Not on Herb. Les fans des Pelicans connaissent très bien ces trois mots, puisqu’ils sont répétés constamment lorsqu’Herb Jones est évoqué. Aujourd’hui élément indispensable des Pélicans de la Nouvelle-Orléans, retour sur son parcours pour atteindre la NBA, ainsi que sur son début de carrière réussi dans un contexte pourtant compliqué !
Années lycée-université
Il faut dire que Herb n’est pas précoce : il n’a commencé le basket « que » en 7th grade (l’équivalent de la cinquième en France). Le natif de l’Alabama a d’abord joué dans le lycée Sunshine à Newbern dans ce même état, pour lequel son père était entraîneur. Il le suivit d’ailleurs lorsque ce dernier devient assistant coach dans le lycée Hale County, toujours dans l’Alabama. Pour son année en Senior (l’équivalent de la terminale), Herb avait de bonnes moyennes, 16.6 points, 8.2 rebonds et 4 passes décisives. De plus, Hale County gagna pour la première fois de son histoire le tournoi 4A 2017, un tournoi inter-lycées de l’Alabama, avec un Herb élu joueur de l’année.
Suite à cela, il reçut plusieurs offres de différentes universités réputées: Georgia, Florida, Georgia Tech, mais surtout les locales Auburn et Alabama. Cette dernière est celle que Herb a choisi. Contrairement à beaucoup de joueurs NBA actuels, Herb a lui suivi un cursus universitaire complet, avec 4 années passées à l’université. Même si sa moyenne de points était basse et son adresse mauvaise, il se faisait remarquer dès sa première année avec un record battu de 23 passages en force provoqués. L’année suivante, il tournait à 6.4 pts et 3.5 rebonds, mais encore avec une adresse mauvaise… Seulement 28% sur les tirs à 3 points, et moins de 50% sur la ligne des lancers francs. Cependant, ces nombres furent en hausse pour les 2 années qui ont suivi.
Lors de sa dernière saison universitaire 2020-2021, Herb n’avait pas non plus une adresse phénoménale, mais il finit tout de même avec 11.2 points de moyenne, 6.6 rebonds, 3.3 passes, à 44.6% au tir, 35% de loin et 71% aux lancers francs. Sachant qu’il comptait se présenter à la draft 2021, ce ne sont pas des nombres très marquants. Cependant, là où il se détachait des autres, c’était sur sa défense et sa hargne.
Vainqueur du titre de défenseur de l’année SEC, il tournait à 1.7 interceptions et 1.1 contres par match ! De plus, une vidéo a fait le tour des réseaux lors de la saison 2019-20: Alabama et LSU s’affrontaient et nous avions droit à une fin de match très serrée. Herb Jones se blesse au poignet, mais continue de jouer. Il est contraint de tirer des lancers francs d’une seule main… et il convertit. Alabama finit par s’imposer dans ce match.
Le 8 avril 2021, Herb a terminé son cursus universitaire, et s’inscrit officiellement à la Draft 2021 de la NBA.
With the 35th pick in the 2021 NBA Draft…
Pour cette 75ème édition de la Draft NBA, nous avons eu le droit à de nombreux talents: Cade Cunningham, Evan Mobley, Alperen Sengun, ou Scottie Barnes (futur vainqueur du trophée de rookie de l’année), pour ne citer qu’eux. Logiquement, Herb et son profil presque exclusivement défensif n’est pas sélectionné tout de suite. En effet, des joueurs comme Jalen Green, Josh Giddey et Franz Wagner étaient choisis très haut pour leur potentiel offensif intéressant. Le premier tour de la draft s’est terminé, 30 joueurs furent choisis, mais Herb Jones ne fait pas parmi de cette liste. Evidemment stressé, l’ailier attendit son tour avec patience. La délivrance se fait lorsque Mark Tatum fait son annonce pour le 35ème choix de draft.
Dans une séquence émouvante, entouré de sa famille et de ses proches, Herb fond en larmes. Il aura sa chance en NBA, et ce ne sera pas loin de sa ville natale : rendez-vous à New Orleans.
