Après la fin de l’ère Big 3/4, l’heure était à la reconstruction pour les Celtics. Une période de doutes, mais dont Boston s’en sortira rapidement afin de reprendre leur quête vers la mythique 18e bannière. Retour sur les 16 années qui ont séparé les C’s de leur dernier titre.
Plus de Big 4
Lors de la dernière partie, nous nous sommes quittés sur le transfert qui a vu les dernières pièces du Big 3 de 2008 quitter Boston pour rejoindre Brooklyn. Paul Pierce, Kevin Garnett, Jason Terry, D.J. White et 2 choix de draft contre Keith Bogans, MarShon Brooks, Kris Humphries, Kris Joseph, Gerald Wallace et 4 choix de draft. Au fur et à mesure que l’équipe des Celtics prenait de l’âge, des changements s’imposaient. Les joueurs reçus n’auront pas d’impact sur le présent. En revanche, les choix de draft furent quant à eux très importants.
Ils étaient tous du premier tour, concernaient les années 2014, 2016, 2018 ainsi qu’un swap en 2017, et surtout, étaient sans protection. Les Nets étaient maintenant en position de jouer le titre immédiatement et Brooklyn faisait le pari qu’ils allaient être champions. Ces choix de draft devaient donc être sans conséquences. Que se passerait-il si ce titre n’arrivait pas ? C’était la première grande étape de la reconstruction des Boston Celtics, et elle a été parfaitement exécutée par le GM Danny Ainge.
Pendant ce temps, les Celtics allaient maintenant pouvoir repartir de zéro avec le duo de Rajon Rondo et Jeff Green, tout en ayant des choix de draft et de la masse salariale en cas d’échec. On peut dire qu’il s’agit du début de la reconstruction tant attendue des Celtics. C’est cette transaction qui a permis de redonner vie à une équipe de Boston moribonde.
Il y avait un intérêt à créer du temps de jeu pour les jeunes intérieurs comme Jared Sullinger, choisi au premier tour en 2012, et Kelly Olynyk, choisi au premier tour en 2013. Avec Garnett en place, le projet de développement des jeunes aurait été retardé indéfiniment. Tyler Zeller, 25 ans, est venu s’ajouter aux jeunes Big Men cette saison-là. Les Celtics sont désormais plus jeunes à tous les niveaux, résultat inévitable d’un processus de nettoyage qui a permis de se débarrasser de noms beaucoup plus reconnaissables. Mais certains étaient toujours dans l’équipe.
Rondo sans des scoreurs menaçants à ses côtés n’était pas mauvais. Il a fait son retour en janvier 2014, reprenant son rythme habituel avec un double-double de moyenne. Il a réalisé un nombre de passes décisives du calibre d’un joueur All-NBA (9,8 assists de moyenne) alors qu’il n’avait qu’un seul marqueur à plus de 15 points à ses côtés (Jeff Green avec 16,9). Mais il n’était pas assez fort pour justifier la possibilité de bâtir le futur de l’équipe autour de lui.
En parlant de Green, les 82 matchs avec lui comme première option offensive ont révélé qu’il n’avait pas la carrure pour ce rôle dans une attaque. Et il en était conscient. On pouvait voir sur le terrain qu’il était mal à l’aise, réticent à utiliser ses capacités athlétiques pour aller au panier, se contentant de tirer à distance.
Sullinger, qui était considéré comme un choix potentiel parmi les cinq premiers avant que des problèmes de blessure ne le fassent tomber au 21e rang en 2012, a joué ses quatre premières saisons avec les Boston Celtics. Malgré une moyenne à deux chiffres lors de trois de ses cinq saisons en NBA, l’intérieur a quitté la Grande Ligue à l’âge de 25 ans en raison d’une mauvaise éthique de travail et de problèmes de blessures qui ont freiné une carrière prometteuse.
Lorsqu’il fut drafté avec le 13e choix de la draft, beaucoup de fans espéraient qu’Olynyk allait devenir le nouveau Dirk Nowitzki. Une comparaison ridicule avec le recul, mais qui montre à quel point les fans étaient désespérés une fois que l’ère du Big 3 était terminée. Une sélection à la All-Rookie Second Team était sympa, mais il avait encore beaucoup de choses à faire pour justifier les comparaisons.
