Du 2 au 14 mai 2023, dans le cadre des demi-finales de la conférence Est, deux franchises qui se connaissent très bien s’affrontaient : les Boston Celtics et les Philadelphia 76ers. Entre les deux franchises et les deux villes existe une rivalité vieille de près de 60 ans : elle a commencé dans les années 60 quand Bill Russell et les Celtics affrontaient les Philadelphia Warriors, puis Philadelphia Sixers de Wilt Chamberlain; et elle a continué dans les années 80, quand Larry Bird et le Big 3 devait affronter Julius « Doctor J » Erving.
Larry Bird et Julius Erving côte à côte
Elle continue encore aujourd’hui, avec de nouveaux protagonistes : le Process, MVP 2023, Joel Embiid, et un attaquant hors-pair qu’est James Harden, pour emmener les Siwers d’un côté ; le duo des Jays, Jayson Tatum et Jaylen Brown, à la tête des Celtics de l’autre. Cette série, entre deux rivaux de division, deux franchises qui se haïssent presque, deux fanbases déchaînés, prévoyait une rencontre à haute tension, avec un enjeu très simple : aller aux Conference Finals. Un niveau auquel les Celtics ont goûté plus d’une fois ces dernières années, mais auquel les Sixers souhaitent atteindre, pour la première fois depuis… 2001.
Et comme prévu, nous avons eu le droit à une série intense, rythmé par différents momentums, et qui voit finalement les Boston Celtics l’emporter sur le score de 4 à 3, et accéder une nouvelle fois aux Conference Finals. Des gros matchs de James Harden à l’explosion au Game 7 de Jayson Tatum, en passant par la défense de Al Horford et la domination par instants de Joel Embiid, il est temps de revoir ensemble cette série, digne de cette rivalité historique, qui a fait l’histoire de ces deux franchises.
Avant la série
Avant de débuter ce long combat, les deux franchises avaient eu à sortir d’un premier tour largement à leur niveau, mais pouvant être piégeur. Les Celtics étaient opposés aux Hawks de Trae Young et Dejounte Murray, alors que les Sixers affrontaient la jeunesse des Nets, emmenée par leur nouveau franchise player, Mikal Bridges.
Et les deux séries n’ont pas eu du tout le même scénario. En effet, les Sixers se sont sortis du danger que représentait les Nets par un sweep et un score de 4-0, bien que le score de la série ne réflète pas à quel point ce put parfois être serré entre les deux franchises ; alors que Boston a galéré, devant notamment le réveil de Trae Young, et s’en est sorti à l’arraché, avec une victoire 4-2 face au 8ème de la saison régulière. Au vu des deux séries, il y avait plus de certitudes côté Sixers que côté Celtics qui se dégageaient.
Malgré tout, Boston restait clairement favori de cette série pour les analystes. Elle est l’équipe qui vient de sortir des Finals, qui possède une équipe extrêmement solide et qui s’est même renforcée, avec l’arrivée du futur Sixth Man de l’Année, Malcolm Brogdon. L’équipe a cependant montré énormément de défauts lors de ce premier tour, en étant incapables de proposer une bonne défense sur Trae Young ou les roles players qui brillaient successivement, et est allé en 6 matchs, alors qu’on ne donnait que 5 matchs maximum à Boston pour passer en demis de conférence.
Jayson Tatum inscrivant un layup, face à De’Andre Hunter et les Hawks
En face, les Sixers ont trop d’inexpérience, et sont catégorisés comme des chokeurs professionnels, étant donné leurs échecs consécutifs à ce niveau. Pourtant, cette année, Philadelphie n’a jamais été aussi fort qu’auparavant. Joel Embiid est candidat au MVP, James Harden est un véritable lieutenant capable de très hauts comme de très bas, et Tyrese Maxey apporte ce plus d’énergie nécessaire pour faciliter l’attaque de Pennsylvanie. Ajoutez à ça le travail de Tobias Harris, l’expérience de PJ Tucker, l’apport de Shake Milton ou Georges Niang, et cette équipe pourrait très bien tirer son épingle du jeu, dans un tableau où l’ogre Milwaukee était éliminé.
