En ce moment, la ligue australienne se lance dans sa pré-saison et ne va pas tarder à reprendre. On le sait, la NBL est une ligue de prospects montante et il devient de plus en plus rare qu’aucun joueur venant de la plus grande ligue océanique. Rien que l’année dernière, trois joueurs ont été repêchés depuis là-bas : Rocco Zikarsky de Brisbane, Alex Toohey de Sydney et Lachlan Olbrich de Illawarra. Par le passé, on a vu aussi LaMelo Ball, Josh Giddey ou Alex Sarr sortir de cette ligue par le biais du programme NBL Next Stars. Aujourd’hui, c’est l’occasion de revenir en détail sur plusieurs joueurs qui pourraient finir sélectionnés en 2026.
La star : Karim Lopez (New Zealand Breakers)
Stats 2024-2025 : 9.6 points, 4.7 rebonds, 1.2 assists, 57.3% de TS%
Aujourd’hui attendu dans la loterie de la draft, Karim Lopez est clairement dans le viseur des scouts du monde entier. Membre star du programme NBL Next Stars, le plus grand prospect de l’histoire du Mexique sort d’une très bonne saison en Nouvelle-Zélande et sera attendu encore meilleur en 2025-2026. On a eu de la matière pour voir toutes les qualités dont il dispose, que ce soit avec le Mexique en U-16, avec Joventut Badalona en ANGT ou en NBL.
La première force de Karim, c’est son physique de forward qui combine des très longs bras, un assez bon bulk sur le haut du corps et une mobilité de bonne facture nécessaire pour être un ailier de qualité aujourd’hui. Cette capacité à s’imposer physiquement lui sert pas mal car elle permet d’aller chercher des contres quand il est dans le bon timing. Il utilise également ses bras pour aller chercher des rebonds au-dessus de la mêlée.
Techniquement, Karim n’est pas en reste : ce n’est pas seulement un super physique d’ailier. Ce qui marque tout de suite avec Lopez, c’est son aisance balle en main et sa capacité à conserver son ballon. Il a beaucoup d’atout une fois lancée grâce à un alliage de physique, grâce auquel il peut bully des intérieurs de NBL qui manque parfois de taille, de handle et de toucher de balle. En effet, Karim est à 68.7% sur la ligne, ce qui est pas si mal pour un joueur qui avait 17 ans dans une ligue de professionnel. Il a également montré quelques capacités à tirer de loin même si il droit travailler sur ses choix et son efficacité. Près du panier, il a tendance à forcer quelques tentatives mais globalement, on a un joueur de talent qui possède une belle palette offensive au cercle.
Après une saison de rodage, Karim Lopez sera très attendu par la sphère basket sachant que l’immense majorité des mock drafts et big boards parlent de lui comme un pick dans le top 10.
Le pilier de défense : Malique Lewis (South East Melbourne Phoenix)
Stats 2024-2025 : 6.8 points, 4.1 rebonds, 1.1 assists, 53.9% de TS%
Après une première année au Phoenix de South East Melbourne, Malique a décidé de rester dans l’équipe plutôt que de partir à la draft. L’ailier trinidadien sort d’une saison intéressante mais pas suffisante pour être un joueur drafté assez haut en l’état et il va falloir qu’il progresse à beaucoup de niveaux pour être drafté comme d’autres membres du NBL Next Stars.
Dans les qualités de Lewis, on a un physique fabuleux. Malique a ce qu’on appelle un physique « à la » Draymond Green. Il est assez petit pour un poste d’ailier fort avec un petit 2m02 mais possède un corps très puissant physiquement pour résister aux contacts ainsi qu’une envergure d’albatros. Ce physique est exploité parfaitement défensivement où on voit Malique être un véritable couteau-suisse. Que ce soit en POA, en aide sur le contre, en défense de transition, en gamble sur les double-teams, le trinidadien est une arme complète dans sa moitié de terrain et est un des meilleurs prospects défensifs de sa cuvée en 2026.
Cependant, si c’est un super défenseur, l’attaquant demande encore du travail. Commençons par le toucher de balle : Que ce soit en Espagne avec la Fuenlabrada, au Mexique avec les Capitanes ou en Australie avec le Phoenix, Malique a toujours stagné autour des 68% sur la ligne. Le côté « non-progression » est plus inquiétant que le chiffre en lui-même. Au shoot, il essaie, il a eu des bonnes réussites en G-League mais globalement, c’est compliqué. Il y a eu des flashs rassurants de progression sur la pré-saison NBL (il semble avoir fluidifier sa mécanique) mais c’est historiquement pas bon. En finition près du cercle, il n’est pas si mauvais sans être exceptionnel mais on sent qu’il a aussi subi le jeu offensif parfois faible du Phoenix. Cependant, il manque aussi de toucher globalement et l’équipe ne suffit pas à expliquer tous les ratés.
