Saint-Louis Hawks, Timeline années 60

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Les Saint-Louis Hawks viennent de terminer la décennie 50 en trombe, avec trois présences en finales de NBA dont un titre en 1958. L’imposant Kiel Auditorium de Saint-Louis dans le Missouri est sans contestation l’autre place forte de la ligue avec le Boston Garden. Les départs en retraite de l’ailier fort Ed Macauley et du meneur Slater Martin, deux stars des 50’s, n’ont pas impacté la réussite de cette équipe solide menée par son légendaire leader, Bob Pettit. 

Kiel Auditorium de Saint-Louis, Missouri
L’impressionnant Kiel Auditorium de Saint-Louis, Missouri

La star, Bob Pettit

Arrivée en 1954 alors que la franchise se trouve encore à Milwaukee dans le Wisconsin, Bob Pettit est sans doute le meilleur joueur de NBA à la fin des années 50. Il est nommé par deux fois MVP de régulière, il remporte le titre NBA en 1958 avec un match dantesque à 50 points dans le Game 6 face à Boston. Il vient également de franchir la barre des 10 000 points lors de la saison 1959/60.

Un mot peut le qualifier, « excellence ». Il est un travailleur acharné, qui passe des heures à peaufiner ses fondamentaux et son tir. Bob Pettit est aussi un très bon athlète, il suffit de le voir rivaliser de hauteur avec Bill Russell lors des entre-deux pour le comprendre.

Ce formidable rebondeur qui débute sa carrière au poste de pivot est ensuite décalé à celui d’ailier fort ou sa panoplie complète en attaque fait des ravages. Il est capable de courir, de pénétrer et de shooter à mi-distance comme à longue distance s’il le faut. Il est certainement le joueur le plus moderne de sa génération, un pilier solide pour cette équipe qui rêve encore de titres pour cette décennie 60 qui commence.

Bob Pettit, qui monte au ciel à une main pour saisir un rebond sur la tête des Celtics.
TS+ = True Shooting % par rapport à la moyenne de la ligue fixée à 100. FTr+ = Rapport tir tenté/ lancer franc tenté par rapport à la moyenne de la ligue fixé à 100. Crédit Photo/Getty Images

Le propriétaire, Ben Kerner

Ben Kerner est un homme singulier, un célibataire endurci qui s’occupe soigneusement de sa mère. Lire ses déclarations dans la presse donne l’impression que son esprit part sans cesse dans tous les sens. Pour bien des raisons, les journalistes, ses homologues dirigeants, ses amis, aiment se moquer de lui. Mais tout cela n’est que de la taquinerie, car ne pas le prendre au sérieux serait une erreur. Beaucoup de propriétaires basent leurs fortunes sur de divers business, lui ne connaît que le basketball et sa franchise est sa seule source de revenus.

Il gère son club comme une entreprise et demande à chacun de ses employés de se donner au maximum. Il est sans cesse à la recherche de possibilité de transfert pour renforcer son effectif, alors que ce n’est pas encore la grande mode à cette époque. Autre particularité, il n’hésite pas à changer d’entraîneur à de nombreuses reprises. En bon homme pressé, s’il pense que vous ne faites pas l’affaire, il n’insiste pas et passe rapidement à autre chose.

Alex Hannum, qu’il a lui-même lancé sur le banc des Hawks et qui remporte le championnat de 1958 en subit les conséquences. Après son titre, le coach des Hawks demande une augmentation de salaire, Kerner le limoge agacé par le caractère trop bourrin de cet entraîneur qu’il n’a jamais vraiment apprécié.

Aller voir un match au Kiel Auditorium est un événement, car une fois la rencontre terminée, Ben Kerner a encore de quoi satisfaire le public de Saint-Louis. Il organise des concerts, des feux d’artifice, des soirées dansantes, des shows sportifs, tout ce qui peut amener de la trésorerie et permettre de fidéliser les fans. Il le sait, sans audience, la franchise ne peut pas se développer. Kerner en a fait la douloureuse expérience lorsque ses Hawks demeuraient à Milwaukee.

