Matthew Strazel va-t-il conserver sa place dans la hiérarchie monégasque avec le retour de Nick Calathes ?

Matthew Strazel, le combo-guard au service du collectif

Arrivé à Monaco en 2022, Matthew Strazel s’est enfin imposé cette saison dans la rotation monégasque en Euroleague. Une juste récompense pour un joueur qui n’a jamais hésité à se sacrifier sur le plan personnel afin de mettre en avant son équipe.

Un défenseur d’élite

Du haut de ses 22 ans, Matthew Strazel est parvenu à se faire une place dans l’effectif pléthorique de Monaco grâce à ses aptitudes défensives. En effet, le joueur originaire des Hauts-de-Seine est très bon pour défendre le point-of-attack grâce à ses très bonnes lectures, en particulier au niveau des écrans. Il est capable d’empêcher son adversaire d’attaquer un pick-and-roll du côté voulu, le forçant alors à repartir sur une nouvelle attaque ou un niveau système.

Le combo-guard français est par ailleurs plutôt bon pour naviguer dans les écrans, où il ne subit que rarement le contact avec le pivot adverse. On le voit être constamment attentif au mouvement de l’attaque, afin d’anticiper et trouver la solution à ce qui lui est proposé pour le faire déjouer. Strazel est ainsi assez rarement en retard, restant toujours collé à son adversaire même s’il passe au-dessus de l’écran.

On voit chez lui une véritable envie de tout donner de ce côté du terrain. Au-delà de l’aspect « mental » qu’il semble montrer, mais qui est difficilement quantifiable, le Français est un joueur qui possède un très bon QI basket. Il a montré une réelle progression depuis ses premières années, lui qui le rappel est professionnel depuis 2019. Strazel a aujourd’hui accumulé beaucoup d’expérience (115 matchs d’Euroleague en six saisons) qu’il utilise à merveille pour performer de ce côté du terrain.

« Aujourd’hui, ma plus-value dans l’équipe est de défendre mieux que ceux qui sont devant moi. »

Matthew Strazel, via OzFit (Octobre 2023)

Malgré sa petite taille (1,82m), le Tricolore est un joueur qui peut défendre assez grand, lui qui a développé son physique au fil des saisons. Sans dire qu’il peut contenir des intérieurs sur post-up, il possède tout de même une puissance dans le haut du corps qui lui permet d’absorber les contacts, et ainsi d’être un défenseur versatile sur l’extérieur.

Si son physique a pu lui faire défaut par le passé, notamment pour aller en NBA, l’intéressé ne le voit plus du même œil désormais. D’ailleurs, il n’hésite pas à déclarer dans plusieurs interviews qu’il s’inspire d’Andrew Albicy, lui qui joue sa 19e saison en carrière alors qu’il ne mesure que 1,78m. Lors du rassemblement avec l’équipe de France en février dernier, Strazel expliquait que « Je vais beaucoup m’inspirer de ce qu’a fait Andrew ces dernières années, essayer de copier son côté défenseur et la façon dont il maîtrise ses émotions. »

Un joueur offensif plus limité

Pour ceux qui s’en souviennent, Matthew Strazel était plus jeune un joueur agressif balle en main, prêt à faire des différences par lui-même au scoring. Or le meneur d’origine a pris aujourd’hui en maturité. Il expliquait par exemple que « J’étais un joueur qui avait du culot, qui faisait des choses que peu de joueurs font […] (maintenant) j’essaie de jouer à l’endroit, de faire les bonnes lectures. Et je pense que ça m’a aidé aussi, car être trop fou ce n’est jamais bon quand tu veux atteindre des grandes équipes. »

Malgré son physique, le Français n’est pas un meneur traditionnel. On a en effet davantage affaire à un combo-guard, lui qui évolue la majeure partie de son temps off-ball. Dans le système monégasque, il a un rôle d’organisateur, sans pour autant devoir initier le jeu par lui-même. Il est au contraire utilisé pour son shooting, lui qui a pris 70% de ses tirs de loin en Euroleague depuis le début de la saison.

