Le In-Season Tournament s’est terminé avec la victoire les Los Angeles Lakers. Pourtant une équipe à crever l’écran, et notamment un joueur en particulier. Retour sur cette semaine riche en rebondissements.
La fin de match catastrophique de Milwaukee contre Indiana
Dès le début les Pacers ont imprimé le rythme de la rencontre. Cette jeune équipe a proposé un tempo très rapide que Milwaukee a essayé de suivre. Sauf que les Bucks l’ont payé en défense, où Brook Lopez a été en difficulté. Alors qu’il réalise une très bonne saison de ce côté du terrain, le pivot a eu du mal à enchaîner les allers-retours répétés. Indiana l’a très bien exploité, notamment Obi Toppin. On a d’ailleurs vu Tyrese Haliburton chercher le switch avec lui, pour finir au cercle où inscrire un splendide step-back plein de sang-froid.
Adrian Griffin a tenté plusieurs systèmes défensifs, mais aucun n’a marché. La zone en 2-3 (ou 2-1-2) a complètement explosé, la faute à un très bon Bruce Brown (8 points dans le dernier quart). Avec son placement, son passing et sa rapidité, il est parfait pour mettre à mal ces schémas. Mais Milwaukee a également pris l’eau en défense individuelle. En particulier Damian Lillard et Michael Beasley qui n’ont pas été capable de faire le moindre stop sur le backourt.
On peut regretter de ne pas avoir vu Giannis Antetokounmpo jouer en pivot. Sa mobilité aurait en effet pu être très intéressante face à ce spacing. D’autant plus qu’il n’y a aucun joueur des Pacers qui soit une menace près du cercle. Cette défaite illustre d’ailleurs très bien les difficultés défensives de Milwaukee sur ce début de saison (22e defensive rating). C’est là que l’on peut déplorer le départ de Jrue Holiday de par le manque d’envie et d’énergie affiché par ces Bucks sur cette rencontre.
La progression offensive de Herbert Jones
L’ancien joueur d’Alabama est une belle surprise du côté de La Nouvelle-Orléans. Après avoir connu une saison sophomore un peu plus compliquée offensivement, l’ailier semble avoir passé un cap. Malgré une certaine inefficacité à trois points (34,3 % sur 3,5 tentatives), il continue de prendre ces tirs même quand la défense le laisse ouvert. C’est notamment ce qu’a essayé de faire Sacramento contre lui, sauf qu’il a été adroit ce soir-là (3/5 de loin).
Mais il n’a pas fait qu’attendre dans le corner puisqu’il a été agressif vers le cercle. Il est en effet plutôt bon sur l’attaque d’intervalle, où ses qualités athlétiques lui permettent d’exploiter les espaces. Herbert Jones semble également plus en confiance dans son dribble pour finir au panier. Il tourne à un excellent 76 % de réussite (91e centile) sur les tirs à moins de 1,3 mètre. Jones attire par ailleurs un peu de fautes sur ces tirs, ce qui est très intéressant quand on sait qu’il est à 88,5 % sur la ligne cette année (et 81,6 % en carrière).
« Straitjacket » a montré de jolis progrès au passing, en particulier dans ses lectures de jeu. Il est en effet un peu plus utilisé sur des situations de short-roll, notamment pour trouver un intérieur sous le cercle. Il n’est bien évidemment pas un initiateur de jeu, mais il est capable de faire la passe à un coéquipier dans le corner opposé après drive. C’est surtout sur transition qu’il s’exprime le mieux. Jones est bon pour fixer avant de lâcher la gonfle à un shooteur démarqué. Ces progrès offensifs sont d’autant plus appréciables qu’il est toujours un excellent défenseur.
Quel est le problème avec Quentin Grimes ?
On est pour le moment déçu de la saison de Quentin Grimes, lui qui avait pourtant été l’un des artisans majeurs du renouveau des Knicks l’année dernière. Il est en effet beaucoup moins impliqué dans les schémas de Tom Thibodeau, où il a pour rôle d’attendre dans les corners. Il est d’ailleurs le joueur avec la plus grande fréquence de tir à trois points tentés dans les coins à son poste. Cela s’explique notamment par la présence de nombreux ball-handler dans l’effectif New-Yorkais, puisqu’on compte plus de quatre joueurs avec un usage supérieur à 25 % !
On voit clairement que Grimes est en manque de confiance, comme en témoigne son adresse longue distance. Il ne tourne en effet qu’à 35,2 % à trois points alors qu’il était à 38,4 % sur ces deux premières saisons. L’arrière est pourtant bien plus qu’un shooteur puisqu’il avait montré de jolies choses dans l’attaque de closeout. Il était intéressant sur ces séquences en étant une menace à la passe (0,71 d’assist-to-usage ration ; 63e centile) ou au scoring (71 % de réussite au cercle ; 83e centile). En étant dès lors moins impliqué, on le voit se frustrer. Il est par exemple un peu moins intense en défense que l’année dernière. Il reste tout de même un très bon défenseur.