Kerner, c’est aussi un homme doux et généreux qui prend soin de ses joueurs comme aucun autre propriétaire de cette époque. Il offre une prime de 6000 dollars à tout son effectif malgré une défaite en finale, alors que les champions de Boston ne reçoivent rien. Le magazine Sport Illustrated lui consacre de nombreux articles-fleuves, sans doute fasciné par ce dirigeant aux multiples facettes qui parvient à faire des Hawks, la franchise la plus rentable de toute la NBA.

En 1968, il décide de vendre son joyau à Thomas Cousins et Carl Sanders afin que l’équipe puisse être délocalisée à Atlanta. Saint-Louis est devenu une ville trop petite pour cette ligue en expansion constante et le déménagement est inévitable. Mais Ben Kerner, qui s’est jusque-là dédié uniquement à son club et à sa mère, change de vie après le décès de cette dernière. Dorénavant, il veut s’occuper pleinement de son amour de toujours, sa secrétaire Jean Bilbrey.

Ben Kerner, pensif aux abords du terrain.
Ben Kerner Credit Photo Library/NBAE/Getty Images

Saint-Louis Hawks 1960/1961

Une fois n’est pas coutume, les Hawks démarrent la saison avec un nouveau coach. Ed Macauley, la légende du club n’a pas convaincu Ben Kerner malgré qu’il ait porté son équipe jusqu’en finale NBA. C’est Paul Seymour, ancienne gloire des Syracuse Nationals qui prend sa place avec toujours la même hargne qui l’animait quand il était joueur. Connu pour sa pugnacité, il insuffle sa passion pour les joutes viriles à son effectif qui progresse fortement dans ce domaine. Les Hawks deviennent alors la deuxième meilleure défense de la ligue derrière les Celtics.

Bob Pettit, Cliff Hagan et Clyde Lovelette cumulent 72 points de moyenne à eux trois, de quoi se hisser au top de la conférence Ouest avec 51 victoires. Pour accéder à la finale, ils doivent se défaire des Los Angeles Lakers de Jerry West et Elgin Baylor. C’est ce dernier, qui rate un tir crucial dans les ultimes secondes du Game 7 et qui permet à Saint-Louis de participer à leur quatrième finale en cinq saisons.

Une fois de plus, ce sont les Boston Celtics qui se dressent devant eux. La bande à Bill Russell est trop forte et Bob Pettit trop maladroit. Cliff Hagan, tourne à 30 points et 12 rebonds dans cette série, mais cela ne suffit pas. C’est une nouvelle désillusion pour Saint-Louis qui n’arrive plus à rééditer l’exploit de 1958, ils s’inclinent 4 – 1 complètement écrasés par le rouleau compresseur bostonien.  

Clyde Lovelette au rebond sous le cercle face à Boston.
Crédit Photo/Getty Images

Saint-Louis Hawks 1961/62

Après avoir tutoyé les sommets, les Saint-Louis se retrouvent désormais dans le bas fond du classement de la conférence Ouest. Les raisons de ce glow down sont multiples. Tout d’abord, Lenny Wilkens doit passer par la case service militaire. Le général en chef des lignes arrières de Saint-Louis n’est présent que lors de 20 rencontres, et ses remplaçants, Fred Lacour et Johnny McCarthy sont loin d’avoir ses aptitudes. Clyde Lovelette, blessé à la jambe droite, ne participe qu’à 40 matchs, et les Hawks doivent se priver de ses 22 points et 10 rebonds de moyenne.

Mais ce n’est pas tout, de bons role-player sont aux abonnés absents avec Woody Sauldsberry et surtout Sihugo Green. L’équipe est constamment dépourvue d’un ou plusieurs de ses cadres sans que Bob Pettit et Cliff Hagan pourtant impériaux ne puissent y faire quoi que ce soit. Puis, pour ne rien arranger, Ben Kerner décide d’ajouter son grain de sel en faisant une fois de plus preuve de sa légendaire impulsivité.

Le propriétaire des Hawks s’agace rapidement du manque de résultat de sa franchise et limoge Paul Seymour après seulement 14 matchs. Son remplaçant est Andrew Levane, qui a déjà coaché les Hawks de l’époque Milwaukee pendant deux ans. Mais celui qu’on surnomme Fuzzy ne parvient pas à faire de miracles. En fin de saison, il annonce qu’il décide de ne pas resigner. Lorsque Kerner entend cela, il abrège les souffrances de son coach en le démettant lui aussi de ses fonctions et c’est Bob Pettit qui prend son poste pour les huit dernières rencontres avec le statut d’entraîneur/joueur.