La saison 2013-14 fut atroce pour les fans des Celtics. Boston a connu sa première saison avec un bilan négatif depuis 2006-07 en reportant seulement 25 matchs. Les C’s ont été atroces sur le plan offensif, avec le 27e rating de la ligue, et médiocres sur le plan défensif, avec le 18e. Mais avec un coach rookie en Brad Stevens et un roster qui a implosé, il était attendu que la saison soit difficile. Il faut maintenant ne pas se rater à la draft.
Avec le 6e choix de la draft, les Celtics ont choisi Marcus Smart. Comparé à Dwyane Wade à l’époque, Marcus Smart avait été choisi pour son talent en organisation offensive, ses qualités de leader et son corps athlétique et puissant. Vous noterez donc que je n’ai pas particulièrement parlé de sa défense. Malgré tout, il serait considéré comme une pièce importante du futur de l’équipe. En parlant du futur…
Au revoir Rondo, bonjour Isaiah
À 28 ans, Rajon n’en faisait plus partie. Après 22 matchs, affichant des moyennes de 8,3 points à 40,5% au tir, Rondo et Dwight Powell (oui il a été Boston) ont été envoyés à Dallas contre Jameer Nelson, Jae Crowder, Brandon Wright, un choix de draft au premier tour en 2015 et un au deuxième en 2016. La dernière pièce du titre de 2008 est partie, et Boston dispose désormais de 8 choix de draft pour les 4 prochaines années. La reconstruction était bien en place.
Quid de Jeff Green? L’ailier n’ayant pas répondu aux attentes placées sur ses épaules en 2011, il valait mieux pour les deux parties de se séparer. Austin Rivers, Tayshaun Prince et un choix de draft iront à Boston en échange d’un joueur autrefois prometteur. La deadline approche, et les Celtics ont une dernière opportunité de peaufiner leur reconstruction. C’est alors que Danny Ainge fera l’un des transferts les plus importants de sa carrière.
Un petit meneur en provenance de Phoenix fera son chemin jusqu’à Boston en échange de Marcus Thornton et d’un choix de draft du premier tour en 2016. Ce joueur ? Isaiah Thomas. IT tournait à 15 points de moyenne dans une équipe qui avait également Goran Dragić et Eric Bledsoe sur le même poste. Le meneur de 25 ans avait montré par le passé un grand potentiel à Sacramento en tant qu’option principale en attaque. Alors en 20-31, les Celtics espéraient avoir récupéré une pièce qui les aiderait à revenir en playoffs dans le futur.
Ce retour en playoffs se fera plus vite que prévu. Avec un bilan de 20-9 après le All-Star Break, Isaiah et sa bande ont fait un retour en post-season en tant que numéro 8 de conférence. Qui les attend pour ce comeback ? LeBron James, de retour à Cleveland.
Sans surprise, Boston se fait balayer, même si Olynyk en a profité pour faire une clé de bras à Kevin Love qui altérera définitivement la suite des playoffs pour les Cavaliers. Une fin prévisible, mais l’espoir restait élevé à Boston. En seulement un an, les Celtics disposaient de choix de draft et de talents suffisamment bon pour éviter de tanker. Il y avait peut-être quelque chose de spécial dans cette équipe.
Le développement des Celtics
Dans l’absolu, la saison 2015-16 ne fut pas la plus remarquable pour Boston. Avec le choix numéro 16 de la draft, les Celtics ont choisi Terry Rozier. Mais à part ça, Ainge a fait le pari de la continuité, et l’été fut assez calme dans le Massachusetts. Malgré un manque de changements, Boston a continué sur sa belle lancée, remportant 48 matchs, terminant 5e de l’Est en étant ex-aequo avec le Heat, les Hawks et les Hornets pour la 3e place.
Isaiah Thomas a été sélectionné au All-Star Game pour la première fois de sa carrière, avec des moyennes de 22,2 points et 6,2 passes décisives. Même ceux qui avaient espoir en Isaiah ne pouvaient pas se douter qu’il irait aussi loin.
« Je ne pense pas que quelqu’un ait prédit (qu’il serait) All-Star. Je ne me souviens pas que l’expression « All-Star » ait été évoquée lors de cette conversation. »
Wyc Grousbeck, via Bleacher Report
Jared Sullinger était quant à lui était un patron dans la raquette. Il a joué 81 matchs, sa seule saison complète, avec 10,3 points et 8,3 rebonds de moyenne. Il a notamment enchaîné les matchs à 15 rebonds entre novembre et décembre, donnant espoir à beaucoup qu’il puisse devenir un bon lieutenant pour Boston. Mais en playoffs, il s’est fait dominer par Paul Millsap, et ses capacités au rebond et à 3 points ne furent pas démontrées.
