Yao Ming, bien plus qu'un joueur de basket : une fierté nationale. Crédit : Sun Xiaochen

Yao Ming, la muraille qui a ouvert les portes de la NBA en Chine

Yao Ming est bien plus qu’un simple joueur de basket-ball. Symbole de l’ouverture de la Chine à la NBA, il a transcendé son sport pour devenir une figure emblématique. Né d’un héritage sportif, au croisement d’une politique sportive ambitieuse, il a permis à son pays de se développer et de rayonner sportivement.

Une volonté de Mao

À l’aune d’une volonté de quête mondiale, le créateur de la République populaire de Chine, Mao Zedong, voyait le sport comme un outil servant les intérêts de la nation. Le leader du Parti communiste chinois a ainsi établi une liste de sports prioritaires : le volley, le football, et le basketball. Dans sa vision maoïste, il devait servir à renforcer la cohésion nationale et la défense de la République populaire de Chine.

Cette pratique était destinée à « satisfaire les besoins de la défense nationale et souvent associée à un discours nationaliste ». En 1951, la « gymnastique radiodiffusée » est mise en place pour standardiser l’activité physique. Bien que moquée aujourd’hui, elle symbolisait une volonté d’encadrer chaque aspect de la vie quotidienne pour voir le peuple prospérer.

Cependant, cette révolution sportive ne s’est pas faite sans heurts. Son régime, marqué par 45 à 60 millions de décès, a également perpétré des purges dans les milieux sportifs. Par exemple, trois joueurs de tennis de table furent accusés d’être des contre-révolutionnaires et poussés au suicide.

Dans ce contexte, Yao Ming devient, malgré lui, un héritier de cette politique. Né en 1990 d’une union d’athlètes, ses parents, anciens sportifs, ont joué un rôle fondamental dans sa réussite. Tous deux anciens basketteurs, sa mère, Fang Fengdi, était capitaine de la sélection nationale chinoise. Son père, Yao Zhiyuan, quant à lui, était un joueur affirmé. Ces deux géants, 1,91 m et 2,01 m, lui ont offert bien plus que « des centimètres ».

Mes parents m’ont donné bien plus que des centimètres, ils m’ont appris à réfléchir et à prendre de bonnes décisions. 

Yao Ming durant son discours d’introduction au Hall of Fame

Le précurseur

Son arrivée à la NBA, en 2002 après avoir été sélectionné comme premier choix de la Draft par les Houston Rockets, a marqué une étape majeure dans l’histoire du basketball. Il a été l’un des premiers internationaux, et accessoirement Chinois, à occuper une telle position dans la ligue, brisant les barrières et ouvrant la NBA au monde.

Grâce à son succès, Yao Ming a permis à la grande ligue de jouir d’une immense popularité dans le pays de Mao. Il a attiré des millions de fans chinois, faisant de la Chine le plus grand marché de la NBA sous la direction de David Stern et permettant par exemple de tripler la base de fans de la NBA.

Moins de deux ans après son arrivée, les « NBA China Games » voient le jour, devenant ainsi la première ligue sportive américaine à le faire. Depuis, la ligue a disputé 12 matchs de pré-saison dans quatre villes chinoises et dispute, annuellement, des matchs à travers le monde. Lors de l’année 2016, elle a annoncé l’établissement de centres d’entraînements à Urumqi, Jinan et Hangzhou, encadrés par des professionnels formés spécifiquement.

Les Jeux olympiques de 2008 ont, de surcroît, permis l’expansion du basket dans le pays et à travers le monde. En porte-drapeau, Yao s’est érigé en tant que fierté nationale et représentant d’un pays anciennement en développement.
Aujourd’hui, la NBA est profondément implantée dans le pays le plus peuplé du globe, en grande partie grâce à l’influence et à l’héritage du génie chinois.

Plus qu’un joueur

Au-delà de son immense talent sur le terrain, Yao Ming incarne une profonde humanité, marquée par une pléthore d’actions dévouées aux autres.

Il était très présent dans son pays, la Chine, avec le NBA CARES, pour apporter du soutien et inspirer les plus jeunes. De surcroît, il a développé une fondation, la « YAO Fondation », en 2008. Une institution « placée sous la protection de la Fondation chinoise pour le développement de la jeunesse, qui se concentre sur l’amélioration de l’éducation, de l’estime de soi et des conditions de santé des enfants en Chine. ». Après le séisme dévastateur du Sichuan, l’association a permis la reconstruction d’écoles.

« The Great Wall » est un fervent défenseur de la cause animale et écologique ; il est une figure de proue dans les campagnes internationales afin de protéger les éléphants d’Afrique. Il lutte aussi contre la demande croissante d’ivoire, notamment en Chine. Yao a également participé à des campagnes pour réduire la consommation de soupe d’ailerons de requin, une spécialité chinoise qui contribue au déclin rapide des populations de requins.

Lors des Jeux Olympiques de Pékin en 2008, il était le porte-drapeau de son pays, étant l’athlète le plus populaire des 639 de la délégation chinoise. Son pays natal le considère énormément, il reçoit en 2005 le titre « d’ouvrier modèle » du Parti communiste Chinois, figure de reconnaissance nationale. Il est aussi devenu le premier président de la fédération de basketball chinois non issu du gouvernement. Sous sa direction, il modernisa le système sportif en rendant la ligue locale (CBA) plus compétitive et attrayante.

Plus récemment, aux Jeux Olympiques de Paris, il ne passe pas inaperçu ; Yao assiste Zheng Wei avec l’équipe nationale féminine de Chine. En somme, Yao Ming est une figure mondiale consacrée au développement de l’humanité.

Une fin de carrière anticipée

Après 9 saisons à Houston, « The Chino » décide de se retirer suite à plusieurs blessures. Bien qu’il ait été All Star à 8 reprises, il n’a effectué que ses deux premières saisons de manière complète. Son corps avait de plus en plus de mal à suivre le rythme effréné de la NBA. Sa grande taille et les exigences physiques imposées par la grande ligue étaient au-delà de ce que son organisme pouvait proposer.

En 2009-2010, une blessure au pied l’empêcha de jouer durant l’entièreté de la saison, le contraignant à prendre sa retraite la saison suivante, après seulement 5 matchs. La véritable muraille de Chine fut All Star durant toutes les saisons durant lesquelles il foula le parquet.

En moins de 10 saisons, The Dynasty laisse une marque indélébile sur la NBA et plus largement sur le basketball. 8 fois All Star, First Team Rookie en 2003, premier choix de cette même draft, deux fois dans la Third Team et une dans la seconde, Yao sera probablement toujours vu comme un potentiel inexploité, lâché par son corps.

Il était extrêmement talentueux, il pouvait dribbler, faire la bonne passe et bien la faire même. Quand tu étais ouvert, il voyait bien le jeu, il tournait à plus de 80% aux lancers-francs. Il avait tout. Sans doute le poste 5 le plus talentueux dont j’ai le souvenir.

Tracy McGrady via All The Smoke (2020)

Au Texas, son nom restera éternellement dans la légende ; intronisé au Hall of Fame le 4 avril 2016 aux côtés de Shaquille O’Neal et Allen Iverson ; il a aussi vu son maillot être retiré le 2 février 2017. Le numéro 11 restera à jamais dans les mémoires des fans des Rockets.

En seulement 9 saisons, Yao Ming a laissé une éminente empreinte sur le basketball. Il a su incarner bien plus qu’un simple athlète. Le chinois demeure un exemple pour les générations futures à travers le monde.

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