussi de Tarik Black, et j’essaie d’apprendre de leur jeu pour progresser mais aussi pour l’intérêt de l’équipe.

Tu viens aussi remplacer Youssoupha Fall qui a obtenu un contrat du côté de Barcelone, il a beaucoup prouvé ici, donc comment tu abordes le fait de passer derrière un joueur de ce calibre là ?

Honnêtement, ça ne me fait pas grand-chose. Je ne me dis pas que je vais passer derrière un joueur car chaque saison est différente, que ce soit les joueurs, les coachs, la direction… Je ne pense pas du tout à qui je remplace même si c’est un joueur qui a fait 2 grosses saisons ici, mais je suis un autre joueur et je veux vivre l’expérience en étant moi-même.

Une ambition forte et des expériences extérieures déjà intéressantes : des clés vers la réussite

Crédit : ASVEL

Très récemment, tu as aussi eu ta première expérience outre Atlantique, la Summer League avec le Miami Heat, un tournoi remporté d’ailleurs. Que retires tu de cette expérience, ta première à l’étranger ?

C’était une expérience vraiment enrichissante, ça m’a permis de découvrir comment tout le basket américain s’organisait. Je savais que je n’allais pas forcément avoir beaucoup de temps de jeu, de par ce qu’on pu vivre auparavant les français en Summer League. J’ai malgré tout pu jouer plusieurs matchs, en plus j’ai pu expérimenter les deux Summer League, celle de San Francisco et celle de Las Vegas où nous sommes sortis vainqueurs. Et oui, au-delà de l’expérience, c’était très intéressant d’observer et de défier d’autres types de joueurs et de jeux, mais aussi un arbitrage légèrement différent.

Tu es un bon joueur d’équipe et surtout un joueur très propre dans un match, peu de fautes malgré que tu défendes dans la raquette, peu de pertes de balles alors que tu as quand même les aptitudes pour ressortir le ballon, ce qu’on a pu observer dans le début de match face au Mans et au Maccabi, comment expliques-tu cette discipline et cette propreté qui caractérisent ton jeu ?

J’essaie d’être en effet le plus propre possible, de faire les bons choix parce que c’est important de maximiser le temps de jeu que j’ai sur chaque match. Même si je n’y arrive pas toujours, j’essaie de ne pas forcer le jeu, mais cette propreté je n’en fais pas une finalité. Pour ne prendre qu’un exemple, je crois que c’est Kobe qui a le record du plus nombre de tirs manqués en NBA, donc ça prouve que ne rien rater ne veut pas forcément dire être très bon. Mais oui, j’essaie d’être efficace tout en restant agressif et actif sur le terrain.

Aujourd’hui, tu as encore un bel avenir devant toi, tu as 26 ans, est ce que tu as des objectifs précis que tu veux atteindre plus ou moins tôt dans ta carrière ? Devenir un bon joueur d’Euroleague, découvrir la sélection en Équipe de France, de quoi rêve Neal Sako ?

Je dirais que mon premier objectif, c’est d’abord de jouer en NBA. Ça c’est vraiment mon plus gros objectif et après l’Equipe de France, oui, bien évidemment que j’y pense mais c’est logiquement quelque chose que je contrôle moins puisqu’elle dépend de la volonté du sélectionneur. Ça serait donc très gratifiant, mais je me focalise d’abord sur mes saisons en club. Je sais qu’il y a beaucoup de choses que je dois réaliser avant d’arriver en NBA, donc à court terme, j’aimerais être bon avec l’ASVEL, être impactant des deux côtés du terrain, aider mon équipe en étant bon en championnat mais aussi en Euroleague.

Nous remercions Neal Sako pour son temps. Nous lui souhaitons un maximum de réussite pour que son nom arrive petit à petit dans les oreilles du front office de différentes franchises NBA.

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