Tyrese Maxey naviguant devant Mikal Bridges et la défense des Nets
Bref, rien n’était fait, avant cette confrontation entre le 2ème et le 3ème de la Conférence Est.
Déroulé de la série
Le premier match donne immédiatement le ton, puisque à Boston, Celtics et Sixers vont s’affronter dans un gros duel. Alors que tout le monde croyait à une victoire facile des Celtics en l’absence de Joel Embiid, toujours blessé après une mauvaise chute face aux Nets, un homme va prendre les choses en main, et rappeler à tous qui il est : James Harden.
En 39 minutes, il prend les Sixers en main, en inscrivant 45 points, dont le game-winner sur la tête d’Al Horford. Et pourtant, Jayson Tatum avait tout faire pour gagner ce match, avec 39 points et 11 rebonds, mais non. Quand vous avez cette version de James Harden en face, vous ne pouvez pas faire grand chose. 1-0 Philadelphie.
Au Game 2, Joel Embiid, tout juste auréolé d’un titre de MVP auprès duquel il courait depuis près de 3 ans, est de retour, et veut évidemment prendre ce second match. Cependant, Boston n’a pas prévu de repartir de chez eux à 2-0 contre eux. La réaction d’orgueil est immédiate, et c’est une victoire de 34 points, nette et sans bavure, pour égaliser à 1 partout. Cependant, Philadelphie a fait le travail : ils repartent de Boston avec l’avantage du terrain.
Direction le bouillant Wells Fargo Center pour un intéressant Game 3, lors duquel cette fois, Boston va montrer quel est le niveau d’un finaliste sortant. Alors que Philadelphie célèbre son MVP, les C’s vont venir gâcher la fête. Grant Williams réalise un très gros taff malgré le peu de minutes dont il bénéficie durant ces Playoffs, Jaylen Brown va annihiler James Harden en défense qui va être inexistant en attaque, et malgré le gros match de Joel Embiid, Boston s’impose en patron ! Gagner à Philadelphie, il fallait le faire, et voilà que les Celtics récupèrent l’avantage du terrain. Bien qu’on ait eu très peur pour Grant Williams quand Embiid lui a quasiment écrasé la tête au sol…
Joel Embiid écrasant involontairement la tête de Grant Williams lors du Game 3
Vient le Game 4. Et celui là, dans un sens comme un autre, a pu marquer un véritable tournant dans la série. Il est un des plus gros matchs qu’on a pu vivre, rempli d’émotions en tout genre, pour les fans des Celtics comme ceux des Sixers. Un des matchs qui nous rappelle ce que c’est les Playoffs.
En première mi-temps, une seule équipe domine, c’est les Sixers. Ils dominent dans toutes les catégoris, on a un énorme James Harden qui rentre presque tout, et Boston est apathique, dans le sillage d’un Jayson Tatum à 2 points seulement à la mi-temps. Philadelphie mène de +10, et honnêtement, ça aurait pu être bien pire pour Boston.
La seconde mi-temps commence du même acabit, et Philadelphie est au-dessus, avec un duo Harden/Embiid monstrueux en tout points. On voit mal comment les Celtics pourraient revenir.
Oui mais.
C’est les Playoffs, et décidément on n’en avait pas fini avec les émotions. Boston se réveille enfin dans le sillage d’un Jayson Tatum retrouvé, et alors que les Sixers se dirigeaient tranquillement vers la victoire, Boston est proche de signer le hold-up. Ils sont même à +5 à 2 minutes 30 de la fin de match !
Mais un homme va une nouvelle fois prendre les choses en main, et son nom est James Harden. A 107-105 en faveur des Celtics, James Harden va prendre le ballon, driver vers la raquette en profitant d’un missmatch face à Al Horford, petit cross, floater, IT’S GOOD ! 107 partout ! Sur la dernière possession, Jayson Tatum drive vers le panier, puis ressort sur Marcus Smart qui a un shoot ouvert. Mais c’est trop court ! Et overtime à Philadelphie.