C’est une campagne cauchemardesque qui se solde par une quatrième place à l’Ouest et 29 maigres victoires qui ne permettent pas de participer aux phases finales. Ce n’est pas moins de 21 joueurs qui ont porté la tunique des faucons cette saison, sans que jamais de solution ne soit trouvée. Cependant, à peine l’exercice conclut, Ben Kerner embauche un nouveau coach qui comme Levane arrive de New York, le légendaire Harry Gallatin.

Cliff Hagan à la lutte au rebond avec Elgin Baylor.
Crédit Photo/Getty Images

Cliff Hagan, le lieutenant

La franchise des Hawks n’est pas très reconnaissante envers son ancien ailier qui n’a toujours pas son maillot accroché au plafond du State Farm Arena. Aujourd’hui âgé de 92 ans, il est encore temps de lui rendre l’hommage qu’il mérite de son vivant. Car si les Hawks ont une bannière de champion, c’est aussi grâce à cet ailier atypique sorti de l’université de Kentucky.

Si ses débuts sont timides, car barrés par la présence de la star Ed Macauley, il prouve dès sa saison sophomore qu’il est un joueur dominant. Il affiche pendant cette campagne 1957/58, 20 points et 10 rebonds de moyenne et se place comme le nouveau lieutenant de Bob Pettit. Lors des phases finales, Hagan hausse le ton et inscrit quasiment 28 points par rencontre, nul besoin de préciser qu’il est un des principaux artisans du titre.

Cliff Hagan n’est pas un grand shooteur, mais c’est un excellent scoreur. Il aime en particulier attaquer le cercle et pour cela il utilise un mouvement typique de l’époque. C’est un geste répandu qu’il a peaufiné pour en faire une arme de destruction massive, un tir qui selon certains a inspiré le fameux Sky Hook de Kareem Abdul-Jabbar. Ce shoot est un running hook élégant qu’il emploie plus que de raison, mais avec une efficacité folle.

Malheureusement, Hagan connaît des pépins physiques qui vont le faire décliner prématurément. Passé la trentaine, avoir le même rendement et la même agressivité vers le cercle lui est compliqué. Il quitte les Hawks en 1966 pour prendre sa retraite, mais il se ravise pour rejoindre l’ABA et les Dallas Chaparrals. All Star, All NBA, Hall of Famer, champion, parmi les meilleurs joueurs de son temps, les Hawks se doivent de rendre hommage à cette légende.

Cliff Hagan à la lutte au rebond face aux Celtics.
Crédit Photo/Getty Images

Saint-Louis Hawks 1962/63

On respire à nouveau du côté de Saint-Louis avec une saison qui se passe bien mieux que la précédente avec 48 victoires à la clé. Pourtant, il y a de quoi se faire quelques soucis avec notamment la perte de Clyde Lovelette. Mais cette draft de 1962 est pleine de bonne surprise et sans totalement le savoir, les Hawks viennent de sécuriser leur avenir.

Les arrivées de Bill Bridges, Gene Tormohlen et Zelmo Beaty, renforce sensiblement la raquette des Hawks qui monte en gamme même si pour le moment et de façon étonnante, ce sont les arrières qui se mettent en valeur. Les obligations militaires de Lenny Wilkens sont derrière lui, il retrouve ses minutes et son poste de titulaire. Deux autres meneurs rookies inattendus, Chico Vaughn et John « Rabbit » Barnhill l’accompagne, une pléthore de point-guard qui est assez répandue dans le basketball de l’époque qui est plus small ball que ce qu’on pense.

Toutefois, cet effectif est encore trop jeune et trop tendre, et Cliff Hagan commence à souffrir physiquement. Malgré cela, Les Lakers ont besoin de sept matchs pour venir à bout de Saint-Louis en finale de conférence. Avec des recrues de talents, des ajouts malins, Harry Gallatin au coaching, les Hawks semblent avoir trouvé une formule gagnante, le tout en une seule saison de reconstruction.