Malique Lewis n’est pas attendu comme un futur top prospect mais si il a bien progressé offensivement au sein du Phoenix, il pourrait vite monter dans les Big Boards.
Le frère : Dash Daniels (Melbourne United)
Stats FIBA World Cup U-19 : 8.1 points, 3.1 rebonds, 2.7 assists, 37.9% de TS%
Le frère de Dyson Daniels est un prospect très attendu pour l’année prochaine et ce pour de multiples raisons. Comme son frère, il est avant tout un super défenseur.
On connait Dash Daniels depuis un moment sur le circuit, notamment depuis la Coupe du Monde U-17. Il avait montré des qualités de playmaker, autant offensif que défensif, qui sont très solides et son pourcentage aux lancers pour son jeune âge laissait croire à une belle progression offensive.
Mais qu’en a-t-il été ? En réalité, Dash enchaine déceptions sur déceptions lors des compétitions. Si on voit toujours des belles qualités défensives, le niveau offensif ne progresse pas. Les pourcentages aux lancers francs sont assez mauvais, il n’est pas du tout à l’aise sur son tir, sa mécanique est plutôt mauvaise et en plus, il ne sait pas faire de différences balle en main car il manque d’explosivité. Il a de bons instincts à la passe et il a un bon decision-making mais il manque de trop de choses pour être efficace offensivement. Tous ces défauts se sont encore vus lors de la pré-saison de la ligue australienne.
Défensivement, c’est très bien. Il utilise bien sa longueur de bras pour gêner les ball-handlers adverses et il a un bon footwork défensif. Il manque pas mal de puissance physique pour tenir sur l’homme mais il prendra du coffre avec le temps, ce n’est pas très inquiétant.
Pour devenir un joueur de qualité qui sera drafté haut en 2026, il devra s’assurer du temps de jeu derrière Chris Goulding, Shea Ili et Milton Doyle. Une fois qu’il a du temps de jeu, il devra progresser sur son jeu offensif et notamment son tir.
Le get buckets : Ben Henshall (Perth Wildcats)
Stats 2024-2025 : 9.4 points, 3.4 rebonds, 2.6 assists, 53.0% de TS%
Voilà la dernière chance pour Benny de finir drafté. Le joueur né en 2004, après plusieurs semaines de questionnement et de rumeurs autour d’une arrivée en NCAA, a décidé de rester à Perth pour une année supplémentaire. Un choix qui fait sens avec le départ du scoreur dominant Bryce Cotton qui va laisser beaucoup de ballons à scorer dont Ben va devoir, en partie, s’occuper.
Le profil de Henshall, c’est le profil d’un guard de bonne taille dont la qualité principale est le tir extérieur. Il montre une belle polyvalence de tirs avec une capacité à shooter en première intention, derrière un écran ou en catch & shoot. Ses qualités de shooteur se confirment par tous les indicateurs statistiques comme les lancers francs : que ce soit en Australie, en Nouvelle-Zelande ou en équipe nationale, il tourne à 83.8%, largement rassurant. En plus d’être un sacré sniper en attaque, Ben est un bon passeur capable de trouver des angles compliquées et de faire preuve de créativité balle en main pour fluidifier son attaque. Il a une bonne vision sur Pick & Roll.
Défensivement, il y a des choses intéressantes aussi, notamment l’énergie défensive. Clairement, Ben n’est pas un joueur qui laisse son vis-à-vis seul. Cependant, il n’est pas du tout parfait : ce n’est pas un bon playmaker défensif, il a parfois des galères quand il doit naviguer dans les écrans et il peut se faire enfoncer assez fortement selon les switchs qui sont trouvés.
Pour devenir un prospect de très haut niveau pour la draft 2026, Ben Henshall va devoir prouver qu’il peut être efficient sur un plus gros volume mais aussi montrer des progrès dans sa finition au panier qui, trop souvent, est trop légère.
Le français : Noa Kouakou-Heugue (Perth Wildcats)
Stats FIBA World Cup U-19 : 7.0 points, 5.0 rebonds, 1.3 assists, 49.3% de TS%
La Draft 2026 n’est pas autant fourni que les précédentes éditions en terme de basketteurs français. Dans cette situation, Noa Kouakou-Heugue peut être le meilleur prospect français de la prochaine cuvée avec Atamna et d’autres.
La première qualité de NKH, c’est sa capacité à être un bon finisseur au panier sur Pick & Roll ou depuis le dunker spot. Il est longiligne, possède une superbe verticalité et a un bon catch de la balle. Il a également une bonne envergure qui lui permet d’être d’autant plus menaçant sur lob. Toutes ces qualités lui sont utiles pour aller gratter du rebond même si son body léger peut le gêner parfois.