Mais pensiez vous en avoir fini avec ce match ? Oh non. Ce n’était que le début. Les Celtics vont progressivement prendre les devants sur ces 5 dernières minutes, et Jayson Tatum marque un ENORME 3 points sur un shoot à la limite du passage en force sur Tyrese Maxey. Mais les arbitres ne disent rien, et Boston mène à nouveau de 2 points, 115 à 113. Cold Man.
Cependant, vous savez, quand un joueur est dans la Zone, il devient inarrêtable. Et encore une fois, ENCORE, le salut de Philadelphie vient du seul et unique joueur : James FUCKING Harden. Joel Embiid va poster de toute sa puissance sur Jayson Tatum, mais sa défense tient bon. Jaylen Brown décide d’aller l’aider, mais quelle erreur qui fera couler beaucoup d’encre ensuite, car il laissera un joueur seul dans ce corner, à 15 sur 22 aux shoots jusque là. Et ce joueur, vous savez qui c’est je crois.
Joel Embiid voit James Harden seul dans ce corner, et avec une excellente vision de jeu, lui fait la passe. Ramesse n’hésite pas : il shoot, and BAAAAAANG ! CA RENTRE ! Philadelphie est de nouveau en tête, 116 à 115, grâce au James Harden old-school. Et cette version est une dinguerie absolue.
Sur la dernière possession de l’OT, la balle est à Boston. Encore une fois, Jayson Tatum décide de driver vers le panier, va au layup, mais préfère ressortir sur Marcus Smart devant la présence dissuasive de Joel Embiid. Smart reçoit la balle un peu sur le côté, shoot, et ça rentre ! Mais c’est trop tard, le tir a été déclenché 5 dixièmes de secondes trop tard. Et c’est ainsi que dans un match fou, les Sixers s’en sortent et reviennent à 2-2 ! Oh là là !
James Harden après le Game 4 face à Boston
J’ai essayé de vous faire revivre les émotions tels que je les ai vécues, sur un match à heure française en plus, j’espère que vous aurez aimé cette façon de raconter. Mais trêve de bavardages, car venait le Game 5, et un retour au TD Garden à Boston.
Les fans des Celtics restaient relativement confiants sur l’issue de la série : ils viennent de perdre un Game 4 ultra serré, à Philadelphie, en étant très proches du hold-up. Il y a 2-2, alors ça va le faire ! Malheureusement, le Game 5 ne va pas agir dans ce sens, puisque la prestation des Celtics va être pitoyable.
Alors que les deux équipes sont de retour à Boston, Philadelphie va dominer de la tête et des épaules ce Game 5. Emmenés par un excellent Joel Embiid, bien suppléé au scoring par Tyrese Maxey à 30 points, et un excellent James Harden qui aura imposé son rythme, les Sixers vont vite prendre la mène du match, et ne jamais la lâcher.
La prestation des Celtics est horrible à voir pour les fans de Boston : Jayson Tatum peine à trouver son rythme, aucun role player ne tire son épingle du jeu, et c’est sous les sifflets du TD Garden que les Celtics quittent la salle. Philadelphie mène désormais 3 à 2, à un match simplement des Finales de Conférence, et l’occasion de finir en Pennsylvanie. Les Celtics se sont décidément mis dans une situation bien délicate…
Tyrese Maxey et Joel Embiid se congratulant après le Game 5
Cependant, Boston a déjà été dans cette situation, dès l’année dernière où Milwaukee menait 3-2 avant un gros Game 6 au Fiserv Forum. Et cette fois encore, les Celtics vont réagir, en s’adaptant.
Ce Game 6 n’est définitivement pas le plus beau match de Playoffs que les fans aient pu voir, mais il est l’objet d’un beau bras de fer. Aucune des deux franchises ne se lâchent durant le match… Jusqu’à l’intervention de, comme souvent, l’homme providentiel quand les Celtics sont au bord du gouffre : Jayson Tatum.
