Devin Booker lors de son record de statistiques face aux Boston Celtics. Crédit : causewaystreet.com

Quand les statistiques prennent le dessus sur le jeu

« Tu as vu les stats de Devin Booker hier soir ? Hallucinant. Oui mais quand tu prends 40 tirs forcément ça aide. » Encore et toujours les mêmes discussions devant la machine à café, les statistiques sans cesse pour comparer tel ou tel joueur. Il en est de même pour les spécialistes « malgré les 70 points de Devin Booker les Suns de Phoenix n’ont rien pu faire face aux Celtics de Boston ».

Dans le basket FIBA, on s’attardera plus sur le PER (Player Efficiency Rating), chiffre qui résulte d’un calcul. Le nombre de points étant moindre en FIBA on se rabat sur un terme que monsieur ou madame tout le monde ne comprendra pas, mais nous ne sommes plus à un chiffre près…

Historique des statistiques

Avant d’aller plus loin, un peu d’histoire. Les statistiques sont apparues en NBA dans les années 50, mais on ne prenait pas en compte toutes les statistiques comme on le fait aujourd’hui avec une analyse plus poussée. Les premières analyses statistiques un peu plus affinées arrivent au début des années 80 et enfin tout cela se démocratise au début des années 90. En FIBA l’utilisation de la “big data” se normalise au début des années 2000 tout comme en NBA.

Erik Spoelstra en tant qu'analyste vidéo statistiques. Crédit : SportsCenter
Erik Spoelstra en tant qu’analyste vidéo. Crédit : SportsCenter

Vous l’aurez peut être deviné mais les stats, que ce soit NBA, FIBA, offensive ou défensive, je ne suis pas pour les utiliser à outrance comme tout le monde le fait aujourd’hui. Heureusement il reste une poignée d’irréductibles amoureux du basket qui préfèrent décortiquer les matchs à travers les systèmes mis en place.

Tout cela est évidemment lié à l’utilisation des statistiques, et comme dit plus haut, les stats utilisées pour les matchs NBA ne sont pas les mêmes qu’en FIBA. Comment lire des stats sans être abreuvé de chiffres et de pourcentages qui, selon moi, ne sont pas l’aspect le plus important du basketball.

Les statistiques en NBA et FIBA

NBA

Dans la Grande Ligue, comme on l’appelle, les statistiques dites offensives prennent le dessus sur le reste. Dans ce qu’on appelle le boxscore les chiffres mis en avant sont les points, les rebonds et les passes décisives, le pourcentage de réussite au tir vient souvent après et encore après le nombre de shoots tentés. Chose perturbante, les contres sont considérés comme une stat importante et défensive, or c’est la combinaison contre + rebond défensif qui devrait, selon moi, être mise en avant, tout comme le ratio passe décisive pour nombre de ballons perdus.

Une statistique n’est pas utile sans la combiner avec une autre. Aussi aujourd’hui dès qu’un franchise player est absent et  qu’il y a défaite, on dit tous « défaite logique Dončić n’était pas là », ce qui n’arrive jamais avec un très bon défenseur, la culture de l’attaque en NBA a pris le pas sur les défenses rugueuses, ceci est du en partie à la nouvelle façon d’arbitrer.

Tous ces éléments mis bout à bout ne permettent plus à personne de parler de la façon d’aborder les matchs de la part des coachs, on ne parle plus de l’attaque en triangle de Tex Winter (mise en place par Phil Jackson) ou le run and gun de Mike D’antoni. Ce sont juste des exemples mais la liste est longue…

Cette « folie » des stats est bien sur contrecarré par des exceptions que sont : 

  • la victoire des Mavericks de Dallas sur le Miami Heat et son Big 3, la preuve par l’exemple que l’addition de stats impressionnantes ne fonctionne pas directement
  • encore une fois les Mavericks de Dallas sur la saison 2006-2007, qui survolent la saison régulière et qui sortent dès le premier tour (un upset parmi d’autres)
  • la victoire des Pistons de Detroit sur les Lakers de Los Angeles en 2003-2004, les Lakers avaient empiler les All Star, ont été défait par des Pistons mené par Larry Brown

FIBA

Les statistiques FIBA sont un peu plus complexes à utiliser et à mettre en valeur pour le grand public. Quand un triple double devient banal  en NBA, la même ligne statistique est quelque chose d’une rareté absolue dans le basket FIBA. L’un des plus récent étant le polonais Mateuz Ponitka au champîonnat d’Europe 2022. Le PER (vu plus haut) est la stat la plus utilisée dans les compétitions FIBA. Les joueurs très bons en FIBA ne sont pas forcément très bons en NBA, jusqu’ici l’inverse n’est pas vrai, mais jusqu’à quand…

Les coachs qui réussissent en FIBA sont souvent des coachs qui ont roulés leur bosse et qui ont gardés les mêmes principes de jeu. Malgré l’évolution du jeu Svetislav Pešić impose toujours un pivot à l’heure du small ball, que ce soit Nikola Jokou Nikola Milutinov. Cela a permis à la Serbie de revenir en haut de l’affiche avec un collectif extrêmement bien huilé : résultat deux médailles sur  les deux dernières compétitions internationales (bronze aux Jeux Olympiques de Paris 2024 et argent aux championnats du monde 2023).

Même chose pour Gordon Herbert, qui a su remonter une équipe allemande autour de joueurs NBA et FIBA, en gardant toujours une force défensive collective impressionnante qui a mené les Allemands au titre mondiale en 2023. Fort de ces deux exemples, j’entends d’ici les « oui mais Team USA et l’équipe de France », je répondrais que la régularité dans un sport collectif vaut 10 fois une compétition tous les 5  ans. 

Le basketball est un sport collectif et non pas une somme de statistiques, aujourd’hui trop peu de contenu sur les systèmes de jeu sont mis en place pour mener jusqu’à ces statistiques, on commence petit à petit à montrer les points sur pick-and-roll par exemple, mais c’est malheureusement presque tout pour le grand public…

Les statistiques ont pris, petit à petit, une place considérable dans l’observation du basket. La NBA est l’exemple le plus frappant tant l’aspect offensif est mis en avant. Le basket FIBA, quant à lui, semble ne pas encore avoir été entièrement atteint par cette folie des stats. Les matchs se regardent de moins en moins d’un point de vue tactique et de plus en plus au travers des performances bruts. Jusqu’où ira cette course folle des statistiques, parfois vides de sens. 

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