Nouveau scouting report et il est consacré à Hansen Yang, le pivot chinois qui fait le buzz. Un scouting report très spécial pour moi, qui a découvert en Hansen Yang un amour basketballistique.
Comment j’ai connu Hansen Yang ?
Il était une fois, quand je me baladais sur internet en lisant plusieurs avis de draft, je tombe un beau jour sur un board de la draft 2024 sur le site Envergure. Là, je vois qu’Emmanuel le Nevé, auteur pour le site, parle de Hansen Yang. Un nom qui m’est alors complètement inconnu et qui m’intrigue. Je lis et j’essaie d’imaginer le profil : un intérieur très grand et qui a du passing game. Sur ce, je décide d’aller voir quelques images, notamment de la Coupe du Monde U-19 : je vois mieux que ce à quoi je m’attendais. Le toucher, le footwork, la fluidité du jeu de jambes, la vision et la protection du cercle sont vraiment forts et je tombe amoureuse de ce profil. Je continue de regarder tout ce que je trouve sur Internet. Au fur et à mesure, je deviens de plus en plus fan.

A l’été 2024, j’apprends sur un média asiatique obscur que j’ai trouvé en creusant sur Internet, qu’il travaille avec des spécialistes du tir extérieur pour travailler sur son tir à 3-points. Le bonheur m’envahit d’imaginer un joueur technique et grand que lui shooter à 3-points.
Nouvelle saison en CBA, du côté des Qingdao Eagles, et Hansen Yang brille avec plusieurs énormes performances avec des gros double-doubles. D’ailleurs, on voit bien les progrès du tir et ça donne encore plus envie de croire en ce géant chinois. Aujourd’hui, je peux le dire en sourciller : Hansen Yang fait partie de mes 3 joueurs préférés avec LaMelo Ball et Amen Thompson.
Récemment, c’est Lucas Lonchampt du Roster qui en a parlé et ici, on va disséquer son jeu de la manière la plus complète possible.
Le joueur offensif moderne par excellence
La première force de Hansen Yang, c’est son jeu de jambes exceptionnel. Si on entend souvent un peu partout qu’il est lent, c’est plus compliqué que ça. Sa coordination main-pied, sa fluidité de rotation des jambes associées à un jeu technique de feinte et une gravité réelle par sa capacité à passer et à scorer le rendent très dangereux.
Cette arme lui donne une première utilité : être un excellent roller. De par son physique imposant (2m16 sans les chaussures et 114.55 kilos), il se montre naturellement comme un joueur efficace sur roll. Que ce soit après un handoff ou un P&R, il finit de manière fluide et assez rapide. Il navigue très bien entre les défenses avec une excellente coordination, un bon sens de l’anticipation et des pieds qui peuvent rotationner.
La finition est exceptionnelle. Hansen Yang a un toucher qui lui permet de très bien scorer. On peut citer plusieurs points positifs dans le scoring de Yang :
- On peut et on doit en parler : Hansen Yang manque de force physique. Cependant, les problématiques liées à ce manque (difficulté à enfoncer son adversaire au poste, notamment) sont partiellement inhibées. On le voit notamment sur des séquences au poste bas où, malgré ses lacunes de puissance, il trouve le bon spin, le bon axe d’attaque pour finir au cercle ou l’angle pour gratter la faute.
- Le deuxième point, c’est le shooting. Alors oui, Hansen Yang n’est pas encore catégorisable comme un tireur de loin MAIS on ne peut nier que la progression et les flashs sont prometteurs. Après une saison à 8/32 en 2023-2024, il met un tier de ses 48 shoots extérieurs cette année. Encore plus intéressant, il a passé la barre des 1 tentative par match cette saison. Enfin, on a une progression significative aux lancers francs, passant de 61.8% sur la ligne à 67.1% cette saison. Globalement, Hansen Yang doit trouver la confiance et ajuster quelques petits détails dans la mécanique pour avoir un tir solide mais les bases sont là, prometteuses et il s’en sort bien pour un outil qu’il a développé en quelques mois.
- Un autre point fort, c’est sa tendance à provoquer des lancers francs. En fait, on parle d’un joueur élite à ce jeu-là. Si on a pu parler de son manque de force et de puissance physique, ce n’est pas pour autant qu’il a peur du contact. Il a déjà les petits mouvements des bras pour gratter la faute auprès des arbitres, il n’a pas peur de jouer des bigs au poste bas ou de leur driver dessus. Hansen Yang a un FTr de 48.34 sur sa saison, ce qui est énorme. A titre de comparaison, en NBA, Shai Gilgeous-Alexander fait une saison à 43.6 de FTr.
- Sur pick-and-roll, c’est une arme plus que solide. S’il ne pose pas des écrans aussi énormes que son physique peut le faire penser, il roule de manière extrêmement fluide grâce à son footwork et la fluidité de ses déplacements. Une fois le roll enclenché et la passe reçue, la pluralité d’options que son skillset offre (passe au corner, passe au dunker spot, passe au cutter, spin, drive & dunk, etc) le rend dominant sur short roll.
D’ailleurs, parlons de son passing game. La première force du passing de Hansen Yang, c’est la vision qu’il possède et lui permet de comprendre les défenses et d’en identifier les failles. Il a une vraie palette de passes complète : poste haut comme poste bas, pour le corner comme pour le cutter, à 2 mains comme à 1 mains et peu l’importe si il est en position statique ou en mouvement. Hansen Yang est un passeur méthodique, précautionneux, créatif et talentueux.
Cependant, il est peut être trop précautionneux. En effet, son ratio ast/tov de 1.01, même si il n’est pas mauvais, peut sembler léger pour son niveau. Et ce n’est pas pour rien qu’il perd autant de ballons :
- Le premier souci, c’est cet excès de précaution dans un jeu de CBA qui va super vite. Ca mène à des décision qui prennent trop de temps à être prises et il semble refuser, parfois, d’oser des passes difficiles en profitant des qualités athlétiques de ses lignes arrières, ce que font des Sengun ou Jokic en NBA notamment.
- Le deuxième problème, c’est un souci de compréhension de l’espace par moment qui se voit. Plusieurs fois, on a vu des passes qui ne semblaient pas si compliquées mais trop hautes, notamment dans la course. Cependant, il semble progresser sur le point en adaptant de plus en plus la puissance de ses passes pour trouver ses coéquipiers dans le bon timing.
- Le dernier point, c’est le manque de force dont on a pu parler. Lié à un manque de compréhension de l’espace par moment font qu’il y a beaucoup de passes ratées dans ces situations. Mais il y a aussi une perte de contrôle du dribble car manque de contrôle du corps dans des situations de défense au corps.
En bref, on a un intérieur qui excelle sur pick-and-roll, qui maîtrise le tempo, est très bon pour créer la transition, possède un toucher exceptionnel, développe gentiment un tir extérieur et est une grosse menace en high post. Sans rentrer dans des jeux de comparaison pas très pertinents (car non, ce ne sera pas le Jokic chinois), on est sur le profil du pivot moderne : le hub offensif par qui tout passe, un profil de plus en plus prisé en NBA (cf. le contrat de Isaiah Hartenstein). Le pivot moderne en somme.
Trop lent pour un pilier qui défend ?
Hansen Yang fait 2m16 sans chaussures et possède une longueur de bras plus que décente. Naturellement, avec son jeu de jambes, Hansen Yang se montre comme un protecteur de cercle naturel. D’ailleurs, ça se vérifie dans les statistiques : il tourne à 2.6 contres par match pour « seulement » 3.1 fautes, ce qui est plutôt propre pour un joueur de son âge. Ca donne un ratio de 0.84. A titre de comparaison, on peut parler de différentes saisons pré-NBA de contreurs reconnus en NBA :

