Kobe Bryant est le visage des années 2000 devant Tim Duncan
Kobe Bryant est le visage des années 2000 en NBA. (Photo by Andrew D. Bernstein /NBAE via Getty Images)

Pourquoi les années 2000 sont bien la « Kobe Era » ?

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Dans son nouvel opus, la franchise NBA 2K propose aux joueurs de réécrire certaines périodes de la grande ligue. Ces ères prennent leur nom du joueur le plus marquant de la décennie. Si l’appellation « Jordan Era » ne souffre d’aucune contestation, la « Kobe Era » est durement remise en cause, à tort. Analyse.

Une décennie de transition

Les années 2000 sont le passage de témoin entre Michael Jordan et LeBron James. 2003 marque la bascule entre ces deux monstres sacrés. Cette décennie est celle d’un jeu lent où émergent des équipes aux styles de jeu atypiques. Parmi les plus marquantes, les Lakers de Shaq et Kobe, les Spurs de Duncan et Popovich, les Suns de Nash, les Pistons de Billups et Wallace ou encore les Celtics de Garnett et Pierce.

Cette période a vu passer un nombre incalculable de joueurs talentueux avec leurs moments iconiques. La décennie est une boucle qui commence et se termine par un titre des Lakers, en 1999-2000 puis en 2008-2009. Maintenant que le cadre spatio-temporel est posé : qui sont les joueurs qui peuvent prétendre être le visage des 2000’s ?

L’incontournable duel entre Kobe et Duncan

Être le visage d’une ère implique d’avoir un palmarès collectif et individuel fourni. Ce premier détail nous permet de mettre quelques noms de côté. Coéquipiers à Denver en 2009, Carmelo Anthony et Allen Iverson n’ont jamais connu la gloire malgré leur influence sur et en dehors des terrains.

Malgré leurs 3 titres de MVP cumulés, LeBron James et Steve Nash sont en dehors du débat à cause de leur manque de succès en play-offs. A l’inverse, Dwayne Wade a guidé Miami au titre en 2006 sans parvenir à avoir une domination individuelle suffisante.

Les quelques joueurs au succès collectif et individuel n’ont su le faire en étant le meilleur joueur de leur équipe. Dans cette catégorie, Ben Wallace et surtout Kevin Garnett sont des mentions honorables à ne pas oublier.

Trois noms sont encore en course : Shaquille O’Neal, Kobe Bryant et Tim Duncan. Toutefois, Shaq peut être écarté à cause de sa baisse de niveau à partir de 2006. Bien que son prime de 2000 à 2003 est le plus dominant de la période, on ne peut pas parler de Shaq Era ». Reste le duel entre Timmy et Kobe.

Deux monstres du jeu

Kobe étant un guard et Duncan un ailier fort, il est compliqué de dire clairement qui est le meilleur des deux. Jetons un coup d’oeil statistique sur les moyennes de chacun pour tenter d’établir un choix (saison régulière + play-offs) :

  • Tim Duncan (901 matchs)
  • 21,7 points à 50,3% FG dont 20% à 3 points et 68,6% aux lancers. TS% : 55,1%
  • 11,9 rebonds
  • 3,3 assists (2,8 TOV)
  • 2,4 blocks
  • 0,8 steal
  • Kobe Bryant (895 matchs)
  • 28,1 points à 45,5% FG dont 34,1% à 3 points et 83,9% aux lancers. TS% : 55,6%
  • 5,8 rebonds
  • 5,2 assists (3,1 TOV)
  • 1,6 steals
  • 0,6 block

Les deux meilleurs joueurs des 2000’s présentent chacun une régularité impressionnante au plus haut niveau. Offensivement, Kobe est clairement devant Tim. Il score davantage avec des pourcentages équivalents. Ses mauvais tirs et son égoïsme ne l’empêchent pas d’être un scoreur aussi efficient que Duncan.

En défense, Tim Duncan est le plus fort des 2. Il est probablement le meilleur joueur qui n’a jamais gagné le titre de Défenseur de l’Année dans sa carrière. Son impact phénoménal était la pierre angulaire du système de San Antonio.

Le niveau de jeu ne sera pas le critère pour les départager tant chacun à ses arguments. La différence de poste rendrait biaisée tout verdict. Tournons nous vers les accomplissements pour tenter de les départager.

