Dans les années 80, Boston et Los Angeles sont en haut, puis les Sixers. Mais après les deux ogres et Philly, quelle équipe était la meilleure ? Quand on regarde le pourcentage de victoires, le résultat est clair : les Milwaukee Bucks. Cette équipe assez lente pour l’époque et à vocation défensive coaché par Don Nelson (si si) était mené par un homme : Sidney « El Sid » Moncrief. Un homme qui a impacté la ligue bien plus que l’on ne le pense.
The Squid : une défense imperméable
Pour la saison 1982-1983, la NBA décide de créer le trophée de Defensive Player of the Year. Dans une NBA de plus en plus offensive dans les années 80 et un MVP qui ressemble parfois à un trophée du meilleur attaquant, ce trophée fait de plus en plus sens. Il sera donné à Sid en 1983, mais aussi en 1984, réalisant le premier doublé de l’histoire du trophée. Pour donner une idée de la performance, le nombre de guards (postes de meneur et d’arrière) avec le trophée s’élève avec 6 (Moncrief, Robertson, Cooper, Jordan, Payton et Smart). Parmi ces 6 noms, seul Sidney l’aura à deux reprises. Une performance réalisée seulement par des protecteurs de cercle monstrueux comme Dikembe, Big Ben, Mark Eaton ou encore Rudy Gobert, ou alors les phénomènes défensifs uniques que sont Dennis Rodman ou Kawhi Leonard.
Oui, Sidney est un phénomène défensif monstrueux, et ce ne sont pas les légendes des années 80 qui vont contredire. Larry Bird, pourtant plus dans le trashtalking que dans les compliments, en parle très bien :
« Moncrief fait tout ce que vous êtes supposés faire en défense, sans prendre de raccourcis, et en plus, il le fait tous les soirs. »
Larry Bird
Michael Jordan aussi en dira du bien, malgré que lui a assez peu connu le prime de Sidney en NBA :
« Quand vous jouez contre Sidney Moncrief, vous partez pour une soirée complète de basketball. Il vous traquera partout où vous irez, et ce des deux côtés du terrain. Vous vous y attendez. »
Michael Jordan
Les meneurs, les arrières et même des ailiers ont fini dans la prison de Sidney. Son surnom « The Squid » ne vient pas de nul part. Des longs bras, une énergie éternelle et des qualités athlétiques parfaites, Moncrief était fait pour la défense. Cependant, attention à ne pas s’y méprendre, Sidney n’est pas que un défenseur élite.
Sir Sid : le profil d’un attaquant oublié
Pendant une période de cinq ans, entre 1981 et 1986, Sidney était aussi un talent offensif incroyable. Avec ses qualités athlétiques, la première force de Moncrief était le jeu en pénétration. Avec une efficacité assez incroyable, l’arrière des Bucks était dur à arrêter en attaque. Athlétique, spectaculaire, technique et rugueux, quand Michael Jordan parle des deux côtés du terrain, ce sont vraiment les deux côtés du terrain. Dans cette même période de prime, Sidney tourne autour des 7-8 lancers par matchs, le joueur est agressif et joue le contact pour finir sur la ligne, marque des grands scoreurs. Pour finir, vu qu’il est un gros défenseur, actif sur les lignes de passes et rapide, il met un paquet de points en transition.
Arrière de métier mais capable de jouer meneur, Sidney Moncrief avait une bonne création. Toujours autour des 5 assists par match, il se servait de sa puissance de pénétration pour créer des espaces. Pour donner une idée du niveau, on est sur un AST% comparable aux débuts de saison de Jimmy, Tatum ou PG. Tout ça alors que son USG% était un peu inférieur.
1986 et plus rien…
En 5 ans entre 1981 et 1986, période durant laquelle les Bucks deviennent élite, les Bucks ont beaucoup gagné. Des saisons à 50 wins à la pelle et 2 finales de conférence. En 1986, les Bucks perdent face aux imbattables Celtics de l’année éponyme. Cependant, alors qu’il n’a que 28 ans, les gens ne savent pas qu’ils ont vu la fin du phénomène. Sir Sid souffre de maladies dégénératives qui lui détruisent les cartilages de ses genoux. Son pied le fait souffrir, ses genoux ne tiennent plus et sa carrière fait un grand plongeon. Après cette saison 1985-1986, Sid ne joue que 157 matchs chez les Bucks et n’est plus que l’ombre de lui-même. Passé d’un joueur élite, candidat MVP en 1983 en 21-6-5, il n’est plus qu’un 12-3-3 avec moins d’efficacité et de capacités défensives qu’avant. Il prend sa retraite en 1989, à 31 ans, et rajoute son nom à la liste des what if, des joueurs qu’on aurait aimé voir plus longtemps. Pour finir, il a tenté un comeback chez les Hawks, sans succès.
Intronisé au Hall of Fame seulement en 2019, il est un joueur légendaire, qui a marqué son ère. De Larry Bird à Michael Jordan, en passant par Julius Erving, tout le monde se souvient de Sidney.