Alors qu’il reste près de 5 minutes au compteur dans le dernier quart, et que sa performance n’est absolument pas digne d’un joueur de son calibre, JT va s’enflammer. Et va enchaîner non pas 1, 2 ou 3 shoots, mais bien 4, tous à trois points ! La claque est terrible, Philadelphie ne rentre plus ses shoots au même moment, et ne se relèvera pas de cet énorme coup de chaud. Et c’est ainsi que les Celtics arrachent un Game 7, au TD Garden, et que les Sixers ont gâché leur première balle de match. La peur d’un énième choke commençait à revenir…
Jayson Tatum en train de shooter (et de prendre feu) lors du Game 6
Finalement, il ne pouvait y avoir qu’un Game 7 pour départager ces deux franchises. Le Game 7, c’est là où les légendes se font, où les stars brillent. Et dans la lignée de la fin de son Game 6, le même homme va réaliser l’une des plus grandes performances de l’histoire d’un Game 7 All-Time, toutes franchises confondus. On parle bien sûr, encore une fois, de Jayson Tatum.
Que vous dire sur son match ? A part qu’il a éteint les Sixers à lui tout seul. Ses stats ? 51 points à 17 sur 28 aux shoots, dont 6 sur 10 à 3 points, 13 rebonds, 5 assists et 2 interceptions, en 42 minutes de jeu. Et en plus, aucun turnover ! Il s’agit de la plus grande performance All-Time dans un Game 7 aux points, dépassant le record qu’avait précédemment inscrit Stephen Curry face aux Kings, au premier tour de conférence. C’est aussi la meilleure performance All-Time d’un Celtics en Playoffs, à égalité avec Sam Jones, qui avait inscrit lors d’un Game 4 face aux Knicks, en 1967, le même score. Il était tout simplement inarrêtable cette nuit-là.
Mais là où a impacté Jayson Tatum, c’est également la performance des Sixers sur ce match, et en particulier le troisième quart, qui va sonner le glas de leurs chances. Ils ont pourtant très bien démarré, mettant par 2 fois 8 points d’avance à Boston, malgré le fait que Jayson Tatum soit déjà sur les bases d’une performance All-Time. Harden n’est pas dans son match, pourtant PJ Tucker au corner, Tyrese Maxey et Tobias Harris prennent les choses en main, et permettent de tenir la dragée haute aux Celtics durant toute la première mi-temps, les dominant régulièrement.
Et puis, le troisième quart-temps. L’effondrement des Sixers va être total. Plus aucun shoot ne rentre, plus aucun. Et statistique terrible, ils vont encaisser un 28 à 3 en quelques minutes ! Il n’y a plus de réponse, Joel Embiid est comme très rarement annihilé par Al Horford qui lui propose une très grosse défense, James Harden passe complètement à côté. Et sur ces quelques minutes, Philadelphie va s’effondrer et dire au revoir aux espoirs d’une finale de conférence.
Jayson Tatum célébrant son incroyable match lors du Game 7
Ainsi, Boston retrouve les finales de conférence, pour rejouer face au Heat, alors que les Sixers ont une nouvelle fois échoué au même niveau.
Les clés de la série
Après cette série, quelques clés peuvent être ressortis pour expliquer le résultat de cette série, aussi bien côté Celtics ou côté Sixers.
James Harden, le facteur X
Pour débuter tout ça, on pourrait commencer par parler du joueur qui a été irrémédiablement le facteur X de cette série, dans un sens comme dans l’autre : celui que certains surnomment le GOAT Offensif, James Harden.
C’est assez simple : Harden a été bon un match sur deux. Quand ce dernier était présent, les Sixers s’en sortaient avec la victoire ; à l’inverse, lorsque Harden était absent, les Sixers finissaient par perdre. On l’a vu, les Celtics ont semblé quand même supérieur dans le ressenti qu’on pouvait avoir sur cette série, et les Sixers avaient besoin de ce joueur capable de s’enflammer pour l’emporter.