Accomplissements :  léger avantage Kobe

La décennie 2000 commence et se termine par un sacre de Kobe. Le Mamba a rempli son armoire à trophées avec la manière :

  • 4 x Champion NBA (2000, 2001, 2002, 2009)
  • MVP des Finales 2009
  • MVP 2008
  • 6 x Finaliste NBA (2000, 2001, 2002, 2004, 2008, 2009)
  • 10x All Star
  • 3 x MVP du All-Star Game (2002, 2007, 2009)
  • 7 x All NBA First Team (2002, 2003, 2004, 2006, 2007, 2008, 2009)
  • 2 x All NBA Second Team (2000, 2001)
  • 1 x All NBA Third Team (2005)
  • 7 x All Defensive First Team (2000, 2003, 2004, 2006, 2007, 2008, 2009)
  • 2 x All Defensive Second Team (2001, 2002)
  • 2 x Meilleur Scoreur (2006, 2007)

La décennie 2000 est incontestablement son prime. Il n’a jamais manqué le All Star Game et les All NBA Team pendant 10 ans et a joué 60% des Finales NBA. La grosse ombre au tableau du Mamba est son absence des play offs en 2005. Kobe est alors insatisfait de ses coéquipiers et menace de partir à plusieurs reprises. Il restera finalement et enchainera 2 finales NBA en patron en 2008 et 2009. (2010 est comptabilisé dans la décennie suivante).

A l’inverse, Tim Duncan n’a jamais manqué les play offs et a été constant. Il ne compte que des saisons à 50 victoires minimum traduisant une domination sans partage en saison régulière. Il compte 1 MVP et 1 MVP des Finales de plus que Kobe. Son palmarès est immense :

  • 3 x Champion NBA en autant de finales jouées (2003, 2005, 2007)
  • 2 x MVP des Finales (2003, 2005)
  • 2 x MVP (2002, 2003)
  • 10 x All Star
  • MVP du All Star Game 2000 (avec Shaquille O’Neal)
  • 7 x All NBA First Team (2000, 2001, 2002, 2003, 2004, 2005, 2007)
  • 3 x All NBA Second Team (2006, 2008, 2009)
  • 7 x All Defensive First Team (2000, 2001, 2002, 2003, 2005, 2007, 2008)
  • 3 x All Defensive Second Team (2004, 2006, 2009)
  • 1 x Meilleur Rebondeur (2002)

Les accomplissements des deux légendes sont proches mais Kobe Bryant est légèrement devant. Certes, son palmarès individuel est un peu moins fourni mais la différence en play-offs est trop importante. Kobe a été en Finales sur 6 des 9 campagnes disputées. 4 se sont conclues sur un titre. Sans rien enlever à la domination de Duncan en saison régulière, Kobe a joué 2 fois plus de Finales NBA et a remporté 1 titre de plus.

Il est souvent reproché à Kobe d’avoir joué pendant 4 saisons avec Shaq prime. Trois titres sont indissociables de la dominance de Big Diesel mais l’impact de Kobe n’est pas à minimiser. Shaq a profité de la faiblesse des pivots de l’Est pour prendre 3 titres de MVP des Finales. Kobe a souvent été l’égal du Shaq voir l’option 1 pendant leur cohabitation. Cependant quand Shaq avait des adversaires moins forts en Finales, Kobe affrontait Reggie Miller, Allen Iverson ou Jason Kidd. Shaq était donc l’option 1 naturelle de ces séries.

Les moyennes de Kobe et Shaq sont bien plus équilibrées quand on regarde la globalité des runs de play-offs en dehors des Finales.

Les statistiques des séries de play-offs des Lakers lors du Three-Peat en dehors des Finales.

Tim Duncan a été la première option de son équipe pendant 10 ans mais il a su laisser la lumière à Parker ou Ginobili lorsque c’était favorable pour le collectif. La situation des 2 superstars pose d’ailleurs une question. Quand on a le talent d’un Kobe Bryant ou d’un Tim Duncan quel est le mieux pour une carrière :

  • Jouer 4 ans avec Prime Shaquille O’Neal mais un Front Office peu inspiré
  • Avoir un Front Office All Time qui construit parfaitement autour de toi

La réponse est loin d’être aussi évidente que les détracteurs de Kobe le laissent entendre…

Confrontations directes : Kobe in 6

Spurs et Lakers ont croisé le fer à de nombreuses reprises pendant les années 2000. Duncan et Bryant ont eu leur moment de gloire à tour de rôle mais le Lakers sort nettement vainqueur de leur duel.

A l’image de leurs accomplissements, Duncan domine Kobe en saison régulière. 19 victoires pour seulement 13 défaites avec des moyennes de 20,8 points, 12 rebonds et 3,6 assists pour The Big Fundamental.

