Pennsylvania

Welcome to Road 66 : Pennsylvania 6-5000

Dans ce nouvel épisode de Welcome to Road 66, on part du côté de la Pennsylvanie pour découvrir les légendes qui ont fait la réputation de Philadelphie.

Dans “Welcome to Road 66“, on va faire une petite traversée des USA. Se baladant d’État en État, on va découvrir chaque coin étatsunien par ses légendes basketballistiques. Le menu est simple : 10 noms historiques de l’État dont on parle. Cette fois-ci, c’est un état historique du basketball qu’on va traiter: la Pennsylvanie 

Wilkes-Barre basketball : Eddie White

Pendant plus de 60 ans, les Wilkes-Barre Barons étaient une équipe majeur de la Pennsylvanie dans l’ère pré-NBA mais même de toute la côte atlantique, où se concentrait le basket dans ces années. En 1914, Eddie White créé cette équipe et très vite, ça fonctionne. Au début, les Barons jouent surtout à l’échelle locale (la Pennsylvanie) et domine très vite. Dès 1916, l’équipe gagne le titre de la Pennsylvania State League. Ed White est non seulement le propriétaire mais aussi le coach, donc les résultats dépendent énormément de lui mais aussi l’évolution de l’équipe. Logiquement, après des années comme une équipe de tournée, White emmène les Barons en ABL, ligue de prestige des années 30-40. Cependant, ça ne marche pas trop et il faut attendre l’après-guerre pour voir Wilkes-Barre participer à la création de la EPBL (Eastern Professional Basketball League), ligue dont les Barons vont gagner le titre dans l’année d’inauguration avant de rejoindre encore la ABL où ils vont encore dominer pendant 6 ans avec 4 finales dont 3 gagnées. En 1954, l’équipe revient en EPBL, ligue qui deviendra la EBA puis la CBA. Entre 1954 et 1980, l’équipe va remporter 7 titres. Au début, l’équipe domine mais le temps mène logiquement à la disparition de l’équipe: la NBA et la ABA s’installent dans le paysage et les autres ligues sont vouées à s’arrêter et leurs équipes avec. Et ce, malgré une tentative de déménagement à Scranton, les Barons vont disparaitre en 1981.

Le roster des Wilkes-Barre Barons avec Eddie White a leur têtes

The Mogul : Eddie Gottlieb

Né dans une famille juive à Kyiv, en Ukraine, Isadore Gottlieb déménage avec sa famille à Philadelphie assez tôt dans sa vie. Après avoir changé son prénom en « Edward », Gottlieb construit très tôt, en 1917, une équipe nommée les Philadelphia Sphas, nom issu de l’acronyme de « South Philadelphia Hebrew Association » après des années en tant que Philadelphia YMHA (Young Men’s Hebrew Assocation). Très vite, l’équipe a trouvé un vrai succès dans la côte est et s’impose, le nom Gottlieb devient une institution à Philadelphie. Pour donner une idée du niveau des Philadelphia Sphas, l’équipe a battu la majorité des équipes de ABL et a battu deux équipes légendaires: les Original Celtics et les New York Rens. En ABL, Gottlieb construit une équipe nommée les Philadelphia Warriors autour des stars des Sphas qu’étaient Chick Passon et Stretch Meehan et dominent mais quittent vite la ligue quand la Grande Dépression attaque sévèrement les grosses équipes de la ABL. Du coup, Ed reconstruit les Sphas avec des joueurs comme Petey Rosenberg pour une ABL qui se reconstruit et s’adapte à la crise. Résultats: l’équipe domine allègrement entre 1934 et 1945 avec 7 titres et 2 finales perdues, avant que Ed vende l’équipe en 1950. C’est à ce moment que Gottlieb prend un poste de coach et GM dans une toute jeune équipe nommée les… Philadelphia Warriors. Dès l’année 1, il montre encore ses qualités de coach avec un titre et une finale autour de Joe « Jumping Joe » Fulks, Howie Dallmar, ancien joueur référencé en NCAA à Stanford et Pennsylvania, et Art Hillhouse, ancien joueur des Sphas. Cependant, la suite ne sera pas aussi heureuse et on en parle directement.

