Dante Exum, Crédit : Sam Hodde via Getty Images
Dante Exum. Crédit : Sam Hodde via Getty Images

Dante Exum, un ancien prospect qui renait au Texas

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Symbole marquant d’un retour de Dallas au plus haut niveau, le meneur australien a-t-il enfin réussi à trouver sa place dans la grande ligue ? En effet, le joueur récupéré par les Mavs cette année durant la Free Agency avait connu un début de carrière très banal pour un top 5 de draft. Non ménagé par les blessures auparavant, il réalise actuellement la meilleure saison de sa carrière et est devenu un élément très important dans la rotation des Mavs.

Une pépite en devenir

Si l’international australien s’est endurci physiquement depuis son passage en Europe, son physique précaire a rendu son arrivée et son développement en NBA bien plus complexes que ce qu’il avait imaginé. Il a effectivement vécu 7 premières saisons très difficiles, où il a enchaîné les aller-retour à l’hôpital. Il n’a été épargné par aucune partie de son corps et a cumulé seulement 245 matchs à l’issue de son premier passage en NBA.

Dante Exum s’était d’ailleurs exprimé sur ce sujet récemment, décrivant un développement balayé par les blessures, et une difficulté psychologique à passer l’éponge sur ce qu’il avait considéré comme des échecs, disant que « Tout ce que j’ai vécu durant cette période fut comme une tornade ». Mais comment le joueur texan en est-il arrivé à ce niveau d’épuisement mental et physique ?

Avant d’étudier sa santé et son arrivée dans la grande ligue, rembobinons le fil de sa jeunesse et revenons d’abord sur son parcours en Australie.

Dante Exum, né à Melbourne le 13 juillet 1995, a toujours baigné dans le basket. Fils de Cecil Exum, un ancien joueur professionnel qui a principalement remporté le championnat NCAA pour North Carolina aux côtés d’un certain Michael Jordan, il n’a en revanche pas pu se montrer aux yeux des recruteurs NBA à cause d’une énorme blessure aux genoux.

Ce dernier recevra alors une offre venant d’Australie et s’installera dans le pays afin d’y construire sa carrière professionnelle qui durera 10 ans. Il initie naturellement son fils à sa passion, et ce dernier devient très vite le futur espoir du basket australien. Dante fréquente l’Australian Institute of Sport, un lycée incontournable en Australie où se construisent les meilleurs athlètes du pays. Des joueurs comme Patty Mills, Andrew Bogut ou encore Joe Ingles s’y sont développés avant lui.

Dante Exum est ensuite rapidement repéré et intégré dans la sélection australienne et se voit offrir sa première sélection alors qu’il n’a que 16 ans sous la directive Brett Brown, ancien head coach des 76ers et de la sélection australienne. Repéré par ce dernier pour sa polyvalence, et sa capacité à jouer aux postes 1,2 et 3. Il est reconnu pour être un défenseur très actif et concentré. Il est en outre capable de couvrir beaucoup d’espace grâce à sa vitesse.

Sur le plan offensif, il cause d’énormes problèmes aux défenseurs adverses, surtout lorsqu’il s’approche du cercle. Capable de résister physiquement pour finir aux contacts, il sait très bien utiliser ses deux mains à la finition. Il fait également beaucoup de différences grâce à son premier pas explosif, et utilise aussi très bien les écrans de ses coéquipiers avec ou sans ballon.

Son talent ne passe pas inaperçu aux yeux du grand public lors de la coupe du monde U19 en 2013, où après un beau parcours jusqu’en demi-finale, il est récompensé d’une place dans l’Equipe All-Tournemant. En 9 matchs, il affiche des moyennes de 18,2 points ; 3,2 passes et 1,8 interception par match. Après avoir réussi ses tests physiques durant la draft combine, il est sélectionné en 5ème position par le Jazz, devant des joueurs comme Julius Randle, Zach LaVine, ou même Nikola Jokic. P

as encore totalement prêt pour la Grande Ligue, il doit avant tout progresser dans sa prise de décision et son shoot extérieur, en s’appuyant par exemple sur Derrick Rose.

