Les 26 et 27 juin, le monde du basket aura les yeux braqués sur les jeunes joueurs qui seront draftés par les franchises NBA. Après Victor Wembanyama, Bilal Coulibaly et Rayan Rupert l’an passé, la France se présente avec pas moins de 17 candidats français à la Draft 2024 ! Tour d’horizon.
Les évidences
Une chose est sûre : Victor Wembanyama a ouvert un vortex vers la NBA, dans lequel les jeunes pépites françaises ne se privent pas de plonger. Alors que les candidatures viennent de clôturer, 17 Français ont officiellement lancé leur campagne. Ils s’imaginent donner outre-Atlantique un nouvel élan à leur carrière.
Après Wemby en clair numéro 1 l’an dernier, deux Français tiennent la corde pour succéder au phénomène tricolore sur la première marche du podium. Le premier est un autre intérieur : Alexandre Sarr. Le jeune homme de 2m16 jouait cette année du côté de Perth, en Australie. Un choix qui peut étonner à première vue mais il n’est pas le premier Frenchie à faire ce choix. Avant lui, Ousmane Dieng, Hugo Besson, Rayan Rupert côté français, et même LaMelo Ball côté américain, avaient choisi de passer par le circuit professionnel australien avant de rejoindre la Grande Ligue.
Alex Sarr has officially declared for the 2024 NBA draft.
(via @malika_andrews) pic.twitter.com/ZyXYMzmCUW
— NBA on ESPN (@ESPNNBA) April 12, 2024
L’intérieur s’était toutefois démarqué sur le continent américain par ses saisons en Overtime Elite, et plus récemment lors de deux matchs d’exhibition face à la G-League Ignite. De quoi le faire grimper au sommet des mock drafts, qu’il n’a plus jamais quitté. Son énorme potentiel en fait un potentiel first pick idéal pour qui cherche un intérieur pour compléter son secteur intérieur et/ou pour s’opposer à Wemby et Chet Holmgren d’ici quelques années.
Avec Sarr, Zaccharie Risacher est une deuxième chance française d’occuper le podium de la prochaine draft. Le jeune joueur a fait le pari de quitter l’ASVEL l’an dernier pour rallier la JL Bourg-en-Bresse. Et ça s’est avéré payant ! Fils de Stéphane, le longiligne ailier a obtenu le titre de meilleur jeune d’Eurocoupe, où il s’est distingué avec un impact croissant au fil de la compétition, et une adresse de 56 % à trois points en saison régulière. Il profite aussi de sa grande taille pour son poste (2,06m) pour prendre l’ascendant en défense, domaine dans lequel il brille.
Mais sa belle saison s’est délitée en play-offs, où ses garanties au tir notamment ont totalement disparu. Des doutes émergent, s’intensifient, quant à sa capacité à assumer le statut de numéro 1 de draft, et la pression particulière qui l’accompagne. Risacher reste une belle promesse. Son profil pourrait ajouter une belle variété au jeu de l’équipe qui le choisira, derrière un franchise player pouvant l’alléger de la pression médiatique.
Le Français le plus « NBA ready » n’est pas forcément le mieux classé. Néanmoins, Tidjane Salaün truste les places du top 15 de la prochaine draft. L’intérieur choletais impressionne par ses qualités défensives, athlétiques, et son adresse. Et pourtant, il n’était cantonné qu’au championnat espoir l’an dernier. Une histoire qui n’est pas sans rappeler celle de Bilal Coulibaly, dont il aimerait bien suivre les traces. Tout comme Coulibaly, Salaün ne rechigne pas défense où il dissuade, contre intercepte, et vient en aide avec une véritable énergie de tous les instants. Grâce à sa défense constante, il a plusieurs fois sauvé l’équipe de Laurent Vila qui manquait de régularité ou d’adresse dans les fins de match.
🎯 Maybe you should have @TidjaneSalaun in the @ASGLNB three-point contest too, @LNBofficiel.
The 18-year-old forward shot 𝟑/𝟒 from deep in the first half, to bring @CB_officiel back in the game!#BasketballCL pic.twitter.com/krUWVh2UNS
— Basketball Champions League (@BasketballCL) December 19, 2023
En attaque, le Choletais n’a pas besoin du ballon pour exister, posant les bons écrans et se plaçant dans les bons espaces pour recevoir la gonfle près du cercle. Il se montre aussi très adroit à trois points (38 % en Betclic Elite, 33 en BCL) ce qui en fait un vrai two-way player pouvant le faire monter dans le top 10.