L’élimination face à une équipe des Hawks plus expérimentée a fait mal. Mais cette saison plus stable que la précédente a permis à Boston de voir ce qui marcherait et ne marcherait pas à l’avenir et ainsi de pouvoir revenir en force dans le futur. Au cours d’une saison en dents de scie, où les belles séries étaient suivies de très mauvaises séries, ils ont donné de nombreuses raisons d’être encouragés et quelques raisons d’avoir des doutes. Dans l’ensemble, les bonnes choses l’ont emporté sur les mauvaises.
Retour en force
À ce stade de l’histoire, les Nets étaient loin de l’espoir d’un titre NBA. Une élimination au deuxième tour par le Heat en 2014, puis au premier tour en 2015. Et Brooklyn a fini la saison 2016 avec seulement 21 victoires. Ainsi, le choix de draft qui appartenait à Boston était le troisième du premier tour. Avec ce choix, Ainge a sélectionné Jaylen Brown. Ils ont certes choisi 8 joueurs au total cette année-là, mais c’est sur Jaylen que l’on va se concentrer.
Apportant de la profondeur sur les ailes, le but était que le joueur, qui était comparé à Jason Richardson et Jimmy Butler avant son arrivée dans la Ligue, devienne l’arrière titulaire dans le futur. Avery Bradley n’était pas mauvais, mais il n’était pas ce joueur autour duquel une franchise pourrait bâtir autour. En parlant de ça…
Le développement d’Isaiah était encourageant. Cependant, pouvait-il devenir ce joueur qui allait ramener la franchise vers la gloire ? Petit, il était une cible facile en défense et avait une marge de progression réduite sur l’impact offensif qu’il pouvait avoir pour les années à suivre. Il fallait plus que lui pour que l’équipe redevienne compétitive. Sully signe à Toronto où il ne joue que très peu avant de quitter la NBA. Il fallait donc un remplaçant à l’intérieur.
Al Horford arrive alors en provenance de l’équipe qui venait tout juste d’éliminer les Celtics. Le multiple All-Star serait une pièce très intéressante pour une équipe qui joue le titre, mais pas autant que la cible numéro un de Boston cet été : Kevin Durant. Boston possède 2 All-Star, de bons role players et des choix de draft avec beaucoup de potentiel pour le futur.
Si Durant rejoignait l’équipe, on parlerait alors d’un vrai prétendant au titre, concluant un des rebuilds les plus courts de l’histoire. Hélas, vous savez déjà où il est allé. Peu importe ce que les Celtics peuvent faire, gagner un titre serait impossible tant qu’il est à Golden State. Mais donnons du crédit à Boston, ils ont continué à tenter.
De 48 victoires à 53, IT affichait des moyennes de 28,9 points à 46,3% au tir dont 37,9% à 3 points. Le Roi du Quatrième Quart a fini 5e dans la course au MVP cette saison-là en tant que patron de la meilleure équipe de l’Est en saison régulière. All-Star était déjà un accomplissement improbable pour Thomas. Candidat au trophée de MVP? Exceptionnel. Smart commençait à s’imposer dans l’effectif, se plaçant comme un très bon 6e homme et commençant à développer une réputation de pitbull en défense. La production du reste de l’équipe en saison régulière indiquait qu’il manquait juste une pièce à Boston pour pouvoir jouer le titre.
Mais les playoffs ont indiqué une autre réalité. Au premier tour, les Celtics étaient sur le point de perdre face à une équipe de Chicago oubliable. Menés par Rondo, Butler et Wade, les Bulls 8e de conférence menaient 2-0 quand Rajon s’est blessé à la fin du match 2. Boston finit par remporter les 4 matchs suivants, mais il était clair que personne n’était convaincu à ce moment-là. Mais cette campagne de playoffs s’apprêtait à devenir légendaire grâce à un joueur : Isaiah, et malheureusement, c’est aussi en raison d’un tragique évènement.
Thomas a mené les Celtics à une victoire au premier tour contre les Bulls de Chicago après avoir appris, la veille du début de la série, que sa jeune sœur, Chyna Thomas, était décédée dans un accident de voiture. Après la victoire des Celtics sur les Bulls au match 6, il a traversé le pays pour assister aux funérailles de sa sœur.
