Après avoir remporté les deux premiers trophées de son histoire et s’être hissé jusqu’en finale de Betclic Elite, la saison qui arrive sera charnière pour le Paris Basket. Est-ce que le club est en mesure d’assumer toutes les attentes autour de lui ? Sans oublier que les Parisiens devront également jongler avec l’EuroLeague.
2023-24, la saison (presque) parfaite du club Parisien
- Betclic Elite : 2e de la saison régulière avec 27 victoires et 7 défaites
- Playoffs : Défaite en finale contre Monaco (3-1)
- Leaders Cup : Champion contre Nanterre 90 à 85
- Coupe de France : Élimination en 32e de finale contre Lille 85 à 74
- Coupe d’Europe : Champion de l’Euro Cup contre Bourg-en-Bresse (2-1)
Difficile d’imaginer une plus belle saison pour le club Parisien, qui s’est définitivement installé comme l’une des locomotives du basket français. Le club a toujours été dans le top 4 au classement, concurrençant de très près l’égémonie monégasque. Si l’équipe a eu un peu plus de mal en playoffs, que ce soit contre Cholet (2-1) ou l’Asvel (3-2), le parcours n’en reste pas moins historique malgré le dénouement final. Il vient surtout conclure une saison qui a vu le club remporter les deux premiers titres de son histoire.
Sous la houlette de Tuomas Iisalo, Paris a impressionné le monde de la balle en orange. En proposant un style de jeu très agressif pour provoquer des turnovers, le PB a étouffé ses adversaires des deux côtés, en étant à la fois élite en attaque (2eoffensive rating de LNB) et en défense (5e defensive rating). T.J. Shorts s’est affirmé comme l’un des meilleurs meneurs en Europe grâce à son passing et son scoring à mi-distance (16,3 points et 6,6 assists) tandis que Nadir Hifi a prouvé qu’il pouvait être un scoreur létal sur de courtes séquences (15,6 points en 21 minutes).
Le club a surtout impressionné sur la deuxième partie de saison, en remportant 25 rencontres consécutives toutes compétitions confondues (invaincus entre le 3 février et le 11 mai) afin de s’adjuger la plus longue série d’invincibilité sur une saison, détenue par Limoges depuis 1989. C’est simple, personne n’arrivait à trouver la réponse face à une équipe qui a peu à peu conquis les habitants de la Capitale.
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LA MÉTHODE @ParisBasketballParis, c'est l'histoire d'un projet, patient. De David Kahn, à l'Adidas Arena, en passant par toute la communication disruptive.
Mais aussi de Coach Iisalo, arrivé de Bonn avec des joueurs et une méthode. Que l'on analyse⤵️⤵️ #LeadersCup pic.twitter.com/rULRmpn1Sz
— Process Corporation (@PCorpBasketball) February 16, 2024
Le moment fort de la saison : L’inauguration de l’Adidas Arena
Au-delà de la victoire contre Saint-Quentin le 11 février, cette date restera dans l’histoire du club comme le jour où Paris est passé dans une autre galaxie. Le club a dit au revoir à sa salle Halle Georges-Carpentier dans le 13e arrondissement pour se doter d’un stade à la hauteur de ses ambitions, passant ainsi de 3900 à 8000 spectateurs. Le PB se dote d’une salle flambant neuve qui est censée redynamiser le basket parisien.
L’Adidas Arena vient surtout confirmer la volonté du club de devenir une place forte à l’échelle européenne. Cette inauguration arrive d’ailleurs au meilleur moment puisque Paris a roulé sur la concurrence en Euro Cup, ne concédant qu’une seule défaite contre Besiktas en régulière. Le style de jeu du PB a détonné par rapport aux restes des équipes, et jamais personne n’a semblé en mesure d’arrêter l’ogre parisien. On a également eu des matchs légendaires, comme celui contre Londres en régulière remporté après deux prolongations.
La victoire en finale contre Bourg-en-Bresse n’est que la suite logique, et offre surtout la légitimité au club de participer dès cette saison à l’EuroLeague. Cela vient surtout récompenser le projet entamé en 2018 par Eric Schwartz et David Kahn, ce dernier expliquant que « Paris est l’épicentre du basket européen et mérite donc un club d’EuroLeague ».
Les mouvements de l’intersaison
Départs :
- Tuomas Iisalo (42 ans, entraîneur, Memphis) a cédé aux sirènes de la NBA et sera l’assistant coach de Taylor Jenkins.