Lenny Wilkens et Gail Goodrich côte à côte lors d'un affrontement entre Hawks et Lakers.
Crédit Photo/Getty Images

Saint-Louis Hawks 1963/64

Nous savons que Ben Kerner est toujours à l’affût de transfert pour améliorer son équipe et il ne tarde pas à l’entame de cette nouvelle saison. Après seulement deux rencontres, il cède un second tour de draft pour acquérir la légende des New York Knicks, Richie Guerin. L’arrière de 31 ans n’est plus aussi percutant que par le passé, mais il a encore de beaux restes. Avec sa venue, il se dessine un cinq majeur solide composé de Lenny Wilkens, Richie Guerin, Cliff Hagan, Bob Pettit et Zelmo Beaty.

C’est un cinq de départ plein de talent qui arrive une fois de plus à se hisser jusqu’à la finale de conférence. Cependant, Zelmo Beaty est inexpérimenté, Hagan ne peut plus tenir qu’une vingtaine de minutes sur le terrain, Guerin et Pettit sont vieillissants. Les Saint-Louis s’inclinent face aux San Francisco Warriors d’un Wilt Chamberlain plus fort que jamais.

Le géant de la baie a épuré son jeu et il est désormais plus enclin à lâcher le ballon à ses partenaires. Wilt est plus collectif et cela lui permet de ne pas faire sombrer son équipe dans les moments cruciaux par individualisme comme cela a été le cas auparavant. Les Warriors s’imposent en sept rencontres tandis que les Hawks échouent une fois de plus aux portes des finales.

Richie Guerin avec son maillot floqué du numéro pour les Saint-Louis Hawks.
Crédit Photo/Getty Images

Saint-Louis Hawks 1964/65

La bonne nouvelle de cette saison est la montée en puissance du duo Lenny Wilkens/Zelmo Beaty. Toutefois, on ne peut pas passer à côté du déclin prononcé de Cliff Hagan et dans une moindre mesure de Richie Guerin et Bob Pettit. Si une partie de la jeunesse de l’effectif s’affirme, les vétérans n’ont plus l’impact d’autrefois.

L’exercice 1964/65 reste très satisfaisant avec 45 victoires, mais il est conclu par un upset subit face aux Baltimore Bullets de Walt Bellamy, Bailey Howell et Gus Johnson. Une défaite sans appel 3-1 contre une équipe largement à leur portée. C’est un triste chant du cygne pour Bob Pettit, qui affiche seulement 11 points et 6 rebonds de moyenne en 24 minutes dans cette série. La patine du temps a eu raison de la légende qui se retire sur une piètre performance.

Cette saison marque un autre changement majeur arrivé après une trentaine de matchs. Ben Kerner, qui sent son effectif poussif, décide de limoger Harry Gallatin et c’est Richie Guerin qui endosse le rôle d’entraîneur/joueur. C’est un mouvement qui n’a pas aidé l’équipe sur le moment, mais qui est le début d’une période de stabilité à ce poste, puisque Guerin reste en place pendant sept ans.

Bob Pettit dans se vieux jours bien défendu par Bill Russell.
Crédit Photo/Getty Images

Lenny Wilkens, meneur de troupe

La vie de meneur n’est pas facile lors de ces années 60, le style de jeu pratiqué et la maladresse de certains ne permettent pas de mettre statistiquement en valeur les prouesses de ceux qui évoluent à ce poste. Lenny Wilkens franchit difficilement la barre des cinq passes décisives par rencontre durant son parcours avec les Hawks.

Cependant, il obtient une deuxième place au classement du trophée de MVP en 1967 derrière Wilt Chamberlain. C’est la preuve de sa capacité à peser sur un match et de son impact sur les résultats de son équipe. C’est un leadership d’apparence discrète, mais qui se traduit par une science du jeu chirurgicale, une intelligence qui fait de lui plus tard un coach de légende.

Vers la fin des années 60, lorsque le pace se ralentit quelque peu et que le niveau global de la ligue s’améliore, on voit ses moyennes d’assists s’envoler. Lui-même devient un scoreur plus efficace, un excellent provocateur de faute, et un casseur de défense plus léthale que sa mine sérieuse, voire ennuyeuse, laisse présager.