Ils devraient être de la partie
Derrière ces trois évidences, deux autres Français devraient vraisemblablement trouver une place dans la draft. Il s’agit de Melvin Ajinça et Pacôme Dadiet. Le premier est un ailier de 2,03 mètres dont le nom est déjà bien connu dans le basket français. Non seulement grâce à son illustre cousin Alexis (ancien NBAer), mais aussi et surtout grâce à ses performances personnelles depuis deux ans. L’an dernier, il avait obtenu le titre de meilleur jeune de ProB avec Saint-Quentin, qui avait obtenu la montée en Betclic Elite. Le jeune français a fait le choix de la stabilité, choix récompensé par une magnifique saison du SQBB, totalement inespérée.
Avec ses 9,6 points et 3,4 rebonds de moyenne cette saison, Ajinça participe à la belle sixième place en championnat des Nordistes. Il avait déjà pu se montrer aux yeux du monde (donc des scouts) lors de la Coupe du Monde U19 2023 durant laquelle il inscrit 19 points de moyenne, et se voit nommer dans la deuxième équipe du tournoi. Nul doute que ses qualités défensives comme au shoot lui permettront d’espérer une place en fin de premier tour ou au second tour.
Le second, Pacôme Dadiet, a connu une belle ascension à Ulm, en Allemagne. Dans l’ancien club de Killian Hayes, Dadiet a convaincu le staff de l’équipe première qui a décidé de faire appel à celui qui jouait alors en réserve. À 18 ans seulement, il possède déjà d’expérience au haut niveau en Allemagne et en EuroCup, où il avait par exemple explosé ses 7 points de moyenne avec deux matchs à 14 et 15 points face à la JL de Bourg de… Risacher. Dadiet devra sûrement attendre le second tour pour voir une équipe miser sur son potentiel de « two-way player ».
Ils créeraient la surprise
Derrière ce groupe de tête, difficile pour le moment de voir un autre joueur se frayer une place à la draft. Mais certains d’entre eux pourraient très bien convaincre des franchises les jours suivants ! Ce peut être le cas de Mohamed Diarra, la belle histoire du dernier March Madness où il a fait sensation en enchaînant les très bons matchs en respectant le jeûne du Ramadan.
[📺LIVE ] 🏀 #NBA #SNL
👀🎙️ Mohamed Diarra, s'est confié en exclusivité à @SoFrenchProd sur sa saison avec NC State en NCAA, ses grosses prestations à la March Madness, son parcours atypique…#NBAextra pic.twitter.com/BXyTW5JhhJ— beIN SPORTS (@beinsports_FR) March 31, 2024
Deux autres universitaires en NCAA sont de la partie : Yacine Toumi et Adama Bal. Déjà international tunisien, Toumi montre des qualités de scoring très intéressantes avec Evansville. En plus d’un rythme assassin, l’ailier est très adroit. Il tourne à tourne 11,6 points de moyenne à 57,5% de réussite aux tirs. Il y ajoute 6,6 rebonds, 1,6 passe décisive, 0,7 contre, 0,7 interception, mais manque toutefois de protection de balle avec 2,2 balles perdues en moins de 26 minutes. Reste à savoir s’il passera professionnel aux États-Unis ou en Europe.
Bal de son côté, est aussi très convaincant avec Santa Clara. Il y a trouvé un contexte idéal pour performer au scoring, avec 14 points de moyenne en 11 minutes seulement. Il est aussi capable de prendre feu avec des soirs à 22 ou 25 points lui permettant de croire lui aussi à une place à la draft, son objectif en s’exportant aux USA après le Pôle France.
De forts espoirs français, des moindres chances
Armel Traoré, Ilias Kamardine ont eux aussi un profil intéressant. Ancien coéquipier de Victor Wembanyama aux Mets 92, Traoré a choisi de signer à l’ADA Blois, où il confirme sa constance avec 10 points et 7 rebonds de moyenne. Disposant l’été dernier d’offres en Europe, en Australie et en France, l’avenir dira si d’autres propositions fleuriront chez l’Oncle Sam. En attendant, il contribue à la quête de maintien dans l’élite de Blois.
