En fin de contrat cet été, Nic Claxton pourrait bien être l’un des joueurs majeurs de la free agency à venir. Son profil et son potentiel font de lui un talent qui intrigue énormément malgré quelques limites apparentes. Est-ce que Brooklyn va tout faire pour le conserver, ou bien le pivot va-t-il préférer rejoindre une nouvelle équipe ?
Un (très) bon protecteur de cercle
Depuis sa draft en 2019, Nicolas Claxton est présenté comme un excellent protecteur de cercle. Il a en effet un profil physique optimal pour cela, lui qui mesure 2,11 m et affiche une envergure de 220 cm. Mais cela va bien au-delà de cela, car il est un joueur intelligent dans ses aides. Le pivot des Nets est bon pour venir contester les tirs dans le timing idéal. Ces grâces à ses longues enjambées qu’il arrive à parcourir très vite son demi-terrain pour venir contester.
Celui que l’on surnomme « The Alchemist » possède surtout un jump très rapide qui lui permet d’être efficace sur les tirs près du cercle, mais aussi de gêner les drive-and-kick. Ce n’est donc pas étonnant s’il était la saison dernière le 2e meilleur contreur de la ligue avec 2,5 blocks, et 8e cette saison avec 2,1. Il est tout simplement élite sur cet aspect puisqu’il était dans le 98e centile à son poste en 2023 et 92e en 2024 en termes de block percentage. Et il a progressé cette année pour être un peu plus discipliné, ce qui lui permet d’être dans le 75e centile concernant le foul percentage.
Plus globalement, Nic Claxton inflige une perte d’efficacité de -7,5% sur les shoots près du cercle. Cela le classe 14e sur 32 parmi les pivots contestants au moins 5 tirs à moins de 2 mètres, soit au même niveau que Jarrett Allen et Anthony Davis. Il expliquait d’ailleurs en novembre dernier que « Je trouve juste le moyen de protéger le panier. C’est une chose pour laquelle j’ai un don depuis que je joue au basket-ball ».
Un défenseur dynamique
Ce qui fait la particularité de Claxton est sa capacité à pouvoir switcher aisément. Il est en effet un intérieur qui possède une très bonne mobilité latérale pour sa taille, ce qui lui permet de rester face à des extérieurs plus petits. Le fait qu’il ne soit pas lourd (il a été pesé à 97 kilos en début de saison) lui facilite également ses déplacements dans le périmètre. On se retrouve dès lors avec un joueur qui a le physique idéal en switch puisqu’il utilise à merveille son envergure pour gêner ses opposants.
Jacques Vaughn en a fait l’un des systèmes majeurs de son système défensif grâce à cela. Nic Claxton est le 7e pivot à contester le plus de tir au-delà de 4,5 mètres, et même s’il la réussite n’est pas là (ses adversaires ont une hausse de 2,9% face à lui sur ses tirs), il n’en reste pas moins intéressant pour proposer des systèmes dynamiques. On peut voir que lorsqu’il est sur le parquet, les opposants des Nets shootent à 39,1% à trois points, contre 35,1% en son absence. Or c’est une variable sur laquelle il a une influence assez réduite, et qui relève davantage de l’échantillon. D’ailleurs, pour remettre dans le contexte, il infligeait la saison passée une baisse d’efficacité de -1,2% sur ces tirs (ce qui le classait 18e sur 55 à son poste).
Ses qualités défensives dans le périmètre se traduisent surtout sur la défense en isolation. Les guards adverses ne cherchent pas à l’attaquer directement dès qu’ils sont défendus par lui. Erik Spoelstra expliquait l’année dernière que cette qualité lui rappelait d’une certaine manière Bam Adebayo. Mais si Nic Claxton est aussi à l’aise pour s’occuper des extérieurs, c’est parce qu’il l’a toujours fait depuis qu’il a commencé à jouer. Comme il le dit, « j’étais un guard quand j’étais jeune (donc) je pense que c’est ce qui rend les choses si faciles pour moi ».
« Claxton a la capacité de faire beaucoup de choses similaires à Bam, qu’il s’agisse de pousser en transition ou d’avoir un impact près du cercle. Il y a clairement un penchant pour Bam, son jeu et ce qu’il fait pour cette équipe chaque soir”
Jacques Vaughn via New York Post
Claxton est-il un bon rebondeur ?