La franchise décide de séparer de lui en échange de Walt Hazzard des Seattle SuperSonics. Ce dernier sort d’une campagne d’All Star à 24 points et 6 passes, mais dans les faits c’est la saison d’un bon joueur d’une équipe faible. Les Hawks sont clairement perdants au change avec ce transfert, Hazzard n’arrivant jamais à se hisser au niveau de Wilkens.

Lenny Wilkens bien pris par Sam Jones de Boston.
Crédit Photo/Getty Images

Saint-Louis Hawks 1965/66

Comme on peut le lire dans les journaux de l’époque, les Hawks volent bas en cette saison 1965/66. Pourtant l’équipe est au complet, mais elle ne remporte que 36 rencontres, la faute à une Division Ouest dense dans laquelle il n’est pas aisé de gagner. Puis, on ne peut se remettre du départ de Bob Pettit facilement, la légende laisse un gros vide dans sa franchise.

Cela même si Zelmo Beaty monte encore en puissance en s’imposant comme l’héritier désigné de Pettit. Malgré tout, une fois de plus, les Hawks parviennent à atteindre la finale de conférence. Tout d’abord, il est temps de prendre sa revanche sur Baltimore. C’est un coup de balai, qui sanctionne la franchise du Maryland sur le score de 3 à 0. C’est l’autre intérieur des Hawks qui s’est révélé cette année au poste 4 qui écrase les Bullets. En Effet, Bill Bridges, sort du bois et affiche 24 points, 19 rebonds et 5 passes sur cette série.

Lors de la finale de conférence, les Lakers dominent 3 à 1 puis se font remonter à trois manches partout. Là encore, les Hawks jouent leur saison sur un match 7. Les deux équipes sont à égalité jusqu’au début du quatrième quart temps, avant que les Los Angeles Lakers ne creusent un écart définitif synonyme de victoire. Les Hawks échouent encore de peu, mais peuvent se satisfaire de ce run de playoff valeureux malgré une année terne.

Zelmo Beaty sécurise un rebond face aux Lakers.
Crédit Photo/Getty Images

Zelmo Beaty, Pivot en sobriété 

Celui qu’on surnomme Big Z a patiemment attendu son heure avant de devenir la star de Saint-Louis en lieu et place de Bob Pettit. Tout en sobriété, le journaliste Jim O’Brien dit de lui qu’il se déplace sur le terrain comme un majordome snob. Son principal atout et son tir extérieur, mais c’est aussi un joueur besogneux sous le cercle.

Avec les Hawks il réussit plusieurs runs de haute volée en playoff sans jamais atteindre une finale. Mais au terme de la saison 1968/69, il décide de vendre ses talents à l’ABA. Il songe un temps à prendre sa retraite, car ses genoux sont meurtris, mais l’argent de l’ABA finit par le convaincre de continuer. Beaty, dois patienter pour des raisons contractuelles et choisis de voir quelle franchise de la concurrence est la plus généreuse.

Il signe pour un salaire juteux avec les Utah Stars, avec une somme qui dépasse largement ce que proposent les Hawks. Du côté de Saint-Louis on encaisse mal ce départ et on tente même de sauver les meubles en montant un transfert avec les San Francisco Warriors. Ces derniers ont perdu Nate Thurmond sur blessure et rêvent d’avoir un pivot pour le remplacer, mais Beaty préfère passer un an hors des parquets avec la conviction qu’un gros lot l’attend en ABA.

On le dit complètement fou d’aller dans l’Utah, où le public ne se déplacera pas pour du basketball. C’est une énorme erreur, l’engouement est réel et Zelmo Beaty et la star de cette équipe. Il revit chez les mormons, et malgré ses genoux cagneux il continue de fournir des points et des rebonds. Un soir, il en plante même 63, et il y remporte une bague lors de la saison 1970/71. Son départ de la NBA est finalement un choix judicieux, les Hawks perdent eux un intérieur de grande classe.

Zelmo Beaty en défense sur Satch Sanders de Boston.
Crédit Photo/Getty Images

Saint-Louis Hawks 1966/67

Du nouveau pour les Hawks avec une recrue de choix qui arrive de l’université de Minnesota. Drafté en quatrième position, le swingman Lou Hudson devient immédiatement le leader de l’attaque de Saint-Louis. Une équipe profonde, mais qui peine une fois de plus à enchaîner les succès en saison régulière.

