Les Jeux Olympiques de 1992 à Barcelone ont marqué un cas unique pour le basketball féminin. La compétition a été marquée par un cas unique. Pour la première fois, c’est une équipe ne représentant aucun pays spécifique qui a remporté le titre.
Contexte historique
Les Jeux de Barcelone furent significatifs à bien des égards, étant les premiers Jeux véritablement mondiaux après la fin de la Guerre froide. Au total, 169 nations ont envoyé des athlètes aux Jeux d’été de 1992. Avec la dissolution de l’Union soviétique, douze des quinze nouveaux États ont choisi de former une équipe unifiée, tandis que les États baltes d’Estonie et de Lettonie ont envoyé leurs propres équipes pour la première fois depuis 1936, et la Lituanie a envoyé la sienne pour la première fois depuis 1928.
La Bosnie-Herzégovine participe pour la première fois en tant que nation indépendante après sa séparation de la Yougoslavie socialiste. La Namibie et l’équipe unifiée du Yémen (anciennement Yémen du Nord et Yémen du Sud) font également leurs débuts olympiques. La Croatie et la Slovénie, qui avaient participé aux Jeux olympiques d’hiver d’Albertville en 1992, ont fait leur première apparition aux Jeux olympiques d’été.
Les Jeux olympiques d’été de 1992 ont été marqués par la participation de l’Allemagne en tant qu’équipe unifiée pour la première fois depuis 1964 et pour la première fois depuis 1936 en tant que nation unique à la suite de la réunification allemande. L’Afrique du Sud revient aux Jeux pour la première fois depuis 32 ans.
La République fédérale de Yougoslavie a été bannie en raison des sanctions de l’ONU, mais les athlètes yougoslaves individuels ont été autorisés à participer en tant que participants olympiques indépendants. Quatre comités nationaux olympiques n’ont pas envoyé d’athlètes à la compétition : Afghanistan, Brunei, Libéria et Somalie.
La compétition de 1992
Le tournoi de basketball féminin s’est déroulé du 30 juillet au 8 août 1992, avec la participation de huit équipes : les États-Unis, Cuba, la Tchécoslovaquie, l’Union soviétique sous le nom d’Équipe unifiée, la Chine, le Brésil, l’Italie, et l’Espagne. Les matchs ont eu lieu au Pavillon olympique de Badalone, offrant une scène magnifique pour cette compétition intense.
Double champions olympiques et du monde en titre, les États-Unis font office de grandissime favoris en 1992. Teresa Edwards et Katrina McClain sont toujours présentes et après de beaux Jeux de 1988, ont confirmé au Mondial de 1990. Champion des Amériques en 1989 et 3e du Championnat du Monde 1990, Cuba est à son apogée dans le basket féminin, et compte bien remporter une nouvelle médaille. Pour cela, le trio qui les a guidés en 90, Andrea Borrell, Regla Hernández et María León, devra se surpasser.
4e au Mondial 90, la Tchécoslovaquie espère cette fois-ci aller sur le podium. Erika Dobrovičová aura une grande partie du travail à faire en l’absence de Zuzana Vasilkova. et 21 fois championne d’Europe en 22 participations, l’URSS, maintenant sous le nom d’Équipe unifiée, compte bien gagner une médaille olympique en 1992. Avec le trio de russes Natalya Zasulskaya, Yelena Khudashova et Elen Bunatyants, cette équipe a le potentiel pour réaliser quelque chose de spécial.
Championne d’Asie en titre, mais aussi 9e au Championnat du Monde 90, la Chine fait office d’outsider pour la compétition. Sans Xiulin Zheng et Guang Ling, qui ont joué un rôle important au dernier mondial, c’est Cong Xuedi, la meilleure défenseuse chinoise durant les années 80 qui va prendre les rênes de l’équipe. Elle qui est sortie de sa retraite après le tournoi de 1990, ces jeux représentent sa dernière opportunité d’avoir une médaille.
Vice-champion des Amériques et médaillé d’or aux Jeux panaméricains de 1991, le Brésil fait office de joker à ces Jeux de 1992. Avec des joueuses comme les futures Hall of Famers Maria Paula Silva et Hortência Marcariqui à 30 et 32 ans respectivement font leurs débuts olympiques et dont la dernière fut la meilleure marqueuse du mondial 90, la future All-Star de la WNBA Janeth Arcain, et Marta Sobral, l’équipe d’Amérique du Sud est remplie de talent offensif, mais reste à voir si elles peuvent s’en sortir d’un groupe A compliqué.
13e au mondial 90 et 7e à l’EuroBasket 1991, les attentes sont faibles pour l’Italie. Avec les sextuple et quintuples championnes d’Europe Catarina Pollini et Mara Fullin, l’Italie possède une équipe qui domine le sport en club, mais pas avec la nation. Enfin, l’Espagne, hôte de la compétition, est définitivement le petit poucet du tournoi. Aucune qualification au Championnat du Monde ou aux Jeux Olympiques ainsi que des deux derniers EuroBasket, peu de choses sont attendues de cette équipe ibérique. Mais, avec des joueuses prometteuses comme Blanca Ares et la triple championne d’Espagne Margarita Geuer, attention à ne pas sous-estimer une équipe poussée par son public.
