Antonio McDyess

Antonio McDyess, une carrière qui tombe peu à peu dans l’oubli

Le 20 décembre 2010, Antonio McDyess a raccroché les sneakers, au terme d’une carrière riche de 1 015 rencontre pour un total de 12 227 points, 7 638 rebonds, 1 300 passes, 782 interceptions et 1 102 contre. Cet intérieur robuste qui faisait les beaux jours des Denver Nuggets (7ème contreur de l’histoire de la franchise et 7ème meilleure moyenne de rebonds) puis par la suite des Detroit Pistons reste petit à petit oublié par les futures générations sans doute dû à un prime bien trop court alors que celui-ci jouait les yeux dans les yeux avec les meilleurs joueurs de la Ligue sur son poste. Retour sur une carrière longue de 15 ans remplie de rebondissements.

Un profil exceptionnel

Né le 7 septembre 1974 dans la petite ville de Quitman dans le Mississippi, il s’est rapidement fait remarqué tel un diamant brut pétrie de qualités athlétique et gâté par la génétique du haut de ses 2m06 pour 111kg de muscle saillant. C’est dans le lycée local de Quitman qu’il se fait repéré par l’Université d’Alabama où il joue 2 saisons en 1994 et 1995 sous le maillot des Crimson Tide.

Malgré des statistiques intéressantes de 12,8 points, 9,3 rebonds, 1 interceptions et 1,8 contres de moyenne ce qui lui vaut d’être élu à deux reprises dans la All SEC Team, jamais il ne dépasse le stade du second tour lors de la March Madness. Une première fois éliminé par Purdue contre Glenn Robinson puis ensuite par Oklahoma State et Bryant Reeves. Il se présente à la Draft 1995 et affiche le profil parfait du poste 4 moderne (pour l’époque) avec une très grande mobilité pour son gabarit et surtout une détente mesurée à 120cm.

Antonio McDyess est finalement sélectionné en 2ème position (derrière Joe Smith) par les Los Angeles Clippers dans une cuvée pourtant très fournie en intérieur avec Rahseed Wallace (4ème) et Kevin Garnett (5ème) pour ne citer qu’eux. Dans la foulée, il est directement échangé aux Denver Nuggets avec Randy Wood contre Brent Barry, Rodney Rogers et Brian Williams (a.k.a Bison Dele).

Des débuts prometteurs

Lors de ses deux premières saisons pour les Nuggets, il partage la raquette avec un certain Dikembe Mutombo puis Ervin Johnson ce qui ne l’empêche pas de se faire une place solide dans la 5 de départ grâce à des moyennes de 15,8 points, 7,4 rebonds et 1,2 passes. Certes, il n’a pas encore goûté à la joie des Playoffs mais il monte déjà en régime. Le 1er octobre 1997, Antonio McDyess est échangé aux Phoenix Suns dans un trade impliquant aussi les Cleveland Cavaliers.

Il ne passe qu’une saison dans l’Arizona et passe d’un meneur vétéran gestionnaire avec Mark Jackson à un génie de la balle orange en Jason Kidd qui va le régaler avec ses passes lobées. Il garde des bases solides à 15,1 points, 7,6 rebonds et 1,3 passes et joue pour la première fois en post-season.

Il est confronté au rookie Tim Duncan et le limite à 20,3 points, 9,8 rebonds tandis qu’il affiche 17,8 points et 13,3 rebonds. Les Spurs s’impose sur le score de 3-1 malgré une bonne performance de Dice dans le Game 3 avec un 26/17 écrasant lors d’un duel avec Tim Duncan en 22/14 remporté par les Texans. Par la suite, en tant que free agent, il décide de faire son retour dans le Colorado, c’est alors que débute son prime.

Un prime de qualité

Il retrouve le jersey rayé de Mile High City pour 4 saisons, les meilleures de sa carrière. Dès 1999, il est élu dans la All-NBA 3rd Team (la seule fois de sa carrière) et réalise sa meilleure saison au scoring ainsi que sa meilleure moyenne de contre. Ses moyennes qui commencent à gonfler, reflètent toujours cet intérieur complet des deux côté du terrain, avec 21,2 points, 10,7 rebonds, 1,6 passes, 1,5 interceptions et 2,3 contres. Il devient alors le franchise player de Denver avec un avenir prometteur.

Le 28 février 1999, Antonio McDyess score 46 points contre les Vancouver Grizzlies, son record en carrière. Cependant, il ne parvient toujours pas à retrouver les playoffs malgré les présences de Chauncey Billups, sans doute son plus grand coéquipier en carrière, et Nick Van Exel.

Lors de l’exercice 2000-2001, il est All-Star pour la seule et unique fois, récompensé pour sa saison à 20,8 points, 12,1 rebonds (5ème rebondeur de la ligue) et 2,1 passes par match. Seuls Shaquille O’Neal et Tim Duncan ont eux aussi réalisé une saison à plus de 20 points et 12 rebonds. Si on élargit aux joueurs à plus de 20 points et 10 rebonds, on retrouve en plus Kevin Garnett, Chris Webber et Elton Brand. C’est dire le niveau vertigineux de son prime malgré sa courte durée.

Alors qu’il est au sommet, Antonio McDyess est appelé à rejoindre Team USA pour les Jeux Olympiques de Sydney en 2000 et repart avec la médaille d’or.

2001-02 et 2002-03, les deux saisons noires

C’est non seulement sa deuxième saison conclue par un double-double de moyenne, mais surtout son pic, puisque malheureusement, jamais Antonio McDyess ne parviendra à garder des genoux en bonne santé sans doute à cause d’un jeu bien trop athlétique pour un corps aussi massif. Lors de la saison suivante, son temps de jeu diminue drastiquement de 36,5 minutes/match à 23,6 minutes/match.