C’est défensivement que le français est plus intéressant. Il est long mais aussi mobile pour couvrir défensivement et monter sur des extérieurs sans se faire avoir. Il bouge bien les jambes et ne se laisse pas dépasser physiquement. En terme de protection du panier, c’est très bien aussi avec une verticalité et un très bon sens du timing qui lui permet de chercher des bons ballons dans les airs.
Globalement, on est sur un prospect défensif de qualité mais un prospect offensif limité. Hormis utilisé de la verticalité et quelques flashs de passing très intéressants, il est très limité (son tir part de très loin, il met peu de lancers) et devra donc compter sur ses porteurs de balle pour lui envoyer des bons ballons. Sur la pré-saison, c’était très moyen en terme d’utilisation de la part de Perth et on espère pour Noa que ça va être travaillé pour le mettre dans une meilleure situation car sinon, l’avenir en NBA pourrait s’éloigner.
Les autres : Dontae Russo-Nance, Che Brogan, Goc Malual
On le sait, la NBL peut aussi sortir des pépites hors de son programme Next Stars et notamment des jeunes qui se développent un peu plus sur le tard au niveau de leur jeu. Ca a été le cas du récemment drafté Lachlan Olbrich par exemple, qui a finit par être sélectionné après un passage en NCAA (à UC-Riverside), en Nouvelle-Zelande (aux Cantebury Rams) et en Australie (aux 36ers d’Adelaide puis aux Illawarra Hawks). Voici quelques exemples de joueurs qui pourraient suivre ce blueprint :
- Dontae Russo-Nance est un meneur néo-zéolandais qui s’est fait remarqué très jeune par de belles performances aux Auckland Huskies, en ligue néo-zélandaise, dès l’âge de 16-17 ans. Très vite, Perth lui fait une offre et même si il joue pas beaucoup jusqu’ici, le départ de Bryce Cotton pourrait changer la donne. C’est un bon scoreur capable de shooter et à l’aise balle en main, il montre de vraies bonnes aptitudes sur Pick & Roll. Si le tir extérieur galère un peu, les indicateurs statistiques et les bases mécaniques sont pas mauvaises du tout. Défensivement, il manque de puissance physique mais c’est un exceptionnel chipeur de ballons qui tourne à largement plus de 2 interceptions par match en Nouvelle-Zélande.
- Che Brogan est un guard australien de bonnes qualités qu’on verra l’année prochaine à Adelaide. Pour les scouts internationaux comme nous, la Coupe du Monde U-19 a été une belle découverte de ce joueur. L’arrière australien a des défauts certains, notamment des limites aux tirs et des qualités athlétiques trop légères. Cependant, il compense tout ça par une superbe craftiness et une capacité à aller chercher des lancers francs qui lui permet de rester efficace. Sans être un playamker d’élite, il a un jeu de passe suffisant pour devenir un connecteur offensif de bon niveau. Il a aussi la compréhension de ce qu’il se passe sur le terrain pour être un super intercepteur qui créé des transitions offensives efficaces. Pour que Che Brogan soit un prospect NBA, il faudra encore développer le playmaking et surtout le shoot.
- Après une année à surveiller le talent de Alex Toohey, Sydney nous donnera l’occasion de surveiller Goc Malual. Sur les niveaux inférieurs, Goc se démarquait par un niveau athlétique au-dessus des autres. Une fois lancé, il est inarrêtable au panier. Il possède un super second saut et une verticalité incroyables. Toutes ces qualités lui permettent d’être un super rebondeur offensif malgré sa taille de 2m06 « seulement » mais aussi d’être un super défenseur capable de protéger le cercle et de switcher. Il doit se développer au scoring pour devenir un prospect solide à terme.
Pour plus tard : Jackson Ball, le futur de Wisconsin et de la Nouvelle-Zelande
Jackson Ball n’est pas éligible à la draft 2026 car il est né en 2008. Cette année, il sera à Illawarra avant de s’envoler pour la faculté de Wisconsin (ou son compatriote Hayden Jones sera sur la saison 2025-26) en 2026. Le jeune prodige néo-zélandais sort d’une superbe saison aux Hawks de Hawkes Bay avec 19.9 points de moyenne. Il a montré des énormes qualités de scoring (à tous les niveaux, que ce soit shooting, scoring au panier, chercher des lancers francs) mais aussi une solide polyvalence avec des bonnes passes et quelques bons plays défensifs.
Il est peu probable qu’on le voit avec l’équipe A malgré son talent certain mais pas du tout impossible qu’il fasse des allers retours en Nouvelle-Zélande où il sera intéressant à suivre. Même si il n’a pas été si fort lors de la Coupe du Monde U-19 (lié au fait qu’il était beaucoup plus jeune que le reste de la compétition), son talent est certain.
Encore une fois, la NBL sera à surveiller de près pour les scouts du monde entier. Un an après Zikarsky, Toohey et Olbrich, nous avons hâte de voir qui seront les suivants en 2026.