En 1995, le Canada apparaît sur la carte NBA avec les Grizzlies de Vancouver et les Toronto Raptors. Les deux équipes canadiennes ont constitué leur effectif avec une Draft d’expansion, qui leur permettaient de piocher des joueurs dans les franchises NBA déjà existantes et grâce à la Draft traditionnelle de 1995. Alors qui sont ses joueurs qui ont inauguré le maillot des Raptors ? Quelles ont été leurs carrières ? Comment sont-ils arrivées à Toronto ? Que sont-ils devenues ? On vous présente le premier “starting five” de la franchise. Accrochez vos ceintures, on démarre la DeLorean pour le premier match des Toronto Raptors le 3 novembre 1995 contre les Nets.
Damon Stoudamire (Point guard)
Damon Stoudamire est le premier rookie de l’histoire drafté par les Raptors. Il est drafté en 7ème position sous les hurlements des supporters de Toronto qui trouvaient le joueur trop petit (1,78 m). Le joueur surnommé « Mighty Mouse » va vite mettre tout le monde d’accord dans l’Ontario. Pour son premier match ce 3 novembre 1995, il commence avec un double-double 10 pts et 10 assists. Le jeune meneur confirme son potentiel sur toute la saison puisqu’il va noircir la feuille de stats avec : 19 pts, 9,3 passes décisives et 1,4 interceptions de moyenne. Des statistiques qui lui permettent d’être Rookie of the Year cette année-là.
Même si l’équipe perd beaucoup de matchs, le jeune Damon fait le bonheur de la franchise et notamment d’Isiah Thomas qui en fait son petit protégé, puisque c’est lui, alors Vice-président exécutif et actionnaire minoritaire de la franchise, qui le draft. Damon Stoudamire reste trois saisons à Toronto et il y affiche de belles statistiques (20,2 pts en 1996-97 et 19,4 en 1997-98). Cependant, le départ de son mentor Isiah Thomas qui s’est brouillé avec la franchise, ainsi que les mauvais résultats seront de trop pour lui, qui demande son trade au cours de la saison 1997-98. Le 13 février 1998 il est envoyé à Portland, sa ville natale.
Après ses premières années sous le maillot des Raptors, c’est le déclin pour Stoudamire. Même s’il est un joueur important du roster des Blazers, ses statistiques baissent et il perd sa place dans le 5 majeur en 2002. Il dispute malgré tout une finale de conférence avec Portland en 2000 perdu contre les Lakers. En 2005, il signe chez les Memphis Grizzlies où il ne joue que deux saisons et demi. Puis il fait la deuxième moitié de la saison 2007-08 chez les Spurs où il dispute les playoffs. Il annonce sa fin de carrière en 2008. Une carrière qui avait très bien commencé à Toronto mais qui a décliné après son départ, notamment à cause de problèmes liés à la majiruana.
Alvin Robertson (Shooting guard)
Alors que Damon Stoudamire commence sa carrière cette année-ci, Alvin Robertson est sur le point de la terminer, puisque cette saison 1995-96 est sa dernière. Il arrive donc dans l’Ontario en fin de course et sans réelles ambitions. Avant cela, l’arrière qui a remporté une médaille de champion Olympique avec l’équipe américaine (1984), avait commencé sa carrière au San Antonio Spurs, l’équipe qui l’a drafté en 7ème position en 1984. Dans le Texas il performe, notamment en défense. En 1986 il décroche même le DPOY et le trophée de MIP. Il est trois fois All-Star avec les Spurs en 1986, 1987, 1988. Défensivement il brille puisqu’au cours de sa carrière il est trois fois meilleur intercepteur de la ligue. Offensivement, l’arrière en a sous le pied également. Il atteint presque la barre des 20 points de moyenne sur la saison 1987-88.
Le 18 février 1986 il va même réaliser une performance que peu de joueurs sont capable de faire : un quadruple double. Contre les Suns, ce jour-là il compile 20 points, 11 rebonds, 10 passes et 10 interceptions. Cependant, collectivement il ne dépasse jamais le premier tour de playoff qu’il dispute deux fois avec les Spurs et deux fois avec Milwaukee. En effet, après cinq saisons à San Antonio, le joueur est transféré chez les Bucks. Il y joue trois saisons avec notamment une sélection au All Star Game en 1991. Cependant, collectivement le bilan est toujours faible, le joueur n’aura jamais connu la saveur d’un deuxième tour de playoff. Il reste trois saisons dans le Wisconsin.
Après cela, il fait une année à Détroit, puis débarque pour sa dernière saison à Toronto. C’est lui qui a marqué le premier panier de l’histoire des Raptors. Il scora 30 points ce soir-là. Son seul coup d’éclat pour la franchise puisqu’il tourna à 9.3 points de moyenne cette année-là. Depuis sa fin de carrière sur les parquets, Alvin a fait parler de lui mais en mal, notamment autour de sujets comme les violences conjugales et le harcèlement sexuel. Cette saison 1995-96, ferme un cycle pour Alvin Robertson mais un nouveau commence pour la franchise des Toronto Raptors.
Ed Pinckney (Small forward)
Ed Pinckney commence son parcours de la meilleure des manières puisqu’il est l’un des protagonistes des Wilcats de Villanova qui ont conduit l’équipe à être champion NCAA en 1985. A la suite de cela il est drafté à la 10ème place par les Phoenix Suns. Il y reste deux ans avec un passage correct notamment la saison 1986-87 où il marque en moyenne 10.5 points et 7.3 rebonds. Pas suffisant pour la franchise de l’Arizona qui l’envoie aux Kings. C’est le début d’un voyage sans fin pour Ed. En effet, il connaît 7 franchises NBA au cours de sa carrière : Phoenix, Sacramento, Boston, Milwaukee, Toronto, Philadelphia, Miami.
