Dans “Welcome to Road 66“, on va faire une petite traversée des USA. Se baladant d’État en État, on va découvrir chaque coin étatsunien par ses légendes basketballistiques. Le menu est simple : 10 noms historiques de l’État dont on parle. Cette fois-ci, on part dans un tout petit état du nord-est : le Rhode Island
Les origines : Frank Keaney
Frank Keaney est un coach historiquement très important de l’histoire du basketball. Il a pris le poste de Head Coach de la fac de Rhode Island en 1920 et ne le quittera pas avant 1948. Pendant des années, les Rams, sous les ordres de Frank Keaney, l’équipe a dominé toute la Nouvelle-Angleterre. Autour de joueurs de très bonne qualité comme Chet Jaworski ou Stan Modzelewski, Keaney va mettre en place les bases des fastbreaks modernes et d’un jeu extrêmement rapide. Ce qui fait que Rhode Island est une des équipes qui scorent le plus dans cette période. Si l’équipe ne s’est pas démarqué quand le tournoi NCAA a été créé en 1939, soit 9 ans avant le départ de Frank Keaney, on note tout de même que c’était une équipe dominante du NIT des années 40 avec une finale en 1946 notamment.
Quand Brown a brillé : Eck Allen
George Allen n’a passé que 3 ans en tant que coach à l’université de Brown. D’ailleurs, les Bears ne sont pas une grande université de l’histoire du basketball universitaire, n’en déplaise à Arnie Berman ou Mike Waitkus. Cependant, en 1939, les Bears vont réaliser une saison qu’ils ne referont jamais jusqu’à aujourd’hui : ils finissent en Elite Eight lors de la compétition (même si le format rend ce spot plus accessible que maintenant). C’est le miracle qu’a su créer Eck Allen pour cette petite équipe de Ivy League autour du phénomène Harry Platt, détenteur, encore aujourd’hui, du record de points sur un match pour les Bears : 48.
Providence un jour, Providence toujours : Ernie Calverley
Ernie Calverley est né à Pawtucket, ville voisine de Providence et ville dans laquelle il fait ses années High School qui vont lui construire une bonne réputation dans la région. C’est ainsi qu’en 1943, le passeur réputé rejoint la fac de Rhode Island pour jouer sous les ordres de Keaney, dont on a parlé plus haut. Là-bas, il s’installe comme le leader de l’équipe et finira, dès sa première année, comme le leading scorer de la NCAA comme Jaworski et Modzelewski avant lui. Ernie sera célébré dans la région en 1946 pour avoir mis un tir au Madison Square Garden qui sauva la performance de RIU lors du NIT. Après ça, et une défaite contre Kentucky qui empêcha Rhode Island d’obtenir le titre du NIT en finale, Ernie Calverley rejoint la BAA et finit aux… Providence Steamrollers, jeune équipe avec laquelle Ernie va envoyer des belles performances aux côtés de Ken Sailors ou Johnny Ezersky jusqu’à finir All-BAA Second Team et meilleur passeur de la ligue pour sa première saison dans le monde professionnel. Cependant, sa carrière s’arrêtera 3 ans plus tard avec la disparition des Steamrollers et ce, malgré le talent offensif incroyable de Calverley. Pour l’anecdote, Ernie va coacher plus de 10 ans après à Rhode Island avec un bilan positif et 2 participations en March Madness.
29 belles années : Vincent Cullen
Après de belles années au Rhode Island College en tant que joueur, Vincent Cullen finit par être approché par un administrateur d’une école fraichement créée, le Rhode Island Junior College. On lui dit que pas mal de jeunes hommes voudraient jouer au basketball et qu’il pourrait les aider. Cependant, la tâche est ardue: pas de gymnases, pas d’infrastructures et pas d’équipements. Cullen le disait lui même, il ne savait pas ce qu’il faisait en acceptant ce poste. Au sein du devenu Community College of Rhode Island, Vincent Cullin va rester 37 ans et accumuler plus de 700 victoires en tant que coach en NJCAA. Pendant des années, certains grands coachs locaux comme Billy Donovan, Rick Pitino ou même Lefty Driesell, coach historique de Maryland dont il a été l’assistant lors des Goodwill Games de 1987.
Grandes promesses : Jimmy Walker
Jimmy Walker, c’est l’histoire d’un joueur qui était promis à faire de grandes choses. Quand il est arrivé à Providence sous les ordres de la légende Joe Mullaney, Walker s’est vite fait remarqué par des skills assez incroyables qui lui ont valu des comparaisons très flatteuses comme Oscar Robertson. Avec son jeu basé autour de la vitesse et d’un niveau de ball handling qui frôlait l’excellence, Jimmy Walker est vite devenu un joueur élite en attaque. Lors de sa dernière saison à Providence, il a même fini meilleur scoreur de tout le pays avec une marque à 30.4 points par match. Cependant, la dernière image que les gens ont de Jimmy Walker à Providence, c’est un tir raté dans le moneytime qui laisse passer Marquette en demi-finales du NIT. Si il sera attendu, Jimmy Walker ne va jamais concrétiser son formidable talent en NBA, notamment à cause d’un poids qui a détruit une base de son jeu qui était la vitesse. Aujourd’hui, même si ses records ont été détrônés par des joueurs plus récents comme Eric Murdock, Ryan Gomes, MarShon Brooks ou LaDontae Henton, la légende et les espoirs que représentaient Jimmy Walker, père de Jalen Rose qu’il n’a jamais connu, était énorme.
