La vision des scouts : dernières chances et le retour en force de Thierry Darlan

The Last Dance : Matt Cleveland, Kadary Richmond et Ryan Kalkbrenner

On entre dans le dernier virage de la saison universitaire et pour certains joueurs, ça signe l’arrivante fin de l’éligibilité NCAA. Chaque année, on a des seniors et des super-seniors qui jouent leur dernière carte sur les matchs de conférence et une potentielle March Madness. C’est le cas pour de nombreux joueurs : Maxime Raynaud, Walter Clayton Jr, Javon Small, Nate Bittle, Hunter Sallis, Mark Sears, Arthur Kaluma ou encore Kameron Jones. Cependant, pour cette épisode de la vision des scouts, on va axé sur 3 joueurs très précis : Matthew Cleveland de Miami, Kadary Richmond de St John’s et Ryan Kalkbrenner de Creighton.

Matt Cleveland : la lumière au milieu de l’ouragan

Le moins que l’on puisse dire, c’est que Miami vit une saison très compliquée : le bilan est désastreux avec seulement 4 petites victoires au moment où on écrit ses lignes. Le freshman Jalil Bethea, qui avait montré des flashs intéressants, joue peu et n’est bon que par intermittence. La défense est globalement un désastre et l’attaque est tout au mieux moyenne. De plus, le départ du coach iconique Jay Larranaga en cours de saison n’a rien arrangé vu que son remplaçant, Bill Courtney, n’a fait qu’un 0-7 depuis son arrivée. En bref, on arrive à une période de transition pour les Canes et il est temps de laisser passer ce Final Four de 2022 mené par Larranaga et de cette période historique autour de Isaiah Wong, Jordan Miller, Kameron McGusty, Wooga Poplar ou encore Norchad Omier.

Cependant, de toute cette clique, il reste un personnage qui est toujours présent : Matt Cleveland. Swingman qui a démarré à Florida State en 2021. Il fait 2 bonnes saisons avant de rejoindre le bateau Miami pour compenser le départ de Jordan Miller. En arrivant, il montre de vrais progrès à plusieurs égards en terme d’efficacité global et de choix.

Ce qui fait l’intérêt de Cleveland, c’est son apport défensif qui est ultra polyvalent. Certes, il ne fait que 2m01, mais sa longueur XXL en font un défenseur redoutable. Ce qui est marquant, c’est qu’il est un playmakeur défensif capable d’apporter autant sur de l’interception sur l’homme, de la coupe de ligne de passe ou du contre. De plus, c’est un arrière capable de prendre du rebond.

Offensivement, on est sur un joueur qui gagne en efficacité année après année. Si, en arrivant chez les Seminoles, Matt Cleveland était un tireur de lancers francs très mauvais, il est aujourd’hui au-delà des 70% et son shoot, globalement est meilleur. Il a réussi à trouver la mire malgré ses longs bras qui peuvent un frein pour certains joueurs pour avoir un release suffisamment rapide. C’est un joueur très physique qui sait utiliser ses bras pour chercher les meilleurs angles d’attaque en drive. Enfin, c’est un joueur qui a un ratio ast/tov positif, ce qui est toujours ça de pris même si ce ne sera jamais un playmaker ne serait ce que secondaire. 

Matthew Cleveland, ailier des Canes, est un joueur intéressant à suivre dans le marasme de Miami

Kadary Richmond : prodige défensif, faiblesse offensive

Kadary Richmond est un prospect apprécié à plusieurs égards. On l’a vu démarré doucement à Syracuse avant de rejoindre Seton Hall et de se faire sa place. Petit à petit, Kadary est monté dans les boards et les mock drafts de chacun. Cependant, après sa dernière saison à Seton Hall, il décide de rejoindre St John’s. Cette saison, Kadary est très fort et on voit que l’équipe marche très bien. Avec des prospects comme Richmond mais aussi RJ Luis, Simeon Wilcher ou Aaron Scott, le Red Storm fait une superbe saison et aura probablement l’occasion de joueur la March Madness et de montrer ce que vaut la défense de l’université new yorkaise.

