Golden State Warriors We Believe
We Believe, l'une des épopées de Playoffs les plus remarquables. Crédits : Getty images

L’épopée We Believe des Warriors ou l’histoire des David qui renversent un Goliath

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Avant la dynastie Warriors emmenée par Stephen Curry, il y a eu la saison 2006 – 2007 de Golden State avec son équipe surnommée « We Believe » à l’origine de l’un des plus gros upsets de l’Histoire des Playoffs NBA. Retour sur un groupe qui a marqué les esprits des fans.

L’état des lieux

C’est difficile à croire, mais il y a quasiment 20 ans, les Warriors étaient une équipe médiocre. Au terme de la saison 2005-06, Golden State pointe à la 13ème place de l’Ouest. Une situation que le front office ne souhaite pas voir perdurer et décide de faire des choix forts.

Le premier : c’est l’arrivée de Don Nelson alors coach à Dallas. Il n’a pas fini l’aventure en bons termes avec l’équipe texane. Ici, c’est un nom à retenir qui va avoir une importance majeure dans la suite du récit.

L’effectif se base alors sur le duo Baron Davis / Josh Richardson. Un duo qui n’est pas mauvais, mais qui est clairement assez mal entouré. À l’été, Matt Barnes est signé alors qu’il pensait partir vers une carrière en NFL. Un choix plutôt judicieux qui lui aura permis d’être champion en 2017 avec ces mêmes Warriors. Il faut également ajouter des noms comme Mikaël Pietrus, présent à Oakland depuis trois ans et le tout nouveau rookie, Monta Ellis.

Certes, ce n’est pas le groupe le plus reluisant, mais il est loin d’être le plus mauvais de la Ligue.

Une équipe en quête de solutions

Comme prévu, les Golden State Warriors version 2006-07 sont une équipe moyenne qui arrive à la mi-janvier avec un bilan de 16 victoires pour 20 défaites. Moins de 50% de victoires, ce n’est pas un ratio correct, mais c’est mieux que la saison précédente. Cette période de la mi-janvier est importante puisque c’est ici qu’intervient un trade pour récupérer Stephen Jackson et Al Harrington, les deux derniers larrons du run de Playoffs à venir.

Avant de poursuivre, il faut mettre en avant le cas Stephen Jackson parce qu’il est intéressant. Jacks, comme il était appelé par ses coéquipiers, est un joueur pour le moins intrigant. Présent aux Indiana Pacers depuis 2004, il fut l’un des acteurs du célèbre Malice at the Palace, une des bagarres les plus mythiques de l’Histoire de la NBA. Un premier écart de comportement qui en annonçait d’autres. Les casseroles se sont multipliées pour Steph Jacks qui n’arrange pas les affaires d’Indiana qui souhaite s’en séparer. Sauf que lorsqu’il décide de laisser ses problèmes comportements au vestiaire, l’ailier est un bon joueur et une véritable plaie pour tous les attaquants de la Ligue.

Son arrivée est la pièce manquante du Nellie Ball ou le small ball avant l’heure. Cet effectif des Warriors ne comporte aucun réel géant, mais une véritable armada de joueurs à la taille similaire entre 1m98 et 2m03, capable de switcher sur tous les postes. Ce groupe est désormais au complet et pourtant personne ne croit réellement en ces Warriors comme l’évoque Jason Richardson pour Slam.

« Je pense que j’étais sous-estimé. Les gens pensaient que la carrière de Baron Davis était terminée. Monta Ellis ne se sentait pas apprécié à sa juste valeur parce qu’il était un second tour de Draft. Toute l’affaire Malice at the Palace avait donné une mauvaise réputation à Stephen Jackson. Al Harrington était sur le déclin et Matt Barnes enchaînait les équipes. Coach Don Nelson nous a donné de l’énergie. Personne ne nous donnait la moindre chance. Nous avions besoin d’un coach qui croyait en nous. » – Jason Richardson.

Une dernière nuit de saison régulière décisive

Malgré tout, ce groupe connaît quelques difficultés à se mettre en place, la faute à une blessure de Baron Davis et de Jason Richardson. Les Warriors abordent le mois de mars avec un bilan de 27 victoires pour 35 défaites. Les Playoffs ne sont même pas une option pour bon nombre des observateurs. C’est ici que se révèle l’ADN de cette équipe : de véritables underdogs que personne n’attend, mais qui parviennent à surprendre tout le monde.

Débute alors un incroyable run de 15 victoires en 20 matchs pour remonter peu à peu au classement. Des chants « We Believe » commencent à descendre des travées de l’Oracle Arena et les premières bannières avec cette même mention  font leur apparition dans les tribunes tout comme des t-shirts à l’effigie de cette équipe si particulière.

Au moment de la dernière journée de saison régulière, Golden State a gagné 41 matchs pour 40 défaites. Pourtant les Playoffs ne sont toujours pas acquis.

L’équation est simple : une victoire face aux Blazers et une défaite des Clippers face aux Bobcats et c’est un ticket garanti pour la deuxième partie de saison. Les Warriors roulent sur Portland, qui est déjà une mauvaise équipe à l’époque, et Los Angeles s’écroule face à New Orleans. Comme quoi certaines choses en NBA ne changent jamais.

