Depuis plusieurs saisons maintenant, une question fait surface de manière récurrente. Les conférences Est et Ouest ont-elles encore une raison d’être? L’écart entre les deux semble s’accroître de manière inexorable. Les disparités de niveau entre Est et Ouest vont-elles pousser la ligue à unifier l’ensemble et qualifier les 16 meilleures équipes pour les playoffs?
L’état actuel des conférences
En ce début de saison, l’écart de niveau entre les deux conférences est abyssal. A l’Est, seules deux équipes ont un bilan positif contre dix du côté Ouest de la NBA. L’année dernière, le classement final avait déjà suscité des débats intenses au sein de la communauté NBA. Pour des questions de mérite, cette situation devient de plus en plus difficile à comprendre pour les fans.
Même si les Celtics sont les grands favoris de cet exercice et que les Cavs ont débuté celui-ci sur des bases historiques, il faut admettre que l’Est est en proie à une situation très inconfortable. Néanmoins, il est bon de modérer ces propos et de prendre en compte certains facteurs importants. Les problèmes rencontrés par plusieurs franchises de premier plan de l’Est sont peut-être les raisons de ces performances très en deçà des attentes.
Les Sixers ont connu un grand nombre de blessures avec celles de Paul George, Tyrese Maxey et, bien sûr, Joel Embiid. Lorsque les 3 cadres de l’équipe sont absents, il est très difficile de performer collectivement. Avec le retour au jeu de Embiid et de PG, les Sixers doivent désormais se remettre en marche et équilibrer ce bilan, jusqu’à présent négatif.
Les Knicks, quant à eux, doivent intégrer Karl-Anthony Towns à leur roster. Le Dominicain n’est pas le meilleur protecteur de cercle que la ligue ait connu et cela peut expliquer les problèmes défensifs rencontrés par les New-Yorkais en ce début de saison. En plus de la mise en place d’automatismes avec l’ancien ailier fort des Wolves, les Knicks sont forcés de constater que Jalen Brunson n’a pas encore atteint le niveau qui était le sien lors de la saison dernière.
Autre exemple d’équipe qui souffre des difficultés rencontrées par son franchise player : les Pacers. En effet, Tyrese Haliburton est en grande difficulté avec son shoot et malgré une ou deux sorties encourageantes, il n’a pas encore retrouvé son niveau d’avant le All Star de l’an dernier. Lorsque le meneur aura retrouvé la confiance nécessaire à la réalisation de belles performances, le bilan de la franchise de l’Indiana sera probablement meilleur que ce qu’il est à l’heure actuelle.
Quatrième et dernière franchise de l’Est qui connaît un début de saison plus que compliqué que prévu, les Bucks. La franchise emmenée par Giannis Antetokounmpo connaît des débuts on ne peut plus compliqués et c’est peut-être là que se situe la plus grande interrogation de ce début de saison. Le collectif des Bucks est en très grande difficulté et les performances XXL du Grec ne semblent rien changer à cette situation.
Au regard des différents problèmes rencontrés par les grosses cylindrés de la conférence Est, être alarmiste ne sert à rien. Il faut encore faire preuve de patience pour voir ces équipes s’adapter et retrouver leur meilleur niveau de jeu. Cette situation ne devrait pas durer toute la saison, auquel cas la NBA pourrait sérieusement se poser la question de la viabilité de continuer sur le système actuel.
L’actualité rend le débat enflammé, mais que dit le passé? Est-ce que sur les 15, 20 dernières années l’équilibre était de rigueur entre les différentes conférences, ou est-ce un phénomène historique simplement amplifié par ce début de saison des plus inégaux?
Quelle évolution historique?
Pour éviter de se perdre en comparaisons historiques inutiles, nous allons ici observer l’évolution, s’il y en a, sur ces 20 dernières années, soit à partir du titre des Pistons au terme de la saison 2003-04. Depuis cette finale gagnée par l’équipe de la conférence Est, l’écart entre les deux conférences n’est pas si grand avec 12 titres remportés par les équipes de l’Ouest contre 9 pour les équipes de l’Est. Malgré un léger avantage à l’Ouest, qui a connu la dynastie des Warriors, l’écart n’est pas si grand.
Mais ce n’est pas tant ce constat qui est intéressant ici. Ce qui est intéressant, c’est de voir si les conférences étaient unifiées depuis la saison 2003-04, quelle aurait été la proportion d’équipes de chaque conférence en playoffs. En partant du postulat que les 16 meilleurs bilans auraient été qualifiés, l’écart n’a t’il fait que croître ou cette situation n’est pas une nouveauté?
La tendance actuelle est au fait que l’écart entre ces deux conférences ne fait qu’augmenter mais la réalité est différente. Depuis la saison 2015-16, l’équilibre est presque respecté avec un petit différentiel de 4 équipes en faveur de l’Ouest. Il y a même deux saisons de cela, la Conférence Est aurait placé 9 équipes en playoffs contre 7 pour celle de l’Ouest. En revanche, avant cette dernière décennie, l’équilibre n’aurait clairement pas été à l’ordre du jour. Entre l’exercice 2003/04 et 2014/15, le différentiel passe à 22 en faveur de l’Ouest.
Même si l’écart subsiste, il tend à se réduire lors de ces 10 dernières années. Ce début de saison semble donc être une vraie anomalie plus qu’un phénomène récurrent qui tendrait à s’accroître saison après saison. Néanmoins, il se pourrait que d’ici quelques années la NBA saute le pas et décide de faire disparaître ce système de conférence.
L’expansion à venir peut être l’élément déclencheur
D’ici quelques saisons, la NBA devrait, selon toute vraisemblance, accueillir de nouvelles franchises. D’après les rumeurs, les deux équipes devraient se situer du côté ouest des Etats-Unis d’un point de vue géographique. Cette situation signifierait qu’une équipe de l’actuelle conférence Ouest soit déplacée à l’Est. Néanmoins, il est légitime de se poser la question qui concerne la fusion des deux conférences.
En effet, cette arrivée de nouvelles équipes pourrait inciter les hautes instances à apporter quelques modifications au visage de la ligue et cela pourrait passer par ce mouvement que beaucoup semblent attendre avec impatience.
Cependant, dans un tel cas de figure, le travail sur l’équilibre des calendriers sera considérable pour les instances chargées de la gestion du calendrier. Dans un souci d’équité il serait possible d’imaginer une situation où chaque équipe joue deux matchs contre toutes les autres équipes. Cette option permettrait de soulager la charge physique qui pèse actuellement sur les joueurs. Cela porterait le total à 62 matchs disputés par équipe soit 20 rencontres de moins qu’à l’heure actuelle, une bonne chose pour les joueurs.
Même si cette façon de procéder semble utopique à l’heure actuelle, le nombre croissant de blessures couplé au load management pourrait pousser la ligue à aller dans le sens de l’intégrité physique des joueurs. Cette future expansion de ligue pourrait changer un certain nombre de choses dans le microcosme de la NBA.
Même si ce début de saison laisse penser le contraire, la réalité des dernières années est moins explicite. De ce fait, il ne faut pas s’attendre à la disparition des conférences dans l’immédiat. En revanche, cette question pourrait être abordée au moment de l’expansion à venir. Même si beaucoup sont d’avis que la conférence Ouest possède un meilleur niveau global, l’écart n’est pas si grand qu’on le veut bien nous le faire penser. D’ici au terme de la saison, les choses se seront rééquilibrées et la différence actuelle aura laissé sa place à un bilan bien plus équilibré.
