One-Team Players

Les One-Team Players, un concept définitivement obsolète ?

C’est le gros coup de l’intersaison. Damian Lillard a officiellement quitté les Trail Blazers pour rejoindre les Bucks de Milwaukee. Après onze saisons, le meneur All-Star clôt son aventure dans l’Oregon, un départ qui nous rappelle que les One-Team Players se font de plus en plus rares en NBA.

Portland doit repartir de zéro, et cette fois, ce sera sans celui qui a porté si fièrement ce numéro au sein de la franchise. Désireux de changer d’air, Damian Lillard a demandé son transfert après onze saisons passées chez les Trail Blazers. Le meneur sept fois All-Star rejoint les Milwaukee Bucks dans le cadre d’un accord à trois équipes qui inclut également les Phoenix Suns. Avec un tel transfert, les champions NBA de 2021 se renforcent de manière considérable. De son côté, « Dame » tourne une immense page de sa carrière et laisse derrière lui une équipe dont il est devenu, en décembre dernier, le meilleur marqueur de l’histoire devant Clyde Drexler.

Drafté en 2012 par les Blazers, Damian Lillard ne fera plus le bonheur de Rip City. Une phrase qu’on ne pensait pas prononcée si tôt, mais qui pourtant, ne surprend personne. Ainsi, le natif californien vient de perdre sa place au sein des « One-Team Players », ceux qui ont passé l’entièreté de leur carrière sous une seule et même tunique. Sur les dix dernières années, il est devenu de plus en plus fréquent que les superstars quittent leur équipe de toujours. Et si dans ces divorces les joueurs sont souvent ceux qui souhaitent quitter le nid, les trades estivaux de Marcus Smart et de Jordan Poole nous prouvent aussi que les dirigeants ne sont plus enclins à les conserver le plus longtemps possible.

Une tendance due aux Superteams ?

Comme tout phénomène, l’exode des franchise players a son élément déclencheur. Dans les années 90, les grandes stars de la Ligue n’étaient pas aussi aventureuses. Les One-Team Players comme Reggie Miller, John Stockton et David Robinson étaient aussi communs qu’un titre des Celtics dans les années 60. Le passage au nouveau millénaire nous a offert le déracinement de quelques Big Men (Olajuwon parti à Toronto, Malone à Los Angeles et Ewing À Seattle), mais nous a surtout conduit à l’explosion d’une nouvelle tendance : les Superteams.

Du Big Three des Celtics en 2007, aux « Tres Amigos » de Miami en 2010, sans oublier l’arrivée de Kevin Durant dans la baie d’Oakland en 2016, les grands leaders de la NBA ont commencé à se rassembler au sein d’une même équipe, afin de devenir des candidats au titre (et des champions!) de façon instantanée. Même si cela impliquait de se mettre ses plus fidèles supporters à dos.

Aujourd’hui, les joueurs se concentrent davantage sur leur carrière personnelle. Kyrie Irving n’a pas hésité à quitter Cleveland pour gagner plus de responsabilités à Boston. Quant à Anthony Davis, il est allé jusqu’à demander publiquement son transfert au plein cours de la saison 2018-19, quitte à recevoir une amende de la NBA à hauteur de 50 000 $. Il arrive également que les projets de reconstruction se fondent sans les piliers d’antan. Si l’exercice 2018-19 des Toronto Raptors s’est conclu sur un titre de champion, il ne faut pas oublier qu’il s’est lancé par le départ de DeMar DeRozan, meilleur scoreur et recordman du nombre de matchs joués au sein de la franchise canadienne.

La loyauté a un prix

L’aspect financier est lui aussi très déterminant, encore plus pour les petits marchés qui doivent faire face à l’attractivité et l’économie prospère des grosses villes. Pendant des années, Portland n’a pas réussi à entourer convenablement Damian Lillard. Pire, le meneur a vu ses rangs se désemplir avec les départs majeurs de LaMarcus Aldridge et CJ McCollum. Pour conserver leur chef d’orchestre, les Blazers lui ont offert une prolongation de 122 millions de dollars sur deux ans. Un salaire conséquent qui lui permettait d’être l’un des 10 joueurs les mieux payés de la Ligue. Évidemment, cette extension de contrat a amputé une grosse partie de leur budget. Avec une marge de manœuvre encore plus réduite, Rip City n’avait plus grand-chose pour attirer de nouveaux talents dans l’Oregon.

Ce cercle vicieux a rongé bien d’autres effectifs. On peut notamment évoquer les cas des Washington Wizards qui n’ont jamais pu offrir un supporting cast de rêve à John Wall. En contrepartie, les magiciens de la capitale lui avaient offert un contrat en or (170 millions de dollars sur quatre ans) en 2017, juste avant que le choix n°1 de la Draft 2010 ne soit confronté à de grosses blessures qui l’éloigneront des terrains pendant près de deux ans et qui entraîneront son départ en 2020. Cependant, sortir les gros billets ne marche pas à tous les coups. En froid avec ses dirigeants, Kawhi Léonard a quitté les Spurs sans regarder derrière lui, malgré le contrat supermax de 219 millions de dollars sur cinq ans qui lui étaient proposé.

Encore de derniers espoirs

Heureusement, dans cette NBA où les hommes d’une équipe ne sont plus légion, il reste un petit noyau d’irréductibles One-Team Players fidèles. C’est particulièrement le cas chez les cadors de la Conférence Est. Bucks, 76ers, Celtics… Toutes ces équipes reposent sur un franchise player sélectionné à la draft et autour de qui un projet s’est construit. Et quand ce n’est pas avec l’argent, la réussite sportive reste le meilleur moyen de conserver ses meilleurs joueurs. Le modèle Warriors en figure de proue avec son glorieux trio Curry-Thompson-Green formé il y a plus de 10 ans et encore champion en 2022. En plus du chef Curry, Giannis Antetokounmpo (champion et MVP des finales 2021) et Nikola Jokic (champion et MVP des finales 2023) sont aussi des exemples de patience et de loyauté.

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