Golden State finit avec un bilan de 42 victoires pour 40 défaites. Cap sur les Playoffs et le premier tour face aux Dallas Mavericks du MVP en titre, Dirk Nowitzki.

L’upset face aux Mavericks

Une supériorité tactique inédite

Pour faire simple, personne ne donne les Warriors gagnants. Ils sont huitièmes et ils affrontent le leader de la NBA qui vient de remporter 67 matchs. Sauf que souvenez-vous, Don Nelson était le coach de Dallas. Son successeur, Avery Johnson, a eu l’idée de génie de ne changer aucun système des Mavericks, des systèmes créés justement par Don Nelson. Nellie sait donc parfaitement comment les déjouer.

Un coach revanchard et des joueurs que personne n’attend. Est-ce qu’il y a un cocktail plus explosif pour créer un miracle ? Mieux encore, Don Nelson aborde ce premier tour serein, comme l’évoque Matt Barnes.

« Nelson nous a dit « on va battre Dallas ». C’est la première chose qu’il nous a dit. Nous sommes venus et nous avons pris le match 1. Après ça, nous avons déroulé. » – Matt Barnes

Le plan de jeu de Don Nelson est simple. Il connaît déjà tous les systèmes de Dallas, ce qui lui donne un coup d’avance. Donnie avait déjà gagné la bataille des coachs alors qu’aucune seconde de cette série n’avait été jouée. Ensuite, il a compté sur la versatilité de son effectif pour contrer Dirk Nowitzki. Il a mis sur le dos du MVP que des joueurs plus petits et plus rapides que lui – ce n’est pas ce qu’il manquait à Golden State – pour que le Wunderkind ne puisse jamais se mettre en rythme.

Après les deux premiers matchs, la série est à égalité. Une première victoire pour les Warriors à laquelle ont répondu les Mavs. De retour à l’Oracle Arena, l’ambiance y est exceptionnelle. L’équipe désormais connue sous l’appellation We Believe réussit la prouesse de remporter ses deux matchs à domicile. La question que personne n’osait se poser est désormais inévitable : les Warriors vont-ils créer l’exploit ?

De retour à Dallas, les Mavericks remportent le match 5 derrière un Dirk Nowitzki enfin en réussite, 30 points et 12 rebonds. Cependant, il s’agit simplement du sursaut d’orgueil d’une équipe déjà morte. Pour le sixième affrontement, retour dans la fournaise d’Oakland. Golden State roule sur Dallas. Victoire écrasante 111 à 86 avec 33 points de Stephen Jackson. Plutôt pas mal pour un joueur dont personne ne voulait.

Les Warriors s’imposent 4-2. Le miracle de We Believe a eu lieu.

Un Dirk Nowitzki impuissant

Dirk Nowitzki n’a clairement pas été au niveau de ce premier touer alors qu’il est MVP avec 19,7 points de moyenne à 38% au tir, 21% à 3-points et 11,3 rebonds de moyenne. Clairement pas des stats de meilleur joueur de la Ligue.

Après l’élimination, frustré, le Wunderkind balance une poubelle qui va faire un trou dans un mur. Ce trou ne sera jamais rebouché et plus tard, il sera même demandé à Dirk de signer une plaque en plexiglas pour la mettre au-dessus dudit trou où sera accroché un t-shirt We Believe au-dessus.

Après ce fiasco, l’Allemand part en retraite spirituelle en Australie pour revenir plus fort. Un choix qui lui a permis de se concentrer sur le basket qui s’ajoute au fait qu’il avait modifié son alimentation après la défaite durant les finales 2006 face au Heat.

Deux éléments qui ont joué un rôle, à n’en pas douter, dans le sacre de 2011.

Suite et fin de We Believe

Pour reprendre des termes musicaux, cette victoire au premier tour est clairement ce qu’on peut appeler un one hit wonder, soit un coup d’éclat qui ne se reproduira jamais. Les Warriors s’inclinent lourdement face au Jazz, 4-1, dès le tour suivant. Une série où les hommes de Don Nelson n’ont pas démérité.

La saison 2007-08 reste honnête avec 48 victoires, mais la magie We Believe n’opère plus. À l’été, tous les joueurs majeurs sont envoyés vers des contrées nouvelles. Baron Davis part aux Clippers, Matt Barnes à Phoenix et Stephen Jackson rejoint Jason Richardson à Charlotte, lui qui était parti un an auparavant.

Sans surprise, la saison 2008-09 est bien morose avec seulement 29 victoires. Un bilan en nette baisse, mais qui permet à Golden State d’avoir le 7ème choix à la Draft. Les Warriors vont sélectionner un certain Stephen Curry et la suite appartient à l’histoire…

Cette épopée We Believe a été un vent d’air frais sur la NBA et a indirectement permis aux Warriors de drafté Stephen Curry quelques années plus tard, créant ainsi une des plus belles dynasties de l’histoire de la NBA. Le small ball avant le small ball, une véritable révolution dans la Grande Ligue, voilà l’héritage laissé par cette équipe marquante.

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