À seulement 18 ans, Khaman Maluach est considéré comme l’un des joueurs les plus prometteurs du basketball africain. Né au Soudan du Sud, formé au sein de la NBA Academy Africa, il évolue actuellement à Duke University au côté de Cooper Flagg et est attendu dans le top 10 de la Draft 2025. Mais alors que sa carrière sportive commence à prendre son envol, une nouvelle mesure de politique étrangère instaurée par Donald Trump remet en question sa présence aux États-Unis.
Une politique de suspension de visas ciblée
Au début de ce mois d’avril 2025, le Département d’État américain, dirigé par Marco Rubio, a annoncé la suspension de délivrance et de renouvellement de visas à destination des ressortissants sud-soudanais.
Dans le communiqué officiel, les États-Unis reprochent au gouvernement du Soudan du Sud de ne pas avoir accepté le retour de plusieurs de ses citoyens expulsés ces derniers mois. Conséquence directe de cette décision : tous les visas en cours, y compris ceux des étudiants et des athlètes, sont concernés par cette suspension.
Une trajectoire rapide, aujourd’hui menacée
Khaman Maluach est arrivé aux États-Unis après avoir émergé comme l’un des meilleurs talents du continent africain. Pensionnaire de la NBA Academy Africa au Sénégal, il a ensuite représenté le Soudan du Sud lors de la Coupe du Monde 2023 à seulement 16 ans. Il a aussi participé aux Jeux Olympiques de Paris 2024.
Depuis la rentrée 2024-25, il évolue sous les couleurs de Duke où il a rapidement capté l’attention des scouts NBA et été évalué comme un pivot prometteur pour la NBA. Grâce à sa taille (2,16 m), sa mobilité et sa vision du jeu, plusieurs observateurs, dont notre équipe scouting sur Le Roster, le projettent comme un top 10 à la Draft NBA 2025 qui aura lieu en juin prochain.
Néanmoins, l’application de la nouvelle politique pourrait réellement contraindre Khaman Maluach à quitter le territoire américain. Bien qu’aucun cas individuel n’ait été confirmé officiellement, des sources de la NCAA et de Duke affirment que le cas du jeune joueur est inquiétant.
L’université de Duke est inquiète de l’annonce du Département d’État concernant les détenteurs de visas sud-soudanais. Nous suivons la situation de près et nous travaillons pour comprendre ce que cela implique pour les joueurs de Duke. Frank Tamble, porte-parole de Duke University
Cette mesure affecte également d’autres athlètes ou étudiants sud-soudanais présents aux États-Unis, dans différentes universités. Si elle est maintenue, elle entrave la continuité des carrières de ces jeunes talents, dont beaucoup bénéficient de bourses et participent activement à la vie académique et sportive du pays.

Quelles suites possibles ?
Ce n’est pas la première fois qu’une mesure similaire avait été prise par Trump. Entre 2017 et 2019, son administration l’avait déjà fait contre la Guinée, l’Érythrée et le Cambodge, mais avait fini par être levée après des négociations. Cette annonce d’avril 2025 marque la première fois que cette disposition est réactivée depuis le retour de Donald Trump à la Maison Blanche.
Pour l’instant, Khaman Maluach reste autorisé à résider sur le sol américain tant que son visa est valide. Cependant, la suspension rend impossible son renouvellement ou sa prolongation. Cela pourrait notamment poser problème en cas de déplacement ou à la fin de son année universitaire qui arrive très vite. Si le Soudan du Sud ne cède pas face aux demandes des États-Unis, plusieurs options sont possibles pour Khaman Maluach : un changement de statut, l’obtention d’un visa spécial, ou une exemption individuelle. Mais ces démarches sont longues et coûteuses.
Le cas de Khaman Maluach pourrait devenir emblématique des tensions entre politique migratoire et mobilité dans le sport qui ont toujours existé aux USA. Le cas Maluach est d’autant plus marquant et médiatisé car il s’agit d’un futur prospect NBA. Mais alors que le basketball universitaire américain et la NBA continuent de s’internationaliser, la suspension de visas en fonction de la nationalité remet en question la stabilité de nombreux parcours. À l’heure actuelle, aucune solution définitive n’a été annoncée. Mais à Duke comme ailleurs, les regards restent tournés vers Washington.