Elle était longue cette pause n’est-ce pas ? Un peu trop je sais, mais je vous devais de faire mon retour pour un troisième épisode. Au programme du jour, toutes les fameuses stats en “+” qui vous le verrez, possèdent une puissance comme très peu de stats ont. Et qui sont vraiment simples comme bonjour à comprendre. Prêts ? Alors c’est parti, rendez-vous aux bases du basket.
Tout est une question de contexte
Le basket-ball est un sport de répétitions, encore et encore. Le but de ce sport, comme beaucoup d’autres, est de créer un différentiel. Créer le plus gros différentiel possible, évidemment. Pour créer ce différentiel, plusieurs tactiques possibles évidemment qui ont variées selon les époques traversées. Énormément variées même. Le basket-ball est sans doute le sport dans lequel le jeu à proprement parler a le plus évolué.
Existe-t-il un autre sport où les règles ont autant changées ? Où une arrivée comme celle du tir à 3 points a tout révolutionné ? Dans la théorie, puis dans la pratique avec l’inévitable révolution du spacing des 2010s. Pas besoin d’aller bien loin, rien qu’en remontant dans les années 2000 pour regarder un match de Shaquille O’Neal ou de Kevin Garnett pour voir que le jeu n’a plus rien à voir avec celui que nous connaissons.
Il est donc primordial, et j’insiste sur ce mot, de remettre les choses dans leur contexte. D’autant plus lorsque l’on compare les époques. En effet, on entend souvent que “scorer 30 points dans les années 90 c’est pas pareil que maintenant”. Et c’est factuel, tout a changé ! Le rythme de jeu (pace), l’espace pour les gros joueurs, le skills globaux des joueurs… Mais alors arrêtons, arrêtons vite par pitié, de comparer les stats brutes de chaque époque. Arrêtons de dire que Shai a les mêmes stats que Jordan et donc qu’il est MVP. Vous venez de le dire vous-même : scorer 30 points en 95 c’est pas la même qu’en 2024 ! Ça n’a donc aucune valeur.
Et l’outil statistique nous le confirme. La pace de 99 possessions en moyenne par équipe par match aujourd’hui n’a rien de comparable avec celle de 89 possessions en moyenne en 1999. (Par ailleurs, sachez que la pace était plus rapide en 1989 qu’en 2024). Et on l’a dit précédemment, les conditions de chaque possessions ne sont pas les mêmes. L’eFG% moyen est passé de 47% en 2004 à 54% aujourd’hui. Le TS% moyen est passé de 51.6% à 58.1%. Une augmentation colossale de 12.5% (rappelez vous vos cours de maths si cela vous semble curieux).
Et c’est un argument de plus pour dire que comparer ces stats sans remise en contexte ne veut absolument RIEN DIRE. La preuve avec un jeu de comparaison : Kobe Bryant 2004 = 55 TS% (=1.10 pts/tir) vs Cade Cunningham 2024 = 55 TS%. Est-ce que cela veut dire que Cade est l’équivalent au scoring de Kobe ? Et bien non évidemment, mais alors comment le prouver rigoureusement ?
L’importance de se détacher du niveau moyen
C’est précisément là que nos chers stats apparaissent. Prenons l’exemple du TS% qui est le plus parlant et notre compa Cade/Kobe. Pourquoi Kobe avait tant de valeur au scoring s’il posait les mêmes chiffres d’efficacité de Cade ? Cette fameuse valeur justement, ne se trouve pas dans le chiffre en lui-même mais dans l’écart avec la moyenne. À quel point justement Kobe se démarquait de la moyenne de la ligue et apportait une plus value à son équipe. À quel point il était à l’origine du fameux différentiel. C’est là la question qui devrait nous intéresser, comment juger ce niveau de domination au scoring ou non du Mamba ?
Pour trouver la réponse, rien de plus simple. Replongeons dans notre ligne de stat :
Kobe Bryant 2004 55 TS%. Moyenne NBA cette année : 51.6 TS%.
Petit calcul(55-51.6)/51.6 = +0.07 ( =7%). Kobe était donc 7% PLUS EFFICACE que la moyenne.
A contrario Cade est 5% moins efficace que la moyenne en 2024. Alors que les deux hommes produisent le même chiffre. Rendons nous compte de l’importance de la mise en perspective dans ce genre de débat intergénérationnel, même si l’exemple est grossier.
Les analystes, ces gros flemmards
À ce moment là, vous devez vous dire : « bon il nous fait chier Penny elles sont où ses stats ?«
Elles sont là, elles sont dans l’article sans même que vous ne vous en soyez rendus compte. En scorant 7% plus efficacement que la moyenne en 2004, Bryant a réalisé un score de 107 de TS+. Et oui c’est simple comme bonjour et une machine s’occupe de tout le calcul pour vous. Le but de ce genre de stats est simple. On pose la moyenne de la saison à 100, puis on ajoute ou soustrait l’écart le différentiel du joueur par rapport à cette moyenne.
Reprenons notre second exemple, Cade : 95TS+, bien loin du score de 107 de notre ami Kobe Bryant. Le tour est joué, on comprend donc avec seulement deux nombres que cette comparaison n’avait aucun sens. Cela permet de remettre les scores de chaque saison dans leur contexte précis de l’époque et d’ajouter une vraie notion claire et précise dans la définition du temps recherché terme de “valuable”.
Incroyablement puissant n’est-ce pas ? Et le meilleur c’est que ce principe fonctionne avec énormément de stats : l’eFG+, le TS+, le FTr+… Il ne vous reste plus qu’à utiliser ces stats à bon escient, en sachant ce qu’elles veulent dire et vous allez briller en société. Et en plus vous allez voir, une fois que vous y aurez pris goût, vous ne pourrez plus vous en passer, et vite.
Alors évidemment pour finir, la question que l’on se pose quand on découvre un outil pareil c’est : quelle star a fait le score de TS+ le plus élevé all-time ?
Ne faisons pas durer le suspense : Stephen Curry 2016 avec un incroyable 124 de TS+. Oui, en étant meneur de jeu Curry a posé un record d’efficacité all-time. Scorer 30 points par match n’était pas du tout le vrai exploit. Non, il était là le vrai exploit, la vraie révolution. Caché sous nos yeux, mais il suffit de chercher un peu et tout s’éclaire.