Thomas est revenu à Boston pour le premier match de la demi-finale de la Conférence Est et a aidé les Celtics à battre les Washington Wizards 123-111. Selon ESPN, au cours du premier match, Thomas a perdu une dent de devant à la suite d’un coup de coude involontaire d’Otto Porter, ce qui a nécessité une intervention chirurgicale pour la remplacer et réparer deux autres dents déplacées. Il a joué malgré l’accident dentaire et a marqué 33 points et délivré neuf passes décisives lors de la victoire.
Lors du deuxième match contre Washington, Thomas a marqué 53 points, soit le deuxième total le plus élevé de l’histoire des Celtics en playoffs, pour aider Boston à gagner 129-119 en prolongation et à prendre une avance de 2-0 dans la série. Il est devenu seulement le cinquième Celtic à marquer 50 points ou plus dans un match de post-saison, manquant le record de l’équipe de John Havlicek d’un point. Et il l’a fait le 2 mai, le jour où sa sœur aurait fêté son 23e anniversaire.
Une série riche en émotions et rebondissements, qui sera gagnée en 7 matchs par Boston, avec Kelly Olynyk qui a sorti le plus grand match de sa carrière. 26 points à 10-14, 4 rebonds et 4 passes décisives. Grâce à cela, les Celtics étaient de retour en Finales de Conférence pour la première fois en 5 ans.
Sans surprise, les Cavaliers de LeBron James les ont ensuite écrasés au tour suivant. Malgré un match 3 qui restera dans les mémoires de ceux qui ont vu cette rencontre grâce aux actions improbables de Marcus Smart et Jonas Jerebko, Boston n’avait tout simplement aucune chance. Mais ce qui aura surtout un impact important pour le futur fut la blessure à la hanche d’Isaiah qu’il traînait depuis le match 6 contre Washington. Il sortira lors du match 2 et ne reviendra plus après cela. Ce qui semblait de base être une blessure mineure impactera négativement le reste de sa carrière. Une blessure dont IT blâme toujours Boston, qui l’a fait jouer alors qu’il n’était clairement pas en état pour.
Pire encore pour lui, cette blessure est intervenue alors que la saison 2017-18 allait être la dernière pour lui avec son contrat actuel, et qu’il avait clairement affiché le désir d’un contrat max après avoir eu une saison aussi incroyable. Mais une équipe sans Isaiah serait définitivement pire, car il perdrait leur meilleur marqueur depuis Larry Bird en 1988. Mais donner un gros contrat à un petit joueur qui vient de subir une blessure pouvant changer sa carrière était hors de question.
Si la fin de l’ère Big 3 nous a montré quelque chose, c’est qu’avec Danny Ainge aux commandes, la loyauté n’allait jamais prendre le dessus sur le futur de l’équipe. A la première occasion, il allait se séparer d’un joueur si l’offre était bonne. Et recevoir Kyrie Irving à la place d’un Isaiah Thomas diminué était clairement une bonne offre.
Alors que le trio James, Irving et Love semblait destiné à terroriser l’Est pour les années à suivre, Irving a demandé à partir de Cleveland pour être le patron de sa propre équipe. Peu de temps après avoir choisi Jayson Tatum avec le 3e choix qu’ils ont obtenu en échange du premier que Philadelphie a utilisé pour avoir Markelle Fultz, puis avoir ramené l’All-Star Gordon Hayward en tant qu’agent libre, l’échange à eu lieu.
Thomas, Crowder Ante Žižić, un choix de draft au premier tour en 2018 et un au deuxième tour en 2020 contre Uncle Drew. En un été, une équipe prétendante est devenue favorite pour atteindre les Finales NBA, même si le titre était hors de portée.
2018 allait être la première année avec de vraies attentes pour Boston. Une nouvelle ère allait commencer pour les Celtics. Si Isaiah avait permis à Boston de goûter à nouveau au bonheur, c’est Kyrie qui allait permettre aux Celtics de toucher à nouveau les sommets. Pas vrai ?
[…] Thomas est parti, il est l’heure maintenant pour les Celtics de passer à un cap supérieur. Avec Kyrie Irving […]
[…] titre en 36 ans. Plus de titres depuis 2008. 3 Finales de Conférence et 1 Finales NBA depuis 2017. Quand est-ce qu’ils allaient enfin en remporter un nouveau ? La bonne nouvelle était que […]
[…] termine meilleur passeur de la Ligue à trois reprises (2012, 2013 et 2016). Avec à son palmarès deux titres de champion NBA (2008 et 2020) et une quinzième place aux classements des meilleurs passeurs de l’histoire de la […]