Distributeur de l’Etat-Providence : Ernie DiGregorio
Aucun duo n’a été plus iconique dans le Rhode Island que celui que formaient Ernie DiGregorio et Marvin Barnes dans les années 70 sous les ordres de Dave Gavitt. D’un côté, on avait l’intérieur athlétique qui se distinguait par sa puissance sous les cercles, capable d’avaler énormément de rebonds. De l’autre, on avait Ernie DiGregorio, le petit meneur stocktonien qui se montrait bien plus par sa capacité à distribuer le jeu avec une justesse qui était inimaginable. Mais si j’ai choisi Ernie plutôt que Marvin, c’est parce que l’attaque élite des Friars lors de ses années, c’est grâce à la création de Ernie en premier lieu. Lors de la March Madness de 1973, qui mènera Providence en Final Four, c’est DiGregorio qui dominera la concurrence. Dès le départ, Ernie envoie des énormes performances pour battre Saint Joseph’s puis Pennsylvania. En Elite Eight, il envoie 30 points contre le Maryland de Tom McMillen mais aussi d’un jeune John Lucas qui deviendra numéro 1 de draft 3 ans plus tard. Même dans la défaite contre les Tigers de Larry Kenon, Ernie donne tout et envoie 32 points avec 7 assists pour répondre au duo Kenon-Robinson qui envoie 52 points et 38 rebonds. Cependant, c’est bien ce duo qui restera iconique pour tous les fans de Providence qui ont connu cet ère et ce, même si le duo ne trouvera jamais le succès en NBA, DiGregorio pour des blessures qui flingueront sa carrière dès l’année sophomore et Barnes car il a fini par complètement vriller.
La légende avant d’être la légende : Billy Donovan
La majorité des gens connaissent Billy Donovan comme le coach de Florida qui remporté 2 titres et qui a formé tant de prospects. Ou encore comme le coach NBA, avec ses qualités et ses défauts, du Thunder et des Bulls. Cependant, ici, on va parler du jeune Billy Donovan, le joueur universitaire. En effet, Billy a commencé doucement à Providence, étant un meneur remplaçant correct mais qui va prendre doucement du galon. Avec l’arrivée de Rick Pitino à la tête du programme en 1985, Billy Donovan va officiellement prendre le poste de titulaire et s’imposer comme un bon meneur. La première saison est calme mais c’est surtout la deuxième année qui va marquer. Sa production offensive explose complètement, défensivement il apporte des interceptions et Pitino sait faire marcher ce bazar. Tout au long de la March Madness, Billy met des cartons offensifs sur tout le monde: UAB, Austin Peay, Alabama puis Georgetown y passent pour permettre à Providence d’aller en Final Four. Cependant, Syracuse va complètement faire plonger l’attaque des Friars et c’est la fin des grandes années Donovan à Providence.
Rhode Island Queen : Tracy Lis
Tracy Lis a rejoint Providence à la surprise générale en sortant de lycée. Joueuse dominante dans le Connecticut, tout le monde la voyait rejoindre UConn ou une fac du coin. Cependant, Tracy a préféré rejoindre la fac de Providence. En 4 ans, elle a réussi à ramener la fac à la March Madness constamment et ce, malgré le faible historique des Friars côté féminin. Avec Lis au scoring, Shanya Evans à la création et Bob Foley au coaching, c’est une équipe qui existe dans le paysage NCAA et Tracy Lis concoure au titre de meilleur scoreuse de tout le pays. Pendant ses 4 années de Tracy Lis en patronne, l’équipe est constamment dans le top 10 des équipes qui scorent le plus.
Le scoreur de Rhode Island : Cuttino Mobley
Cuttino Mobley est un des joueurs les plus marquants de l’histoire des Rhode Island Rams dans l’ère post-Keaney. En effet, si Steve Chubin, Sly Williams ou Tom Garrick ont fait de bonnes performances sous le maillot de Rhode Island University, aucun n’a atteint le niveau de Cuttino. Scoreur de haut niveau, son niveau d’efficacité va exploser avec une amélioration drastique de sa réussite à 3 points avec l’arrivée de Jim Harrick à la tête du programme. Une explosion offensive qu’il va utiliser au meilleur moment en réalisant une performance dantesque contre les Jayhawks de Paul Pierce et Raef LaFrentz, largement favoris. Avec ses 27 points à 10/19 aux tirs, il domine largement l’ailier de Kansas et permet à son équipe de continuer dans le tournoi jusqu’au Elite Eight, où Rhode Island perdra contre Stanford. Si, par la suite, RIU connaitra une année freshman spectaculaire de Lamar Odom ou encore les vrais débuts du coaching de Dan Hurley, aujourd’hui une légende à UConn, jamais le Rhode Island ne connaitra une plus belle épopée que celle de 1998.
Bryant Basketball : Max Good
Bryant a fait du bruit en 2022 en participant à sa première March Madness autour du phénomène du scoring Peter Kiss, meilleur scoreur de la NCAA cette année-là. Mais remontons un peu en arrière, dans le début des années 2000, pour savoir comment cette université a pu finir en division I et en March Madness. En 2001, Max Good, assistant et coach intérimaire pour UNLV, prend le poste de Head Coach. Très vite, autour de joueurs comme Chris Burns ou John Williams, les Bulldogs s’installent comme le top de la seconde division masculine. Jusqu’au point où, en 2005, l’équipe va jusqu’en finale mais chutera contre Virginia Union. Max Good, dans tout ça, mènera l’équipe de Rhode Island vers l’excellence jusqu’à son départ en première division, laissant sa place à Tim O’Shea qui, lui même, laissera sa place à Jared Grasso qui verra le potentiel de Peter Kiss pour scorer et mener Bryant à son meilleur basketball.