Avec un beau cinq de départ composé de Lenny Wilkens, Joe Caldwell, Lou Hudson, Bill Bridges et Zelmo Beaty, il devrait en être autrement. De plus, des joueurs comme Paul Silas, Rod Thorn et le toujours fringuant Richie Guerin, complète cet effectif qui a normalement tout pour cartonner. Pourtant, l’année se termine avec un timide bilan de 39 victoires.

Mais on le sait, c’est en playoff que les Hawks sont dangereux. Ils ne font qu’une bouchée des Chicago Bulls de Bob Boozer et Jerry Sloan avant de se frotter aux Warriors de San Francisco de Rick Barry et Nate Thurmond. Une finale de conférence disputée, mais qui se solde par une élimination 4 à 2. L’histoire se répète pour les Hawks qui n’arrivent définitivement pas à franchir le cap.

Bill Bridges entourés de trois joueurs des Warriors ne céde pas son rebond.
Crédit Photo/Getty Images

Saint-Louis Hawks 1967/68

Dans la série, petit arrangement typique des années 60, il y a la draft d’expansion de 1967. La NBA s’agrandit et voit débarquer deux nouvelles franchises, les San Diego Rockets et les Seattle SuperSonics. Les Hawks placent sur la liste des joueurs sélectionnables pour cette draft leur entraîneur, Richie Guerin. Cependant, lors de mois de novembre, il est échangé contre un lambda et s’en retourne tranquillement à Saint-Louis.

Toutefois, il ne prend pas part aux rencontres et se cantonne à sa fonction de coach. La jeune star des Hawks, Lou Hudson, rate une bonne partie de la saison à cause de son service militaire, mais cela n’empêche pas son équipe de réaliser un parcours sans accrocs. Le bilan est plus que flatteur avec 56 victoires pour les Hawks, bien aidé par ces faiblardes nouvelles franchises d’expansion qui se retrouvent toutes deux dans leur conférence.

Pour les playoffs, les voyants sont au vert, puisque Hudson a repris la compétition lors du mois de mars et il est apparemment en canne à l’entame des phases finales. Cependant, pour passer le premier round il faut vaincre les bourreaux de la saison passée, les San Francisco Warriors.

Comme l’année dernière, le combat est serré, mais comme l’an précédent il se solde par une élimination 4 à 2. Pourtant, pas de Rick Barry, pas de Nate Thurmond. Les Warriors sont une équipe meurtrie mais vaillante, menée par Jeff Mullins et Rudy LaRusso qui ont créé la stupéfaction contre une franchise bien plus forte, notamment à l’intérieur. C’est la deuxième fois dans cette décennie que les Hawks se font surprendre par plus faible qu’eux.

Joe Caldwell pour un lay up avec grâce et élégance.
Crédit Photo/Getty Images

Atlanta Hawks 1968/69

Comme le titre de ce paragraphe l’indique, il y a un changement majeur cette saison. Saint-Louis est devenu un écrin trop petit pour une franchise qui veut survivre en NBA. Alors au même titre que Cincinnati, la ville du Missouri voit son équipe s’en aller et se construire un nouveau nid en Géorgie à Atlanta.

Pour l’instant, le club ne possède pas de salle qui lui est entièrement dédiée et c’est le Alexander Memorial Coliseum de l’université de Georgia Tech qui accueille les Hawks. Pendant quatre ans, la NBA et la NCAA cohabitent dans cette salle en attendant que le Omni Coliseum soit édifié.

Sur le terrain, l’absence de Lenny Wilkens se fait sentir, surtout que Walt Hazzard est en difficulté. L’ancien meneur des Lakers et des Sonics et à moins de 40 % au tir, mais cela n’empêche pas les Hawks de finir la régulière avec 48 victoires. Lou Hudson doit lui aussi s’adapter, Richie Guerin lui impose de se décaler au poste d’arrière et Super Lou n’y est pas forcément à l’aise.

