Après le succès (inattendu) de l’épisode 1, on était bien obligé de reprendre les crampons stylos pour écrire l’épisode 2. Désormais, vous savez tous comment juger une efficacité au tir et pourquoi il ne faut pas utiliser le FG% pour ça, donc on passe à une nouvelle notion : les fameux On/Off. Vous avez sans doute déjà entendu parler de cette stat mais aujourd’hui on met les pieds dans le plat. Alors, stat magique ou à bannir ? Installez vous bien et plongeons ensemble au pays des stats.
Quantifier un impact individuel, une tâche pas si simple
Le basketball est un sport collectif, mais peut-être le plus individuel de tous les sports collectifs. Toujours en recherche pour quantifier l’impact individuel d’un joueur, de classer les meilleurs joueurs du monde dans l’ordre. Et c’est bien normal tant un joueur peut avoir un impact significatif sur un parquet. Mais comment différencier l’impact d’un tough shot maker à celui d’un protecteur de cercle ? Ou même plus simplement, comment réellement mesurer l’impact d’un protecteur de panier ? Les On/Off ne sont pas une solution magique et ne remplacent pas complètement le film attention mais ils peuvent nous aider dans cette tâche.
La tentation de +/-
Reprenons la base de tout sport, le but est de gagner. Au basket, pour gagner, il faut scorer plus de points que l’adversaire (oui je sais je vais souvent très loin dans la réflexion). Il faut donc créer un différentiel attaque défense, ce qui est appelé le Net Rating (différence entre offensive rating et defensive rating). Mais si on ramène ça à un individu, il faudrait savoir quelle est la production de son équipe quand il est sur le terrain pour mesurer son impact. C’est souvent ce qu’on essaie de faire en utilisant le +/- d’un match.
Par exemple : “Oh wow Jarred Vanderbilt a dû être incroyable sur ce match il a fini à +8 de +/-”. Donc quand il était là, son équipe a scoré 8 points de plus que l’adversaire. C’est vrai. C’est factuel. Sur ce match précis il a eu un impact positif, mais maintenant comment comparer au reste de la ligue ? Comment comparer aux équipes qui jouent 2 fois plus vite et qui ont donc des écarts potentiellement 2 fois plus importants ? Et surtout comment juger un joueur qui joue avec les meilleurs coéquipiers du monde quand il est sur le terrain à un joueur dans la 30e équipe NBA ?
Remettre les compteurs à 0, par soucis d’équité
Beaucoup de questions auxquelles le +/- ne répond pas. En effet, pour mesurer l’impact on aimerait donc un outil qui : mesure la performance de son équipe quand le joueur est sur le terrain, ramené à la même pace par soucis d’équité pour les 30 équipes. Mais l’outil doit aussi idéalement mesurer la différence entre quand le joueur est là et quand il n’est pas là afin de mesurer son impact réel au sein de son équipe. Ce serait fou d’avoir tout ça… Et bien ça existe. Cette définition est EXACTEMENT celle du On/Fff, séparée en deux parties donc.
Lorsque vous allez sur à peu près n’importe quel site de statistiques dans l’onglet On/Off, vous verrez 2 colonnes. Prenons le GOAT des On/Off, Nikola Jokic en exemple.
La première colonne, le “OnCourt”, indique le Net Rating des Nuggets avec Jokic sur le terrain. La deuxième, le “On-Off” indique l’écart de Net Rating lorsque Jokic sort. Si on prend la saison 2023-24, les Nuggets ont donc un Net Rating de +10.6 avec Jokic sur le terrain et une différence de +19 entre les possessions avec lui et sans lui. Autrement dit, Denver se fait outscorer de 8.4 points par 100 possessions quand le Serbe est sur le banc.
La possibilité de catégoriser l’impact selon le type de joueur
Mais ça ne s’arrête pas là en vérité, on peut encore aller plus loin et mesurer tout un tas de statistiques grâce aux on/off de Cleaning The Glass. Par exemple, on peut catégoriser les On/Off défensif et offensif. Prenons l’exemple de Tre Jones autour duquel on entend souvent que l’attaque va bien mieux avec lui que sans lui. Qu’en dise les stats ?
Tableau statistique des on/off de Tre Jones en carrière d’après Cleaning The Glass
Un immense oui puisque les Spurs ont un différentiel de +10.5 d’Offensive Rating avec lui. Plus simplement : San Antonio score 10.5 points de plus en moyenne par 100 possessions avec lui que sans lui !
Et ça ne s’arrête pas là puisque vous pouvez également voir la fréquence et la réussite d’une équipe par zone avec et sans un joueur sur le terrain et ainsi comprendre pourquoi Manu Ginobili est le GOAT. Ou bien même les différences de fréquence et réussite au cercle des adversaires lorsque Rudy est sur le terrain !
Des limites malgré tout… et un quizz !
Mais je vous entends déjà venir : “c’est n’importe quoi sinon Tre Jones ferait partie des meilleurs meneurs du monde et tout le monde en parlerait”. À moins qu’il le soit secrètement et que personne ne le sache ? Non, je plaisante. En effet, vous avez raison et cet outil bien que génial connaît certaines limites dont une principale : la rotation au sein même de son effectif.
En effet, si Tre Jones est si plébiscité par ce modèle c’est avant tout parce qu’il est le seul meneur de métier de l’effectif des Spurs et que sa simple présence, sans faire des choses révolutionnaires, a beaucoup de valeur puisque dès qu’il sort il n’y a personne réellement pour faire ce qu’il fait. Et si Jokic a battu tous les records de On/Off c’est aussi parce que son back-up était DeAndre Jordan et que tout le système était fait pour lui. Et forcément lorsque vous enlevez le joueur autour duquel tout est construit, c’est toute la machine qui tourne moins bien.
Le On/Off est donc un outil assez puissant mais a manié avec des précautions. Cela étant dit, je ne pouvais pas vous laisser sans un quizz. À votre avis, quel joueur possède le On/Off offensif le plus élevé de NBA ? Et le défensif ? Réponse dans le prochain article (ou sur Cleaning The Glass)…
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