Les moments clés
Dès le début du tournoi, les États-Unis dominèrent leurs adversaires avec une combinaison de jeu rapide, une défense agressive et une attaque bien orchestrée. Elles remportèrent tous leurs matchs de groupe avec des marges significatives, prouvant leur statut de favorites. Durant les matchs de groupes, c’est Medina Dixon qui s’est présentée comme la patronne de l’équipe. Meilleure marqueuse et interceptrice de l’équipe, la bostonienne semble être la clé pour que l’équipe aille loin. 2e du groupe est la Chine, qui s’y elle s’est qualifiée, elle n’a pas forcément brillé.
Le tournoi pour elle a commencé avec une courte victoire face à l’Espagne, où après avoir été mené 27-31 à la mi-temps, elle s’en sort avec une victoire 66-63, poussée par Peng Ping et ses 19 points ainsi que Liu Jun avec 13 points et 4 interceptions. Après une lourde défaite face aux américaines, les chinoises ont failli s’effondrer face à la Tchécoslovaquie. Alors que les championnes d’Asie menaient 31-38, les européennes sont revenues dans la partie, mais hélas ce fut insuffisant. Victoire 70-72 avec Ping, Li Xin, Xuedi et Liu Qing qui combinent pour 50 des points de l’équipe. La Chine est qualifiée, mais pas rassurée pour une place en finale.
Dans le groupe A, Cuba a fait sensation en terminant 1er de son groupe, mais les victoires ont toutes été serrées. Un match d’ouverture historique contre l’Équipe unifiée, 89-91 grâce aux 28 points, 9 rebonds 3 interceptions Borrell, elle qui fut accompagnée par León, Yamilé Martínez, Judith Águila et Regla qui ont également eu de belles performances. Suite à ce match, Cuba a dû remonter un déficit de 34-42 à la mi-temps face au Brésil pour forcer des prolongations et ensuite remporter le match 95-88. Si Dalia Henry, Borrell et Martínez ont bien joué, c’est Regla Hernández qui fut la héroïne cette fois-ci avec 32 points et 3 interceptions.
Enfin, si Cuba a remporté son dernier match contre l’Italie 53-60, jamais les joueuses des Caraïbes n’ont été particulièrement à l’abri. C’est une nouvelle joueuse, Milayda Enríquez, qui a pris les devants durant ce match avec 11 points, 13 rebonds et 7 interceptions. Cuba est donc premier et invaincu, mais les joueuses peuvent-elles continuer sur ce rythme? Le match contre la Chine va être décsif pour la génération dorée cubaine.
En 2e position, l’Équipe unifiée à un match compliqué contre la Team USA qui les attend. Mais après la défaite surprise face à Cuba, elle s’est rattrapée avec des victoires plus convaincantes face à l’Italie et face au Brésil. Zasulskaya, Yelena Tornikidu, Khudashova et Yelena Shvaybovich ont formé la fondation de cette équipe au cours de la première et doivent continuer à jouer un rôle important pour que l’équipe aille loin.
Étonnamment, la Chine n’a pas juste gagné contre Cuba, mais a complètement dominé son adversaire dans sa victoire la plus large du tournoi. 70-109 le score final, avec Xuedi et Xin marquant 20 points chacune. La Chine se qualifie donc pour sa première finale olympique dans son histoire. Pendant ce temps, Cuba va perdre la petite finale contre les États-Unis. Après une première mi-temps où les joueuses cubaines ont été tenace, repartant au vestiaire avec le score à 44-44, elles ont hélas craqué pour perdre 88-74 à cause des 18 points, 5 passes décisives et 5 interceptions d’Edwards, ainsi que les 13 points, 12 rebonds et 2 interceptions de McClain.
Médaille de bronze pour les championnes en titre, qui ont perdu la finale avant l’heure contre la Communauté des États indépendants. Pourtant, après avoir été menées à la mi-temps par le score de 41-47 et 43-54 tôt dans le 3e quart-temps, les Américaines avaient inscrit un run de 13-2 pour prendre les devants. 57-55 à 12:39 minutes de la fin. Le score avait affiché 67-67 à 5:25 de la conclusion de la rencontre, mais les ex-Soviétiques avaient alors infligé un 6-0 décisif pour faire passer le score à 73-67, s’imposant finalement 79-73. Zasulskaya a fini avec 20 points et 8 rebonds, guidant son équipe dans une victoire très importante.
La finale opposa l’Équipe unifiée et la Chine le 7 août 1992. Les chinoises auront été braves, ne lâchant jamais l’affaire, mais hélas n’ont jamais pû prendre le contrôle de la rencontre. Encore une fois, Zasulskaya a été la patronne avec 19 points, 6 rebonds, 2 interceptions et 3 contres. Grâce à elle, la CEI l’emporte 76-66 et pour la seule et unique fois, une équipe ne représentant pas un état a remporté un tournoi de basketball olympique. Cette victoire marque la fin d’une ère, car aucun pays qui a suivi l’ex-URSS n’est retournée en finale. Idem pour la Chine, qui à l’heure actuelle, n’a même plus remporté de médaille depuis.
Impact et héritage
Les Jeux Olympiques de 1992 représentent la fin d’une époque pour le basketball féminin. Avec la dissolution de l’URSS et les républiques formant leurs propres équipes, plus personne ne sera en mesure de contester la domination américaine sur la compétition.
La médaille de bronze représente le pire bilan américain aux Jeux Olympiques. Maintenant, la question est, comme les hommes après 1988, comment les femmes vont pouvoir se redresser après 1992? Et qui succèdera à l’URSS pour défier l’équipe américaine durant les années à venir ?