En lui-même, Kadary Ricmond a beaucoup de qualités et des énormes défauts. Parmi les qualités, Richmond est un défenseur hors-pair. Sachez qu’on a ici un des meilleurs playmakers défensifs. Si Cleveland était polyvalent, Richmond est omnipotent à ce niveau. Son physique très puissant et ses longs bras en font une menace constante sur l’homme et une véritable peste sur le POA. Loin du ballon, il se servira bien plus de sa vitesse de réaction aux mouvements adverses pour gratter des interceptions sur la ligne de passe. En gros, Richmond est probablement un des meilleurs prospects défensifs de l’année mais aussi un des meilleurs défenseurs de la NCAA. 

En attaque, c’est plus compliqué. Certes c’est un passeur honorable en terme d’efficacité et il provoque pas mal de lancers. Cependant, ce sont plutôt les défauts offensifs qui posent problème tellement ils sont gros. Richmond a un vrai problème dans sa finition au cercle. Cette année, il atteint difficilement les 50% à 2 points et c’est sa meilleure saison de loin. Il manque trop de toucher et à son âge, c’est problématique de voir si peu de progression en 5 ans. Cependant, le shooting n’est pas beaucoup mieux : on observe très (et surtout trop) peu de volume et la réussite a une trop grosse variance, alternant entre l’horrible (15% cette saison) et l’excellent (44.4% en 2022-2023). Même chose pour la réussite aux lancers francs qui est trop variable (50.9% aux lancers cette année, 80.7% l’année dernière, 69.3% en 2022-2023 et 75% pour son année sophomore). En gros, il serait compliqué d’imaginer comment utiliser Kadary en l’état en NBA.

Ryan Kalkbrenner : la grande muraille de Omaha

Ryan Kalkbrenner est un nom bien connu de la NCAA qui a fait sa réputation avec son efficacité monstrueuse des 2 côtés du terrain. Du côté de Creighton, il est un point d’ancrage défensif plus que solide autour des différents joueurs passés sous les ordres du père McDermott : de Marcus Zegarowski à Baylor Scheierman en passant par Kaluma, Ashworth, Alexander ou Nembhard, tous ont eu le bonheur d’être aidé par le second rideau élite de Ryan. En plus d’être un gros défenseur à Omaha depuis 5 ans, il a aussi été un membre de la Team USA U-19 de 2022 en rotation de Kenny Lofton et Chet Holmgren.

Ce qui est clair avec Kalkbrenner, c’est qu’il pourra apporter son physique pour être une masse imposante dans la raquette. Depuis toujours, Ryan est un puissant shotblocker qui mène la Big East au contre. On sait que le pivot de Creighton utilise à merveille son physique et son haut du corps puissante pour tenir ses vis-à-vis au poste bas. En drop, il excelle comme beaucoup d’intérieur dans son style : puissant, fort, long, grand et intelligent, on est dans le genre de pivot défensif « à la » Clingan qui marche si bien en NCAA. Dans les autres points positifs, comment ne pas parler de son toucher? Constamment autour des 70% de TS%, il utilise son physique et ses mains pour servir au mieux le jeu offensif de son équipe. De plus, on voit, années après années, une progression et un bout de tir extérieur qui se développe. Cette saison, il tourne 39.3% de loin sur 1.6 tentatives. De plus, il tourne à plus de 70% aux lancers francs depuis longtemps, ce qui est plus qu’honorable pour un pivot et qui montre, une fois de plus, un bon toucher.

Cependant, il y a de nombreuses questions sur la possibilité de voir Kalkbrenner en NBA : Comment expliquer le fait qu’il prenne si peu de rebonds comparativement aux autres gros pivots de cette draft (Hansen Yang, Johni Broome, JT Toppin, Maxime Raynaud, etc)? On peut aussi parler du fait que Ryan Kalkbrenner a toujours eu un ratio ast/tov négatif. Quand on sait qu’on est dans une NBA qui value énormément les hub offensifs, ça peut vite devenir problématique. Enfin, si le tir extérieur ne se confirme pas, les potentiels rôles qu’il pourra obtenir vont se limiter.

Ryan Kalkbrenner est un pivot très fort à Creighton et son niveau va être surveiller par les scouts

Cooper Flagg cimente sa place de numéro 1

Si Cooper Flagg était déjà largement annoncé en numéro 1, les rares sceptiques n’ont plus aucune raison d’être après les récentes performances du leader de Duke. Quand on a écrit la dernière édition de la vision des scouts, on avait pas encore vu la performance de Flagg contre Notre Dame, sachant qu’on écrit (un peu) à l’avance. En tout cas, on peut dire que maintenant, on a (encore) l’occasion de parler en bien du Maine Event :

  • 42 points
  • 6 rebonds
  • 7 assists
  • 1 steal
  • 11/14 aux tirs dont 4/6 de loin
  • 16/17 aux lancers francs

Une performance à l’image de sa forme récente qui est excellente. Il montre de vrais progrès aux tirs, à la création et à la réussite de manière générale. Il s’acclimate au contexte NCAA très vite et Duke enchaîne les wins malgré les défauts qui existent chez les Blue Devils en terme de création. Si la ACC n’est pas à son max avec les saisons décevantes de UNC et de Miami, il y aura plusieurs rencontres déterminantes par la suite pour continuer à confirmer l’excellente forme de Flagg.