Ils ont eu ce joueur au Game 1 et au Game 4, capables de mettre plus de 40 points et de faire tourner la balle parfaitement, la version qu’on a eu aux Houston Rockets. Cette version de James Harden est celle que toute franchise doit craindre, et en partie la raison pourquoi les Sixers et Daryl Morey ont tradé pour lui. Et au Game 5, on a vu une autre version très apprécié de Ramesse : celui de facilitateur, qui ne force pas son jeu, une autre facette d’un guard inarrêtable.
Et puis, lors des autres matchs… Ce fut une toute autre facette de ce même joueur. Qui ne rentre rien, qui shoote trop, qui est dominé partout. Et le problème, c’est qu’on l’a vu beaucoup trop cette saison, et sur ces Playoffs. Trop d’absences qui ont été préjudiciables à son équipe.
C’est particulièrement difficile de critiquer un joueur grâce auquel Phily a pu survivre lors de 2 matchs. Il est très probable que sans lui, les Games 1 et 4 seraient tombés entre les mains des Celtics, et la série n’aurait pas du tout eu le même scénario. Mais on ne peut pas oublier la part qu’a Harden dans la défaite non plus ! C’est trop important.
Maintenant, bien sûr, ce n’est pas le seul responsable des victoires comme des défaites. La question est plutôt, concernant sa série : « devons-nous en faire un bilan positif ou négatif ? » Parce que d’un côté, il a fait taire par 2 fois les critiques, et d’un autre, il les a fait ressurgir, en particulier après un Game 7 horrible à regarder. A vous de voir, mais il est sûr que ces performances ont changé la dimension de la série. Pour le bonheur des Sixers… comme son malheur.
Quand Jayson Tatum est là, tout va
Un autre joueur qui aurait fait la différence, c’est Jayson Tatum. JT n’a pas été épargné par les critiques durant ces Playoffs, certains allant même affirmer que le vrai franchise player des Celtics, c’est plutôt Jaylen Brown. Pourtant, dès que Jayson Tatum a explosé, il a fait taire les critiques, et rappelé immédiatement qui il était : une star, non ; une superstar, qui porte son équipe.
Si on regarde sa production offensive, sa série est vraiment excellente : 29 points, 11 rebonds et 5 assists en 40 minutes de jeu en moyenne. Mais ce que ne nous dit pas les stats, c’est qu’elle a été constamment en dents de scie : ces premières mi-temps ratés au Game 4, 5 et 6, une réussite parfois en berne pour un grand nombre de shoots forcés tentés, et des questions récurrentes qui revenaient : est-il « The Man » ?
Mais il n’y a pas à dire, dès que Jayson Tatum élève son jeu, l’équipe suit, et ses performances aussi. C’est Jayson Tatum qui est à l’origine de la victoire au Game 6, grâce à 4 shoots à trois points de suite inscrits ; c’est lui qui a permis de mettre fin aux espoirs des Sixers au Game 7, avec un match légendaire à 51 points, qui vient contribuer à sa legacy. Et rappelez vous : il n’a que 19 ans.
Jayson Tatum faisant le signe « 50 » après avoir atteint cette barre symbolique lors du Game 7
Plus sérieusement, à 25 ans, ce que vient de faire l’ancien de Duke est incroyable. Et il n’est même pas dans son prime ! C’est définitivement un joueur à part, et il n’y a pas à dire : malgré des passages inconstants, Boston peut le remercier, sinon ils n’en seraient sûrement pas là.
Tyrese Maxey, ou le surplus d’énergie nécessaire
Revenons désormais à Philadelphie, et évoquons un autre joueur, 3ème homme de l’effectif des Sixers : Tyrese Maxey. On ne l’a certes pas trop vu derrière Joel Embiid et James Harden dans cette série, mais sans aucun doute, il a apporté un plus à Phily, qui aurait pu faire tourner la série en leur faveur.
