Si je dois décrire l’époque où la NBA devient un impondérable dans ma vie, les Suns sont en tête de liste. Dans cette NBA des années 2000, lente et roborative, une équipe détonne avec un jeu offensif à toute allure. Phoenix, Steve Nash, D’Antoni, Amar’e Stoudemire, Shawn Marion… Je ne vous refais pas ce que vous savez peut-être déjà si vous lisez les lignes nostalgiques de quelques articles sur l’histoire des Suns.
Je ne vous le refais pas mais quand même un peu quoi. Juste de quoi vous parler de Boris Diaw. Parce que si les Suns du milieu des années 2000 sont le met délicat qui me fait entrer au buffet NBA, Boris en est clairement l’assaisonnement. Diaw 2006. La pureté. Et pour moi, le choc.
Boris Diaw, le guard qui devient forward
Il arrive en provenance de la rotation des Hawks à Atlanta. Avec un peu de mal à prendre sa place dans un jeu des Hawks qui lui convient moins bien que celui qu’il trouvera dans les systèmes de D’Antoni. Arrivé à l’été 2005 à Phoenix, alors que Joe Johnson fait le voyage chez les aiglons. Boris commence sur le banc, parce qu’Amare n’est pas encore blessé. Puis Stoud se blesse, et Diaw est rapidement mis dans le 5 majeur par coach D’Antoni. Et puis il va dérouler tranquillement jusqu’au MIP.
Cette saison 2006 est très particulière aux Suns. Nash sort d’une campagne de MVP très sale mais l’absence de la force de frappe atomique qu’est Amar’e à l’époque fait planer les doutes sur la compétitivité des Suns dans un Ouest disputé. Pourtant, Steve Nash va taper un second MVP d’affilée, et à coté de lui, Boris va connaître un leap tellement insolent, qu’il ira chercher un Most Improved Player en fin de saison.
Une campagne mémorable. 53 victoires. 18 double-doubles et 4 triple-doubles. Le joueur qui plafonnait à même 4 puntos par match aux Hawks se retrouve aujourd’hui à 13pts de moyenne. Mais son job ne s’arrête pas là. Créateur, finisseur, point forward, fluidificateur, connecteur, il brille par son QI basket, ses aptitudes athlétiques encore très sérieuses, et sa qualité décisionnelle à la hauteur des ambitions offensives de ces Suns. Boris Diaw 2006, c’est mon basketball, c’est le basketball que j’aime, c’est le jeu incarné.
Une incarnation du basketball que j’aime
Peu d’autres joueurs ont si bien incarné cette version du basketball comme je l’aime. Sans chauvinisme, peu d’autres joueurs sont si hauts dans cette liste all time, qui m’a donné des frissons parce que chaque action allait plus loin encore que ce que le fan que j’étais et suis voulait voir. Dépasser toujours les attentes, par créativité ou par intelligence, et m’apprendre le basket tout en me régalant les yeux. Une telle justesse dans le jeu, quand le choix devient aussi clutch que la finition elle-même.
Dans les chiffres, Boris quadruple son rendement des Hawks sous la tunique des cactus. Sa valeur est précieuse dans la campagne de Phoenix. Elle le reste en playoffs. Au premier tour, face aux Lakers ennemis de toujours, Boris termine meilleur marqueur des Suns dans le Game 7 avec 21 points à 57%. Il y ajoute 9 passes et 7 rebonds. Moins à l’aise face aux Clippers, il va revenir fort, face aux Mavericks, en Finales de Conférence Ouest.
34 points à 56% dans la première win, à l’extérieur à Dallas. Avec en supplément topping deluxe, le game winner. À 0.5sec de la fin, sur un turnaround dans la raquette. Masterclass. J’étais abasourdi. 25-10-6 à 58% dans le défaite du match 2. Mieux défendu dès le match 3 perdu à domicile, il devra se contenter d’un 20-6-4, et de même ou presque dans la victoire au match 4. Le reste de la série ne sourira plus aux Suns qui devront, une fois n’est pas coutume (lol), s’arrêter en Finales de Conf.
Si vous voulez en apprendre davantage sur Boris Diaw, cette vidéo de The Ball Never Lies (Alex et Léonce, bien connus du coté de Trashtalk) est formidable !
L’héritage du régal
Boris ira gagner avec les Spurs. Difficile pour les fans locaux des Suns d’apprécier ce moment historique de sa carrière à sa juste valeur, tant la rivalité entre les deux franchises, les deux états, est vive. Mais moi, qui ne suis ni arizonien, ni clubiste, j’ai eu la chance de le regarder sans amertume, déployer tout son talent ailleurs. Il aura été magistral et essentiel, comme d’habitude finalement. Tout ça dans une certaine discrétion que je lui envie profondément. Avec une science, un toucher, un savoir-faire qui n’a perdu aucun poids alors que sa silhouette à commencer à en prendre un poil.
Aujourd’hui, ce rôle de connecteur, collectif et presque désintéressé, il existe plus que jamais en NBA. Draymond Green, Alperen Sengun et Nikola Jokic, qui cite Diaw comme une de ses idoles. Mais l’empreinte du jeu de Boris Diaw ne s’arrête pas aux parquets de la NBA. Elle aura façonné ma façon de concevoir le travail d’équipe, la mise en commun des compétences, pour un objectif partagé. Je ne suis pas sûr que j’aurais été 100% du type que je suis aujourd’hui si je n’avais pas vu Boris Diaw évoluer sous la tunique des Suns dès 2005-2006. J’ai eu cette chance, et elle m’a marquée.
Le régal du passé a laissé depuis la place à l’espoir. Celui d’avoir un peu de temps autour d’un micro un de ces quatre avec Boris. Pas réellement envie de revenir sempiternellement sur son passage aux Suns. Même si évidemment, quelques questions traversent toujours mon âme de supporter. Plutôt parler de sa définition du basket, du jeu. De pourquoi il a à ce point embrasser le rôle qui fut le sien. Jusqu’à en devenir un pion essentiel d’une équipe championne NBA, ou le capitaine de l’Équipe de France de Basket. On parlera aussi sans doute bonne bouffe et bon vin, mais ça, c’est pas le sujet ici. On gardera ça pour nous Boris. À bon entendeur !