Les Warriors ont été champions sous les ordres de Ed Gottlieb

Pitchin’ Paul : Paul Arizin

En effet, Arizin arrive et montre tout de suite qu’il a le niveau pour devenir un grand joueur. Après des années en tant que scoreur indéfendable à la fac de Villanova, Arizin se démarque par son jumpshot et sa capacité à scorer et quand on voit que les Warriors sont rejoints par Andy Phillip, passeur d’élite des Chicago Stags, et l’intérieur dominant Neil Johnston, pivot qui lâche des gros double-double à Ohio State, on se dit que l’équipe est faite pour dominer sous les ordres de Ed Gottlieb. Sauf que non, l’équipe va perdre Arizin pendant 2 ans car ce dernier part servir dans la Marine pendant la guerre de Corée. A son retour en NBA, Arizin va faire gagner son équipe sous le coach Georges Senesky, ancien joueur des Warriors. En effet, le jeu offensif des Warriors autour de Arizin, Johnston mais aussi Tom Gola, légende de la fac de La Salle, ou Jack George, All-NBA Second Team cette saison. L’année suivante, l’attaque continue de dominer avec un Arizin en leading scoreur mais les problèmes défensifs se voient beaucoup trop. Plusieurs arrivées ont été intéressantes mais jamais suffisantes pour retourner au titre. Cependant, en 1959, l’équipe est rejoint par un jeune phénomène qui fait énormément parler.

Paul Arizin était un des meilleurs scoreurs de son ère

The Stilt : Wilt Chamberlain

Wilt est un enfant de la Pennsylvanie et se fait remarquer très tôt pour son physique et ses qualités athlétiques hors norme pour l’époque: il est grand, gigantesque même, mais surtout très mobile, rapide et costaud et domine dès ses 16-17 ans. Au lycée, il est le meilleur joueur de tout le pays et domine les copains de Guy Rodgers. Pendant l’été, il bosse au Kutsher’s Hotel et rencontre Red Auerbach qui lui fait affronter BH Born, star universitaire de Kansas et Wilt domine encore. Il gagne également le tournoi national des YMCA avec celui de Christian Street. Wilt se permet même de dominer en AAU avec les Quakertown Fays sous un faux nom, celui de George Marcus. Après un passage court mais dominant à la fac de Kansas puis avec les Harlem Globetrotters, le pivot rejoint les Philadelphia Warriors et donc Paul Arizin. Wilt domine directement et s’impose, dès sa première année, comme le ROY, le MVP, le titre de meilleur marqueur, le titre de meilleur rebondeur et un +17 victoires dans le bilan collectif. Cependant, tout cela ne suffit pas à faire tomber Boston en PO. Paul Arizin vieillit, il faut que Wilt gagne vite mais ça ne marche pas. En 1962, malgré une saison considérée comme historique avec 50.4 points par match et un match à 100 points sous Frank McGuire, Sam Jones terminera une série très serrée entre Warriors et Celtics avec un game winner pour emmener Boston en finales. Ceci est le dernier moment des Warriors dans l’ère Philadelphie: l’équipe déménage à San Francisco et Arizin, qui refuse ce déménagement, part en EPBL. Cependant, Wilt revient à Philadelphie en 1965, dans un transfert qui l’envoie aux 76ers. Sous les ordres de Dolph Schayes puis Alex Hannum, Wilt change de mentalité: il devient plus collectif, plus polyvalent, plus impliqué en défense aussi. Résultats des courses: les 76ers sont constants dans la victoire avec Wilt, Hal Greer, Chet Walker, Billy Cunningham et toute la clique et en 1967, l’équipe remporte le titre et Chamberlain remporte son premier titre, un évènement marquant pour ce joueur qui commence à accumuler les saisons sans bague. Il était temps, les critiques pleuvaient à flot mais ça y est, Wilt Chamberlain est champion NBA.

Wilt Chamberlain était un joueur unique

The Women’s Basketball Origin : Carol Eckman

Le simple surnom de Carol Eckman devrait vous faire comprendre l’importance de cette femme dans l’histoire du basketball: The Mother of the Women’s Collegiate Basketball Championship. Rien que ça. Carol Eckman a été coach des Golden Rams de West Chester University pendant des années et a été extrêmement importantes dans les années 60 et 70 car elle est à la base de la création du premier vrai tournoi de basketball pour les femmes au niveau universitaire. West Chester participe aux trois permières finales du tout fraichement créé CIAW et gagne la première autour de Pat Ferguson et Diane Wright, dans le format dit basquette (format à 6 joueuses sur le terrain). Cependant, la domination de Eckman ne tiendra pas longtemps et la place de numéro 1 sera vite prise par une autre équipe de Pennsylvanie. Mais en réalité, la légende de Carol Eckman commence bien avant tout ça, quand elle créée l’équipe féminine de basketball en 1959, des années avant le Title IX de 1972. Dans un contexte où très peu d’universités avaient une équipe féminine, West Chester dominait clairement sur les quelques résultats qui ont pu être retrouvés d’une époque mal renseignée sur le basketball féminin. Carol Eckman n’est pas juste une grande coach, ce sont les origines du basketball féminin qui ont inspiré tant de légendes comme Marian Washington ou Linda Hill-McDonald.

