Après les victoires face au Monténégro et à la Bosnie Herzégovine lors de la trêve de février, l’équipe nationale féminine suisse s’est qualifiée pour l’EuroBasket du mois de juin. Après une absence de presque 70 ans dans les compétitions internationales, la Suisse va retrouver les joies d’un tel événement durant l’été. En attendant de savoir contre qui les Suissesses vont se mesurer, retour sur un moment historique.
Une qualification inespérée
Après les deux premières rencontres de cette phase de qualification, l’exploit semblait bien compromis. En effet, l’équipe nationale avait perdu ces dernières. C’est lors de la trêve de novembre dernier que les choses ont basculé dans l’irréel. Avec deux victoires capitales, une face au Luxembourg et la seconde face à la Bosnie Herzégovine, l’espoir était revenu dans les rangs helvétiques et tout semblait alors possible.
Pour que la qualification soit envisageable, les Suissesses devaient donc remporter leurs deux matchs de février et espérer des résultats favorables dans d’autres groupes étant donné que seuls les quatre meilleurs deuxièmes seraient qualifiés pour l’Eurobasket.
Les deux affiches de ce mois de février opposaient l’équipe nationale au Monténégro, première du groupe, et la Bosnie, lanterne rouge. Le match le plus compliqué était bien sûr le premier, celui du jeudi 6 février. En cas de défaite, le match du 9 février n’aurait plus eu aucune importance dans l’optique d’une qualification.
Face au Monténégro, la Suisse a eu énormément de difficultés offensives. Rien ne semblait vouloir entrer lors des trois premiers quarts. Cependant, une très belle maîtrise défensive a permis aux Helvètes d’entamer le dernier quart à distance raisonnable de leurs rivales du soir, moins 6 au tableau d’affichage.
Alors que Evita Herminjard avait été en grande difficulté avec ses tirs jusque-là, elle a décidé de prendre feu au meilleur des moments pour ramener les siennes à hauteur, puis pour passer l’épaule. De l’autre côté du terrain, les Suissesses ont sécurisé les rebonds nécessaires, à l’image de Stéphanie Martinez et Yverline Ntemo Da Silva. C’est donc sur un score de 55-47 que les Suissesses sont venues à bout du Monténégro dans ce premier match capital.
La suite s’annonçait plus facile pour l’équipe nationale avec la réception des Bosniaques, qui n’avaient pas engrangé le moindre succès de la campagne qualificative. Malgré ce statut de favorites, les joueuses n’ont absolument pas pris cette rencontre pour acquise, au contraire. Elles ont proposé un basket extrêmement solide des deux côtés du terrain. Elles ont été très efficaces en attaque et très rigoureuses en défense avec seulement 39 points concédés.
Les joueuses avaient fait leur part du travail, il fallait maintenant espérer un résultat favorable dans les autres groupes, étant donné que le Monténégro avait battu le Luxembourg et ainsi sécurisé la seconde place de notre équipe nationale. Tout ne s’annonçait pas bien après la surprenante victoire du Portugal face à la Serbie, faisant de la sélection lusitanienne une meilleure deuxième que la sélection suisse.
Après ces différents résultats, la Suisse n’avait plus qu’un espoir, une défaite croate face à l’Autriche. Après un début canon, les Croates semblaient avoir douché les espoirs suisses d’une qualification historique. Pourtant, les Autrichiennes n’avaient pas abdiqué et ont, peu à peu, fait leur retard jusqu’à prendre les devants. Un élan de soutien envers nos voisines autrichiennes s’était créé. Il fallait à tout prix qu’elles l’emportent pour que le rêve se réalise.
Après une fin de match haletante, les Autrichiennes l’ont fait ! Après ces deux victoires et de bonnes heures de patience, la qualification était acquise pour l’équipe suisse, pour le plus grand bonheur de tout l’effectif et de tous les fans de cette très belle, et très jeune, équipe.
