Kings vs Lakers 2002, une série aussi bien légendaire que controversée

Oui, Sacramento est de retour en playoffs ! Il aura fallu attendre plus de 16 ans de disette avant que la Kings Nation ne retrouve le chemin de la postseason. Afin d’enterrer définitivement leurs vieux démons, on va aujourd’hui revenir sur ce qui est probablement, l’une des séries les plus controversées de l’histoire de la NBA : la finale de conférence 2002, face aux Lakers.

À cette époque, les Lakers marchent sur l’eau et sortent d’un back-to-back grâce à un duo Kobe Bryant – Shaquille O’Neal déjà iconique. L’objectif est clair pour les Angelinos : le three-peat. Après avoir facilement disposé de Portland et San Antonio sur les deux premiers tours, c’est Sacramento qui se présente face à eux pour une finale de conférence qui s’annonce excitante. En effet, l’autre équipe de Californie, arrive avec le couteau entre les dents après avoir été balayés les deux dernières années par ces mêmes Pourpres et Or. En plus de cet esprit de revanche qui anime Sacramento, cette équipe possède de vrais atouts et croit en ses chances, d’enfin faire tomber, ce qui ressemble de plus en plus à une dynastie du côté de Los Angeles.

Une série accrochée

Après avoir perdu le premier match à domicile, sur le score de 106-99, les Kings réagissent et vont s’imposer dans le Game 2, toujours à la maison, avant d’à nouveau remporter la rencontre suivante, cette fois-ci au Staples Center. La bande composée de Chris Webber et Peja Stojaković mène alors 2-1 dans la série, à l’aube d’un match 4 qui s’annonce bouillant à Los Angeles.

Sacramento réalise alors un excellent début de match, avec déjà 20 points d’avance à la fin du 1er quart-temps, grâce à une grosse entrée du génialissime Mike Bibby, notamment. Après un début imprécis, Kobe Bryant permet à Los Angeles de revenir petit à petit dans ce match, tandis que Shaquille O’Neal donne tout pour faire souffrir la raquette des Kings. Après avoir dominé tout le match, « River City » ne possède plus que 2 longueurs d’avance à 10 secondes de la fin avec une ultime possession pour Los Angeles. Le Black Mamba drive vers le cercle, mais son shoot reste court, bien contesté par l’ancien Lakers, Vlade Divac. Big Shaq récupère cependant le rebond offensif, mais loupe également. Divac claque alors la balle de toute ses forces, croyant clotûrer ce match, mais un joueur vêtu de jaune et violet est bien heureux de récupérer la gonfle. Ce joueur, c’est Robert Horry, qui se retrouve seul derrière la ligne à 3 points, face à l’arceau. Il reste alors 1 seconde quand celui-ci s’élève pour prendre cet ultime tentative. Le buzzer retentit pendant que le ballon est encore en l’air dans un Staples Center qui retient son souffle. Face à des Kings qui voient le temps se ralentir au fur et à mesure de cette action, Robert Horry ne trouve que la ficelle ! BANG ! L’enceinte de Los Angeles explose alors de joie et les Lakers s’imposent 100 à 99, revenant ainsi à égalité dans la série. Ce shoot au buzzer est un véritable coup de massue pour les protégés de Rick Adelman, mais la série n’est pas terminée et ces Kings ont de la ressource.

De retour à la maison pour ce Game 5, les Kings vont s’imposer 92-91 au bout du suspens grâce à un game-winner de Bibby à 8 secondes de la fin. Sacramento n’est donc plus qu’à un seul match de rejoindre les NBA Finals, mais pour cela, il va falloir remporter ce match 6 à Los Angeles. Cette série, jusqu’ici déjà légendaire, va alors basculer dans une autre dimension…

Un Game 6 truqué ?

Nous sommes alors le 31 mai 2002, de retour sur le parquet de la Cité des Anges. Les Lakers, menés 3-2, n’ont plus le choix, ils doivent gagner afin de prolonger la série vers un ultime game 7 à Sacramento. C’est évidemment le scénario privilégié par la NBA, qui sait pertinemment que la franchise du sud de la Californie est la plus populaire. L’ancien commissaire, David Stern dira d’ailleurs cette phrase, qui fit polémique en 2004, au sujet de sa confrontation rêvée pour la NBA :

« Les Lakers contre les Lakers »

Bien que ces mots soient sortis 2 ans après cette série, cela donne un aperçu de ce que les Lakers représentent pour le business de la grande ligue. Mais replongeons-nous dans notre match.

