Dans une époque où nous avons des joueurs monstrueux à la passe. Entre Nicolas Jokic, Shai Gilgeous Alexander et surtout le jeune Tyrese Haliburton, on en oublierai presque qu’il y a eu des génies de la passe bien avant. De Magic Johnson à Jason Williams en passant par Jason Kidd, ou tout simplement Michael Jordan. Mais il y a 20 ans un homme, hors catégorie, prenait sa retraite. Sûrement le meilleur meneur de l’histoire du Jazz et surtout le meilleur passeur NBA All-Time. John Stockton aura enflammé la Salt Palace puis la Delta Center durant 19 ans. Il aura formé le duo le plus prolifique du Jazz avec Karl Malone.
La genèse
En ce 26 Mars 1962 à Spokane, une ville de l’état de Washington. Madame Clémentine Stockton accouche d’un petit garçon, il est comme tous les bébés, il n’a rien de spécifique. Un monsieur tout le monde qui lui collera à la peau toute sa vie. Famille d’origine Irlandaise et très religieuse (ça tombe bien), il fera toute son enfance dans sa ville de naissance et ira au lycée St Aloysius où il s’essaiera à différents sport. Malgré sa petite taille et un physique assez maigre il fera des ravages partout où il passe. Ses amis diront même de lui qu’il aurait pu partir dans la NFL et devenir quarterback tellement son sens de la passe était élevé.
Le numéro 12 n’aura pas beaucoup d’offres d’université car elles n’avaient pas forcément confiance en son physique. Celui-ci prendra donc la direction de Gonzaga et suivant les traces de son grand père, John Houston Stockton, surnommé Hust, qu’il n’aura connu que 5 ans car décédé en 1967, ce dernier étant l’un des meilleurs de l’époque dans son sport à Gonzaga, le football américain.
Son père est également passé par Gonzaga mais sans y laisser vraiment de trace.
Il resta 4 ans là-bas et y a laissé une trace. John commença à y écrire sa légende. Après une première année à plus cirer le banc que de jouer, il prit un peu plus d’importance lors de la deuxième (1981-82), en passant de 9.4 minutes par matchs à 39. Ses pourcentages étant également très bon, 57% pour environ 7 shoots tenté par matchs avec une moyenne de 11.2 points lors de la deuxième saison. Il finira ses années lycées avec 37.6 minutes de moyenne, 20.9 points (57% au shoot) et déjà ce qui fera sa renommée, une moyenne de passes décisives de 7.2, ainsi qu’ une défense incroyable avec 2.4 interceptions de moyenne (l’année d’avant il est même monté à 3.9 interceptions). Il sera meilleur marqueur, passeur et intercepteur de la conférence Ouest universitaire. John était déjà l’homme que l’on a connu pendant 19 ans en NBA.
La Draft
Drafté en 16ème position par le Jazz, Stockton arrive dans une équipe du Jazz qui se met enfin à gagner depuis l’année d’avant. Ils viennent de faire les playoffs pour la première fois depuis la création de la franchise (qui se trouvait à la Nouvelle Orléans à la base). Et sous l’impulsion d’un Adrian Dantley tout juste élu meilleur marqueur de NBA, l’équipe se voit devenir une menace pour les équipes adverses. Les fans s’attendent à ce que le GM Franck Layden leur ramène une pépite, pour rivaliser avec les Celtics et Lakers, surtout que la Draft 1984 est surement l’une des meilleurs de tout les temps avec Michael Jordan, Charles Barkley ou le premier choix, Hakeem Olajuwon (rien que ça). Mais quand le nom de John Stockton raisonne pour le 16ème choix. Les fans se demandent qui est ce petit gringalet venu d’une université sans prestige. Il ne se croyait lui même pas assez bon pour avoir une carrière NBA.