- Gauthier Denis (27 ans, ailier) ne sera pas de l’entrée du club en EuroLeague. Un départ forcément triste, tant celui que l’on surnomme Gucci a apporté pour le club. Il était le dernier membre de la première équipe de 2018 (40,3% à trois points en six saisons).
- Justin Simon (28 ans, intérieur) est arrivé comme pigiste médical afin de suppléer Sebastian Herrera. Il avait trouvé sa place grâce à son énergie et sa défense, devenant même un joueur important de la rotation en play-offs.
- Mehdy Ngouama (29 ans, arrière, Bourg-en-Bresse) a relancé sa carrière dans la Capitale malgré des statistiques en baisse. Il a prouvé qu’il pouvait être un bon scoreur en sortie de banc (37,6% à trois points sur la saison).
- Mohamed Diawara (19 ans, ailier, Cholet) quitte définitivement le club de la capitale après avoir réalisé une bonne saison individuelle en prêt à Poitiers en Pro B (8,5 et 2,8 rebonds). Il pourrait se présenter à la draft en 2025.
Arrivées :
- Tiago Splitter (39 ans, entraîneur, Houston) sera coach pour la première fois de sa carrière. L’ancien pivot de San Antonio devrait s’appuyer sur les principes de la saison dernière tout en s’inspirant de la gestion de Gregg Popovich.
- Leopold Cavalière (28 ans, intérieur, Strasbourg) va apporter toute sa polyvalence offensive et défensive. Il est pour le moment davantage pressenti pour jouer en priorité les matchs en LNB, mais il pourrait grapiller ses premières minutes en EuroLeague.
- Kevarrius Hayes (27 ans, intérieur, Zalgiris Kaunas) est de retour en France, lui qui avait remporté le championnat avec l’ASVEL en 2021. Il va apporter toute sa science du rebond en sortie de banc, un secteur qui a fait défaut à Paris l’année dernière.
- Daulton Hommes (28 ans, ailier, Trento) va apporter toutes ses qualités de shooteur, lui qui tournait à 42,1% à trois points avec Baskonia en 2023. Il n’a joué que 4 matchs avec Trento en playoffs la saison dernière à cause d’une blessure au genou gauche qui l’a éloigné des parquets pendant un an.
- Yakuba Ouattara (32 ans, ailier, Monaco) est une arrivée majeure pour Paris. L’ancien capitaine monégasque va apporter toute son expérience à un groupe qui découvre l’EuroLeague pour beaucoup. Il pourrait être une recrue importante dans son profil de 3&D (47,9% à trois points en EuroLeague la saison dernière).
- Maodo Lo (31 ans, arrière, Milan) apportera du scoring en sortie de banc grâce à son handle et son tir à trois points. Champion du monde avec l’Allemagne en 2023, il faudra voir quel sera son rôle avec la présence de Short et Hifi dans l’effectif.
L’effectif 2024-25 du Paris Basketball
- Meneurs : T.J. Shorts, Nadir Hifi
- Arrières : Sebastian Herrera, Maodo Lo
- Ailiers : Tyson Ward, Collin Malcolm, Yakuba Ouattara, Daulton Hommes
- Ailiers forts : Mikael Jantunen, Bandja Sy, Leopold Cavalière
- Pivots : Leon Kratzer, Kevarrius Hayes, Michael Kessens, Enzo Shahrvin
Avec un effectif renouvelé aux deux tiers, le club semble miser sur la continuité, et ce, malgré le changement d’entraîneur. L’effectif est bien taillé pour continuer à viser les sommets en France, avec la présence de nombreux joueurs reconnus en Europe.
Si Tyson Ward et Collin Malcolm ont été excellents la saison dernière à l’aile, ils avaient néanmoins besoin de renfort. C’est également le cas du poste 5 qui est bien meilleur, surtout que l’on a vu Leon Kratzer et Michael Kessens être en difficulté en playoffs à cause de leurs limites offensives et défensives.
On pourrait regretter l’absence d’un vrai meneur back-up derrière T.J. Shorts puisque Hifi possède davantage un profil de combo-guard scoreur. Maodo Lo est lui aussi un peu plus orienté sur le scoring, même s’il a montré de jolies choses au passing quand il était à l’Alba Berlin (13,3 points et 3,7 assists en EL durant la saison 2021-22).
