Alors que la LNB subit une fuite de ses talents vers la NCAA, un joueur a tenté d’emprunter le chemin inverse cet été. Il s’agit d’Adama Bal, qui a signé à Strasbourg après quatre ans de formation outre-Atlantique, avant d’être coupé par le club alsacien sans y jouer le moindre match officiel et de rebondir avec les Westchester Knicks en G-League. Dans les combles du stade Philippe-Chatrier, où se tenait le Media Day de la LNB, le jeune arrière s’est exprimé sur sa trajectoire à notre micro.
Propos recueillis par Nicolas Bulach et Joshua Andres à Roland-Garros.
« À quel moment êtes-vous tombé dans le basket et vous êtes-vous rendu compte que vous pouviez finir pro ?
Adama Bal : J’aimerais dire dès le berceau, parce que mon père était entraîneur après avoir été joueur. Quand je grandissais, il était déjà entraîneur à la JALT au Mans, en N2. J’avais aussi mon grand frère qui jouait au basket, dans les catégories jeunes. Donc honnêtement j’ai toujours grandi dans ça, je n’ai connu que ce sport, et je me suis vu aller en pro très tôt. J’ai toujours eu un niveau assez bon pour ma génération, donc ça a toujours été dans un coin de ma tête.
« La NCAA, c’est un milieu de requins »
Pour atteindre cet objectif, vous avez rejoint la NCAA, en partant loin de chez vous, qu’est-ce qui vous a motivé pour faire ce choix ?
Adama Bal : Ça s’est fait dans un laps de six mois. Ce n’est pas quelque chose auquel j’ai pensé très tôt en me disant « je dois aller en NCAA ». À la base je comptais rester et passer pro en France. Quelques offres [de NCAA] sont arrivées. Au début, je n’y prêtais pas attention, puis je me suis mis à les regarder de plus près, et ça s’est fait assez rapidement.
Qu’est-ce que le cursus universitaire américain vous a appris, que ça soit sur ou en dehors du terrain ?
Adama Bal : La mentalité, le fait d’avoir confiance en soi. Ça fait cliché de dire ça, mais c’est un milieu de requins. En regardant autour de toi, tu vois qu’il n’y a que toi-même qui peut te sauver. Donc ce que j’ai appris, c’est qu’il faut penser que tu es le meilleur sur le terrain. Même si ce n’est pas forcément vrai, il faut le penser car personne ne le fera pour toi.
Diriez-vous que votre jeu a changé aux États-Unis ?
Adama Bal : Oui, mon jeu a beaucoup changé. C’est là-bas que j’ai commencé à trouver mon identité en tant que joueur. En termes d’intensité défensive, mon jeu a changé. Physiquement aussi, ça m’a apporté beaucoup d’aspects positifs à ce niveau-là.

Aujourd’hui, beaucoup de jeunes joueurs suivent votre parcours en partant pour la NCAA. Est-ce que c’est quelque chose que vous conseilleriez aux jeunes français qui sortent de l’INSEP ?
Adama Bal : Pas forcément, chacun a son parcours et c’est propre à chaque joueur. Moi, au moment où j’ai fait ce choix, c’était pour moi la meilleure solution possible par rapport aux options que j’avais. Mais de toute façon, il n’y a pas de bon ou de mauvais chemin, ça dépend du contexte de ta carrière et de ce que tu veux faire en tant que joueur.
En tout cas, si je me base sur mon expérience, ça m’a beaucoup apporté. Les jeunes devraient faire ce qu’ils pensent être le mieux pour eux, il ne faut pas se fermer de portes. Quand tu regardes notre génération, tout le monde est allé à droite à gauche, et au final on a tous réussi.
Cet été, aviez-vous l’option de rester aux États-Unis ?
Adama Bal : Oui, il y avait [cette option]. Comme au courant de l’année d’avant où je m’étais présenté à la Draft, j’étais plutôt bien positionné et je suis finalement retourné en université pour augmenter mon ranking. Après j’ai eu pas mal de blessures consécutives, dont la dernière à un workout avec les Hornets qui m’a empêché de faire le Draft Process.
J’ai aussi loupé la Summer League. C’est à ce moment-là que je me suis dit qu’il fallait que je rentre en France pour entamer une vraie carrière pro plutôt que de continuer en G-League. C’est un bon championnat, mais c’était mieux pour moi de revenir en Europe.
« Je ne me pose pas de limites »
Pouvez-vous présenter votre style de jeu aux spectateurs qui vont peut-être vous découvrir cette saison ?
Adama Bal : Ma capacité à être agressif, à créer tant pour moi-même que mes coéquipiers, et mon adresse extérieure aussi.
Dans cinq ans, où est-ce que vous vous voyez ?
Adama Bal : Je ne me pose pas de limites. Ce que m’a appris mon passage aux États-Unis et plus particulièrement ces deux dernières années, c’est qu’on peut très rarement planifier les choses à l’avance. Elles se feront comme elles se feront. Je vais tout prendre step by step, mois par mois, jour par jour, et après on verra.
Si on pouvait vous souhaiter une chose pour la saison à venir, ça serait quoi ?
Adama Bal : La bonne santé, tout simplement. »