La famille Barry, ce n’est pas qu’une mécanique particulière aux lancers francs. Avec en tête d’affiche Rick, elle est une des plus grandes familles du basket impliquant une grande réussite pour les fils de Rick.
Rick Barry : scoring, lancers à la cuillère, point forward et tête brûlée
La carrière légendaire de Rick débute dès ses années à l’université de Florida. Alors qu’il n’est que junior, il tourne à 32.2 points de moyenne puis 37.4 points la saison suivante, faisant parler toutes ses qualités de scoreur. C’est tout naturellement qu’il débarque en NBA en 1965, sélectionné en second choix par les Warriors de San Francisco.
Rick ne perd pas de temps. All-Star, All-NBA 1st team, 4ème meilleur scoreur, et logiquement élu rookie de l’année. La ligue et les Warriors ont récupéré une nouvelle vedette. Pour sa deuxième saison, il monte à 36 points de moyenne (avec 28 tirs tentés) et propulse son équipe jusqu’en finale, face aux Sixers de Wilt Chamberlain. Barry score 40.8 points de moyenne, la meilleure performance sur une finale à l’époque. Et ce record ne sera battu que par Michael Jordan, 26 ans plus tard, à 0.2 point près.

A l’été 1967, Rick prend une décision qui va changer sa carrière. Une nouvelle ligue, la ABA, vient d’être créée et il veut la rejoindre. Premier problème : son contrat l’oblige à jouer pour les Warriors. L’histoire part devant la justice, et Rick peut rejoindre l’ABA mais est contrait de rester sur la touche pour l’intégralité de la saison 1967-1968. Ce passage en ABA suscite la polémique, car sa décision semblait principalement monétaire.
Il ne commence donc qu’en 1968 avec les Oaks d’Oakland, pas très loin donc, et termine meilleur scoreur mais en loupant la fin de saison, alors que son équipe va chercher le titre. Deuxième problème : la franchise doit déménager à Washington, ce que Rick ne veut absolument pas. Il tente alors de repasser en NBA, mais la justice lui interdit, il doit assurer son contrat avec les Oaks, ce qu’il fera. La saison suivante, alors que la franchise doit encore déménager, cette fois en Virginie, c’en est trop pour Rick qui demande son transfert.
Il est envoyé à New York, où il restera deux saisons, où comme à son habitude, il score énormément, et est élu All-Star. Alors qu’il se sent bien, vient un troisième problème.
En 1969, Rick avait signé un contrat de 5 ans, d’un million de dollar, stipulant qu’il doit retourner en NBA à la fin de son contrat en ABA. Sauf qu’en 1970, il prolonge en ABA. La justice s’en mêle, et à l’été 1972, la décision du juge fédéral l’oblige a respecter son engagement, et Barry est forcé de retourner jouer avec les Warriors jusqu’en 1974.