West Chester et Carol Eckman ont révolutionné le basketball depuis la Pennsylvania

The Shot Doctor : Herb Magee

Herb Magee fait parti d’un groupe de coach universitaire très restreint en terme de nombres de victoires. Pour le dire autrement, avec ses 1144 victoires en carrières, Herb Magee se place à la quatrième position des coachs universitaires les plus victorieux de l’histoire derrière Tara VanDerveer, Geno Auriemma et Mike Krzyzewski. Cependant, c’est d’abord comme joueur qu’il se fait remarquer. D’abord au lycée, où il joue avec de futurs coachs comme Jim Lynam ou Jim Boyle, puis au niveau universitaire avec la fac de Philadelphia Textile, connue aujourd’hui sous le nom de l’université Thomas Jefferson. Il a été All-American à 2 reprises, il a mené l’équipe à des années victorieuses en étant le leading scorer de l’équipe au point où les Celtics le draftent mais malheureusement, il se pète le doigt avant le training camp et fini par abandonner son rêve de joueur pour coacher à Philadelphia Textile. Il obtiendra le poste de Head Coach en 1967 et le gardera jusqu’en 2022, marquant la plus grosse longévité all-time au niveau universitaire. Même si Magee était un coach avec, finalement, assez peu de réussite collective (seulement 1 titre de champion en division II et quelques grosses années 2000-2010), il reste une légende, notamment via ses cliniques où il s’est installé comme une référence à Philadelphie pour travailler sur le tir.

Le « Shot Doctor » a remporté 1144 matchs en carrière en tant que coach

Immaculata Basketball : Cathy Rush

Quand la fac de West Chester, menée par Eckman, a commencé à perdre en domination, c’est une autre équipe qui s’est installée au dessus des autres: les femmes de Immaculata University, menées par Cathy Rush. Surnommée « Big Gun » dans son lycée du New Jersey pour ses qualités de scoring, Rush a alterné toute sa vie entre le basketball et la gymnastique, souvent car on lui a mis des bâtons dans les roues pour l’empêcher de jouer ce spot qu’elle aime tant, souvent dans un format « basquette », donc à 6v6. Après avoir passé quelques temps en intérimaire en étant mi prof, mi coach, elle s’installe un beau jour à Immaculata. En arrivant, le défi était compliqué: un job mal payé, un seul ballon pour toute l’équipe et surtout un gymnase brulé qui empêche de jouer à domicile. Comme si ça ne suffisait pas, on ne joue plus en 6v6 mais bien en 5v5 avec des possessions de 30 secondes maximum, jeu auquel n’est pas habitué Cathy Rush. Pourtant, ça ne l’a pas empêché de faire un immense travail autour d’un jeu rapide et efficace. Surnommées les « Mighty Macs« , les filles dominent la compétition à l’époque en participant à 5 finales consécutives dont 3 remportées, faisant le premier three peat comptabilisé de l’histoire du basketball universitaire féminin autour de joueuses comme Theresa Grentz, Marianne Stanley ou Rene Portland, devenues toutes deux des légendes du coaching. En plus de ça, Immaculata est à l’époque une véritable briseuse de barrières: elles sont là pour le premier match féminin en télévision national, elles sont là pour le premier match féminin au MSG, elles sont là pour le premier match féminin en dehors des USA ou encore la première saison féminine sans défaite de l’histoire avec la Bucket Brigade en gradins. En bref, Rush est une légende qui a révolutionné le basketball féminin et même si Immaculata ne s’est pas inscrite dans la durée, ça reste une part importante de l’histoire du basketball.

Les Mighty Macs ont été une grande équipe des années 70

Quand l’humaine n’est pas à la hauteur du talent : Rene Portland

On en a parlé juste au dessus car oui, Rene Portland, dit Rene Muth à l’époque, était une superbe joueuse, parmi les toutes meilleures des années 70. Cependant, on retient bien plus son passage de coach en NCAA. Si le début est un peu léger, avec 2 années à St Joseph’s et 2 années dans le Colorado, c’est une fois qu’elle s’installera vraiment à Penn State qu’elle va commencer à se construire une réputation de coach sérieuse. En effet, elle a obtenu le WBCA Coach of the year à 2 reprises, elle a été plusieurs fois coach de sa conférence, elle a participé à de nombreuses March Madness avec, en point d’orgue, un Final Four en 2000 avant de perdre, logiquement, contre UConn. En plus de ça, elle se place comme une excellente coach en terme de recrutement et de développement avec des joueuses comme Suzie McConnell, Susan Robinson, Tina Nicholson, Angie Potthoff, Helen Darling, Tanisha Wright et surtout la légende des Lady Lions Kelly Mazzante. Cependant, on ne peut pas juste dépeindre le portrait d’une coach de talent quand on parle de Rene Portland, il faut aussi parler de ses politiques homophobes avec le fameux discours qu’elle prononçait face aux jeunes recrues: « No Drinking, No Drugs, No Lesbian ». Un comportement inacceptable qui a fait que Rene Portland, malgré toutes ses qualités tactiques de coach, a fini sa carrière entre le tribunal et le parquet et ce, jusqu’à son renvoi en 2007. Ce comportement a été très documenté dans un film du nom de « Training Rules » pour les gens qui seraient intéressé par en savoir plus.