Crédit : Roberto Serra – Iguana Press

Auteur d’une première saison mitigé d’un point de vue statistique (4,8 points ; 1,6 rebond ; 2,4 passes en 22 minutes), Dante Exum marque néanmoins les esprits de sa franchise grâce à sa polyvalence des deux côtés du terrain durant toute la saison. Car oui, il avait effectué une saison complète (82 matchs joués) lors de son année rookie.

Le début de l’enfer

À l’issue de cette saison, Dante Exum décide de s’engager avec la sélection nationale pour disputer 4 matchs amicaux durant la tournée estivale. Son objectif est alors de trouver rapidement son rôle dans une équipe ultra compétitive. Malheureusement pour lui, tout ne se passera pas comme prévu. Le début de son enfer commence lors du troisième match de préparation. Contre la Slovénie, il se rompt le ligament antérieur du genou gauche. Sa  saison sophomore se stop avant même d’avoir commencé. Le calvaire commence pour lui au pire moment, lui qui était dans une année charnière pour son développement.

De retour l’année suivante, il retrouve son corps pour une 3ème saison assez convaincante. Ses statistiques sont revues à la hausse malgré une baisse de temps de jeu (6,3 points ; 1,2 rebond ; 2,3 passes en 19 minutes). Il a également un bel impact durant les play-offs. Même s »il est un peu plus limité durant la première série face aux Clippers (moins de 8 minutes de temps de jeu par match sur les 7 qui ont été disputés), il est davantage utilisé par la suite, avec notamment un temps de jeu qui se voit doublé sur la série perdue 4-0 face aux Warriors. il l’utilise d’ailleurs à bon escient avec presque 8 points de moyennes sur ces 4 matchs.

Une fin de saison encourageante donc, qui doit annoncer de belles choses. Il est d’ailleurs introduit dans le 5 de départ du Jazz aux côtés de Donavan Mitchell et de Rudy Gobert. Mais une nouvelle fois, son corps en décide autrement…

Sa saison se stoppe début octobre, lorsque TJ Warren retombe sur son épaule. Quelques jours plus tard, après l’annonce d’une opération, on décrit sa saison comme finie et bousillée. Avec un peu de chance, il parvient finalement à disputer une quinzaine de matchs sur la fin de saison à la suite de ces bonnes performances en G-league. Il participe également à la post-season où il réussit à retrouver un bon niveau, suffisant pour obtenir une prolongation de 33 millions sur 3 ans dans la franchise qui l’a drafté.

Un départ inévitable

Mais néanmoins, ce nouveau contrat ne marque pas un renouveau dans sa santé puisqu’il subit encore une fois de lourdes blessures. Après un début de saison où il retrouve un peu de stabilité, il manque 25 matchs à cause d’une entorse à la cheville. Juste après son retour, et alors que la fin de saison approche, il est victime d’une déchirure du ligament du genou droit, une nouvelle désillusion pour lui. Sa franchise annonce la fin de sa saison et espère un retour dès le début de la prochaine. Mais on comprend bien vite que sa rééducation sera plus longue qu’espéré …

Dante Exum revient en décembre pour disputer une dizaine de matchs avant d’être tradé contre Jordan Clarkson aux Cavaliers de Cleveland où il n’aura clairement pas le temps de jeu requis pour s’exprimer (seulement 5,6 points ; 2,3 rebonds ; 1,7 passe en 15 minutes de temps de jeu) avant de rechuter une nouvelle fois après une blessure au mollet gauche qui signe la fin de sa saison, ou peut-être plus… Car si le meneur australien commence sa 7ème saison aux Cavs, plusieurs pépins physiques viennent encore une fois lui jouer des tours. Il fait ses bagages à Houston en janvier 2021 dans un trade comprenant 4 équipes. Il ne jouera aucun match pour la franchise texane, devenant agent libre à l’issue de cette dernière année. 