Le jour de la Draft fut une journée pleine d’émotion, de la joie d’être drafté, la surprise que ça soit aussi haut. Mais les réactions des fans lui mettent un coup au moral car ces derniers ne le connaissent pas et leur première réaction est de crier « Who ? », mais dans le bruit de la salle il crut entendre des huées. Cependant Layden croit vraiment avoir trouvé là une petite pépite qui ne demande qu’à être forgé.
3 premières années qui donnent l’eau à la bouche
Le 26 octobre 1984 Stockton foulera le terrain NBA pour la première fois. Il sortira du banc derrière Rickey Green et fera forte impression. Dans la défaite face aux Supersonics il compile 4 points à 1/2 au shoot et 2/2 aux lancers francs, mais surtout déjà 5 passes décisives et 2 interceptions. Cette première année prouve à quel point Stockton est unique. Durant la saison il fera 6 fois 10 passes décisives ou plus, ainsi qu’en faisant 3 fois 5 interceptions ou plus. Il totalisera également 5 double double, avec des pourcentages assez bon (47.1%).
Il finira l’année aves des stats prouvant sa façon d’être, faire briller les autres avant lui. En 18 minutes de moyenne il comptabilisera seulement 5.6 points de moyenne, 1.3 rebonds, mais surtout 5.1 assists et 1.3 steals.
Les deux années suivantes sont du même acabits, avec une augmentation du nombres de passes décisives allant avec le nombre de minutes sur le terrain qui s’accroissent également. L’arrivée de Karl Malone l’aide également et tout les deux prennent de plus en plus le dessus sur les anciens. L’année 86-87 marque un tournant, Dantley quittant Utah pour Detroit, Stockton partage la mène avec Green et Malone a de plus en plus de responsabilité. Il clôturera sa troisième saison avec 8.3 passes décisives par matchs. Le changement est en marche.
Stockton-Malone, la prise de pouvoir
Arrive la saison 87-88 où John Stockton démarre enfin les matchs dans le 5 majeur, il sera même dans le top 10 aux votes du MVP. Le duo 12 et 32 commence à faire des ravages en pick and roll et Malone est vu comme le meilleur ailier fort de la ligue. En plus des deux monstres, un troisième (arrivé en en 82) fait de leur défense un vrai calvaire. C’est Mark Eaton, élu meilleur défenseur en 84-85 ainsi qu’en 88-89 il est le fer de lance de cette défense. Et Stockton s’imbrique très bien dans celle-ci. Le duo Stockton-Malone est toujours mit en avant mais le duo Stockton-Eaton, n’en ai pas moins décisif. Un changement majeur à lieu pendant la saison. Au bout de 16 matchs Franck Layden laisse sa place de coach au profit de Jerry Sloan. Celui ci aime énormément le jeu du numéro 12 et lui laisse beaucoup de liberté. Au cour de la saison il passe la barre des 20 passes décisives 5 fois, pendant que Malone s’amuse à ridiculiser les défenses adverses et finira la saison avec une moyenne de 29.1 points et 10.7 rebonds avec un pourcentage à 51.9%.
Cette année là Stockton est enfin récompensé avec une élection au All Star Game. Ça sera également la première année de « monsieur tout le monde » en tant que meilleur passeur de la ligue (avec 13.6 assists par matchs). Avant lui seul Isiah Thomas en 84-85 et Kevin Porter en 78-79 avait finit meilleur passeur de la ligue avec une moyenne au dessus de 12.3. Le numéro 12 l’a fait 7 fois et a été élu 9 fois meilleurs passeur de NBA, le second est Bob Cousy avec 8 passeurs de l’année.
Malgré cette net amélioration de l’effectif. Le Jazz ne se positionne que 7éme à la fin de la saison et perd lors de la première série face aux Warriors. Alors que John Stockton est passé d’une moyenne de 7.9 points en saison régulière à 14.7 points, avec toujours la même moyenne de passes décisives, c’est à dire 13.7 APG. Lors du dernier matchs Malone et Stockton porte le Jazz sur leurs épaules avec chacun plus de 30 points, le seul à les suivre est Darrel Griffith avec 20 points. Dès le début du match les warriors étouffent le Jazz. Les mormons se retrouvant sans solution assez rapidement. Karl Malone finira sur le banc avec 6 fautes. Les Jazzmens sont échec et mat en 3 matchs.
