Chicago
Chicago Tribune / Getty Images

Il est l’heure de tout détruire à Chicago

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Comme depuis quelques années, Chicago interroge. Les Bulls sont toujours l’une des équipes les plus suivies dans le monde entier, pourtant les choix laissent perplexe. Trop fort pour être nul, mais trop mauvais pour être bon. La franchise de l’Illinois doit néanmoins se décider rapidement, sous peine de connaître un futur très compliqué.

Un début de saison catastrophique

48 minutes auront suffi pour la première réunion de crise. Après le premier match, conclu par une défaite sévère contre Oklahoma, les joueurs ont choisi de se rassembler pour discuter de la rencontre. Un fait rare à ce moment de la saison. Billy Donovan voyait néanmoins cela d’un bon œil, lui qui déclarait en conférence de presse que « la confrontation est un bon signe, car cela montre que tout cela est important pour eux ». Mais depuis l’électrochoc n’a pas eu lieu. Les Bulls n’ont remporté que cinq des quatorze rencontres suivantes et pointent actuellement à la 12e place de l’Est.

Comme l’année dernière, l’attaque piétine. Chicago est en effet une équipe beaucoup trop passive. Il y a très peu de création intérieure (21e en paint touches), alors même que Nikola Vucevic avait été recruté pour cela. Les taureaux préfèrent à l’inverse jouer en périphérie, sans pour autant se montrer menaçants. Ils sont la 8e team avec la plus faible fréquence de tentatives à trois points et n’ont que le 19e free-throw rate. Au contraire ils privilégient les tirs à mi-distance, qui sont les shoots les moins rémunérateurs, ce qui explique leurs très mauvais offensives ratings.

Contrairement à l’année dernière, la défense n’est plus aussi efficace. L’équipe concède beaucoup trop de tir proche du panier, la faute à une défense extérieure catastrophique. Sauf que les taureaux n’ont pas de protecteur de cercle efficace. L’équipe laisse beaucoup trop de shoots ouverts à trois points qui font ficelles. On en vient presque à regretter le départ de Patrick Beverley tant il avait réussi à insuffler un fight spirit.

Le départ acté de Zach LaVine

Zach LaVine doit partir de Chicago. Sous contrat jusqu’en 2027 (avec une player option à 49 millions), il n’est pas le joueur que certains auraient imaginé qu’il devienne. Il est bien évidement un excellent scoreur aux trois niveaux, mais sa sélection laisse à désirer. L’arrière est par exemple très maladroit sur ce début de saison (21,9 points à 42,7% ; 98 de TS+). Il tourne par exemple à 32,9 % sur ses pull-up, alors qu’ils représentent presque la moitié de ses tirs. Il est 15e sur 19e en termes d’efficacité parmi les joueurs en tentant au moins 8 par rencontre. On regrette qu’il n’ait jamais développé un réel jeu off-ball lui permettant d’obtenir des paniers plus faciles.

On remarque par ailleurs LaVine contester très souvent les décisions arbitrales. Il n’est pas rare de le voir foncer vers un adversaire et lever les bras en l’air au moindre contact pour avoir des lancers. L’arrière ne se remet d’ailleurs pas en question et semble plus que jamais déterminé à partir. Le problème est qu’il est un fardeau dès qu’il n’arrive pas à scorer. Et même quand il est en forme, il ne rend pas ses coéquipiers meilleurs. Il a par exemple inscrit 51 points dans une défaite de seize points à Detroit.

Malgré quelques progrès, il n’est pas un réel créateur pour les autres. La majorité de ses assists sont en réalité de simple kick out. Il est en quelque sorte un trou noir attiré par le panier dès qu’il a le ballon en main. Et en défense il fait rarement les efforts pour réaliser des stops. Mikal Bridges s’est par exemple facilement débarrassé de lui en fin de rencontre. Ce n’est pas étonnant si sur les trois dernières saisons, Chicago à une moins bonne défense quand il est sur le parquet.

Des « leaders » trop âgés

Jamais Nikola Vucevic ne semble avoir réussi à avoir trouvé sa place. Arrivé en tant que double All-Star en provenance d’Orlando, il a en quelque sorte déçu. Il est certes mal utilisé par Billy Donovan, qui n’exploite pas assez ses skills au poste, mais le monténégrin n’est pas non plus exempt de tout reproche. Il ne parvient pas à être adroit (seulement 32,7 % de loin depuis 2021) alors que c’est un aspect important de son jeu. De ce fait les défenses le laissent davantage shooter, ce qui limite les espaces et donc son passing. Son impact reste insuffisant malgré quelques progrès dans la protection de cercle. Beaucoup de personnes regrettent à juste titre ce trade tant les Bulls ont sacrifié leur avenir pour l’acquérir (Wendell Carter Jr. + 2 first picks dont Franz Wagner).

DeMar DeRozan est l’un des rares joueurs difficilement critiquables. Toujours exemplaire sur et en dehors des terrains, il est le réel leader de cette équipe. Il n’hésite pas à prendre ses responsabilités en fin de match, où il a gagné le surnom de « King of the Fourth » en raison de ses exploits. L’arrière est notamment élite pour obtenir des lancers grâce à sa remarquable compréhension du jeu. Il n’est plus ce scoreur unidimensionnel de Toronto, lui qui affiche à la fois un excellent turnover percentage (5,0 % ; 97e centile) et un très bon assist-to-usage ratio (0,80 ; 73e centile).

