L’équipe de France féminine a chuté de haut dans cet EuroBasket 2025 ce 27 juin dernier. Battues sur le fil par l’Espagne en demi-finale (64-65) avant de sombrer face à l’Italie pour la 3ème place (69-54), les Bleues rentrent bredouille de Grèce. Elles cassent une série de 9 podiums consécutifs ; révélant au passage une préparation perturbée et des choix tactiques contestés. 
L'équipe de France dans cet EuroBasket 2025
L’Équipe de France féminine dans cet EuroBasket 2025. Crédits : Icon Sport

Depuis 2007, la France n’avait jamais quitté le podium européen. Cet Euro 2025 marquait une continuité espérée et pourtant, la génération Toupane a trébuché au Pirée. La demi-finale perdue d’1 point dans une fin de match haletante a donné le ton d’une fin d’Euro frustrante, ponctuée par un dernier match face à l’Italie largement perdu. De nombreuses absences, une tactique parfois figée mais aussi une mauvaise gestion des moments clés ont scellé le destin d’une équipe pourtant attendue au sommet.

Jean-Aimé Toupane, entraîneur des Bleues en charge depuis 2023, l’admet sans détour après la défaite face à l’Italie au micro de l’Equipe « C’est une grosse déception. On est venu avec de grandes ambitions. On n’a pas su les atteindre. Nous sommes passés à coté de ce rendez-vous« . Cette défaite met en lumière des carences à plusieurs niveaux dans un groupe pourtant talentueux et expérimenté.

Une tactique peu convaincante

L’Euro 2025 a révélé une France tactiquement souvent enfermée dans des schémas peu adaptés. L’équipe de France a longtemps reposé sur un équilibre entre jeu intérieur et un tir à 3 points censé déstabiliser les défenses adverses. Ce dernier a bien fonctionné en quart de finale face à la Lituanie où les Bleues ont réussi à scorer avec efficacité derrière l’arc (44% de réussite à 3 points), donnant une dynamique précieuse pour atteindre les demi-finales. Mais face aux Espagnoles, cette arme s’est révélée inefficace avec seulement 5 tirs à 3 points rentrés sur 30, soit seulement 17%, bien en dessous des standards attendus au plus haut niveau. Le manque de fluidité offensive a plombé le collectif. L’entraineur de l’équipe de France a reconnu dans sa conférence d’après-match que « le ballon n’a pas voyagé, on s’est entêtés à faire certaines choses » au micro de l’Equipe.

Jean-Aimé Toupane, entraineur de l'équipe de France, donnant des conseils à son équipe contre la Turquie en match amical
Jean-Aimé Toupane, entraineur des Bleues, donnant des conseils contre la Turquie en match amical. Crédit : Gettyimages

Le pressing constant des Espagnoles a mis les Françaises en grande difficulté. Avec 13 ballons perdus, elles ont manqué de fluidité dans le jeu et ont payé cher leurs erreurs dans les moments clés de la demi-finale. Ce même problème s’est amplifié lors du dernier quart-temps de la petite finale contre l’Italie où la France n’a inscrit que 9 petits points, laissant les Italiennes creuser l’écart et conclure le match sur un score lourd de 54-69.

Cette accumulation de difficultés a mis en lumière la fragilité tactique et collective d’une équipe pourtant riche en talents.

L’équipe de France face à de nombreuses absences 

L’Euro s’est joué sans Marine Johannès, Dominique Malonga et Gabby Williams, retenues par leurs équipes en WNBA. Ces absences ont limité les options offensives et réduit la diversité tactique, ce sont aussi des joueuses qui apportent de la créativité et de l’expérience, des atouts qui ont manqué pour s’adapter à la pression de la compétition. Marine johannès, notamment, aurait pu changer la dynamique avec son jeu fluide et sa capacité à prendre des tirs quasi impossibles.