En playoff, les Hawks roulent sur les San Diego Rockets d’un Elvin Hayes trop esseulé, succès 4 manches à 2. Revoilà la finale de conférence qui pointe le bout de son nez. Richie Guerin, demande à Lou Hudson de défendre sur Jerry West, et si c’était cela son plan depuis le début et la raison du changement de poste de sa star. Cela fonctionne plutôt bien puisque le Logo est limité à 20 unités à 38 % de réussite. De son côté, Lou Hudson affiche 21 points à 47 %, le duel est gagné sur la ligne arrière.

Dans les ultimes secondes du Game 1, Mel Counts des Lakers attrape un rebond héroïque et provoque la faute de Bill Bridges, deux points plus la faute. Le lancer franc est converti et les Lakers mènent 95 à 93 alors qu’il ne reste plus que 24 secondes au chronomètre. Paul Silas à l’occasion de tenter un dernier tir, mais la victoire est pour les Lakers.

Pour le Game 2, Jerry West pourtant maladroit (6/17) ne tremble pas est égalise à 102 partout avec un peu plus d’une minute à jouer. C’est aussi lui qui réalise une interception cruciale à 32 secondes de la fin avant que Johnny Egan ne pénètre et score deux points grâce à un Lay up. Le plus petit du match vient s’imposer dans la raquette et offre une deuxième victoire de deux points.

C’est la douche froide pour les Hawks qui ne vont jamais s’en relever et s’inclinent en cinq rencontres. Décidément rien n’y fait, la dernière marche est trop haute pour cette équipe. C’est la cinquième défaite en finale de conférence (on dit Division à l’époque) dans cette décennie, les Hawks sont maudits.

Lou Hudson avec son maillot 23 à Atlanta.
Crédit Photo/Getty Images

Bill Bridges, le capitaine

Bill Bridges arrive dans la franchise en 1962, après avoir dominé la ligue ABL avec les Kansas City Steers. Tout d’abord il se heurte à un mur, la NBA c’est un niveau bien supérieur et il y a un crack nommé Bob Pettit qu’il est impossible de déboulonner de son poste de titulaire. D’ailleurs, on utilise d’avantage Bridges comme un ailier, mais son tir extérieur est une ignominie.

La situation se décante quand Pettit prend sa retraite. Bill Bridges s’installe dans la raquette en binôme de Zelmo Beaty et les choses sérieuses commencent. Une fois placé sous les panneaux, ce véritable petit bulldozer de 1m98 pour 105 kg fait des ravages. Dorénavant, il montre l’étendue de ses qualités, adresse, provocation de faute, défense, rebonds et même la passe. Il reste un intérieur besogneux, mais il a plus d’une corde à son arc.

Bill Bridges est celui qui a le plus porté la tunique des Hawks dans cette décade avec 587 rencontres à son actif. Il devient le capitaine de l’équipe, rien de plus normal pour celui qui symbolise parfaitement son club. Car, comme la plupart des joueurs des Hawks post Pettit, il n’est pas un nom ronflant. C’est un très bon intérieur, mais jamais considéré parmi les meilleurs. D’ailleurs, qui évoque naturellement Zelmo Beaty, Bill Bridges ou Lou Hudson lorsqu’on parle des années 60. Les Hawks sont constamment les underdogs de l’époque, des outsiders plutôt que des contenders.

Bien sûr, il reste Lenny Wilkens, mais il est lui aussi loin d’avoir le lustre de Jerry West ou Oscar Robertson. Pourtant, cette équipe s’est sans cesse retrouvée dans le dernier quatuor de la ligue, tentant désespérément de se trouver un fauteuil en finale. Bill Bridges, lors de son prime, a toujours répondu présent en playoff en offrant de grande performance. Mais, comme ses partenaires, il est constamment un poil trop court pour venir à bout des autres grosses cylindrées de la NBA.

Bill Bridges enfonce KC Jones pour marquer sous le cercle.
Crédit Photo/Getty Images

Atlanta Hawks 1969/70

Des choses changent et d’autres restent les mêmes. On commence avec les bouleversements, puisque le départ de Zelmo Beaty laisse de la place dans la raquette, les Hawks s’offrent alors les services de Walt Bellamy. Le concernant, on ne se fait pas d’illusion à Atlanta. La réputation du joueur est suffisamment établie pour qu’on ne se prenne pas à rêver qu’il devienne le franchise player du club. Cependant, son apport sous le cercle est un bien précieux et sans pression, Bellamy et plus utile que jamais.