Des hauts et des bas
A partir de là il aura fallu compter sur le Jazz tout les ans, même si pendant les saisons régulière ils sont loin d’être les meilleurs. Durant les playoffs ils s’améliorent d’années en années, passant de 0 tour passé, à 1 puis 2. Orphelin de Mark Eaton, qui a prit sa retraite à cause de son état de santé. Le Jazz se renforce cette année par celui qui leur fait passer un cap. Jeff Hornacek, fort shooteur, il en a agacé plus d’un avec sa caresse à son visage aux lancers francs et ses shoots à trois points. Stockton a trouvé un nouvel équipier à alimenter, Pick and roll avec Malone et Pick and pop avec Hornacek. Les défenses adverses ne savaient plus où en donner de la tête. En 94-95 ils finissent 2éme avec 60 victoires pour 22 défaites. Mais sont sortis dés le premier tour des playoffs face aux Rockets de Drexler et Olajuwon. Stockton et Malone continue leurs chantiers individuelles mais collectivement il leur manque encore quelque chose pour aller jusqu’en final.
Jazz-Bulls, double douleur
Arrive les années 96-97 et 97-98, deux années où tous les rêves étaient permis. L’équipe était au plus haut. Ils clôturent la saison en deuxième position dans les 2 cas et se retrouvent en final NBA face aux Bulls d’un certain Michael Jordan. Ils ont la deuxième meilleur attaque dans le premier cas et la première la saison suivante. John Stockton commence à faiblir il n’est plus qu’à environ 10 passes décisives par matchs. Alors le temps presse pour gagner une bague. Toujours au niveau défensivement avec ses 2 interceptions par matchs il shoot de moins en moins, mais reste avec un pourcentage très bon de 54%.
Premier essai
Playoffs 1997, le Jazz est enfin en final après avoir éliminé les Rockets d’un énorme trio Olajuwon-Drexler-Barckley, sur un shoot à trois point de John, qui restera comme le meilleur moment de sa carrière.
Les Bulls et le Jazz se rendent coup pour coup. Au bout de quatre matchs il y a égalité parfaite, match 5 à Chicago, une nouvelle vient donner un espoir aux Jazzmens. Jordan serait malade. Mais celui ci vient sur le terrain quand même. Le flu game sera l’un de ses matchs légendaire.
. Les Bulls le presse le plus possible, il ne peut pas jouer son jeux habituel. Jordan met un tir derrière l’arc pour prendre 3 points d’avance sur le Jazz. Derrière Stockton fait une passe bien inspiré à Greg Ostertag qui dunk. 1 point sépare les deux équipes à 15 secondes de la fin, malheureusement les mormons font une mauvaise défense et Chicago met un panier facile derrière. Utah prend un temp mort, Jordan sort soutenu par Pippen et Jerry Sloan est furax. Ils perdront le match 90/88 et loupe l’occasion de prendre l’avantage dans la série. Le match 6 étant chez les Bulls, ces derniers ne laissent pas le Jazz revenir et finissent le travail. Malgré une équipe impliqué, avec 5 joueurs à plus de 10 points, Utah chute. Point négatif, John Stockton finit avec un différentiel de -19
Deuxième et dernier essai
Retour du Jazz en playoff, Ils éliminent tour à tour les Rockets de Olajuwon, les Spurs de Robinson puis les lakers du jeune Kobe Bryant sans état d’âme. Ils ne perdent aucun match dans la final de conf contre los angeles et arrivent en final plus prêt que jamais.
Le Jazz gagne le premier match mais s’incline sur le deuxième, le troisième est une douche froide. Stockton finit avec seulement 2 points et 7 passes décisives, ainsi que 5 pertes de balles. Résultat 96 à 54.