Strazel a d’ailleurs réalisé un super début de saison au tir, tournant à 47,1% à trois points sur ses quatre premiers matchs d’EL, avant de connaître une panne d’adresse depuis (1/9 en trois matchs). Il reste tout de même un joueur avec une bonne efficacité au tir, faisant de lui un shooteur que les défenses ne peuvent pas abandonner. Cela vient d’ailleurs confirmer sa très bonne saison dans ce secteur en Betclic Elite l’année dernière (38,0% de loin).

Néanmoins, le Français est un peu plus limité balle en main. Il n’a tout d’abord pas de premier pas élite qui lui permette de faire la différence par son dribble. Cela le limite pas mal pour accéder à la raquette, ou pour créer des décalages en isolation. Preuve étant, il n’a pris qu’un seul tir au cercle depuis le début de la saison en EL !

Par ailleurs, Strazel n’a pas une vision du jeu au-dessus de la moyenne des joueurs à son poste, du moins en Euroleague (21e centile à l’assist percentage parmi les guards). On l’a vu par exemple contre le Zalgiris Kaunas être trop lent pour faire la passe à ses intérieurs après un PnR, permettant à la défense de faire les rotations et ainsi forcer Monaco à prendre des tirs compliqués.

L’intéressé lui-même reconnait qu’il n’a pas encore développé de réel go-to-move pour faire la différence. Strazel est pour le moment davantage dans de la réaction à ce que peut proposer la défense, sans pour autant parvenir à la terrasser par son talent individuel. On a ici affaire davantage à un 3&D stationnaire, même s’il peut assumer quelques missions en tant que ball-handler secondaire.

Matthew Strazel tourne cette saison à 6,1 points et 1,0 assist en 18 minutes en Euroleague. Crédit : Nikola Krstic/MB Media via Getty Images
Matthew Strazel tourne cette saison à 6,1 points et 1,0 assist en 18 minutes en Euroleague. Crédit : Nikola Krstic/MB Media via Getty Images

Quel avenir pour lui à Monaco ?

Après Kemba Walker l’été dernier, Monaco a récupéré un autre joueur de classe mondiale sur le même poste avec Nick Calathes, meilleur passeur de l’histoire de l’EL. Le meneur grec, qui sort d’une saison accomplie du côté du Fenerbahce avec une qualification au Final Four contre sa nouvelle équipe, devrait être l’un des hommes forts de Saša Obradović. Absent depuis le début de la saison à cause d’une blessure au genou, il devrait très certainement récupérer une place majeure dans la rotation, surement au détriment de Strazel.

Monaco s’est de plus montré très actif sur le marché pour signer un joueur supplémentaire sur le backourt. Outre le retour de Jordan Loyd, le club Du Rocher a été dans les rumeurs pour signer Antonio Blakeney. On se souvient également de la fausse signature de Paris Lee qui n’a pas manqué de faire réagir Strazel.

De son propre aveu, le joueur est encore dans une période d’apprentissage. Il accepte donc volontiers de faire des sacrifices pour le collectif, lui qui expliquait que « J’essaie d’être au service de l’équipe, de faire ce qu’on me demande, pour essayer de faire gagner l’équipe parce que c’est une équipe compétitive. »

Lui qui avait refusé de rejoindre Limoges à l’été 2022 pour privilégier cette opportunité à Monaco se retrouve à un moment charnière de sa carrière. Il est aujourd’hui un joueur reconnu en Betclic Elite (11,9 points et 5,0 assists en 32 minutes cette saison) qui reste cependant un combo-guard back-up en Euroleague (6,1 points et 1,0 assists en 18 minutes).

Pourtant, le joueur aspire à davantage de responsabilité, lui qui n’est que dans le 24e centile à son poste en termes d’usage. Il expliquait néanmoins au moment de sa prolongation jusqu’en 2027 que « J’ai envie de pouvoir gravir les échelons avec le club, de continuer à apporter ce que je sais faire, et d’être une pièce qui contribue à la réussite de cette équipe. »

Ses Jeux Olympiques réussis avec l’Équipe de France, dont ce 3+1 clutch contre le Japon en poule, pourraient peut-être lui permettre d’intéresser d’autres équipes en Euroleague avec un besoin de meneur organisateur. Si aucunes rumeurs ne sont sorties à ce sujet, il ne serait pas étonnant de voir une équipe comme Barcelone se positionner sur Strazel pour combler l’absence pour la saison de Nicolás Laprovíttola, dans un registre certes différent

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