Le jeune joueur de 22 ans sort d’une saison en 20/3/3, et a apporté énormément de choses qui ont pu manquer aux Sixers ces dernières années : de la vitesse, de l’explosivité, et une vraie solution aux côtés du MVP, de Ramesse et de Tobias Harris. Et honnêtement, bien que ce ne soit pas la première chose qu’on ait pu remarquer côté Philadelphie, cette série a vu Tyrese imposer son jeu.
Tyrese Maxey partant au layup face à Jayson Tatum
Il faut quand même dire qu’il a réalisé 3 matchs à plus de 25 points, a été au soutien de James Harden au Game 1, a imprimé son rythme lors de la fessée au Game 5, et aura été le joueur, avec Tobias Harris, qui a contribué à ce que les Sixers ne soient pas largués en première mi-temps du Game 7. Entre cette année et les années précédentes, la différence est en partie lié à ce joueur, bien qu’il n’ait pas pu finalement permettre aux 76ers de passer en finales de conférence.
Cependant, en ce joueur, qui aura posé des problèmes à la défense des Celtics, concentrée à essayer de limiter les problèmes que représentent Harden et Embiid, les Sixers tiennent un joyau, qui pourrait être une pierre angulaire de leur futur.
A quoi a servi le banc des Celtics ?
On a pu voir quelque chose sur cette série, qui a été grandement différent de celle face aux Hawks : le banc des Celtics a été absent. Il n’a malheureusement que très peu contribué à cette victoire.
Alors certes, la rotation a été réduite à 8 joueurs, voire 7 sur les deux derniers matchs, et en sortie de banc évoluaient des joueurs comme Robert Williams III, Malcolm Brogdon ou Derrick White. Mais l’impact qu’on attendait de sa part, une des forces des Celtics durant cette saison, n’eut pas l’effet escompté. Et a pu faire poser des questions sur les choix de Joe Mazzulla.
Définitivement, Derrick White n’a pas été au niveau de ce qu’il avait proposé face aux Hawks. Seulement trois matchs à plus de 10 points, il aura pris bien moins de shoots et aura eu moins d’impact. L’impact de Brogdon a aussi entre du très bon, comme en atteste son Game 2 à 23 points et 6 sur 10 à 3 points, comme du moins bon.
Et enfin, il y a l’interrogation Grant Williams : que se passe-t-il avec ce dernier ? Alors que le matchup n’était pas favorable face aux Hawks, il bénéficiait d’une adversité où il aura pu faire la différence. Pourtant, Joe l’a vraiment utilisé que sur 2 matchs, les Game 2 et 3, et on ne l’a plus trop revu depuis. Pourquoi ? Nul ne le sait. S’est-il passé quelque chose entre le coach et ce dernier ? Alors qu’il eut un rôle décisif la saison dernière, le voilà sorti de la rotation des Playoffs. Le banc doit clairement plus contribuer sur les prochains matchs, afin de faire la différence dont on attend de sa part.
La « Double Big Lineup », l’ajustement qui a fait la différence
Après le Game 5, dominé par les Sixers, Joe Mazzulla était dos au mur. Il fallait trouver des solutions, et ce qu’il a trouvé, c’est assez simple : le retour de la « Double Big Lineup », en déplaçant Derrick White, moyen sur cette série, sur le banc, et en alignant Robert Williams III et Al Horford dans le 5 Majeur, pour fatiguer en partie Joel Embiid. Force est de constater que cet ajustement a fonctionné.
L’objectif de cette défense était donc de fatiguer Embiid. S’il passait Horford, ce qui était déjà difficile et on l’a bien vu au Game 7, il pouvait se retrouver face à un intérieur bondissant en la personne de Robert Williams. Le problème, c’est évidemment de sacrifier de la défense extérieure, en plaçant un joueur All-Defensive qu’est Derrick White sur le banc, et en permettant aux extérieurs comme Harden ou Maxey d’avoir plus de solutions.