Saison rookie : une popularité unanime
La saison 2021-22 des Pelicans est en quelque sorte une saison d’entre deux: cela fait 2 ans que le duo Brandon Ingram & Zion Williamson fait rêver tout le monde, et pourtant… deux échecs cuisants coup sur coup, échouant deux années de suite aux portes des playoffs. Ainsi, il y a eu beaucoup de mouvement sur cette période estivale. Tout d’abord, le licenciement de Stan Van Gundy, et l’arrivée d’un tout nouvel entraîneur, Willie Green. Lonzo Ball est lui envoyé à Chicago contre Garrett Temple et Tomas Satoransky, tandis que le secteur intérieur est renforcé, avec l’arrivée de Jonas Valanciunas et du pick 17, échangé aux Grizzlies contre Steven Adams, Eric Bledsoe et le pick 10. Un remaniement total, puisque 3 des 5 titulaires ont été changé. C’est donc dans un contexte instable que Herb Jones débarque.
Une Summer League plus que réussie
Habituellement, les entraîneurs de Summer League sont les assistants. Pour le coup, Willie Green a pris les rênes, puisqu’il attaquera sa première saison NBA en tant qu’entraîneur principal, il voulait donc avoir un avant-goût de son métier à temps plein, histoire de connaître ses joueurs. Une aubaine, puisqu’un certain joueur fera forte impression dès le premier entraînement. Ce joueur, c’est Herb Jones.
Willie Green knew Herb Jones was special from the jump
(via Basketball Illuminati Podcast) pic.twitter.com/hL83yqZ63N
— Jake Hardee (@pelicansbyjake) August 13, 2022
David Griffin, vice-président des opérations basket des Pelicans, nous confie en 2022 ceci, à propos de la saison 2021-22:
Après l’entraînement, Willie (Green) nous appelle Trajan (Langdon) et moi, et il nous dit: « Vous n’avez pas dit que vous pensiez qu’il allait jouer à Birmingham à un moment?
– Oui, probablement, a répondu David Griffin
– C’est le premier entraînement. Je ne pense pas qu’il ira à Birmingham du tout. Il fait des choses qu’on ne peut pas enseigner. »
Trajan Langdon est le General Manager de la franchise de New Orleans. Birmingham est l’équipe de G-League des Pelicans, les Birmingham Squadron. Au premier abord, Willie Green a déjà flashé sur Herb Jones. Sauf qu’il ne s’arrête pas là, David Griffin poursuit:
Troisième entraînement de Summer League, histoire vraie, il dit:
« Griff’, si c’est OK, tu vas me prendre pour un fou, je vais le titulariser.
– Bien sûr Coach, vas-y titularise-le, c’est tranquille la Summer League ! Fais ce que tu veux !
– Non non non, je veux dire avec notre équipe principale. »
Il savait dès le départ ce que Herb Jones allait représenter dans notre équipe.
Ses stats, encore une fois peu flamboyantes, montrent ses qualités défensives. En seulement 20 minutes de jeu, il comptait en moyenne 1.4 interceptions et 1.2 contres, en plus de tourner à 7.6 points de moyenne, à une adresse respectable (45% au tir). Même si les Kings finiront par remporter le trophée de Summer League, les Pelicans finiront tout de même invaincus, avec 5 victoires et 0 défaites. Mais surtout, un grand espoir pour la suite.
Une saison régulière qui commence très mal…
Herb Jones jouera le premier match de la saison, mais seulement pour 3 petites minutes, le score étant de 26 points d’écart au moment de sa première apparition. Pas de points à se mettre sous la dent. En revanche, Josh Hart est déclaré forfait pour le match suivant à Chicago. Pourtant derrière Garrett Temple, Naji Marshall et Trey Murphy III dans la rotation… Herb Jones remplace Hart dans le 5 majeur. Dire que sa première est un réussite serait un euphémisme. Malgré une lourde défaite au final, Herb Jones jouera 29 minutes, et finira avec 6 points, 3 passes, 1 interception et 1 contre, à 3/4 au tir ! Mais surtout, un +/- de +17 !! A titre de comparaison, les 2ème et 3ème joueurs des Pelicans avec le meilleur +/- sont Devonte’ Graham et Jonas Valanciunas, avec +3.