Il ne joue que 10 matchs avant de passer le restant de la saison à l’infirmerie. Lors de la saison suivante, son retour se retrouve à nouveau retardé à cause des blessures et il se voit écarté des parquet cette fois pour l’entièreté de la saison. Ces deux saisons noires marqueront la bascule de la carrière d’Antonio McDyess, scellant son prime.

L’adaptation de son jeu pour durer dans le temps

Par la suite, la saison 2003-04 marquera un tournant dans sa carrière avec des statistiques en chute libre d’abord au New York Knicks (8,4 points, 6,6 rebonds et 1,1 passes) avant de retourner à Phoenix sans grand succès (5,8 points, 5,8 rebonds et 1 interception).

Ce sont les Detroit Pistons, alors champions en titre, qui flaireront le coup et sa carrière prend une toute autre tournure. Alors qu’il était au bord du gouffre, méconnaissable par rapport à son niveau d’entant, Antonio McDyess parvient à se réinventer afin de garder une place en NBA.

De joueur athlétique, il devient un joueur plus encrée au sol, un jeu moins à risque. De All-Star et meilleur joueur d’une équipe qui ne gagne pas, il devient 6ème homme d’un contender. Dans le Michighan, il retrouve Chauncey Billups et son apport défensif derrière Rasheed Wallace et Ben Wallace fait énormément de bien aux Pistons avec 8,7 points et 7,7 rebonds. Antonio McDyess devient alors un candidat sérieux au trophée de 6ème homme de l’année.

C’est dans la Motor City qu’il connaît les plus belles pages de sa carrière avec sa première épopée en playoffs. Il joue pour la première fois les Finals en 2005 contre les San Antonio Spurs (perdue 4-3). Même s’il n’y a pas la bague au bout, il n’a pas démérité en sortie de banc avec 10,1 points, 7,3 rebonds et 1,1 contre de moyenne en seulement 22,3 minutes. Lorsque la raquette n’est pas en forme dans ces Finals et qu’elle peine à apporter dans le jeu, c’est Dice qui prend le relais avec 15 points 7 rebonds dans le Game 2.

Lors des 4 saisons suivantes, il s’installe comme un élément essentiel de l’équipe et redevient même titulaire à 33 ans lors de l’exercice 2007-08 pour pallier au départ de Chris Webber, une saison où les Pistons iront pour la dernière fois en finale de Conférence. C’est durant un match 4 qui pouvait faire tourner la série en faveur des Celtics (qui menaient 2-1) qu’Antonio McDyess va briller le temps d’un soir, semblant retrouver son niveau et sa forme physique du temps où il jouait à Denver : 21 points, 16 rebonds, n’en jetez plus, la coupe est pleine. Kevin Garnett n’aura rien pu faire, victoire 94-75 des Pistons, 2-2, direction le TD Garden pour un match 5.

Malheureusement, Boston remporte les deux dernières rencontres et les espoirs de rejouer les Finals prennent fin. Le 11 mars 2009, il capte 22 rebonds contre les New York Knicks et réalise son record dans une ultime saison aux Pistons en quasi double-double de moyenne où les playoffs virent au fiasco (défaite 4-0 contre les Cleveland Cavaliers), il s’en va du côté de ses plus grands rivaux, les Spurs dans une dernière tentative d’obtenir cette bague après laquelle il courait depuis 13 ans.

Or, San Antonio était dans sa phase de creux du début des années 2010 où le collectif fonctionnait en saison régulière mais peinait à renouer avec le succès en playoffs. C’est en 2011, après un upset contre les Memphis Grizzlies qu’il décide de prendre sa retraite par la petite porte malgré une grande carrière qui aurait pu mal tourner à cause des blessures. Il laisse derrière lui un jeu spectaculaire rempli de souvenirs pour les puristes…

Les moments mémorables

Quelques highlights assez méconnus de lui auraient eu un tout autre impact à l’ère actuelle des réseaux sociaux. Avant que ses genoux ne cèdent face à un tel alliage poids-explosivité, il faisait régulièrement des apparitions dans les tops 10 pour le plus grand plaisir des fans et le malheur de quiconque se trouvait sur son chemin.

Lors de sa saison rookie, Antonio McDyess est parvenu à dunker sur Shawn Kemp contre les Sonics, ou quelques années plus tard sur Anthony Mason contre les Hornets. Mais l’action qui le représente le plus, c’est sans équivoque ce alley-oop contre les Rockets où il parvient à s’offrir Hakeem Olajuwon sur un poster et manque de sauter par-dessus le Nigérian. Il a fait des claquettes dunk sa marque de fabrique.

Voici un 5 majeur des meilleurs coéquipiers qu’Antonio McDyess a eu tout au long de sa carrière :

  • Meneur : Jason Kidd
  • Arrière : Chauncey Billups
  • Ailier : Rip Hamitlon
  • Ailier-fort : Rasheed Wallace
  • Pivot : Ben Wallace
  • 6ème homme : Dikembe Mutombo

Pour les plus grands fans de basket retro, Antonio McDyess, c’est le joueur plaisant à voir jouer, qui en rend nostalgique plus d’un. Ces étoiles filantes qui laissent de bons souvenir et dont les performances rendent nostalgiques. 12 points, 7,5 rebonds, 1,3 passes, 0,8 interception  et 1,2 contre de moyenne en carrière sans grande distinction individuelle ni titre collectif, ce n’est sans doute pas suffisant pour prétendre à intégrer le Hall of Fame, mais il reste une légende qui n’a pas manqué de marquer les esprits pour autant.