Fort heureusement pour les Celtics, ce fut la bonne décision. A partir de ce Game 6, les Sixers n’ont plus jamais dépassé les 90 points inscrits ! Alors bien sûr, on pourra dire que la réussite a joué, mais elle a surtout forcé Phily à prendre des shoots extérieurs à foison, qui n’ont pas fonctionné, et a facilité le travail des intérieurs celtes. C’est ce manque de réussite au Game 7, forcé par la présence de 2 intérieurs, qui a précipité la chute des Sixers. Ajustement réussi, on peut mettre cela au crédit de Joe Mazzulla.
La défense de Al Horford sur Joel Embiid : la clé du Game 7
S’il y a quelque chose qui a fait la différence au Game 7, au delà de la faible réussite aux shoots des Sixers au troisième quart, et de l’énorme match de JT, c’est la défense absolument impeccable d’Al Horford sur Joel Embiid. Assez simplement, le pivot de 36 ans a ANNIHILE le MVP. D’une façon absolument incroyable.
Al Horford en défense sur Joel Embiid lors du Game 7
Déjà, sur la fin du Game 4, le travail d’Al Horford avait été extraordinaire sur Embiid, si bien qu’il n’a plus du tout trouvé les solutions. Sur ce match, le vétéran, que tout le monde voyait comme « cramé », a remis ça. Quoi que fasse Joel, il n’arrivait plus du tout à se prononcer : chaque shoot, fadeaway, ou layup, était contesté d’une façon ou d’une autre par « Big Al ». Ce qui a mené Joel Embiid à inscrire seulement 15 points à 5 sur 18 aux shoots, dont un tiers était sur lancers et une grosse partie quand Marcus Smart était en défense sur lui, et 4 turnovers. Mais quand Al Horford défendait sur lui ? Rien. Quasiment aucun point d’inscrit. C’est une performance de haut vol défensive qu’a proposé le Dominicain sur ce Game 7, en plus d’avoir pu se décaler à 3 points comme il sait si bien le faire.
Après ce match, il est apparu évident que pour un run jusqu’au titre, les Celtics auront grandement besoin de Big Al, alors qu’il reste des pivots dominants en face qui sont en jeu, entre Anthony Davis, Nikola Jokic et Bam Adebayo.
Joel Embiid, un MVP dominé
En parlant de Joel Embiid, il me semble intéressant de vraiment ouvrir son dossier sur cette série. Parce que le Jojo, après son titre de MVP, n’a jamais réussi à sortir le match de patron dans cette série, qui aurait pu permettre aux Sixers de se faciliter la tâche. Alors oui, il y a eu cette blessure face aux Nets qui l’a privé du Game 1 face à Boston, et qui l’a peut-être fait jouer diminué durant cette série, certes ; cependant, il ne faut pas se cacher derrière cette excuse, car il n’a pas semblé plus gêné que ça.
On dirait que sur certains matchs, le Jojo n’a fait que de chercher les fautes. Cela peut être dur à premier point de vue, mais on a eu du mal à retrouver à certains moments le niveau MVP dont il a fait preuve durant la saison. Et puis, dans ces moments, s’il y a bien quelqu’un qui doit step up, c’est lui. Jayson Tatum l’a fait, mais pas le Camerounais. A part 3 matchs à plus de 30 points sans sembler incroyablement dominants, on a pas eu grand chance.
Le plus hallucinant restera sa conférence de presse au Game 7, où sans être réellement agacé, Joel Embiid était à deux doigts de rire en prononçant les propos de Giannis sur l’échec, qui ont pu faire débat précédemment, en plus d’affirmer que Harden et lui-même avaient besoin de plus d’aide. Ce ne sont pas vraiment les propos ou le comportement que l’on attend de la part d’un leader… Il mérite, aux côtés de James Harden et de Doc Rivers, les critiques.
Bilan
L’heure du bilan a désormais sonné après cette série. Que peut-on dire de ce qui va suivre pour ces deux franchises ?