Le quatrième match est encore perdu. Utah se retrouve dos au mur mené 3-1, ils relèvent la tête en prenant le game 5 à Chicago avec un duo Malone-Stockton en feu, 39 points pour le premier, 12 passes décisives pour le deuxième. L’espoir revient car le sixième match est à Utah.
Sauf qu’encore une fois les Bulls ne se laisseront pas faire.
Il reste 42 secondes quand Stockton shoot à trois points, le met. La salle est en délire et le Jazz prend trois points d’avance. Les bulls prenne un temps mort, remise en jeux dans la défense de Utah. Jordan rentre dans la raquette et marque. Il reste alors 35 secondes, Stockton passe la balle à Malone dans la raquette, mais Jordan vole la balle. Il remonte tranquillement, fait défiler le chrono, Bryson Russel défend dessus et s’attend à ce qu’il rentre dans la raquette. Jordan démarre, rentre dans la raquette, fait une petite poussette à Russel recule, shoot met le panier pour passer devant. Sloan prend un énième temps mort. Remise en jeu du coté Bulls, Stockton reçoit la balle, dribble, shoot derrière l’arc, la balle touche l’anneau et ressort. Utah est battu.
La fin d’une ère
Même si le jazz domine encore en saison régulière. Ils n’iront plus jamais en final de Playoff. John Stockton finira sa carrière avec des stats un peu moindre (7.7 APG et 10.5 PPG). Malgré l’arrivé du Jeune Kirilenko, il prendra sa retraite en 2003 et Karl Malone sera tradé aux Lakers.
N’ayant raté que 12 matchs dans toutes sa carrière, son record de 15806 passes n’est pas là d’être battu. Celui s’en étant le plus rapproché est Jason Kidd avec 12091 passes. Il n’y a que deux records qu’il n’a pas atteint au niveau des passes. Celui du nombre d’assist dans un seul match. Son record personnelle étant de 28 le 15 Janvier 1991, Scott Skiles garde le record de 30 en étant à Orlando. Et le deuxième est le pourcentage, qui est lui gardé par un certain Magic Johnson avec 11.19 APG contre 10.51 APG pour Stockton.
Cependant même si c’était un passeur hors pair. Il ne faut pas oublier ses records à l’interception. Là aussi il a le plus grand nombre d’interceptions en carrière avec 3265, le deuxième est encore Jason Kidd avec 2684. Son ancien entraineur à Gonzaga à dit « qu’il a toujours eu une image d’ange mais ce gars peut vous sauter à la gorge pour remporter un match ». Preuve de son implication à toujours tout donner pour l’équipe.
Jeux Olympiques et All-Star Game
Finissons avec une période très peu cité dans sa carrière. Il a fait parti de l’une des meilleures équipe des J.O jamais vu. La Dream Team.
Il sera donc médaillé par deux fois, en 92 puis en 96. Il ne joua pas beaucoup de minutes (7.3 puis 11.9 minutes) mais aura tout fait pour pouvoir y participer. Surtout en 92 où Michael Jordan à mit son véto sur la venu d’Isiah Thomas dans l’équipe des USA. Le petit John Stockton s’est alors proposé pour aller là Barcelone. Monsieur tout le monde va alors aider un maximum. Juste environ 2 points de moyenne et 2 passes décisives mais surtout une envie qui fait du bien à l’équipe. En 96 il distille 2.8 passes décisives de moyenne et met 2.8 points. mais surtout est le meilleur passeur lors du dernier match avec 7 passes décisives contre la Yougoslavie.
Stockton ayant été au All Star Game dix fois. Il a eu l’occasion d’être élu MVP lors du ASG 1993 avec son coéquipier Karl Malone (cela ne s’invente pas). Il ne mit que 9 points, mais ira jusqu’à 15 passes décisives.
John Stockton restera à jamais une légende de NBA. Même si l’homme peut être sujet à controverse, le joueur ne peut être qu’admiré, ne voulant jamais prendre la couverture à lui. Ce monsieur tout le monde aura terrassé plus d’une équipe et ses records sont encore loin d’être battus.