Josh Hart est l’une des révélations de ces playoffs. Grâce à son activité incessante des deux côtés du terrains et son adresse extérieure, il est un acteur majeur de la réussite des Knicks. Comment a-t-il réussi à conquérir le cœur des New-Yorkais en devenant une des stars de la Big Apple ?
Le roi du rebond
Depuis son arrivée dans la Ligue en 2017, Josh Hart s’est affirmé comme un excellent rebondeur. Malgré sa petite taille pour son poste (1,93m), il compense par une grande envergure de 204cm et une compréhension de jeu remarquable. Il est en effet très intelligent pour lire les trajectoires et sauter dans le bon timing. On le voit être plutôt intéressant dans le box-out pour justement empêcher son adversaire de capter un ballon en l’air. Nicolas Batum s’émerveillait après le match 2 contre les Knicks, où Josh Hart avait capté 15 rebonds en expliquant que « s’il a un secret, donnez-le-moi, s’il vous plaît ».
Il est actuellement le quatrième meilleur rebondeur en playoffs avec 12,3 prises par match. Sa présence détonne étant donné qu’il n’y a devant lui que des intérieurs avec Anthony Davis (2,08m), Nikola Jokic (2,11m) et Jarrett Allen (2,11m). Néanmoins, cela n’est pas non plus surprenant, car il était déjà élite dans ce secteur en régulière en étant dans le 98e centile aux rebonds défensifs et dans le 71e centile pour les rebonds offensifs. On comprend donc un peu plus pourquoi il était surnommé « Josh Barkley » par ses coéquipiers à l’époque où il évoluait à Los Angeles.
Hart s’inscrit parfaitement dans le système du « jeu des possessions » mis en place par Tom Thibodeau. En effet, même si les Knicks ne sont pas les plus efficaces au tir (17e à l’eFG%), ils sont une équipe qui cherche avant tout à avoir davantage de possessions que l’adversaire. Cela leur permet alors d’avoir des chances supplémentaires pour scorer, et ainsi d’avoir la même efficacité offensive en playoffs et en régulière avec 118,8 points par 100 possessions. Ce qui les classe respectivement à la 7e et 4e place.
Une défense hybride
Josh Hart possède un profil atypique qui lui offre la possibilité de jouer plusieurs rôles. Il peut défendre le point-of-attack où sa puissance physique lui permet de résister aux chocs dans les écrans et de mieux contenir les drives adverses. Même s’il peut manquer de mobilité contre les extérieurs très vifs, il n’en reste pas moins une solution très intéressante par séquences. Son envergure est également un avantage face à ces profils, car il peut gêner les lignes de passes.
Mais il peut aussi exceller dans la défense off-ball grâce à sa science du jeu. Il est en effet très bon pour anticiper les mouvements adverses, et ainsi venir en aide dans le bon timing. Hart n’hésite d’ailleurs pas à venir contrer par derrière, comme on a pu le voir lors du Game 1 contre Indiana. C’est un défenseur qui communique énormément, que ce soit pour changer de couvertures sur pick-and-roll ou bien pour replacer ses coéquipiers.
Et ça tient aussi grâce à une défense énorme sur Joel, très agressive.
On place OG sur Embiid et prise à 2 dès qu'il reçoit la balle avec Josh Hart en protecteur de cercle secondaire 👉 Batum est laissé seul et dunk ouvert MAIS JOSH HART SORT LE CONTRE DE L'ANNEE ! pic.twitter.com/iWwy2BQD9s
— 🃏 Penny Bergkamp 🃏 (@bergkamp_penny) April 29, 2024
Il est surtout l’un des joueurs qui profite le plus du changement de règle – non officiel – que l’on a pu observer après le All-Star Game. Étant donné que les arbitres laissent beaucoup plus le jeu se faire, Hart est en quelque sorte autorisé à être plus agressif. Il a eu pour la première fois de sa carrière un foul percentage inférieur à la moyenne à son poste cette année. On a par exemple vu Joël Embiid être en difficulté face à lui, car son centre de gravité plus bas et son activité ont participé à gêner le pivot des Sixers.
La transition à toute vitesse
New York est cette saison l’équipe la plus lente de toute la ligue. Et ils sont également mauvais sur jeu rapide en affichant la 21e efficacité en transition. Les Knicks possèdent pourtant la 4e efficacité en playoffs sur ce type de play, et Josh Hart n’y ait clairement pas étranger. Le New-Yorkais est en effet excellent pour remonter rapidement la balle, que ce soit après un panier encaissé, un rebond ou une interception. Cela est très flagrant contre Indiana, où il est une solution aux défenses tout-terrains proposées par les hommes de Rick Carlisle.
Cela lui permet d’accéder facilement au cercle, lui qui tente 48% de ses tirs en playoffs à cette distance (87e centile). Même si son efficacité laisse encore à désirer (54% ; 13e centile), cela constitue tout de même des shoots assez rentables. Il a également développé un footwork efficace qui lui offre la possibilité de finir dans diverses situations, avec par exemple son eurostep qu’il apprécie beaucoup. Ces actions créent surtout du chaos dans la défense adverse, qui peut ensuite être mis à profit pour obtenir des mismatchs favorables, comme pour Jalen Brunson.