Si la comparaison avec Adebayo a du sens, il ne faut pas oublier que le pivot floridien est un très bon rebondeur défensif. Et là encore Claxton imite très bien son compère américain. Il est cette saison le 13e meilleur rebondeur de la ligue avec 9,9 prises chaque soir. Cela s’explique principalement par son bon sens du timing qui fait encore une fois la différence. Car même s’il n’est pas l’intérieur le plus physique, il se place bien pour récupérer les ballons.
Si on se concentre sur l’aspect défensif, on remarque que Nic Claxton capte 23,1% des tirs manqués adverses. Ce qui le classe dans le 90e centile à son poste, soit au même niveau que des rebondeurs reconnus tels que Joël Embiid ou Bam Adebayo. Sa team est pourtant meilleure dans cet aspect quand il n’est pas sur le terrain, ce qui s’explique avant tout par le fait que Brooklyn est une équipe qui est collectivement mauvaise dans le boxout. Vu qu’il est souvent associé avec des joueurs pas vraiment qualifiés dans ce secteur comme Cameron Johnson ou Dorian Finney-Smith ne l’aide pas du tout. Étant donné que ses coachs lui demandent de switcher, il ne peut être présent à la bataille aux rebonds.
L’un des problèmes principaux de Claxton concerne son irrégularité dans les efforts qu’il fait. Il peut au cours d’une même rencontre être dominant sur quelques séquences avant de disparaître complètement, et de réapparaitre sur une ou deux actions spectaculaires. Le pivot est en quelque sorte à l’image de son équipe, incapable d’être constante sur la durée. C’est d’ailleurs un phénomène sur lequel appuyait Kevin Ollie quelques semaines après son arrivée en expliquant que « Nous devons avoir l’esprit de compétition […] Il faut qu’il soit toujours là pour que nous puissions gagner ».
Il paraît aujourd’hui très compliqué d’imaginer construire un système défensif autour de Claxton compte tenu de cela. Il n’a pas vraiment — pour le moment — cette capacité à transcender ces coéquipiers et à instaurer la peur dans les yeux de ses adversaires. Le pivot originaire de Caroline du Sud semble être davantage un joueur de complément parfait au sein d’une structure déjà établie.
Un finisseur efficace
On ne va pas le cacher, mais Claxton n’est pas un joueur giftés offensivement. Et il ne le sera sûrement jamais. Pour autant, il a réussi à trouver sa place en étant efficace dans le peu de choses qui lui ai demandé, comme sur du cercle à cercle.
Le pivot se montre de plus en plus patient en attaque et se situe surtout très bien dans l’espace, comme le prouve son dunk signature derrière la tête. Il est surtout très intéressant sur pick-and-roll, où son physique est un réel avantage pour conclure. Il tournait l’année dernière à 1,36 point par possession sur ces actions, soit une performance qui le classait dans le 90e centile. Il est descendu cette saison à 1,17 (57e centile), car il s’est mis à développer une petite finition sur le short mi-distance. Si la réussite n’est pas encore là, elle permet néanmoins de créer un tout petit peu de spacing et surtout de forcer la défense à le respecter davantage.
Ce n’est une surprise pour personne, mais Claxton n’est pas un shooteur. Il est un joueur qui a toujours eu du mal à être efficace sur la ligne des lancers francs, que ce soit à l’université (61,1% en deux années à Georgia) ou bien en NBA (54,4% en carrière). On se souvient par exemple de son 18,2% de réussite contre Boston en 2022, avec un terrible 1 sur 11 au Game 4. Le pivot n’a jamais caché le fait que cela lui pesait mentalement, à tel point qu’il changeait souvent de routine pour conjurer le mauvais sort. Même s’il a fait un travail sur lui-même, il semble être intrinsèquement limité dans sa qualité au tir (55,1% aux lancers cette saison).
NIC CLAXTON DOES IT ALL 😤 pic.twitter.com/yEc3yC0vwh
— Brooklyn Nets (@BrooklynNets) December 27, 2023
Le pivot est de plus en plus confiant balle en main, comme le prouve les quelques séquences en coast-to-coast. On le voit également être un peu plus impliqué dans des situations de handoffs depuis deux ans. C’est d’ailleurs un point qui a été accentué par Jordi Fernandez lors de sa première conférence de presse en tant que nouveau coach des Nets. Il expliquait ainsi que Claxton est « excellent sur pick-and-roll et rapide pour mettre la pression sur le cercle […] mais il a aussi la capacité de jouer des dribble handoffs qui sont très efficaces et qui nous aide dans le mouvement de balle ».