Traoré est pour l’instant accompagné de son coéquipier Brice Dessert. Le grand intérieur a un profil attrayant et brut. Dans l’Elite, il conclut la saison régulière avec plusieurs embellies au scoring et au rebond, mais cela reste trop irrégulier, comme son temps de jeu. Conscient de ses axes de progression, il confiait au Républicain en début de saison devoir « encore mieux faire. Je dois progresser sur mon intensité, mais aussi techniquement comme le dribble ou encore les lancers francs. Je dois aussi franchir un cap mentalement pour avoir un mental de champion ». Des axes à travailler une année supplémentaire avant une candidature encore plus sérieuse en 2025.
Pour Kamardine à Vichy, le gap devrait être trop grand cette année. Ses 12 points de moyenne par match de ProB ne suffiront certainement pas à faire partie des 60 élus. Il en est de même pour son coéquipier Lucas Dufeal, dont la Leaders Cup remportée et ses 8 points et 5 rebonds de moyenne ne suffiront sans doute pas.
L’un des derniers Français déclarés à la draft, Ugo Doumbia, est un bon meneur de ProB avec ses 6 points, 3 rebonds et 3 passes. Difficile d’imaginer ce natif du Chesnay rejoindre l’autre Chenaysien Victor Wembanyama en NBA. Son avenir, à court terme du moins, se trouve peut-être plus au Mans, qui l’a prêté à Reims cette saison, et qui a pu voir de nets progrès chez le meneur de 20 ans.
L’autre Zacharie de la cuvée française, Zacharie Perrin, pourrait lui aussi être trop juste pour passer le cap de la NBA cette année. Il reste un joueur coté, mais dont l’explosion médiatique est arrivé très vite en deux ans. Il faut dire qu’à 19 ans, Perrin est déjà MVP du championnat Espoirs Pro B, MVP du Next Generation Tournament à Varèse, et devrait faire partie de l’Equipe de France U19 pour la Coupe du Monde en juin prochain.
Tout s’enchaîne, et son profil a attiré des clubs australiens et des facs américaines. Il en a d’ailleurs fait l’amère expérience à Illinois : une période difficile mentalement, qui le force à s’exfiltrer avant un retour en grâce en France. Sa saison actuelle plaide en sa faveur : près de 10 points, 7 rebonds en 24 minutes de moyenne. Zacharie Perrin montre déjà une maturité et un caractère à toute épreuve pour revenir à un top niveau. Peut-il rejoindre la NBA dès cette année, ou fera-t-il le choix de la patience et de la continuité à Antibes ?
Un autre Requin d’Antibes se présente à la draft : Milhan Charles. Le jeune ailier est néanmoins loin de son Sud natal car il est actuellement en prêt à Limbourg, aux Pays-Bas. Un parcours atypique tant le championnat néerlandais est peu référencé, mais il s’avère payant ! L’ailier se voit confier de grosses responsabilités avant ses 20 printemps, et tourne à 11 points, 4 rebonds et 1 passe de moyenne en 28 minutes.
Milhan Charles (2004) se fait plaisir au Pays-Bas 🍰
L’ex Antibois fait parler sa palette offensive 🎨 pour abattre Feyenoord 57-83, et poursuit sa belle saison à Limburg pic.twitter.com/GvYACYLwRb
— GOATOGUY (@goatoguy) February 9, 2024
Là-bas, il fait parler son incroyable explosivité pour monter rapidement au cercle du haut de son mètre 98. Ses pourcentages sont tout à fait corrects, à 50% au tir (35% à 3pts, 50% à 2pts) et 66% sur la ligne des lancers. Bon défenseur, il récupère plus de la moitié de ses rebonds de son côté du terrain. Un élément sécurisant dans un effectif en difficulté en championnat, mais qui attirera sans doute les regards en se présentant à la draft.
Tous pourront donc à minima susciter l’intérêt ou la curiosité de scouts pour être invités à des sessions, des camps d’entraînement cet été, ou tout simplement être observés l’an prochain, avant un potentiel grand saut.
Rien n’oblige d’ailleurs les 17 Français à maintenir leur candidature pour la cérémonie des 26 et 27 juin. Certains d’entre eux pourraient retirer leur nom après avoir sondé le marché, et ainsi obtenu un ordre d’idée de ce qu’ils peuvent espérer pour l’année prochaine avant de pourquoi pas présenter une candidature encore plus solide en 2025. Une chose est sûre : la France a plus qu’un incroyable talent.
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