Rudy Gobert Karl Anthony Towns Anthony Edwards
Tim Nwachukwu via Getty Images

Doit-on s’inquiéter de la méforme récente de Minnesota ? 

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On dit souvent que l’appétit vient en mangeant, au point d’avoir une faim de loup. Minnesota est la jolie surprise de ce début de saison. L’équipe trône fièrement en haut de la conférence Ouest pour la première fois depuis 2004. Mais attention à ne pas se voir trop beau trop vite, surtout au vu de leurs dernières prestations. 

Une défense élite   

C’est le gros point fort de Minnesota cette saison. Les Wolves possèdent en effet le meilleure défensive rating de la ligue. Cela s’explique avant tout par le système mis en place par Chris Finch avec beaucoup de drops. L’objectif est alors de protéger l’accès au cercle, ce qui fonctionne à merveille. C’est la troisième équipe à concéder le moins de tir au panier. On peut voir pour autant qu’il y a une pression qui est mise sur les porteurs de balle adverses afin de les empêcher de pull-up. C’est pour cela qu’il y a pas mal de pré rotation pour les forcer à faire circuler le ballon.

Mais l’ensemble de l’effectif fournit des efforts cette année. À commencer par Mike Conley et Anthony Edwards qui s’occupe de défendre le point of attack. Ce dernier montre d’ailleurs quelques flashs très intéressants à la fois on-bal et off-ball pour le plus grand bien de sa team. Karl-Anthony Towns est aussi plus discipliné de ce côté du terrain, ce qui lui permet d’éviter les fautes bêtes. Il a progressé dans la défense au périmètre, ce qui était son gros problème par le passé. 

C’est bien évidemment Rudy Gobert qui est le visage défensif de cette équipe. Le français a en effet retrouvé son meilleur niveau, et semble être le favori pour remporter le 4e DPOY de sa carrière. Il excelle surtout dans la dissuasion près du cercle puisque ses adversaires n’osent pas prendre leur chance quand il est là (-6,4% ; 100e centile). Il inflige notamment une perte d’efficacité de -13,7% au panier, soit la 3e meilleure marque parmi les pivots avec un minimum de minutes. 

Mais c’est de l’autre côté du terrain que les Wolves sont en difficulté. 

Une attaque un peu plus organisée… 

Alors que Minnesota était l’une des teams les plus rapides les années précédentes, Finch a changé sa philosophie. Il a compris qu’avec la présence constante de deux intérieurs il est obligé de ralentir le jeu. C’est donc pour cela que les Wolves sont passés de la 1re pace en 2022 à la 23e cette année. Ils ne sont certes pas élite sur ces actions, mais reste tout de même au niveau de la moyenne. Il est intéressant de voir que c’est la première équipe à l’efficacité sur transition. Cela démontre la volonté de jouer plus intelligemment sur jeu rapide. 

On remarque par ailleurs que la balle circule un peu plus cette saison. Ce qui est très utile compte tenu du manque de playmaking. Il n’y a en effet que Mike Conley qui est réellement en mesure d’assurer la mène comme il faut. C’est d’ailleurs pour cette raison qu’il est primordial à sa team étant donné qu’il apporte beaucoup de stabilité et d’organisation. Minnesota possède la 9e attaque quand il est sur le parquet, contre la 24e quand il n’est pas là. Les Wolves prennent beaucoup moins de mauvais tirs, notamment de loin. C’est certes l’une des équipes qui tente le moins de trois points (20e en fréquence), mais elle possède néanmoins la deuxième meilleure efficacité avec 39,8% de réussite. 

Les Wolves sont bien évidemment l’une des teams qui insistent le plus dans la raquette. La présence constante d’au moins un intérieur shooteur — avec KAT ou Naz Reid — permet ainsi d’ouvrir les lignes de drives pour les autres. Cela offre par ailleurs beaucoup plus d’espace pour Gobert qui peut alors sanctionner grâce à sa verticalité. On voit d’ailleurs une amélioration dans son duo avec Towns. Ce dernier le trouve plutôt bien sur alley-oop après drives, comme en fin de match contre Brooklyn. Le dominicain déclarait récemment que « je vais continuer à lui envoyer des lobs et à lui donner le ballon pour qu’il puisse jouer ». 

… mais est-elle assez efficace ? 