En play-offs, Kobe a remporté 4 des 5 séries qu’il a disputé contre Duncan. 18 victoires contre 8 défaites, le Mamba a souvent stoppé la route des Spurs pendant 10 ans… et avec la manière.

En 2001, Kobe et ses Lakers sweepent les Spurs en Finales de Conférence Ouest. Il finit avec 33 points, 7 rebonds et 7 passes de moyenne. Il surclasse Shaq qui finit la série avec 27 points par match. Monstrueux avec 23 points, 12 rebonds, 4 passes et 4 blocks sur la série, Duncan est obligé de s’incliner.

En 2002, Kobe est de nouveau le leader des Angelinos au moment d’affronter les Spurs. Une série gagnée 4-1 grâce à 26 points, 5 rebonds et 4,8 passes chaque soir. Une performance excellente au moment où Shaq ne score que 21 petits points à 44% au tir. Tim Duncan signe l’une de ses meilleures séries en carrière avec 29 points et 17 rebonds de moyenne.

Cette rivalité légendaire est à retrouver dans une série d’articles sur Le Roster. Le reste des affrontements :

Kobe Bryant a remporté 4 séries de play-offs. Tim Duncan a gagné 1 série et plus de matchs de saison régulière. 4-2 pour le Mamba, critère suivant !

Popularité : Kobe par K.O.

Ultime élément de comparaison des 2 stars : la popularité. Être le visage d’une ère implique une reconnaissance de la part des fans et des autres joueurs. Elle ne doit pas dépasser ce qui se passe sur le parquet, ce qui explique sa place de dernier critère.

Les moments iconiques de Tim Duncan ne sont pas les plus présents dans les mémoires. Beaucoup se souviennent d’un presque quadruple double lors des Finales 2003 mais c’est malheureusement presque tout. Les plus connaisseurs n’oublient pas son niveau exceptionnel lors des Finales 2005 où encore le fait qu’il est celui à avoir stoppé le rêve de quadruplé de Kobe et Shaq. Les souvenirs de Duncan sont indissociables de ses Spurs et cela lui porte préjudice en termes de popularité.

A l’inverse, Kobe compte un florilège de moments iconiques pendant cette période. Ses 81 points, le game-winner en play-offs face aux Suns, les 62 points en 3 quart-temps… Si le Mamba n’a pas laissé que de bons souvenirs (bagarre avec Shaq, accusation de viol en 2003), il a plus marqué ses pairs de l’époque que Duncan. Dirk, Wade et Bosh s’accordent pour dire qu’il est le visage des 2000s, et ce bien avant sa mort (déclarations de 2014 et 2015).

Autre symbole de cet écart de popularité est l’image de chacun avec Team USA. Les années 2000 sont une ère de mondialisation du basket où la balle orange s’est exportée. Tim Duncan a fait partie de la triste équipe médaillée de bronze en 2004. Timmy ne reportera jamais le maillot à la bannière étoilée. A l’inverse, Kobe est le visage central de la célèbre « Redeem Team » qui rendra la médaille d’or aux Etats-Unis lors des Jeux Olympiques de Pékin en 2008. A l’époque, la star des Lakers est consignée à son hôtel par l’armée chinoise pour « trouble à l’ordre public » en raison des mouvements de foule provoqués par ses apparitions.

Kobe et Duncan se partageaient l’affiche en NBA mais à l’international, seul le Mamba était reconnu. C’est aussi de cette aura dont il est question lorsqu’on évoque le visage d’une ère.

Maillot NBA le plus vendu pendant les années 2000 via www.basketpack.fr

Les ventes de maillots des années 2000 viennent confirmer cette tendance. Kobe a été le jersey le plus vendu pendant 6 des 10 saisons de la décennie. Malgré sa domination quasi équivalente sur le terrain, Tim Duncan n’a jamais été le maillot le plus vendu sur une année. Le Mamba remporte la bataille de la popularité.

Sur la globalité de leurs carrières, Tim Duncan peut se targuer d’être au dessus de Kobe Bryant. Entre 2000 et 2009, les deux joueurs se sont partagés les récompenses individuelles et collectives. Toutefois, le net avantage de Kobe sur les confrontations directes, ses 6 Finales (contre 3) et ses 4 bagues (contre 3) viennent faire pencher la balance de son côté. Sa popularité mondiale vient clore le débat du visage de cette période. Dans le monde du basket, les années 2000 sont la « Kobe Era » en termes d’image et de domination.

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