Rene Portland était une grande coach, mais aussi une homophobe notoire

The Answer : Allen Iverson

Comme vous l’avez surement remarqué, aucun représentant des Sixers de 1983 dans cet article. On essaie de varier les plaisirs ici et vu que Julius Erving a déjà eu un gros paragraphe dédié dans l’épisode sur New York et que Billy Cunningham a été mentionné ici comme joueur, on a skip un peu cette période glorieuse de Philadelphie. Mais ici, on passe aux années 2000 avec Iverson. Après une jeunesse tourmentée entre la prison, les bagarres dans un bowling et le mentorat de John Thompson, AI finit en 1st Pick aux 76ers avec une idée claire: relancez la gloire de cette franchise. D’abord meneur de jeu aux côté de Jerry Stackhouse, Allen va vite s’imposer comme un arrière plus que solide avec ses qualités de ball handle hyper rapide et scoreur techniquement incroyable. Pour tenter d’entourer ce prodige, les 76ers tentent plusieurs coups jusqu’à finir par trouver un équilibre: Larry Brown au coaching, Iverson en attaque et une armada défensive autour de Dikembe Mutombo, Tyrone Hill et Eric Snow. Un équilibre qui va permettre à cette bande de finir en finales dans une campagne mythique de AI avec nombres de matchs mythiques comme la victoire dans le clutch contre les Raptors de Carter, le duel incroyable entre AI et Ray Allen en finales de conf ou encore les 48 points pour gagner le match 1 contre les Lakers. Cependant, cette équipe, encore mythique aujourd’hui, ne sera qu’un one shot et jamais Iverson ne retrouvera un assemblage de ce niveau. Larry Brown et lui vont s’embrouiller, remplaçant le mythique entraineur par des coachs au niveau très moyens et l’âge avancé de Dikembe oblige les 76ers a trouvé d’autres pièces sans jamais trouver les bonnes malgré les essais de Derrick Coleman, Chris Webber, Glenn Robinson ou du jeune Andre Iguodala, le jus ne reprendra jamais et Iverson finit par inévitablement se faire transférer à Denver pour laisser place à une nouvelle génération de 76ers depuis plus de 15 ans avec Andre Iguodala mais aussi Jrue Holiday puis le process qui donna Joel Embiid et Ben Simmons avant que ce dernier ne laisse place à James Harden et Tyrese Maxey. 

Allen Iverson a été élu MVP en 2001, la même année où il arrive en finale NBA

Nova Basketball : Jay Wright

Villanova est une faculté extrêmement sous-estimée de l’histoire du basketball universitaire. En effet, on la résume beaucoup aux dernières années sur lesquelles on va revenir mais il ne faut pas oublier qu’avant l’ère Jay Wright, ‘Nova a déjà eu les années de scoring incroyables de Paul Arizin, les années coachés par Alex Severence, Jack Kraft ou encore Rollie Massimino qui remportera le titre national en 1985 autour de Ed Pinckney sur la tronche de Georgetown puis les années Kerry Kittles évidemment. Bref, les Wildcats sont déjà une grosse équipe mais probablement que Jay Wright leur a fait passer un cap. En effet, entre la fin des années 2000 et son départ en 2022, Jay Wright a fait de Villanova une équipe que l’on retrouve constamment dans les hauteurs de la March Madness et parfois en Final Four, qu’il a remporté 2 fois sur 4 apparitions. Un coach qui gagne donc, mais qui produit aussi beaucoup de prospects NBA. Certes, cette partie là est venu plus tard, vers la deuxième partie des années 2010. Avant ça, il n’y avait pas grand chose hormis un Kyle Lowry et un Randy Foye à se mettre sous la dent. Sauf que depuis 2017, il les ont enchainé: Josh Hart, Mikal Bridges, Donte DiVincenzo, Jalen Brunson ou Saddiq Bey mais aussi des prospects un peu plus foirés comme Omari Spellman, Eric Paschall ou Jeremiah Robinson-Earl qui galère à faire sa place. Avec sa retraite, Villanova n’est plus qu’une université moyenne parmi tant d’autres sous les ordres de Kyle Neptune mais sans doute que les fans du côté de ‘Nova se souviendront à jamais des émotions que leur ont procuré Jay Wright et ses joueurs et notamment le joueur de l’année en 2018.

Jay Wright a fait de Villanova une institution