Cela permet aussi de mettre en avant son passing, notamment via des situations de drive-and-kick très rapides. Il est en effet un joueur qui a montré depuis le début de sa carrière qu’il lisait très bien le jeu. Il est depuis 2021 et son arrivé à Portland à minima dans le 96e centile au niveau de l’assist-to-usage ratio. Il n’est donc pas réellement étonnant de le voir être le 2e meilleur passeur des Knicks en playoffs avec 4,8 assists par rencontre.
Peut-il maintenir une telle adresse ?
C’est LA grande surprise de Josh Hart sur ces playoffs. Alors qu’il tournait à 31,0% de loin sur 3,2 tentatives par match en régulière, ces chiffres ont augmenté à 43,2% sur 4,4 tirs en playoffs. Cela a notamment été l’un des facteurs X de la série contre Philadelphie puisque les Sixers avaient mis en place un plan lui laissant de l’espace pour shooter. Mais il tourne à 40,7% sur les trois points complètement ouverts (contre 32,3% en régulière).
Il a par exemple offert la victoire à son équipe dans le Game 1 contre les Sixers avec ses trois tirs extérieurs inscrits dans les six dernières minutes. Il expliquait après cette rencontre que « parfois je réfléchis trop quand j’ai de l’espace », précisant que « je me dis comment est placée ma main ? Comment est placé mon coude ». Mais depuis le début de la phase éliminatoire, on voit un joueur en totale confiance pour prendre les tirs que lui laisse la défense.
« En saison régulière, je pense que je n’ai shooté qu’à 30 % à 3 points donc c’est une stratégie intelligente […] Pour moi, il s’agit simplement de continuer à prendre des tirs. J’ai réussi mon premier tir et j’ai raté les quatre suivants. Normalement, j’aurais été hésitant. Mais je continue à shooter (pour) faire en sorte qu’ils me respectent »
Josh Hart, The Athletic
Et contrairement à ce qui est souvent fait avec les moins bon shooteurs, Thibodeau lui demande non pas de rester dans les corners, mais de se placer à 45 degrés. Cela lui permet ainsi d’avoir encore plus d’espace quand Brunson est pris à deux, mais aussi de mettre en avant ses qualités de playmakers et pas juste de finisseur.
Toute la question est maintenant de savoir s’il pourra maintenir ce rythme sur une plus longue période. On parle en effet d’un joueur qui a rarement été bon au tir, lui qui n’a réalisé que deux saisons dans sa carrière avec une efficacité extérieure supérieure à la moyenne de la ligue. Par ailleurs, il tourne durant ces playoffs à 48,1% à trois points dans les victoires contre 35,2% dans les défaites.
Une énergie inépuisable
Isaiah Hartenstein disait récemment que Josh Hart était « le pire joueur que je n’ai jamais côtoyé (à l’entraînement) ». Des propos qui ont également été confirmés dans la foulé par Jalen Brunson qui précisait que « Hart s’économise en ne s’entraînant pas ». Mais il est un tout autre joueur quand ce dernier est sur le parquet. Il est celui qui enflamme le Madison Square Garden par son activité incessante des deux côtés du terrain. Cela n’est d’ailleurs pas surprenant pour l’intéressé, lui qui expliquait que « du fait de ma façon de jouer, je ne peux pas faire ça tout le temps ».
Il joue 44,1 minutes par match depuis le début de la post season. C’est la moyenne la plus élevée depuis Kevin Durant en 2013 parmi les joueurs ayant au moins passé un tour. Ce chiffre est même plus impressionnant quand on sait qu’il a joué 12 quarts-temps consécutifs entre le Game 6 contre Phily et le Game 3 contre Indiana. Il a également participé à l’intégralité de 4 des 10 rencontres des Knicks jusqu’ici. Et ce chiffre risque encore d’augmenter au vu de toutes les absences du côté de New-York.
Pour autant cela ne dérange pas du tout l’intéressé, qui expliquait n’être pas suffisamment impliqué dans le jeu offensif de son équipe un peu plus tôt dans la saison. Avec la blessure de Julius Randle, il assume à merveille la place laissée vacante, et donne tout pour le collectif. Il est un véritable joueur d’équipe qui n’a qu’un seul objectif : obtenir la victoire coûte que coûte. Cela convient parfaitement à Thibodeau, qui avait voulu qu’il participe à la coupe du monde avec Team USA cet été afin d’arriver en forme pour cette saison.
Il est en tout cas certains que Josh Hart sera un élément majeur pour la suite de l’aventure des Knicks en play-offs. Alors que les Pacers sont revenus à égalité dans la série, le nouvel homme providentiel de New-York pourrait de nouveau faire pencher la balance en faveur de son équipe. Il est en tout cas certains qu’il va donner toute son énergie pour permettre à sa franchise de retourner en finale de conférence pour la première fois depuis 25 ans.
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