Des réactions unanimes
Au bout de ce suspens insoutenable, les réactions autour de cette qualification étaient unanimes ; fierté et honneur.
Du staff aux joueuses, en passant par les fans ou d’autres acteurs du basket suisse, tous s’accordaient pour dire que l’exploit qu’avait réalisé cette équipe était historique et promettait de belles choses pour l’avenir.
Voici plusieurs réactions que toutes ces actrices et acteurs du basket helvétique nous ont confié :
Besserat Temelso, membre du staff de l’équipe nationale féminine et des Pully-Lausanne Foxes, au sujet de l’attente entre la victoire et les autres résultats :
« C’était assez difficile, dans le sens où il y avait déjà un décalage entre les différents horaires et surtout suite à la défaite de la Serbie face au Portugal. Forcément suite à ce résultat on prend un petit coup sur la tête, car on fait le boulot contre la Bosnie et le Monténégro fait également le sien. Sur le chemin du retour entre Aarau et Fribourg dans le minibus, je regarde malgré tout le match de la Croatie et de l’Autriche, ce qui constitue un peu notre dernière chance…et perso j’y crois moyennement en première mi-temps vu l’écart. Les Croates prennent une avance rapide donc encore une fois, tout le monde quitte Aarau en étant déçu…mais au fil du match, l’espoir revient et il se passe ce qu’il se passe ! »
Stéphanie Martinez, joueuse de l’équipe nationale, au sujet de cette qualification historique :
« C’est juste incroyable ce qui nous arrive ! Je pense qu’on a toutes des difficultés à réaliser que c’est vraiment réel, et on compte bien en profiter !Après le match, on a pas célébré car on ne savait pas du tout si on allait être qualifiées ou pas, donc même après avoir gagné de 48 points, les nerfs étaient toujours là. Après la victoire du Portugal, on s’est toutes dit que c’était mort, et vers la fin du match Croatie-Autriche, Evita (Herminjard) nous a dit : “Les filles, regardez le match, on a encore une mini chance.” On était toutes en stress devant ce match et au final, on a eu cette mini chance qu’on ne pensait plus avoir. Les émotions par lesquelles on est passées et même les émotions qu’on a maintenant, après que ça se soit passé, sont juste incroyables. J’ai l’impression d’être dans un rêve. »
Flora Stoianov, joueuse de l’équipe nationale, au sujet de ce que cette qualification représente pour elle :
« Être une joueuse de cette équipe nationale et vivre une qualification historique est une expérience indescriptible. Chaque match était une étape de plus vers notre rêve, et lorsque la qualification a été officialisée, l’émotion était intense. C’est un accomplissement personnel et collectif qui reflète l’engagement de chacune d’entre nous, du staff et de tous ceux qui nous soutiennent au quotidien. Je suis fière de faire partie de cette équipe et de contribuer à écrire l’histoire du sport national. Ce moment restera à jamais gravé dans notre coeur. »
Viktoria Ranisavljevic, joueuse de l’équipe nationale, au sujet de son ressenti après la qualification :
« C’est assez difficile d’expliquer le mélange d’émotions que je ressens et je n’arrive toujours pas à réaliser ce qui s’est passé ! C’est le rêve de chaque joueuse de participer à l’Eurobasket avec l’équipe nationale, et ce que nous avons réalisé aujourd’hui doit être le point de départ et un signal fort pour montrer que le basket féminin est réel en Suisse ! »
Naomi Takyi, joueuse de l’équipe nationale, à propos de ce moment historique :
« Je suis tellement heureuse de voir le drapeau suisse aux côtés de grandes nations. Les filles ont représenté les couleurs du pays avec fierté et j’espère que cela va permettre à toutes les joueuses, petites et grandes, de rêver en grand. »
Césaria Ambrosio, joueuse de l’équipe nationale :
« Je suis super contente pour les filles. Elles ont régalé le public, il y a eu une ambiance incroyable et elles ont écrit l’histoire. Women Can !! »