A peine deux matchs ont été joués que l’importance de Herb Jones se ressent. Le match suivant, malgré une panne d’adresse au tir, il amasse 6 rebonds offensifs, ce qui est encore un record en carrière pour lui à ce jour. Ce n’est que deux jours plus tard que les Pelicans obtiendront leur première victoire de la saison, et leur dernière avant… un bon bout de temps. Sur les 13 premiers matchs, 12 se solderont par des défaites. Le bilan est lourd pour Herb, qui retrouve sa place sur le banc lorsque Josh Hart revient. Cela ne s’annonce pas glorieux. Surtout qu’Ingram s’est blessé et que Williamson se plaint d’une blessure au pied, et n’est pas près de revenir…
… mais qui s’améliore grandement
Les Pelicans comptent désormais 3 victoires et 16 défaites. L’heure pour Willie Green de tenter quelques changements. Nickeil Alexander-Walker, jusque là titulaire, passe sur le banc. Herb Jones prend sa place. A partir de là, les Pelicans vont relever la tête. Deux victoires convaincantes, d’abord assez largement contre Washington, puis face à une séduisante équipe de Utah grâce à un game-winner de Devonte’ Graham. Pas de quoi s’affoler, les Pels sont loin d’être sortis d’affaire. En revanche, enchaîner 2 victoires pour la première fois de la saison, c’est un signe positif. Herb ne sortira plus du 5 majeur. Et depuis sa titularisation, les Pelicans ont un bilan positif ! Jusqu’à la trade deadline, les Pelicans sont à 19 victoires et 16 défaites, les mettant à 22-32. Sauf que le 8 février, quelque chose viendra tout chambouler, en bien.
Arrivée de CJ McCollum et playoffs push :
CJ McCollum, Larry Nance Jr. et Tony Snell arrivent en provenance de Portland ! Fin de l’aventure pour Josh Hart, Nickeil Alexander-Walker, Tomas Satoransky et Didi Louzada qui font le chemin inverse. Une aubaine pour des Pelicans qui avaient désespérément besoin d’un meneur de jeu. Celui-ci va faire un gros travail dans un Ouest au Play-in extrêmement accessible ! En effet, NOLA va parvenir à se qualifier à la 9ème place, avec seulement 36 victoires pour 46 défaites ! Ils vont devoir faire face aux Spurs de Dejounte Murray, récent All-Star, puis le perdant du match Timberwolves-Clippers.
Au final, il finira la saison avec des stats très correctes !
9.5 points, 3.8 rebonds, 2.1 passes, mais surtout 1.7 interceptions, ce qui le place top 10 de toute la NBA ! Ajoutons à cela une sélection au Rising-Star Challenge et la copie est remplie, Herb Jones est LE steal de la draft 2021.
Play-in & playoffs : la révélation au monde entier
Première expérience post-saison régulière, ça ne lui fait pas peur. En mission pour tenter d’arrêter le néo-All-Star, Herb y va… et réussit parfaitement ! Au Smoothie King Center, Dejounte Murray va souffrir face à Herb, finissant à 5/19 au tir ! Les espoirs pour un premier tour de playoffs sont grands, surtout après un départ aussi calamiteux.
Play-in, deuxième acte. Les Pels affrontent les Clippers, adversaire qui leur a plutôt réussi sur la saison (3-1). Avec un Ingram en feu, New Orleans prend un gros avantage dès le début, avant un gros run de Los Angeles qui leur fait prendre 10 points d’avance. C’est alors que Willie Green fait un discours mémorable.
"You've got to fight!"
Head Coach Willie Green's message to the Pelicans heading into the 4th QTR 😤 pic.twitter.com/vSFjwXbJni
— NBA on TNT (@NBAonTNT) April 16, 2022
Les Pelicans réussiront à faire un comeback dans le 4ème quart-temps, pour avancer pour la première fois depuis 2018 à un tour de playoffs.
La révélation, elle se fait ici. Les Suns sont leurs adversaires durant ces playoffs. Phoenix, finaliste en titre et l’équipe avec le meilleur bilan de la ligue, est leur adversaire. Evidemment, pas une personne ne mise sur New Orleans, tout le monde les voit se faire ridiculiser… Et bien pas du tout. Malgré une défaite logique au match 1, New Orleans vient battre les n°1 de l’Ouest chez eux pour voler l’avantage du terrain. Brandon Ingram fait une série de playoffs excellente, même si Phoenix reprend l’avantage du terrain en gagnant le match 3.
C’est au match 4 que les Pelicans vont obtenir l’attention du monde entier. La définition du Win or Go Home. En cas de défaite, la fin de saison semble inévitable. C’est le moment où les rookies sortent de leur coquille. Emmenés par un Ingram toujours aussi bon, Herb Jones et Jose Alvarado vont devenir un symbole en Louisiane. 2 interceptions et 3 contres pour Herb, les 3 sur des tirs longue distance, les 3 en seconde mi-temps. De plus, Alvarado se paye Chris Paul, en forçant une violation des 8 secondes et en lui faisant sa spéciale « GTA », conclue par… Herb. Les commentaires de Kevin Harlan et Reggie Miller rendent le moment inoubliable, surtout qu’il est immortalisé par une vidéo de la NBA juste pour eux. Frissons garantis.