Puis, Walt Hazzard s’acclimate enfin à sa nouvelle équipe. Il affiche plus de 15 points et 6 passes par rencontre avec de bien meilleur pourcentage, et permet à Atlanta de signer une saison à 48 victoires. Les Hawks sont les leaders de la conférence Ouest devant les Los Angeles Lakers.

Maintenant, voyons ce qui ne change pas. Tout d’abord, les Hawks franchissent le premier round sans encombre face aux Chicago Bulls de Chet Walker, Bob Love et Jerry Sloan. Joe Caldwell, dont on a peu parlé, fait le job avec 29 points de moyenne devant Lou Hudson 26. Ce tour est une formalité, le cinq de départ cartonne à tous les niveaux, victoire 4 à 1.

Enfin, on ne change pas les bonnes vieilles habitudes au round suivant. Les Hawks s’inclinent sur un sévère 4 – 0 face aux Los Angeles Lakers. C’est d’abord une courte défaite de 4 points dans le Game 1. Puis, un revers en prolongation d’un point  lors du Game 3, sur deux lancers francs réussis de Wilt Chamberlain ! C’est un signe s’il en est, que rien ne peut venir en aide à ses Hawks. Les années 60 se terminent sur cette performance et cette nouvelle désillusion, sixième élimination aux portes des finales en dix saisons.

Walt Bellamy drive vers le cercle face à son ancienne équipe des Bullets.
Crédit Photo/Getty Images

Lou Hudson, l’avenir de la franchise

Quand un joueur sort de la fac fin des années 60, il doit prendre une décision, NBA ou ABA. Lou Hudson, n’en fait pas et signe un contrat dans les deux ligues. S’en suit un imbroglio judiciaire dans lequel la justice ne sait pas comment trancher, le choix sera donc celui de Hudson. Soit il part chez la concurrence en rejoignant les Minnesota Muskies, soit il se dirige vers la NBA avec les Hawks. Il décide de devenir un Hawks, à leur grand bonheur.

Aujourd’hui, on aime à vanter le mérite des joueurs qui maîtrisent le tir à mi-distance. Dans ce domaine, Lou Hudson est le daron du daron de votre shooteur mi-distance préféré. En 1970, à mi-saison, un journaliste à recenser que sur 631 shoots de Hudson, 561 sont des mid-range. Lorsqu’il inscrit 57 points contre Chicago, sur 34 tentatives, il ne compte que deux layups. Il est le tireur mi-distance ultime, calme et élégant, avec presque 50 % de réussite en carrière.

Lou Hudson n’a que 25 ans à la fin de notre décennie, il est donc tout naturellement celui qui doit continuer de faire d’Atlanta une des places fortes de la ligue. Cependant, on peut lui reprocher un caractère discret qui n’en fait pas un leader charismatique. Lors des années 70, il partage la vedette avec un certain Pete Maravich. Les deux pistoleros flinguent à tout va, malheureusement les résultats ne sont pas au rendez-vous. Mais cela, c’est une autre histoire.

Lou Hudson et son célèbre tir à mi distance.
Crédit Photo/Getty Images

Bilan

Avec six finales de Division et une finale NBA en dix saisons, les Hawks sont les héros malheureux des années 60. Jamais ils ne parviendront à s’imposer face aux autres prétendants aux titres. Malgré des effectifs solides, il a manqué une vraie star du calibre de Bob Pettit pour lui succéder et espérer rééditer l’exploit de 1958.

Néanmoins, les Hawks peuvent se targuer d’avoir tutoyé l’excellence pendant dix ans, ce qui est loin d’être le cas de toutes les franchises de l’époque. Ben Kerner, réussit la performance de maintenir son club au top grâce à son management malin. Il parvient à pérenniser une des équipes les plus rentables et fait même le choix de délocaliser celle-ci pour son bien, avec le succès qu’on connaît, puisque les Hawks sont toujours en Géorgie 56 ans plus tard.

43 ans - Rédacteur - Contrairement à ce qui se raconte, je n'ai pas côtoyé George Mikan. Mais je m'efforce de raconter du mieux que je peux l'histoire de la NBA. Avec un gros penchant pour les années 60 et 70. Le bon vieux temps des moustaches et des shorts courts.

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