Patrick Pembele, coach des Lions de Genève et coach assistant de l’équipe nationale masculine :
« Je trouve ça vraiment incroyable et un peu fou parce que c’est un jeu de groupe et leurs cadres sont encore jeunes et elles ont encore de quoi s’améliorer pour la suite. Après le scénario, il est complètement fou parce que personne ne pensait que c’était possible après la première fenêtre. Il n’y avait pas vraiment de bons échos sur l’équipe nationale féminine et le basket féminin souffrait quand même. Là ce qu’elles ont fait, c’est incroyable ! J’espère que cela va donner un élan au basket féminin suisse, surtout dans notre championnat parce qu’on a beaucoup de joueuses qui sont à l’étranger et qui acquièrent de l’expérience. C’est avec cette expérience qu’elles sont allées chercher des victoires, je pense à celle face au Monténégro. C’est un match dur, le scénario est dur, il y a les stops défensifs mais la réussite offensive ne suit pas, puis il y a ce dernier quart, notamment d’Evita, que je trouve incroyable. Elle est en difficulté mais elle ne lâche pas et tu vois que derrière le groupe il est ultra, ultra soudé, c’est magnifique. »
Pour les fans aussi, cette qualification restera dans les mémoires :
« Le niveau de solidarité et de solidité du groupe est monté au fur et à mesure pour arriver à ce match (face à la Bosnie), où on sentait qu’elles étaient en mission “Do or Die”. Chacune a contribué à sa manière à cette étape essentielle, ne pas “simplement” gagner, mais d’aller taper au score, de défendre tout terrain jusqu’à ce que le buzzer retentisse. C’est grand pour tout le basket suisse. »
« Pour moi, le plus important c’est que toutes les filles elles jouent pour le nom qu’il y a à l’avant du maillot et pas celui à l’arrière. Pour moi c’est vraiment quelque chose qui me tient à cœur, c’est aussi pour cela que j’arrive à m’identifier à cette équipe-là, car elles jouent pour le collectif et pour le nom qu’il y a l’avant et pas celui dans le dos. »
« Cette qualification est non seulement historique de par la durée de l’absence de la Suisse dans un grand tournoi international, mais aussi de par la façon dont elles ont réalisé cela. Malgré les défaites du début, toute l’équipe est allée dans le même sens. Du staff aux joueuses, tout le monde a tiré la corde dans la même direction et ça a fini par payer. Un grand bravo à cette équipe et j’espère que cela poussera le développement du basket féminin en Suisse ! »

Quelles attentes pour la suite ?
Après ce moment d’histoire, il faut donc se pencher sur la suite ; l’Eurobasket du mois de juin. Ce dernier aura lieu dans 4 villes, Bologne, Hambourg, Prague et Athènes. Pour le moment, nous ne connaissons pas encore les futures adversaires de la Suisse. Cependant, il faut déjà se rendre compte de la taille de l’exploit réalisé et prendre cet Euro comme une possibilité de progresser en tant que groupe et d’engranger de l’expérience pour les années à venir.
Pour Besserat Temelso, le principal sera le gain d’expérience :
« On va déjà voir ce que le tirage au sort nous réserve en ce qui concerne nos futurs adversaires, et naturellement, nos objectifs principaux seront d’être le plus compétitif possible, mais aussi d’engranger un maximum d’expérience durant le tournoi. Notre équipe reste malgré tout très jeune et ceci peut beaucoup nous servir afin de continuer à grandir dans un avenir proche. »
Même son de cloche pour Stéphanie Martinez :
« On sait qu’on part complètement en outsider pour cet Euro, mais on ne compte pas se laisser marcher dessus. On sait que ça va être difficile, mais ça va être une expérience incroyable et pleine d’apprentissage. On aura l’occasion de se confronter aux plus grandes nations du basket. »

Rendez-vous en juin pour la suite de la très belle page d’histoire qu’écrit cette équipe féminine. Bravo à toutes les joueuses et à l’ensemble du staff pour cet accomplissement historique.