Néanmoins, l’interrogation se pose pour l’EuroLeague. 11 des 15 joueurs de l’effectif vont découvrir la plus grande compétition européenne pour la première fois de leur carrière. Si Paris a piétiné ses adversaires en Euro Cup l’année dernière, cela ne sera pas le cas cette saison. Il y a fort à parier que le club soit obligé de faire face à certaines déconvenues afin d’en sortir grandi.
L’effectif est assez profond, et devrait permettre de faire souffler les joueurs, qui auront un calendrier conséquent entre la LNB et l’EuroLeague.
🔵🔴C'est hier que le Paris Basketball démarrait sa préparation, l'occasion de vous présenter le nouvel effectif :
Les arrivées du Yak et de Lo 🇩🇪 viennent sans doute clôturer le mercato des parisiens !
Que pensez-vous de la team ?🤔#EuroLeague #ParisBasketball pic.twitter.com/DoloztLoct
— EuroLeague France 🇫🇷 (@EuroLeagueFr) August 20, 2024
Le joueur à suivre : Nadir Hifi, meneur, 22 ans
Le meneur est passé dans une autre dimension en moins d’un an. Il s’est en effet imposé comme une tête d’affiche du championnat français, où ses actions d’éclats ne sont pas passées inaperçues. Nadir Hifi était le 3e meilleur scoreur de la ligue, alors qu’il n’avait que le 87e temps de jeu ! Ces bonnes performances lui ont d’ailleurs permis de participer à la Summer League avec les Wolves, où il en a profité pour se mettre en valeur.
Le franco-algérien est un habitué des tirs difficiles, avec des step-backs souvent à la limite du marché, mais ô combien spectaculaires dès qu’ils les rentrent. On se souvient par exemple de ce gros tir contre l’ASVEL qui envoie Paris en finale. Il affiche d’ailleurs une superbe efficacité à longue distance (37,5% sur 6,1 tentatives) alors que ce sont souvent des tirs contestés. Il est d’ailleurs dans le 65e centile en terme d’efficacité au scoring (58,6% de TS%).
On l’a vu insister énormément sur son tir, quitte à en abuser par moment. Hifi est en effet un joueur qui n’est pas très efficace au cercle (58% ; 45e centile), la faute en partie à son physique. Sauf que la part d’aléatoire avec le tir reste tout de même importante. En étant plus agressif vers le panier, le meneur pourrait ainsi obtenir plus de lancers, et ainsi gagner encore plus en efficacité.
Mais s’il veut devenir la tête d’affiche du championnat français, Nadir Hifi doit devenir plus all-around. Il est pour le moment un joueur axé uniquement sur le scoring, mais très peu dans le reste. Il n’est pas vraiment un passeur puisqu’on le voit assez peu faire les bonnes lectures, que ce soit sur pick-and-roll ou même sur les cut de ses coéquipiers. Sans oublier qu’il est un mauvais défenseur, et qu’il peut donc être ciblé également sur ce secteur (23e centile selon 3steps).
L’avis du rédacteur
En l’état actuel des choses, Paris est l’équipe la mieux armée pour concurrencer Monaco. Les doutes subsistants autour de Splitter sont logiques, mais la continuité de l’effectif tant à rassurer sur ce point-là. Ce qui faisait la force de Paris l’année dernière était sa capacité à être constamment à 120% en termes d’intensité. L’arrivée de nombreux joueurs reconnus pourrait permettre au club de continuer à pratiquer ce style de jeu qui a fait ses preuves jusqu’ici.
Il faudra maintenant voir comme le club parvient à gérer à la fois l’Euroleague et le championnat. Si l’effectif paraît très profond, il faut tout de même prendre en compte les blessures et la fatigue accumulée, qui seront deux facteurs déterminants. Sans oublier que l’objectif final reste tout de même d’être champion de France seulement sept ans après la création du club.
Paris est à un moment charnière de son histoire. Avec l’arrivée en Euroleague, le club va devoir gérer une pression supplémentaire, d’autant plus qu’ils seront attendus au tournant après une saison réussie. Est-ce que Tiago Splitter réussira à perpétuer les principes de jeu mis en place par Tuomas Lisalo, tout en apportant sa propre patte personnelle ? Nous aurons des réponses d’ici quelques jours, avec le premier match de la saison contre Gravelines-Dunkerque.