Vert = chiffre le plus haut, Rouge = chiffre le plus bas, Orange = médiane
Hansen Yang est évidemment loin de certains phénomènes de la protection de cercle comme Walker Kessler ou Anthony Davis qui font parti d’une certaine élite de la défense intérieure en NBA. On voit aussi qu’il fait aussi partie de certains mauvais élèves de la faute, comme Daniel Gafford. On voit en revanche que son partenaire le plus proche est Rudy Gobert, protecteur de cercle élite de la NBA depuis maintenant de nombreuses années.
Les qualités de vision se voient aussi en défense. Son footwork également. Le pivot de Qingdao montre qu’il a un vrai sens de l’anticipation des systèmes offensifs pour se placer au bon endroit pour gêner la finition. Il a également un sens du timing au contre qui est très bon.
Cependant, comme Rudy Gobert en NBA et plein d’autres intérieurs de grande taille (et qui vont donc naturellement manquer de mobilité latérale), la défense sur P&R va être une grande question. Dans les qualités, on peut noter qu’avec son sens du timing et sa coordination, on a un joueur qui va stopper aisément les joueurs qui décideront de finir au cercle. En revanche, dans les points négatifs, il semble très facile à cibler. Comme d’autres, Hansen Yang manque de mobilité et est forcé à drop pour ne pas se faire passer en vitesse. En terme de projections, difficile de l’imaginer défendre sur des P&R (ou des isolations par ailleurs) de chasseurs de missmatch comme Luka Doncic ou Shai Gilgeous-Alexander.
Hansen Yang est un producteur défensif au-delà du contre : 46 interceptions en 45 matchs cette saison. C’est un véritable producteur d’interceptions élite à ce niveau de taille. A titre de comparaison, on peut regarder les statistiques des joueurs à 2m16 et plus.

Ses volumes sont intrinsèquement liés à son temps qui est supérieur à plusieurs noms ici (même si la différence n’est pas énorme avec Zach Edey, Victor Wembanyama, Luke Kornet et Brook Lopez). Cependant, le niveau d’interception reste très élevé pour son poste.
Cette excellence s’explique notamment par la vitesse de compréhension des systèmes offensifs de Hansen Yang. Il réalise énormément d’interception off-ball en anticipant les passes adverses et en lisant les systèmes.
Hansen Yang est un joueur phénoménal qui a toutes ses chances de faire sa place dans une NBA qui est faite pour lui. Si on peut entendre le scepticisme de certains sur sa capacité à switcher ou autre en NBA, on ne peut pas nier qu’il a beaucoup de qualités et qu’il a une agence, Klutch Sports, où il peut se faire plein de contacts avec qui bosser (LeBron, Draymond, etc). Et moi, en tant que fan du joueurs, je vais suivre assidument la suite de sa carrière en souhaitant le mieux possible à ce prodige du basketball.