Dans ce sixième épisode d’une affaire de famille, on se concentre sur les jumeaux en NBA. Des premiers jumeaux, jusqu’aux athlétiques frères Thompson, la NBA a connu quelques cas de paires de frères qui ont réussi à performer dans le même temps.
Tom et Dick Van Arsdale, à jamais les premiers
Tom et Dick Van Arsdale sont, à jamais, les premiers jumeaux à avoir joué en NBA. Dick, est même pour toujours le premier joueur officiel des Phoenix Suns. En effet, après l’arrivée de la franchise dans la grande ligue en 1968, Dick, alors pensionnaire des Knicks, est le first pick lors de la draft d’expansion. Et pour le premier match, il devient le premier a avoir marqué un panier pour cette franchise. Tout cela lui vaudra le magnifique nom de « Original Sun ».
A Phoenix, il va y rester une bonne décennie entre 1968 et 1977. Là bas, il est All-Star trois fois (1969, 1970 et 1971) avec des moyennes aux alentours des 22 points et 4 passes. Il a également participé aux finales perdues de 1976 face aux Celtics, dans un rôle plus limité.

Coach par intérim pour 26 matchs et commentateur de l’équipe, il a eu l’honneur d’avoir son numéro 5 retiré par la franchise de l’Arizona.
Son frère Tom a lui aussi eu une belle carrière NBA, bien qu’elle soit plus partagée entre différentes franchises. D’abord à Détroit, c’est à Cincinnati qu’il va exploser, passant de 10 à 20 points de moyenne. Entre 1970 et 1972, il est même sélectionné au All-Star Game, où il jouera contre son frère jumeau, un exploit jamais réalisé depuis. Il termine sa carrière en enchaînant les saisons à Philadelphie, puis Atlanta.

Enfin, pour leur dernière saison en carrière professionnelle en 1976-1977, les deux décident de se rejoindre aux Phoenix Suns. Et même si cela remonte aux années 70, les frères Van Arsdale sont la paire de jumeau la plus récompensée individuellement de l’histoire NBA, avec un total de 6 sélections aux All-Star Game.
Brook et Robin Lopez : deux trajets opposés
Comme beaucoup de jumeaux, la route est d’abord partagée. Ayant passé leurs lycées à San Joaquin puis deux années à la fac de Standford. Le chemin des deux intérieurs de 2m16 se sépare à la draft 2008. Brook, le plus talentueux, est sélectionné en 10ème par les New Jersey Nets tandis que Robin est choisi par les Suns en 15ème position.
Aux Nets, Brook va rester 9 saisons et laisser son empreinte dans les carnets de statistique. Meilleur scoreur (10444 points), meilleur contreur (972) et troisième meilleur rebondeur (4005), il est l’un des meilleurs joueurs de l’histoire de cette franchise. Mais il ne pourra jamais être considéré comme plus, à cause des résultats collectifs. Avec seulement 2 participations en playoffs en 2013, où il est All-Star, et 2014, l’équipe a plus souvent été proche des 20 victoires que d’un bilan à l’équilibre.

Durant ses premières années, c’est avant tout un pivot qui joue principalement dos au panier ou après des écrans, à mi-distance ou près du cerclee. Mais lors de la saison 2016-2017, il opère un changement dans son jeu et se met à tirer à 3 points. Il passse de 0.2 à 5.2 tentatives par match en moyenne, le tout avec une réussite correcte avec 35%.
Puis il est transféré aux Lakers dans un trade impliquant D’Angelo Russell, où il fait office de doyen, dans une très jeune équipe. A l’été 2018, il est désormais agent libre, il signe avec les Milwaukee Bucks, une équipe ambitieuse d’un jeune Giannis Antetokounmpo qui monte de plus en plus.
Il se découvre une nouvelle vie aux Bucks dans sa trentaine. Premièrement car il est enfin dans une équipe qui joue les playoffs et qui vise le titre. Deuxièmement car il devient un membre important de l’une des meilleures défenses de la ligue, par sa protection de cercle. Et alors que Giannis remporte ses deux titres de MVP en 2019 et 2020, l’équipe bute en playoffs.
La saison d’après est la bonne pour l’équipe, qui va chercher le titre NBA en battant les Phoenix Suns en finale. L’intérieur devient champion NBA à 32 ans.