Parler de Duke est aussi l’occasion de mentionner les excellentes performances de Khaman Maluach qui montre qu’il peut, malgré ses lacunes encore évidentes, être un prospect sérieux dès 2025 et un candidat au titre de meilleur prospect sur le poste de pivot avec Derik Queen, Hansen Yang, Johni Broome, Thomas Sorber ou Asa Newell.

La hype Thierry Darlan est de retour

Thierry Darlan avait disparu des discussions de draft. Son passage en G-League Ignite s’est terminé quand l’équipe a été dissoute. Cependant, il n’était pas resté à la draft et devait trouver une nouvelle équipe pour 2024-2025. C’est ainsi que le prospect Darlan a fini au Rip City Remix. Cependant, avec les présences de James Bouknight, Bryce McGowens ou Isaac Nogues, compliqué pour l’arrière centrafricain de faire sa place. C’est ainsi qu’il a été envoyé aux Delaware Blue Coats où il joue beaucoup plus.

Celui qui s’est fait découvrir lors des matchs de la BAL et des phases de qualification de la Coupe du Monde remonte la pente en ce moment. Toujours dans sa quête de prouver au monde qu’un africain peut jouer meneur, Darlan envoie des grosses performances du Delaware. Par contre, on repassera sur le fait de joueur meneur.

Aujourd’hui, on est plus sur un ailier qui montre un sacré potentiel défensif avec son envergure titanesque qui lui permet de jouer dans un rôle d’ailier polyvalent comme celui de small big. Il peut autant servir de protecteur de cercle que de teigne sur l’homme ou sur des drives. Ses bras et son énergie lui permettent aussi de gratter beaucoup de rebonds et on l’a vu contre Mexico City et le Capital City Go Go avec 2 matchs à plus de 10 rebonds. Offensivement, on l’a vu montrer des skills de scoring en pénétration tout à fait intéressant avec une protection de la balle et du toucher. 

Cependant, on a vu qu’il y encore beaucoup de travail sur le tir extérieur et la création de manière générale. Si le jeune Darlan se rêvait meneur, il est beaucoup plus probable de le voir évoluer en ailier défensif avant tout, à la manière d’un Tari Eason.

Caleb Wilson va à UNC

Alors que North Carolina semble être dans une période creuse ces derniers temps (12 victoires pour 8 défaites cette saison) pendant que le rival historique, Duke, continue de briller, il semble que le programme de Hubert Davis continue d’attirer les jeunes et talentueux lycéens. Après le recrutement 5 étoiles de Ian Jackson et Drake Powell l’an passé (et Eliott Cadeau si on remonte encore plus loin), c’est Caleb Wilson qui décide de rejoindre le mythique programme de Caroline du Nord.

Présent dans la majorité des top 10 lycéens de la cuvée 2025, l’ailier fort de 2m08 montre de grandes qualités sur le terrain et notamment d’un point de vue athlétique qui lui permettent d’être une menace constante près du panier mais aussi un défenseur avec beaucoup d’armes. Long, athlétique et capable à la passe, Caleb Wilson va renforcer une équipe en difficulté et qui aura bien besoin de ses services.

Cependant, ce n’est pas cet arrivée qui va régler les problèmes des Tar Heels. Avec le départ de RJ Davis et le fait que Ian Jackson va jauger sa côte auprès des équipes avec la possibilité de partir en NBA l’an prochain, l’effectif déjà mal construit de UNC va en prendre un coup et ce n’est pas Wilson qui réussira à tout arranger.

Voilà pour cette édition de la vision des scouts et pour les gens que ça intéresse, nos copains de chez Symbiose ont bien couvert le Young Star Game organisé par la LNB dans lequel on a pu observé Noah Penda, Mo Diawara ou encore Zacharie Perrin, quelques candidats à la Draft 2025.