Avez-vous déjà connu ce sentiment d’arriver sur un playground avec le sourire, mais de le perdre à la vue d’un terrain délabré, trop petit, d’un panier sans filet, ou d’une planche ronde ? C’est pour ne pas perdre ce sourire que George Eddy et Guilhem Peaucelle ont créé l’association Playground Time. En collaborant avec les mairies, ils rénovent et créent des terrains de streetball. Mais cela va plus loin que la simple conception, il y a toute une identité que l’association veut faire valoir.

Une association née d’une passion partagée

Tout a commencé en 2010, lorsque George Eddy et Guilhem Peaucelle se donnent pour objectif de rénover un vieux terrain de basket sur l’Ile des Impressionnistes à Chatou, dans les Yvelines. Les deux amis y arriveront non sans difficulté, mais le playground de Chatou était né.

En 2021, l’association Playground Time est fondée, elle a pour but de transformer les terrains de basket extérieurs en véritables leviers de lien social. L’association accompagne les villes dans la création d’espaces inclusifs et durables, du choix des panneaux résistants aux dunks à l’organisation de tournois. Au-delà du sport, elle promeut la santé et la culture, tout en défendant des valeurs d’intergénération et de mixité. Avec son Think Tank (fabrique à idées), elle imagine l’avenir des terrains de streetballs comme des lieux où le basket redessine les villes, inspire les communautés, et où chaque dribble raconte une histoire.

Des terrains, mais surtout du lien social

Pour l’association, un playground réussi doit être « intergénérationnel, gratuit et multiethnique ». À Chatou, leur vitrine, nombreux sont les joueurs qui s’y croisent quotidiennement. Pendant le confinement de 2020, George Eddy y a même glissé quelques tips aux joueurs, mêlant espoirs du basket et anonymes.

Il m’a beaucoup aidé à progresser sur mon shoot et m’a encouragé à travailler sur mon physique. Être accompagné par George, c’est super, ce n’est pas n’importe qui. »

Gabin, adolescent habitué du playground de Chatou

L’association combat les city stades, ces terrains hybrides, jugés inadaptés, et défend des normes strictes : dimensions réglementaires, panneaux en plexiglass, arceaux solides avec des filets, accessibilité, éclairage, etc. Le « Label Playground Time », décerné aux projets exemplaires comme celui du Champ de Mars à Paris, garantit ces standards. Bien aidé par les JO de Paris, George Eddy et son association ont connu une année 2024 mémorable.

George Eddy sur le playground du Champs de Mars. Crédit : Baptiste Dereclenne
George Eddy sur le playground du Champs de Mars. Crédit : Baptiste Dereclenne

Au-delà du sport : une vaste culture

Playground Time associe le sport à des initiatives artistiques. Lors de son tournoi annuel à Chatou, l’association intègre des éléments comme des concerts, des ateliers de street art, ou des stands de marques locales comme DearBBall et Layup. Ces partenariats visent à créer une expérience immersive, où le basket devient un prétexte à la création et au partage.

L’aspect éducatif n’est pas en reste : en septembre 2024, Benjamin Chevillon, premier joueur handibasket français à avoir jouer aux Bulls, a partagé son parcours avec des élèves de Chatou lors d’une projection-débat du documentaire « Les Bulls en roues libres » retraçant son parcours. Ces interventions illustrent la volonté de l’association d’utiliser le sport comme outil de sensibilisation et d’inclusion.

Début octobre 2023, une exposition photo de plusieurs artistes, en partenariat avec la mairie de Chatou a mis en lumière l’énergie des playgrounds. « J’ai été à l’initiative de la création de ce terrain et, aujourd’hui, ça devient un lieu où des gens se rencontrent », se réjouit Guilhem Peaucelle. Une exposition qui n’a pas été un one shot, mais un événement répété. Les playgrounds que l’association rénove aussi s’inscrivent dans cette envie de mix des cultures. Playground Time ne se contente pas de faire de beaux terrains lisse et monochrome, mais fait appel à des illustrateurs pour leur donner vie. Comme à Versailles, où l’entreprise Playgones s’est inspiré des jardins « à la française ».

Playground "Cour Remilly" à Versaille. Crédit : Pierre Daul/Ville de Versailles
Playground « Cour Remilly » à Versaille. Crédit : Pierre Daul/Ville de Versailles

OSEZ AGIR

Le 4 juillet 2023, George Eddy a frôlé la mort lors d’un match sur le playground de Chatou : un arrêt cardiaque l’a terrassé, son cœur s’y est éteint pendant 13 minutes. Sa survie tient à l’intervention rapide de Maxime, un jeune joueur et coach formé aux gestes de premiers secours lors de sa scolarité, qui a pratiqué un massage cardiaque en attendant les secours. Cet événement a renforcé la conviction de Playground Time : la sensibilisation aux urgences médicales est vitale.

Sticker « OSEZ AGIR » présent sur les terrains inaugurés par Playground Time. Crédit : playgroundtime.org

L’association a lancé la campagne OSEZ AGIR, matérialisée par des autocollants placés près des terrains. Ces stickers rappellent l’emplacement des défibrillateurs et incitent à se former aux gestes qui sauvent. Distribués gratuitement via les comités départementaux de basket ou sur demande, ils visent à déclencher des discussions dans les communautés locales. « Savoir réagir, c’est aussi important que savoir dribbler », insiste l’association, qui encourage chacun à identifier le défibrillateur le plus proche et à suivre des formations. Une manière de transformer les playgrounds en espaces où le sport rime avec sécurité et solidarité.

Un tournoi qui marque les esprits

Le 10 septembre 2023, l’association a organisé un tournoi de 4 contre 4 réunissant 50 joueurs et 200 spectateurs. Des figures du basket comme Kadour Ziani n’ont pas hésité à venir passer une tête. « On voit la patte de George sur la communauté », souligne Guilhem Peaucelle. L’événement, auto-arbitré et festif, a confirmé l’envie de pérenniser ce type de rencontres. « Il faut deux tournois par an et les ouvrir à d’autres publics, comme les féminines et les jeunes », insiste George Eddy. Le tournois à eu lieu l’année passée (dont un féminin) et aura lieu en septembre cette année, une preuve, s’il en fallait encore une, de l’investissement de George Eddy et de son compère dans cette association.

Playground Time, c’est bien plus qu’un coup de pinceau sur du bitume fatigué : c’est une vision, un manifeste où le basket devient moteur de lien social, de culture et d’inclusion. Derrière chaque terrain rénové, il y a la passion contagieuse de George Eddy et Guilhem Peaucelle, l’envie de voir des générations se croiser sous les panneaux, et celle de faire du playground un théâtre de rencontres, d’émotions et d’engagement citoyen. Dans un monde où l’espace urbain se fragmente, eux construisent des ponts à coups de dribbles, de culture et de cœur.

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