Marine Johannès en train de tirer en finale des JO 2024 à Paris
Marine Johannès en plein tir en finale des JO 2024 à Paris. Crédit : Gettyimages

Marine Fauthoux, elle, s’est blessé durant les matchs de préparation, une entorse au genou qui l’a contrainte à renoncer à cet EuroBasket. Précieuse en meneuse et leader sur le terrain, son absence a privé les Bleues d’une gestion efficace du tempo et d’une coordination précieuse en défense, fragilisant l’équilibre collectif.

Jean-Aimé Toupane a tenu à ne pas mettre ces absences en avant comme excuse aux colonnes de l’Equipe. « J’ai beaucoup de respect pour celles qui ne sont pas là, mais aussi beaucoup de respect pour celles qui sont là. Celles qui sont là ont travaillé dur. On finit au pied du podium. Ce n’est pas le résultat qu’on voulait mais je les félicite. Je ne veux pas parler des absentes. Sinon c’est chercher des excuses. Ce n’est pas mon truc.« 

Ce contexte traduit une réalité difficile pour le basket féminin français. Céline Dumerc, manager générale de l’équipe de France avait pointé cette problématique dès février 2025 dans des propos receuillis l’Equipe, affirmant qu’on ne peut plus obliger les joueuses à choisir entre leur club et l’équipe de France. « On ne peut plus forcer les joueuses à choisir entre leur club et l’équipe de France. Le choix revient aux sélectionnables désormais. Ce sont des projets de carrière et il y a toujours ce risque qu’à enchaîner tout le temps, le corps dit stop. »

Alain Contensoux, directeur technique national, a exprimé sa déception tout en appelant à l’analyse et à l’adaptation au micro de l’Equipe  » C’est un échec. On va devoir analyser sans concession notre préparation et la manière dont on est arrivés ici. On doit aussi s’adapter à de nouvelles donnes ». Ces propos traduisent la nécessité d’une profonde remise en question aussi bien sur la gestion des calendriers que sur la préparation physique.

Mauvaise gestion des moments clés

La demi-finale contre l’Espagne s’est jouée sur des détails. Malgré une prestation solide défensivement, les Bleues ont laissé échapper la prolongation sur un lancer franc manqué d’Iliana Rupert à 0,8 seconde de la fin, laissant un goût amer après la défaite 64-65. Ce dernier instant symbolise un manque de maîtrise dans la gestion de la pression et des moments clés avec ce panier manqué qui a pesé lourd dans l’équilibre mental de l’équipe. La petite finale contre l’Italie a confirmé cette fragilité avec ce dernier quart-temps où les Françaises n’ont inscrit que 9 points, incapables de suivre le rythme imposé par des Italiennes déterminées qui ont pris le large pour l’emporter largement (69-54) illustrant dans ce passage à vide un effondrement collectif et une perte de repères tactiques.

Toupane a résumé cette désillusion avec lucidité en conférence de presse. « On n’a pas mis les choses qu’il fallait pour aborder ce match-là de la meilleure des façons. On va essayer de comprendre« . La prise de décision individuelle a souvent primé sur la construction collective, affaiblissant l’efficacité offensive et défensive. La France termine l’Euro avec un taux de réussite aux tirs de seulement 34% .

L’Euro 2025 a mis fin à une longue tradition de podiums pour l’équipe de France, contrairement à la Belgique, qui, elle, a conservé son titre de championne d’Europe, démontrant la force d’un collectif soudé et solide. Pour les Bleues, l’heure est à la reconstruction, à la remise en question des schémas tactiques, à une meilleure gestion des moments clés et de la préparation pour éviter les blessures.

Jean-Aimé Toupane conclut avec détermination en après-match « Ça m’a appris qu’il faut travailler encore plus. Beaucoup d’humilité. Il nous manque des choses, on va continuer à travailler avec l’équipe qu’on aura et c’est le plus important « .

L’équipe de France doit impérativement tirer les leçons de cet Euro manqué pour espérer revenir plus forte sur la scène internationale. Ce rendez-vous a montré qu’aucune équipe ne peut se reposer sur son passé et que le futur impose un renouvellement tactique, collectif et mental. La route vers la Coupe du Monde 2026 en Allemagne commence dès aujourd’hui.

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