On peut bien évidemment regretter une défense absente par séquences et son jeu anachronique basé sur le mi-distance. Il a par exemple toujours été au moins l’un des 5 joueurs à tenter le plus de mid-range à son poste. DeRozan est d’ailleurs premier chaque année depuis 2018. Âgé de 34 ans, l’arrière joue le titre à très court terme, lui qui n’a plus passé le premier tour depuis ses années au Canada. Il sera intéressant de voir où il signera cet été, lui qui semble encore indécis sur sa future destination.

Patrick Williams et Coby White, symboles de l’échec à la Draft

Il est très compliqué de défendre aujourd’hui Patrick Williams. Les flashs que l’on peut voir depuis son arrivée ne sont plus suffisants. Sa timidité exaspère tout le monde, alors qu’il est un joueur avec des qualités certaines. Il a progressé sur son footwork, en s’inspirant pas mal de DeRozan, mais ce n’est clairement pas assez (5,6 points et 3,5 rebonds en 22 minutes).

L’ancien de Florida State n’a que très peu d’impact sur ce début de saison, où il est d’ailleurs en manque de confiance. Son très faible 25,6 % de loin le limitent forcément. Comme la saison dernière, Donovan le fait sortir du banc, car il lui préfère des joueurs apportant plus d’énergie. C’est d’autant plus inquiétant que Williams était censé être LE jeune à développer côté Bulls. Il n’est d’ailleurs pas sûr qu’il soit conservé cette saison, ou l’été prochain.

Coby White quant à lui a récupéré sa place dans le starting five, mais il n’est clairement pas un meneur titulaire. Il a progressé dans la compréhension du jeu, mais cela n’est pas suffisant. Il n’est d’ailleurs pas assez bien utilisé, car il a besoin d’avoir la balle en main pour exister. L’ancien guard de UNC présente un plafond assez bas et est prédestinée à devenir un sixième homme dans le futur en raison de son jeu à risque.

Le départ de Billy Donovan est-il inévitable ?

Billy Donovan ne semble plus avoir la main sur son effectif. Coach avec des limites visibles, il avait néanmoins séduit au cours de sa deuxième saison grâce à un super équilibre trouvé. Mais depuis la blessure de Lonzo Ball il n’arrive plus à retrouver la formule. Ancré dans ses rotations, il montre assez peu d’adaptation en match en se fiant presque toujours à son plan initial même si un joueur est en forme.

Il n’est pas parvenu à développer efficacement les jeunes qu’il a eus sous le coude. On peut penser à Lauri Markannen, qui a connu une seule saison avec Donovan avant de s’envoler à Cleveland. Le coach ne semble pas réussir à mettre dans les meilleures conditions ces jeunes joueurs. Patrick Williams est majoritairement utilisé au poste 4 alors que c’est un pur ailier de formation. Ces lacunes aux rebonds sont visibles, mais « Billy the Kid » continue de l’utiliser en tant qu’intérieur.

Les confrontations avec ces joueurs sont par ailleurs de plus en plus récurrentes. On pense à l’altercation avec Vucevic dès le premier match de la saison, ou à sa relation conflictuelle avec LaVine. On se souvient que l’arrière n’avait pas apprécié être benché en fin de rencontre contre Orlando il y a un an. Il semblerait pourtant que le coach bénéficie du soutien d’une majorité du vestiaire. Mais est-ce toujours le cas de son front office ?

Il est l’heure de faire des choix tranchés

Fini d’être dans le ventre mou de la conférence Est. Chicago DOIT être clair dans ses intentions. Soit le front office choisit de tout mettre en œuvre pour viser le titre, en prenant des risques sur le marché des transferts et en hypothéquant leur futur. Soit les dirigeants décident de tout plaquer et d’entreprendre une nouvelle reconstruction comme en 2017. La première option semble néanmoins difficilement viable, car les Bulls ne possèdent pas d’asset intéressant pour récupérer une star.

Il me parait souhaitable que le front office privilégie donc cette seconde option, en repartant de zéro. On sait d’ailleurs que Jerry Reinsdorf — propriétaire de la franchise depuis 1985 — est peu enclin à faire des dépenses insensées. Les Bulls ont peu été au-dessus de la luxury tax sous sa présidence et le staff a rarement été renouvelé. On sait d’ailleurs qu’il préfère largement le baseball, lui qui déclarait en 2012 que « le basketball n’est qu’un jeu (tandis que) le baseball est une religion ».

Arturas Karnisovas est bien évidemment sur la sellette. Même s’il a vite réussi à reconstruire le carnage laissé par le duo « GarPax », certains de ces choix laissent à discuter. Le trade de Vucevic symbolise l’échec du projet Bulls, qui a essayé de trop rapidement revenir au sommet en misant beaucoup trop sur le court terme, alors que les limites étaient visibles. Bien sûr l’absence de Lonzo Ball a eu un impact énorme, surtout quand on sait que Chicago trônait en haut de l’Est avant sa blessure, mais cela n’explique pas tout. Peut-être d’ailleurs que ces Bulls étaient en surrégime à l’époque, et qu’ils auraient ralenti au final.

Toujours est-il que Chicago est à un moment charnière de son histoire. Est-ce que les dirigeants parviendront à suivre une voie claire et précise, ou bien préfèreront-ils vivre sur leur glorieux passé ? Arriveront-ils à récupérer de bons assets ? Réponses dans les prochaines semaines.

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