Ce Game 6 est serré de bout en bout. Shaquille O’Neal, à cette époque au sommet de son art, fait mal au valeureux Divac. Kobe Bryant est également impactant tandis que les rôles players de Los Angeles sont un peu plus dans le mal. En face, le pick numéro 1 de la draft 1993, Chris Webber, fait tout son possible pour clotûrer cette série en terre ennemie. Cependant, ce match ne fut pas le théâtre principal des joueurs, mais bel et bien des arbitres. Pendant 3 quart-temps, le trio arbitral composé de Dick Bavetta, Bob Delaney et Ted Bernhardt enchaînent les erreurs d’arbitrage, des 2 côtés. Toutefois, le match va définitivement basculer dans une hérésie arbitrale dans le dernier quart-temps.

Les 2 équipes sont alors dos-à-dos à l’entrée de cet ultime entracte, quand les arbitres vont décider de fortement influencés le résultat final. Après 15 secondes de jeu, l’arbitre siffle une faute peu évidente de Scot Pollard sur Shaquille O’Neal, ce qui ne manque pas de faire sourire l’ancien de la maison, Vlade Divac, sur le banc. Mais c’est bien dans les 3 dernières minutes que les coups de sifflets les plus sujets à la controverse vont survenir, tous contre les Kings. Sacramento mène alors 92-90 quand Chris Webber est trouvé dos au panier. Celui-ci enfonce Robert Horry, qui joue son meilleur rôle d’acteur en réalisant un flop assez visible. L’arbitre ne dresse cependant pas ce bilan puisque c’est une faute offensive qui est sifflée à l’encontre de l’ailier fort des Kings. 20 secondes plus tard, Horry, toujours dans les bons coups, se fait attraper le poignet sur un drive. Les arbitres ne le voient pas, mais sifflent ensuite une légère faute de Vlade Divac, qui avait plongé pour saisir le ballon. Venant de récolter sa 6ème faute, l’intérieur est donc exclu, sous les yeux d’un Rick Adelman médusé par ce qui semble être une nouvelle erreur d’arbitrage. Deux possessions suivant cette action, c’est au tour de Kobe Bryant de se voir accorder 2 lancers-francs sur une prétendue faute de Doug Christie. Au ralenti, celui-ci semble pourtant avoir défendu proprement avant que Chris Webber vienne contrer Kobe, dans les règles. À 13 secondes de la fin, alors que les Lakers mènent d’un petit point et s’apprêtent à effectuer la remise en jeu, Bryant assène un coup de coude au visage du meneur Mike Bibby. Les arbitres n’aperçoivent pas cette faute grossière, laissent le jeu se poursuivre, avant d’accorder 2 lancers au Black Mamba dû à une faute logique des Kings pour tenter de revenir dans le match. Ce ne sera pas le cas et les Lakers s’imposeront 106-102.

Au total, les arbitres du soir ont accordé pas moins de 27 lancers-francs pour les Angelinos dans ce dernier quart-temps contre seulement 9 pour Sacramento. Ces chiffres sont à nuancer par la présence d’un Shaquille O’Neal tellement imposant qu’il en devient très compliqué à défendre sans faire faute, tant il est dominant. Cependant, force est de contaster que de nombreux coups de sifflets ont désavantagés une équipe plus que l’autre cette nuit-là. Alors, simple horrible match réalisé par les arbitres ou match arrangé par la NBA ? Le doute subsiste toujours, plus de 20 ans après.

Un dernier match cruel

Bien que nous venons d’assister à une soirée obscure du côté de Los Angeles, il reste un match à jouer dans cette série, les 2 équipes étant à égalité, 3-3. L’équation est simple : l’équipe qui remporte ce dernier match rejoint les Finals tandis que l’autre équipe rentre à la maison. Après une rencontre tendue, les Lakers mènent de 2 points à 8 secondes de la fin, quand Kobe fait faute loin du panier sur Mike Bibby. Le meneur d’1m88 ne tremble pas sur la ligne des lancers et égalise. Derrière, le Shaq a l’occasion de qualifier ses Lakers, mais loupe son jumper, prolongation ! Cette série qui nous aura tenu en haleine tout du long, voient finalement les Angelinos, après pas moins de 16 égalités et 19 changements de leader dans ce match, s’imposer 112 à 106 au bout de l’effort. Après ces finales de conférence, les Lakers balayeront les Nets du New Jersey d’un 4-0 cinglant. Shaquille O’Neal ira par ailleurs chercher son troisième MVP des Finales d’affilée. Quant à Sacramento, cette désillusion représente la dernière fois qu’ils se sont réellement rapprochés du trophée Larry O’Brien, sans pour autant l’atteindre.

Cette saison, les Kings ont l’occasion de recroiser leur bourreau en demi-finale de conférence, s’ils parviennent à éliminer les champions en titre, les Golden State Warriors. De leur côté, la bande à Lebron devra également triompher des Grizzlies pour qu’on ait le droit, de nouveau, à cette rivalité. Deux décennies plus tard, cela donnerait une occasion à Sacramento de venger son équipe de 2002. Je ne sais pas pour vous, mais ici, on signe pour revoir cette confrontation !