Depuis le début de la nouvelle année, l’attaque des Wolves est moins mordante. Il y a moins de mouvement de balle pour davantage de jeu statique. Minnesota est la 7e équipe a tenté le plus d’isolation, pour la 13e efficacité sur ces actions. Anthony Edwards est celui qui symbolise parfaitement cette tendance. C’est bien évidemment un arrière scoreur (25,9 points) capable de quelques flashs à la passe. Mais il peut ensuite réaliser des turnovers assez bêtes. Il affiche par exemple un assist-to-usage ratio de 0,72, ce qui le situe dans le 16e centile à son poste. Il n’y a que Jordan Poole et Cameron Thomas qui ont un chiffre plus faible parmi les combo-guards ayant un usage supérieur ou égale à 25%. 

Cela est d’autant plus frustrant qu’il n’y a pas vraiment de grands créateurs mise à part Mike Conley. On se retrouve dès lors avec une attaque bien trop prévisible par séquence, surtout dans le quatrième quart-temps. Minnesota est l’équipe — avec Orlando et Sacramento — à avoir joué le plus de match dans le clutch depuis le 1er janvier. Sauf que les Timberwolves n’ont remporté que 3 de ses 9 rencontres, affichant notamment le troisième pire net rating sur la période. 

Cela est bien évidemment dû à ce jeu lent sur demi-terrain où Edwards et KAT doivent à eux seuls jouer les héros dans les moments critiques. La défaite contre Charlotte le 22 janvier dernier illustre parfaite cette situation puisque les loups ont laissé filer un match facile. Menant de 15 points au début du quatrième quart-temps, l’équipe a encaissé un terrible 36-18 en douze minutes avec seulement 8 points du duo Ant-Towns à 3 sur 14 au tir. La victoire à OKC dans le clutch est une bouffée d’air, mais attention à ce que cela ne soit pas un épiphénomène pour cette équipe qui ne possède que le 16e offensive rating et qui reste sur 7 défaites lors des 16 derniers matchs.

Des leaders dominant jusqu’en playoffs ?  

C’est l’une des questions qui revient le plus souvent avec cette équipe. On sait que Towns a souvent eu des difficultés en post-season. Il a notamment été mis à mal mentalement, où il sortait des rencontres à cause de ses fautes et son excès d’engagement. L’intérieur n’est certes plus le numéro un de sa team, mais il reste un élément essentiel, surtout en attaque. Les Wolves n’ont par exemple remporté que 4 de ses 13 matchs avec cinq fautes ou plus.  

Des questions peuvent également surgir concernant Anthony Edwards. L’arrière de 22 ans est l’un des scoreurs les plus prometteurs. Il est néanmoins un jumpshooteur moins bon que la moyenne puisqu’il est à 97 d’eFG+. Cela est d’autant plus problématique compte tenu du fait qu’il va moins au cercle que par le passé. C’est très frustrant sachant qu’il a une très bonne efficacité dans ses finitions grâce à ses qualités athlétiques et son physique hors normes (70% ; 74e centile). Cela ne doit tout de même par omettre qu’il a prouvé qu’il pouvait être un gros scoreur en playoffs. Il a par exemple réalisé une superbe série contre Denver l’année dernière avec 31,6 points de moyenne à 48,2% au tir.  

Enfin, il faudra voir si l’effectif est assez profond. On sait que le banc est l’un de leurs défauts principaux, notamment au playmaking. Shake Milton et Jordan McLaughlin ne semblent pas prêts à assumer de telles responsabilités. L’absence d’un seul des titulaires pourrait mettre fin aux espoirs de ces Wolves. Sauf que le management n’a pas beaucoup de flexibilité sur le marché des transferts. Le cinq majeur représentent environ 60% du cap de l’équipe. Et les prolongations de Edwards et Jaden McDaniels prendront effet l’été prochain. 

Attention à ce que Minnesota ne souffre pas du syndrome Jazz, à savoir exceller en régulière en proposant toujours le même style de jeu, sans pour autant s’adapter. Finch ne semble pas être le coach idéal pour les joutes de playoffs en raison de sa difficulté à innover. L’équipe n’a pas la marge financière suffisante pour obtenir un joueur impactant au playmaking. Attention à ne pas avoir les yeux plus gros que le ventre en cette fin de saison capitale pour le futur de la franchise.

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