Cette victoire sera aussi la dernière de la saison, Phoenix s’imposant 4-2 dans cette série. Peu importe. L’avenir est radieux pour cette équipe, qui a réussi sa saison après un départ misérable, et avec un Herb Jones qui en est le cœur.
Saison sophomore : la stagnation
Oui, même si la hype autour des Pelicans était énorme, ils ne vont pas beaucoup s’améliorer. Zion Williamson enfin disponible pour jouer des matchs, ça ne durera que 29 matchs. Ingram, lui, en jouera 45. Ainsi, New Orleans, malgré un départ canon en étant premier de conférence en Décembre, retombe dans ses travers. Herb, niveau statistique, n’a pas beaucoup changé. 9.8 points, 4.1 rebonds, 1.6 interceptions, et un impact toujours aussi énorme. Cependant, 16 matchs manqués pour cause de blessure, et ça n’aide pas. Malgré tout, les Pelicans terminent avec un bilan positif, de 42 victoires pour 40 défaites.
La dynamique est clairement inverse à l’année précédente : ils étaient tout en bas du classement pour tenter d’accrocher une place, tandis que cette année-là, ils sont complètement dégringolé. Ca se confirme même lorsque le premier match du Play-in, à domicile, les Pelicans s’inclinent contre le Thunder. Malgré un très bon travail de Herb sur Shai Gilgeous-Alexander, ce dernier devient inarrêtable en seconde mi-temps. Cerise sur le gateau, il y avait 3 points d’écart à 3 secondes de la fin, et Herb perd le ballon de manière bête. Fin du mythe, les Pelicans n’iront pas en playoffs.
Saison actuelle : la progression
Aujourd’hui, au moment où cet article est écrit, les Pelicans sont en positif, avec 11 victoires pour 10 défaites. Herb, lui, a grandement progressé ! 11.8 points à plus de 50% au tir, 1.9 interceptions et 1.3 contres par match, ancré dans la discussion du défenseur de l’année. Là où il s’est le plus amélioré, c’est aux lancers francs: 87% sur la saison, ses pourcentages désastreux à Alabama sont loin. Il a actuellement manqué 3 matchs cette saison, qui se sont tous 3 soldés par des défaites. De plus, un clair boost d’énergie a été remarqué quand il est là. L’équipe joue mieux, le ballon circule bien, et ça recommence à gagner. Aujourd’hui qualifiés pour les phases finales du In-Season Tournament, NOLA doit sa réussite notamment grâce à un Herb Jones en jambes.
Son impact en chiffres :
Herb est aujourd’hui le 30ème joueur le plus capé de l’histoire des Pelicans, avec 162 matchs à son actif sous le maillot des Pels. Le fait qu’il soit le 28ème meilleur scoreur, avec 1604 points marqués montre un côté assez sous-estimé chez lui: son apport offensif, qui se développe bien plus cette saison.
Par contre, sa spécialité reste la défense, et ça se voit : il est déjà le 6ème meilleur intercepteur de l’histoire de la franchise, et il risque de continuer à monter très vite à ce rythme. De plus, il est le 15ème meilleur contreur. Rien que ça. Egalement 15ème en nombre de titularisations à New Orleans, preuve d’une intégration quasi immédiate qu’il ne faut pas changer. Un aspect à améliorer ? Trop de fautes, parfois un peu naïves, mais au fil du temps je pense que ça devrait aller mieux sur cet aspect.
Que retenir ?
Herb Jones est le lieutenant idéal. Pas celui qui va mettre le plus de points, mais celui qui va faire les actions les plus importantes. Pas un franchise player, mais il reste indispensable. Dans ce contexte étrange qu’il est tombé, avec deux stars souvent blessées et qui apprennent à jouer ensemble, il se fond parfaitement dans la masse, et sort même du lot. « Fan favorite » de la communauté des Pelicans, Herb Jones n’est pas près de partir. Avec un nouveau contrat de 54M sur 4 ans signé cet été (ce qui, pour beaucoup, est le contrat le plus rentable de tout l’été en NBA), le symbole de cette nouvelle solidité nouvelle-orléanaise fait rêver toute une fanbase.
Not on Herb, et ce pour encore longtemps.
[…] Si, hormis une sélection au Rising-Stars Challenge, Herb n’a pas un palmarès très développé, cela peut s’expliquer par beaucoup de choses. Tout d’abord, parce qu’il n’est pas un scoreur né, et qu’il tire son équipe vers le haut d’une autre manière. […]