À quel salaire peut-il prétendre ?
Nic Claxton, qui se retrouve unrestricted free-agent, touchait 9,6 millions de dollars cette année. Âgé de seulement 25 ans, son potentiel ainsi que son profil pourraient intéresser de nombreuses équipes, ce qui pourrait faire monter sa côte. Bobby Marks — ancien assistant General Manager à Brooklyn entre 2010 et 2015 — explique que l’intérieur pourrait obtenir le double de ce qu’il percevait cette saison, soit un contrat autour des 20 millions par an. Cela représenterait alors environ 14% du salary cap à venir.
Mais il est important de comparer sa production aux autres pivots qui ont été signés il y a peu pour déterminer sa valeur. On sait par exemple que Jusuf Nurkic et Mitchell Robinson avaient été respectivement prolongés par leur franchise de 70 et 60 millions sur 4 ans à l’été 2022, tandis que Jakob Pöltl avait été resigné par Toronto pour 80 millions sur quatre ans il y a un an. Dans un profil un peu plus proche, Jarrett Allen avait également prolongé pour le même montant que le pivot autrichien en 2021. En prenant en compte la hausse du salary cap, il ne serait donc pas surprenant de voir Claxton obtenir un contrat autour des 20-25 millions la saison sur du long-terme. C’est-à-dire un contrat compris entre 80 et 100 millions sur 4 ans.
Une équipe qui pourrait se positionner sur le l’intérieur est Oklahoma City. Le Thunder a en effet souffert au poste 5 cette année, en étant par exemple avant-dernier au pourcentage de rebonds offensifs concédé à l’adversaire. L’arrivée de Claxton pourrait permettre à la franchise d’améliorer cela en soulageant Chet Holmgren de cela tout en continuant à pratiquer des schémas défensifs agressifs. D’autant plus que OKC devrait avoir environ 33 millions de cap space libre pour cet été.
Une équipe à surveiller serait aussi Memphis qui, avec le départ de Steven Adams durant la saison, a poussé Jaren Jackson Jr a évolué davantage en pivot. Le problème est que la franchise du Tennessee est déjà au-dessus de la luxury tax, et ne peut donc obtenir Claxton qu’en faisant un sign-and-trade avec les Nets.
Est-ce que Brooklyn doit tout faire pour le retenir ?
Une autre possibilité serait que Brooklyn prolonge son jeune joueur qu’ils avaient draftés au second tour il y a cinq ans. Étant donné qu’ils possèdent ces Bird Right, ils peuvent resigner le pivot même s’ils n’ont pas le cap suffisant. Il semble également être un élément important sur lequel compte Jordi Fernandez puisque ce dernier déclarait en conférence de presse qu’il « était une priorité cet été (de le prolonger) ». Le General Manager Sean Marks expliquait quant à lui que « Nous espérons qu’il sera un joueur des Nets pendant très longtemps. Nous souhaitons pouvoir continuer à construire autour de lui et avec lui ».
Il faut rappeler que Brooklyn sort d’une saison décevante conclue à la 11e place de l’Est avec seulement 32 victoires. Jamais cette équipe n’a semblé trouver une quelconque alchimie, et même le renvoi de Jacque Vaughn en cours d’année n’a pas eu l’effet escompté. De nombreuses interrogations entourent cet effectif, qui paraît bien trop limité pour espérer être compétitif.
Sauf que la franchise ne possède pas les droits sur ses trois prochains premiers tours de draft. Heureusement qu’ils ont pu récupérer quelques first pick de Phoenix (2025 ; 27 et 29), Dallas (2029) et Philadelphie (2027). Mais tous ces choix risquent d’être au mieux des pick hors-loterie étant donné que ce sont toutes des équipes qui visent le titre.
Nic Claxton ne cachait d’ailleurs pas sa déception en fin de saison, précisant que « Je vais devoir peser mes options. Je suis libre alors ce sera ma décision ». L’instabilité récente et les doutes liés au futur pourraient influer sur son choix, lui qui expliquait durant cette même conférence de presse que son passage à Brooklyn « a été fou, chaotique, je ne vais pas vous mentir que c’était comme un tourbillon ».
Toujours est-il que le pivot possède son avenir entre ses mains. Acceptera-t-il de repartir avec les nouveaux Nets de Jordi Fernandez, qui semble apprécier particulièrement son profil, ou bien choisira-t-il de rejoindre une équipe plus compétitive ?