Depuis, il performe toujours, il finit même deuxième du vote du défenseur de l’année en 2023. A 36 ans, il tourne encore à 13 points et 2 contres, en 32 minutes de moyenne. Une belle longévité à première vue. Mais la dernière série de playoffs perdue face aux Pacers a également montré que le poids des années se fait trop ressentir négativement, dans les moments qui comptent.
Son frère jumeau Robin, n’a pas eu le même succès que ce soit individuellement ou collectivement.
Il réalise ses quatre premières saisons aux Suns où il a été drafté, principalement en sortie de banc. Puis c’est le début des piges courte durée. New Orleans, Portland, New York, il enchaîne les saisons en tant que titulaire dans des équipes sans grande ambition.
En 2016, RoLo trouve un peu de stabilité en restant 3 années d’affilée aux Bulls. Mais là encore, l’équipe n’a que peu d’ambition, bien que Lopez plante sa dizaine de points tous les soirs. C’est en 2019, qu’il rejoint pour la première fois son frère jumeau, en signant avec les Bucks, dans un rôle beaucoup plus limité en sortie de banc. Les passages rapides continuent après ça, en allant aux Wizards, au Magic, aux Cavs avant de revenir aux Bucks en 2024 où il ne jouera que 16 matchs, annonçant une fin de carrière.
Robin peut être qualifié de journey man lui qui a vécu 9 franchises différentes, sans jamais vraiment s’installer dans un projet sérieux. Il est également un personnage fantasque apprécié des fans NBA, notamment pour sa fameuse rancune envers les mascottes NBA.
Markieff et Marcus Morris : les inséparables
Les jumeaux Morris partagent bon nombres de choses : tatouages, agent, comptes en banque, … et leurs carrières NBA se ressemblent sur bien des points. Ensemble, à la fac en réalisant trois saisons à Kansas, les deux jumeaux Morris sont sélectionné en 13ème et 14ème position, et pour la première fois ils vont devoir jouer dans des clubs différents.
Markieff, légèrement plus grand que son frère, débute sa carrière aux Suns, dans une équipe ne se qualifiant jamais en playoffs. D’un point de vue individuel, il montre une belle progression montant à 15 points de moyenne en 2015. Peut-être a-t-il été poussé par l’arrivée de son frère jumeau, qui après ses deux premières saisons à Houston est transféré Phoenix. Les jumeaux Morris partagent alors le maillot des Suns durant deux saisons.

La belle histoire commune aurait pu continuer, mais Marcus est transféré à Détroit durant l’été 2015. C’est alors que Markieff s’énerve contre le front office et souhaite être transféré à son tour. Il trouve un point de chute aux Wizards de John Wall et Bradley Beal, où il reste trois saisons et réalise ses meilleures performances statistiques.
De son côté, Marcus enchaîne les bonnes saisons, avec environ 14 points de moyenne et une excellente adresse extérieure, aux Pistons puis aux Celtics. Au début de la saison 2019-2020, Marcus devenu « Morris Sr » depuis la naissance de son fils, surperforme dans une équipe catastrophique des Knicks, et sa côte sur le marché est assez élevée.
Tout cela nous emmène jusqu’à la trade deadline 2019-2020 où les deux jumeaux sont transférés à Los Angeles … mais dans les deux franchises différentes. Les Lakers vont chercher Markieff, tandis que son frère jumeau arrive aux Clippers. Alors que le monde attend la « bataille de LA », qui aurait également été la bataille des Morris, elle n’aura jamais lieu.