Le joueur n’a d’ailleurs pas caché son mécontentement à la presse en déclarant. Thibs a donc décidé de modifier ses rotations en le mettant sur le banc contre les Celtics. On a alors revu tout ce qui faisait son charme chez lui. Dès son entrée, il n’a pas hésité à prendre sa chance de loin, et à jouer avec les écrans off-ball. Il a également été plus tranchant vers le cercle, ce qui est de bon augure pour la saison des Knicks.
Daniel Gafford, ou l’exemple du faux bon protecteur de cercle
Est-ce qu’on est forcément un bon défenseur intérieur quand on est l’un des meilleurs contreurs de la ligue ? La réponse est non. Et Daniel Gafford illustre à merveille bien ces propos. Le joueur de Washington est un pivot de taille moyenne (2,08 m) pourtant doté d’une grande envergure (218 cm). C’est ce qui lui permet d’être le 6e meilleur contreur de la ligue avec 2,1 blocks par match. On remarque également que si on extrapole ces stats sur 36 minutes, il est le 3 meilleur parmi les 20 joueurs avec la plus haute moyenne par match.
Il est néanmoins l’un des joueurs qui fait le plus de fautes dans la ligue (3,4 par matchs soit 9e). Il réalise ainsi en moyenne 1,6 faute par block, ce qui est bien évidemment négatif. En reprenant la liste évoquée précédemment, on remarque notamment qu’il a le 9e pire ratio. Cette impression est d’ailleurs confirmée par le fait que son block percentage (3,8 % ; 91e centile) est inférieur à son foul percentage (5,3 % ; 10e centile). Ce n’est donc pas étonnant que Gafford n’ait réalisé que 3 matchs avec plus de blocks que de fautes, et 6 matchs à au moins 5 fautes.
L’ancien joueur de Chicago est par ailleurs un protecteur de cercle assez moyen. Il inflige une perte d’efficacité de -7,4 % au cercle, ce qui le classe à la 19e place sur 36 parmi les pivots contestant le plus de tir proche du panier. Sa présence n’empêche pas ses adversaires de prendre des tirs, car la fréquence de shoot au cercle de ces adversaires ne diminue que de 1,1 % en sa présence. Ce n’est pas surprenant que Joel Embiid ait inscrit 98 points en deux matchs contre Washington, que Brook Lopez ait été étincelant avec ses 39 points (à 10/10 à deux points) et que même Dereck Lively II ait dominé en inscrivant 17 points et captant 9 rebonds.
Enfin, étant donné qu’il prend beaucoup de risque pour contrer les tirs adverses, Gafford ne boxout pas aux rebonds. Cela laisse alors de nombreuses deuxièmes chances aux adversaires des Wizards. Le pivot ne capte en effet que 15,8 % des tirs manqués par ses adversaires quand il est sur le parquet (33e centile). D’ailleurs, quand il est sur le terrain, la part de rebonds offensifs captés par la team en face augmente de 6,9 %, soit le 4e pire chiffre parmi les pivots. Une preuve supplémentaire que la recherche du block n’est pas toujours synonyme de bonne défense.
Le paradoxe Daniel Gafford
Le pivot est le 6e meilleur contreur de la ligue, et le 3e meilleur sur 36 minutes
Il est pourtant :
• 1er en fautes personnels sur 36min
• 13e en rebonds défensifs sur 36min
• 9e pire ratio de faute par block pic.twitter.com/4YqVDp7o4T— Lukas (@Lukas_Fkw) December 10, 2023
Indiana est le symbole de la réussite du In-Season Tournament
C’était l’une des volontés affichées par Adam Silver au moment de dévoiler cette nouvelle compétition : rajouter de l’intérêt à une saison régulière. On peut dire que cela est réussi comme en témoigne le nombre de téléspectateurs par rencontre. La NBA a par exemple enregistré son meilleur mois de novembre de l’histoire en termes d’audience. Le In-Season Tournament (IST) représente donc une opportunité unique en termes d’exposition, et notamment pour les petits marchés tels que Indiana.
Les Pacers sont en effet une équipe qui attire assez peu les fans casuels de la balle orange. Preuve étant, c’est l’une des franchises les moins diffusées puisqu’Indiana n’a le droit qu’à une seule rencontre par an sur la télé nationale depuis 2021. C’est pourtant une team magnifique à observer. On voit un groupe uni et montrant beaucoup de joies sur le parquet. La franchise a profité de l’exposition du IST pour gagner en popularité. Le nombre de recherches Google sur les Pacers a plus que doublé en une semaine !
Cette compétition est également une opportunité unique pour les joueurs d’être mis en avant. On pense par exemple à T.J. McConnell, étincelant en sortie de banc (7,4 points et 4,2 passes en 14 minutes) ou à Aaron Nesmith avec ses 14 points et sa superbe défense contre Boston. Tyrese Haliburton a quant à lui prouvé qu’il pouvait faire gagner son équipe. Il confirme qu’il est bien l’un des meilleurs basketteurs de la ligue. Indiana peut se servir de ce tournoi comme un tremplin pour ses ambitions à court terme et à long terme. C’est-à-dire en responsabilisant ses jeunes sur des rencontres décisives tout en se profitant de cette exposition pour attirer de grands joueurs dans le futur.
Félicitation Indiana !