Avec les Warriors, désormais nommé « Golden State », il va rester jusqu’en 1978, pour le plus grand bonheur de la franchise. A son retour d’ABA, Rick a bien développé son jeu. Avec 2 mètres 01, il est naturellement positionné sur un poste d’ailier fort mais le numéro 24 devient un des premiers véritables point forward de la NBA, capable de diriger le jeu. Il aligne quatre saisons d’affilée à plus de 6 passes décisives de moyenne, ce qui à l’époque le plaçait largement dans le top 10 dans cette catégorie statistique.
Mais attention, il reste toujours ce scoreur prolifique, comme en témoigne la saison 1974-1975. En 40 minutes, il score 30.6 points avec notamment 90% de réussite aux lancers francs. Il fallait bien mentionner cette fameuse mécanique, avec les deux mains placées sur la balle, « à la cuillère ». Technique peu orthodoxe mais redoutable d’efficacité.
Sur cette même année, les Warriors terminent à 48 victoires mais atteignent les finales NBA pour affronter les Washington Bullets. Le résultat est sans appel. 4-0, sweep de Golden State, avec un Rick Barry en grande forme, logiquement élu MVP des finales.
Après cette belle année, il reste encore trois saisons aux Warriors, où il est All-Star mais réduit son scoring avec l’arrivée de Phil Smith. Il termine sa carrière aux Rockets pour deux années, où il côtoie Moses Malone, MVP en 1979, mais sans réussite en playoffs. A 35 ans, et avec un temps de jeu en grande baisse, il décide d’arrêter sa carrière en 1980.
Rick Barry est aussi salement réputé pour son caractère imbuvable d’égoïste condescendant et arrogant. Certains parlent d’esprit de compétiteur supérieur, par respect. En fait, il était détesté de globalement tout le monde : coéquipiers, coachs, adversaires, fans et par la ligue, avec ses embrouilles judiciaires pour partir en ABA.
Au global, en tant que joueur, il est rookie de l’année, 12 fois All-Star, 6 fois All-NBA, champion et MVP des finales en 1975. La légende des Warriors est logiquement intronisée au Hall of Fame 1987, et fait partie des meilleurs joueurs des 75 ans de la NBA. Il est également le seul joueur a avoir été meilleur scoreur de NCAA, d’ABA et de NBA.
Les fils de Rick Barry : un éventail de réussite dans le basket professionnel
Au cours de son premier mariage, Rick a d’abord 4 garçons qui suivront ses pas de basketteur : Scooter, Jon, Brent et Drew.
Le plus vieux, Richard Francis « Scooter » Barry, n’a pas eu une carrière très longue aux États-Unis. Mais durant cette courte période, il a eu le temps d’être champion NCAA 1988 avec la fac de Kansas, dans un rôle très limité. Il a ensuite baroudé un peu partout dans le monde, dont la France avec Cholet aux débuts des année 2000. Il est également champion de Belgique en 2004, et est passé par l’Allemagne, l’Espagne, l’Italie ou encore l’Australie, dans une carrière professionnelle longue de 17 années.
Le deuxième, Jon a quant à lui eu une longue carrière NBA, tout le temps en sortie de banc dans un rôle assez limité.
En tant qu’arrière, sa mission principale était d’écarter le terrain et envoyer des tirs de loin. Chose qu’il réalisait plutôt avec succès en affichant un joli 39% en carrière à 3 points. Au final, Jon a tout de même joué 821 matchs en 14 saisons, le tout répartis dans 9 franchises. Jon Barry est aussi connu pour son après carrière médiatique. Il travaille toujours en tant qu’analyste télé et radio pour ABC et ESPN.
Le troisième, Brent Barry, est celui qui a le plus accompli dans sa carrière NBA. Drafté en 15ème position de la draft 1995, il partage ses premières saisons avec les Clippers. Lors de sa saison rookie, il remporte le slam dunk contest en dunkant depuis la ligne des lancers francs, en survêtement.
Mais son arme principale reste son tir extérieur. Installé à Seattle en tant que titulaire, il réalise ses meilleures saisons individuelles. En 2000-2001, il affiche presque 15 points de moyenne et le meilleur pourcentage de la ligue à 3 points avec 48% derrière l’arc en 3.4 tentatives de moyenne. Collectivement, c’est aux Spurs qu’il nouera avec le succès et le trophée de champion NBA, deux fois. La première en 2005, la seconde en 2007, à 35 ans. Rick et Brent deviennent alors le deuxième duo père-fils à remporter un titre NBA.
Il connaît bien la franchise texane, en étant vice-président des opérations basket de 2018 à 2024. Il est désormais coach assistant des Phoenix Suns, mais peut être le verra-t-on dans un rôle encore plus grand dans le futur. Il a également été présent médiatiquement, en participant à des émissions sur TNT, en prêtant sa voix à NBA 2K ou en apprenant des moves au poste bas avec Anthony Davis.
Drew Barry le dernier fils de cette union, a seulement 60 matchs en NBA à son compteur, à la fin des années 2000. Il s’est ensuite envolé vers l’Europe pour l’Italie et la Pologne.
Au total, Rick et ses 4 premiers fils totalisent 31 132 points, les plaçant quatrième au rang des scoreurs père-fils les plus prolifiques de la NBA.

Mais récemment, le nom Barry a réémergé avec un cinquième fils : Canyon Barry. Il est le fruit du second mariage de Rick, avec Lynn Norenberg, coureuse de fond et basketteuse légendaire de la fac de William et Mary, dans laquelle elle détient de nombreux records intouchés.
En 2016, un petit buzz se crée autour de Canyon qui tire ses lancers avec le même style que son père. Pour lui aussi c’est plutôt efficace. Il efface le record de lancers francs d’affilée de la fac de Florida avec 42 paniers inscrits d’affilée en NCAA. Malheureusement pour lui, il sort non-drafté en 2017 et décide de tenter sa chance en Pologne, puis en G-League, sans billet d’accès pour la NBA.
Il s’est reconverti au basket 3×3, avec succès, en représentant les États-Unis lors des dernières grandes compétitions. Canyon Barry remporte même la médaille d’or de la coupe du monde 2019, celle d’argent en 2023, mais échoue aux derniers Jeux Olympiques de Paris.
L’histoire de la famille et du basket a en réalité, débutée dans les années 40 avec Bruce Hale. Beau-père de Rick Barry, il joua deux saisons en NBA et en ABA, avant une longue carrière de coach, notamment à l’université de Florida. Comme par hasard, ce fût au moment où Rick Barry jouait là-bas.
Des titres NBA, un titre NCAA, des titres nationaux européens, des titres mondiaux en 3×3, l’entièreté de la famille Barry est une grande famille du basket, et ne se limite pas qu’aux performances au scoring de Rick dans les années 60 et 70.