La suite sera couronné d’un beau succès pour Markieff, qui devient champion NBA quelques mois plus tard, dans la fameuse bulle d’Orlando. L’ailier a un vrai rôle en sachant qu’il joue sa petite vingtaine de minutes à chaque match de playoffs.
Markieff prolonge aux Lakers pour « seulement » 2.5 millions sur une saison tandis que son jumeau prolonge aux Clippers pour 64 millions sur 4 ans. Une belle somme, que se partagent les jumeaux, car, c’est à ce moment que l’on apprend que les jumeaux ont, une maison ensemble à Los Angeles, mais également un compte joint.
Après son passage aux Lakers, Markieff débarque au Heat, où il est surtout connu pour avoir pris un coup d’épaule criminel de Nikola Jokic qui l’oblige à terminer sa saison. Puis, il s’est fait balader dans des rôles très limités aux Nets, aux Mavs, avant de revenir cette saison aux Lakers après le trade de Luka Doncic.
Marcus a bien honoré son contrat aux Clippers, puis est rapidement envoyé aux Sixers puis aux Cavs. Actuellement sans club, à bientôt 36 ans, son avenir en NBA semble compromis.
Amen et Ausar Thompson : evil twins
Fils d’un athlète jamaïcain, le basket est pris assez sérieusement par la famille Thompson. Tellement sérieusement, que les deux jumeaux réalisent leur 5th et 6th grade à la maison pour se concentrer sur le basket uniquement. Ils ont donc grandi dans un environnement professionnel dès leur plus jeune âge, et au lycée, ils sont courtisés par l’intégralité des facs du pays.
Mais les deux jumeaux décident de rejoindre l’Overtime Élite, ligue alternative qui paie les joueurs encore adolescents, avant que la NCAA le fasse. Ils y joueront deux années et malgré une adversité et un jeu global parfois discutable, cela leur a permis de rester sur le devant de la scène pour les scouts NBA. Ils ont tous les deux étaient champions de la compétition, Ausar a même été élu MVP des finales les deux saisons, et est également le MVP de cette ligue en 2023.

Tout cela leur permet de se présenter à la draft 2023 avec de grosses ambitions. Finalement, ils se suivent encore de près. Amen est sélectionné en quatrième position aux Houston Rockets et Ausar en cinquième position aux Detroit Pistons. Ils deviennent alors les premiers jumeaux à être sélectionné dans le même top 5 d’un draft NBA.
La première chose qui saute aux yeux quand on les regarde ce sont leurs qualités athlétiques, très rarement vues sur des parquets NBA. Vitesse, explosivité, endurance, verticalité, … ils ont globalement tout les attributs rêvés pour être basketteur professionnel. Forcément, cela leur donne des prédisposition pour être d’excellents défenseurs, Amen est même élu dans la 1st All-Defensive Team sur la saison 2024-2025. On garde notamment en tête le cauchemar qu’il a fait subir à Stephen Curry, en saison régulière.
Amen, est celui qui semble avoir le plus de potentiel, surtout offensivement. Capable de jouer de meneur à ailier, son temps de jeu et ses responsabilités ont bien augmenté et il se montre de plus en plus en porteur de balle. Il commence à se murmurer qu’Amen pourrait rapidement résoudre les problèmes de « qui est le franchise player / numéro 2 aux Rockets ? »
Après une saison rookie plutôt correcte, Ausar a réussi à garder sa place de titulaire dans cette surprenante équipe de Pistons qui s’est qualifiée directement dans le top 6. Bien présent en playoffs à l’image de son équipe, ils se sont fait malheureusement éliminés par les Knicks en six matchs bien disputés.
Les deux jumeaux souffrent pour l’instant du même problème : le tir extérieur. Ausar envoie du 22% à 3 points et 65% aux lancers francs, alors qu’Amen tire à 28% à 3 points et 68% aux lancers. Ce défaut, constitue un vrai axe d’amélioration, pour encore passer un cap en NBA, dans deux équipes qui montent en puissance, chacun de leur côté des États-Unis.
Tous les vrais jumeaux ont des relations spéciales. Ceux-là ont réussi à partager leurs rêves de jouer au plus haut niveau du basket. Ceux qui ont été les premiers à réaliser cet exploit, semblent également être ceux cumulant les meilleures carrières. Mais l’ascension fulgurante des frangins Thompson pourrait très rapidement répondre à la question.