Son plus long passage reste chez les Celtics de 1988 à 1994 où il dispute les playoffs. Il a un rôle important au cours de la dernière campagne de playoff de Larry Bird en 1991-1992 puisqu’il joue plus de 30 minutes par match. Le joueur originaire de New York débarque via la Draft d’expansion chez les Raptors où il fait partie du premier cinq majeur aligné par l’équipe de l’Ontario. C’est à peu près son seul fait d’arme au Canada puisqu’il y restera une saison pour 7 points de moyenne et 6 rebonds. Il prend sa retraite en 1997.
Ed connaît une après carrière plutôt réussi puisqu’il devient analyste à la radio et la télévision pour le Miami Heat. Après cette expérience, il se tourne vers le coaching, il devient assistant coach à Villanova en NCAA, puis en NBA chez les Chicago Bulls et les Denver Nuggets. Dernière expérience en tant qu’adjoint dans le Minnesota entre 2016 et 2019. Ed Pinckney a surfé sur la vague de son titre NCAA pour faire une carrière de role player en NBA. Une carrière plus qu’honorable mais qui se souvient de lui à Toronto ?
Carlos Rogers (Power forward)
Carlos Rogers est le type de joueur NBA qui n’a pas marqué l’histoire de la Grande Ligue mais qui a malgré tout su tracer son chemin. Le joueur débarque en NBA en 1994 en 11ème position de la draft au Golden States Warriors. Il y a fait une bonne première saison pour un rookie (8,9 points, 5,7 rebonds et 1,06 blocks). Malgré tout, il est envoyé le 18 septembre 1995 à Toronto. Pour le premier match de l’histoire de la franchise, il score 9 points et décroche 4 rebonds. Cette ligne de statistiques représente bien son passage à Toronto. Il y restera une saison et demie sans réellement briller.
En 1998 il est dans le transfert envoyant son coéquipier Damon Stoudamire au Blazers. À Portland, il n’a joué que 5 matchs sur une saison et demie à cause de blessures. C’est à Houston qu’il rebondit et où il fait des bonnes saisons notamment la première en 1999-00. Sans être transcendant, il tente une dernière chance aux Pacers une saison en 2002 sans convaincre. Il prend donc sa retraite à l’issue de cette saison.
Le joueur natif de Détroit qui avait annoncé s’être retiré des parquets a surpris tout le monde en tentant un dernier challenge 6 ans après en 2008… en Colombie ! Il est même champion avec l’équipe Cúcuta Norte. Une saison réussie pour clôturer sa carrière. Carlos Rogers n’aura pas marqué l’histoire des Raptors, ni même d’aucune franchise. Un joueur énigmatique pour un match historique, il en faut.
Žan Tabak (Center)
Žan Tabak est un pivot d’origine croate. Son parcours avant de croiser la route des Raptors est long. En effet, le joueur a connu pas moins de 6 pays différents au cours de sa carrière. Il commence sa carrière professionnelle en Croatie avec les clubs de Jugoplastika Split (1987-90) et KK Split (1990-92) où il a gagné trois fois l’EuroLeague d’affilé, pour après atterrir en Italie au Baker Livorno (1992-93) et au Recoaro Milan (1993-94). Il est drafté par les Houston Rockets en 1991 mais ne débarque en NBA qu’en 1994. Il reste une saison dans le Texas. Le croate n’a pas la confiance de l’entraîneur et derrière Hakeem Olajuwon les minutes se font rares. Point positif malgré tout, il fait partie de l’équipe championne cette année-là.
Le pivot est sélectionné à l’Expansion draft par les Raptors. Dans l’Ontario il joue plus ce qui lui permet d’avoir un rôle dans l’équipe (environ 7 points et 4 rebonds de moyenne). Cependant, des blessures vont gâcher son potentiel au Canada. Il est envoyé au milieu de la saison 1997-98 à Boston. Après cela il va faire un aller retour en Europe où il joue pour le Fenerbahçe Ülkerspor. Il retente sa chance en NBA avec les Indiana Pacers. Malgré un petit temps de jeu, il a un rôle dans une équipe qui atteint les Finals en 2000 perdu contre les Lakers. Âgé de 31 ans, le joueur de l’ex-Yougoslavie souhaite jouer plus et donc rentre définitivement en Europe pour qui il jouera pour le Real Madrid, Joventut Badalona et CB Málaga. Il mettra un terme à sa carrière en 2005 à cause des blessures.
Après être devenu joueur professionnel, il se lance dans le coaching avec succès. Il a exercé dans différents clubs comme le Real Madrid (en tant qu’assistant), Séville ou même le Maccabi Tel Aviv. Il a même été le sélectionneur de la Slovaquie entre 2019 et 2021. Žan Tabak fait partie de cette génération de très bon joueurs européen à ne jamais avoir réussi à s’imposer en NBA.
Le premier cinq des Raptors n’a rien de flamboyant : un rookie, une ex-star et trois role players. Leurs histoires peuvent paraître anecdotique mais elles marquent le début d’une franchise qui a su se construire jusqu’à être champion NBA en 2019. Cela montre le chemin parcouru.