Derrick Rose

Ma lettre à Derrick Rose

Alors par où commencer Derrick Rose ?

Et bien disons que tu es celui qui m’a fait découvrir ce magnifique sport qu’est le basketball. Tout a commencé au collège où, du haut de mes 11 ans, je découvrais tes exploits quotidiens sur YouTube. Comment louper cela quand 99% des mix de l’époque étaient autour de tes actions, plus spectaculaires les unes que les autres.

Et en même temps, c’est logique. C’est simple, tu semblais jouer un sport différent des autres. Jamais ô grand jamais je n’ai ressenti cette sensation. Quand tes adversaires te voyaient avancer, la peur s’installait dans leurs yeux, et l’émerveillement dans les miens. Le moindre de tes dribbles était une note de musique jouée à la perfection, et tes dunks des symphonies majestueuses. C’est simple, à chaque action tu maîtrisais le tempo, élevant ton jeu au rang d’art.

Je me souviens encore de ce 9 mai 2015, date symbolique pour moi puisque je commençais à peine à regarder mes premiers matchs en direct. Que dire de ce buzzer-beater contre Cleveland ?! Cette action est pour moi une poésie. Les deux dribbles pour trouver un espace avant de pull-up sur la tête de Tristan Thompson, magnifiés par le « BANG ! » de Mike Breen, résonnent encore dans ma tête. Oui c’est décidé, je serais désormais un fan des Bulls.

Je me suis alors plongé dans ton histoire. J’ai essayé de comprendre pourquoi tout le monde t’idolâtrait, et j’ai compris. Tout semblait écrit. Tu devais être le héros local ramenant au sommet ta propre ville, qui avait connu la gloire quelques années auparavant avec un certain Michael Jordan.

En un sens, on peut dire que tu as réussi. Oui les Bulls étaient des candidats plus que sérieux au titre, et bien évidement que tu en étais le chef d’orchestre. Si j’ai plusieurs fois questionné ton MVP en 2011, il n’en reste pas moins un titre que tu n’as PAS DU TOUT volé. Car oui, tu étais bien l’un des meilleurs joueurs de la ligue, et tu aurais pu (et même dû ?) devenir le visage de la ligue.

Le duo que tu formais avec Tom Thibodeau était fascinant à observer, mais il t’a peut-être aussi plongé vers le bas. Au-delà des incessants débats sur ta présence en fin de match contre Philadelphie, ce moment illustre pour moi parfaitement le joueur que tu étais. Un joueur qui se donnait à 100% à chaque fois qu’il était sur le terrain, car tu étais conscient de la chance inouïe de jouer pour sa ville.

Peut-être même que tu te serais blessé quoi qu’il arrive. I guess we’ll never know, comme a dit un autre enfant de la ville.

Alors que je commençais à suivre à fond la NBA, tu es parti. Du moins on t’a forcé à partir. L’enfant que j’étais ce jour-là a eu du mal à vraiment comprendre, j’étais profondément triste de te voir quitter ta ville. Mais au même moment, tes affaires avec la Justice ont fait surface. Et je ne vais pas mentir, j’ai eu un peu honte de t’aimer. Voir le joueur que j’aimais tant ne pas se rendre compte de la gravité de ses actions a brisé la représentation que j’avais de toi. J’ai même arrêté de te suivre en quelque sorte, me confortant avec le big-three Rondo-Wade-Butler.

Mais quand j’ai appris ta volonté de te mettre à l’écart du monde du basket, j’ai eu pour réflexe de vouloir me rapprocher de toi. Je ne sais pas vraiment pourquoi, mais j’ai eu peur de te perdre. Car au fond, je savais que tu avais besoin d’aide. Encore aujourd’hui, je t’en veux pour ce que tu as fait. En réalité, je ne t’ai jamais vraiment pardonné, mais j’ai appris à faire avec.

Le 31 octobre 2018 est peut-être le soir où le monde de la balle orange a eu l’impression de faire un retour dans le passé. Le temps d’un match, tu as retrouvé cette mélodie qui te caractérisait tant, captivant la foule venant des quatre coins du monde pour te voir, que ce soit au stade ou derrière notre écran. Je ne sais plus ce que je faisais réveillé à ce moment-là, mais je n’ai pas hésité à cliquer sur la notification du League Pass quand j’ai vu que tu prenais feu. Et j’ai compris ce que tout le monde avait ressenti pour toi sept ans auparavant.

Ton deuxième passage à New-York signe pour moi le dernier moment de ta carrière. Alors que je suis en classe préparatoire, je me prends d’affection pour cet effectif New-Yorkais, où tu trouves ta place. Je m’émerveille en playoffs de tes prestations contre Atlanta, me disant que jamais je ne pensais vivre cela en direct. Car oui, tu étais bien différent des autres. Le peu de temps libre que j’avais, je voulais l’accorder à tes dernières minutes, car je savais que la fin était proche.

L’annonce de ta retraite m’a fait un pincement au cœur. J’ai pris conscience qu’une page se tourne. L’enfant que j’étais autrefois et qui t’idolâtrait a bien grandi. Peut-être pas physiquement, mais bien mentalement.

Au final, j’aimais autant le joueur que j’avais honte de la personne que tu étais. Tu m’as fait vivre toutes sortes d’émotions, qu’elles soient positives ou négatives, et jamais je ne ressentirai cela de nouveau. J’espère de tout cœur que tu as appris de tes erreurs, et qu’aujourd’hui tu es un autre homme. Car le joueur que tu étais a fait vibrer des millions de fans, et m’a permis, à moi, de trouver ma passion.

Bonne chance pour la suite D-Rose.

Lukas.

Lukas Folkowski

Fan des Bulls et du Paris Basket, je suis surtout passionné par l'histoire du basket et l'analyse du jeu.

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