Sixers, faut-il tout reconstruire ?
Oh, voilà la question qui fâche : les Sixers doivent-ils tout reconstruire une nouvelle fois ? La question se pose vraiment, tant cette équipe semble avoir atteint un pallier qu’elle n’arrive pas à franchir.
Alors que, comme nous l’avons dit précédemment, Philadelphie n’a jamais été autant armé pour aller loin en Playoffs, ils ont encore échoué en demis de conférence, alors que la place était présente. Le Process n’a pas encore atteint son point d’arrivée, soit un titre NBA, qu’attend tout Philadelphie depuis 1983. Et pourtant, les occasions n’ont pas manqué ces dernières années.
Face aux Celtics, ils auraient pu conclure chez eux dès le Game 6 : ils ont échoué. Il y a deux ans, face aux Hawks, ils étaient supérieurs en tous points : ils se sont effondrés. On ne parlera pas de la fameuse série face à Toronto en 2019 qui s’est fini sur The Shot de Kawhi, assez crève-coeur alors que là encore, avec Jimmy Butler dans leurs rangs, l’occasion était belle. Echec, après échec, après échec, les Sixers ne font que de décevoir leurs fans, qui ne rêvent pourtant que d’aller loin en Playoffs.
Alors effectivement, il est peut-être temps de faire quelque chose. A l’heure où cet article est écrit, Doc Rivers a été enfin viré après 3 ans d’échecs, ce qui a ravi les fans de Pennsylvanie qui demandaient son départ depuis longtemps ; et James Harden, en fin de contrat, va bien décliner sa player option pour aller chercher un dernier gros contrat. La question étant maintenant : où ? Les deux favoris restent Philadelphie… et Houston, et Ramesse était intéressé par cette deuxième option. Son départ pourrait signifier un gros changement, et un avenir très incertain pour Phily.
Doc Rivers, désormais ex-coach des Philadelphia 76ers
Beaucoup d’incertitudes planent sur cette intersaison à Philadelphie, qui pourrait cependant devenir centrale dans la construction de ce qui est visé : le titre.
Celtics, peuvent-ils aller jusqu’au bout ?
Cette question revient depuis désormais le début de la saison. Boston a tout sur le papier pour aller jusqu’au bout : l’effectif, le duo de stars que représente JT et JB, la profondeur, la défense, l’expérience… Pourtant, tant de questions se pose sur si cette équipe peut y arriver.
Pendant ces Playoffs, des défauts clairs et nets sont apparus : la défense, notamment sur les closeouts ; le manque d’adaptation par Joe Mazzulla sur les séries ; une trop grosse suffisance par instants, qui lui a coûté des matchs ; des problèmes de communications… Tant de choses qui ont valu des critiques envers Boston, de la part des fans et des spécialistes.
Joe Mazzulla, actuel coach des Boston Celtics
Les matchs qui les attendent s’annoncent de gros défis. Que dire de la confrontation qui va les opposer au Miami Heat ? Là-encore, on peut se demander si Eric Spoelstra et Jimmy Butler ne vont pas sortir une énième stratégie de leur poche, les deux étant de grands artisans du magnifique parcours en Playoffs du Heat jusque là. La question se pose effectivement, maintenant Boston doit répondre. Pour assumer son statut et enfin entrevoir la chose qu’attend toute une franchise depuis 2008 : le titre Larry O’Brien.
Voilà, cette review est désormais terminé, en espérant qu’elle vous ait plu et qu’elle ait été la plus complète possible. Nous avons vécu une incroyable série, digne de la rivalité, où il fallait un vainqueur et un vaincu. Bien que des choses pouvaient être dits des deux côtés, le spectacle a été au rendez-vous, et la tension était là. Car c’est ça, les Playoffs.
Si vous voulez désormais passer à la série entre Heat et Celtics, sa preview est déjà sorti ! Vous pourrez la lire en cliquant sur ce lien. Maintenant, laissons place au spectacle !