Après un été convaincant avec la sélection, les Rockets lui laissent une seconde chance en lui faisant signer un contrat non garanti. Mais bien trop peu convaincant durant la présaison, il est finalement cut moins d’une semaine avant la reprise officielle de la NBA.

Une fin dramatique pour un premier passage en NBA. C’est un réel coup dur pour celui qui avait été sélectionné très haut quelques années auparavant.

Un passage en Europe pour une reconstruction personnelle

Dante Exum est appelé en urgence du côté de Barcelone pour pallier aux absences de Corry Higgins et Alex Abrines, deux cadres indisponibles durant une grande partie de la saison. Il signe là-bas un contrat de trois mois en décembre 2021, et doit alors montrer tout l’impact qu’il est capable d’apporter s’il veut relancer sa carrière. Et le pari sera gagnant. Principalement utilisé en sortie de banc du côté de la Catalogne, il y réalise une saison pleine et gagne la confiance de son coach Sarunas Jasikevicius, meneur mythique des années 2000 en Europe.

Ce dernier lui donne toutes les clés pour se relancer au point de finir sa saison avec de bonnes stats en Euroleague (6,3 points; 2,5 rebonds; 1,6 passe en 17 minutes) mais surtout une très bonne réussite aux tirs. Il tourne à 51,5% au tir, dont 54,5% sur les tirs longues distances. Une réussite derrière l’arc qu’il développé en Europe, lui qui tournait à 30,5% sur l’ensemble de ses 7 premières saisons en NBA. On peut également noter son très bon investissement défensif, lui qui est régulièrement sollicité par son staff pour de grosses missions défensives.

Malgré tous les efforts réalisés par Exum, le club espagnol n’arrive pas à atteindre les objectifs collectifs fixés. L’équipe s’incline notamment en finale du championnat espagnole face au rival madrilène sur le score de 3-1 dans une série où le Réal n’aura laissé aucun répit aux Blaugranas. En Euroleague, une nouvelle désillusion intervient pour Barcelone. Après une saison régulière réussie avec une première place au classement (21 victoires pour 7 défaites), ils connaissent d’abord un quart de final poussif face aux munichois en s’imposant 3-2, puis se font finalement défaire encore une fois par le Réal lors de la demi-finale du Final Four dans un match plus que tendu. 

L’épanouissement à Belgrade

Après une saison aboutie du côté de l’Espagne, lui et le club barcelonais trouvent un accord avec le Partizan Belgrade en juillet 2022 afin qu’ils retrouvent du plaisir en étant davantage responsabilisés. Titularisé rapidement dans le 5 majeur par Zeljko Obradovic, illustre figure du basket serbe, Exum réalise une très belle saison du côté du Partizan, avec notamment des statistiques excellentes en Euroleague (13,2 points; 2,3 rebonds; 2,7 passes en 23 minutes). L’équipe se qualifie pour les quarts de finals de la compétition grâce à une très belle 6ème place (20 victoires pour 14 défaites).

C’est un retour au meilleur niveau pour l’ancien pensionnaire de la ligue américaine qui conforme sa forme en Play-off avec encore une fois plus de 12 points de moyennes malgré la défaite en quart 3-2 face à l’ogre madrilène. Une saison qui se finit tout de même bien pour le club avec la victoire en finale du championnat serbe 3-2 face à l’ennemi historique qui n’est autre que l’Etoile rouge de Belgrade.

Dante Exum après la victoire du Partizan Belgrade en finale de la ligue KLS. Crédit : Emilija Jovanovic
Dante Exum après la victoire du Partizan Belgrade en finale de la ligue KLS. Crédit : Emilija Jovanovic

Après 2 saisons sans gros pépin physique, et en ayant disputé la quasi-totalité des matchs, le Dante Exum que l’on espérait voir en NBA est peut-être enfin arrivé. C’est l’heure pour lui de repasser de l’autre côté de l’Atlantique en espérant lancer définitivement sa carrière en NBA. Cette occasion survient en juillet 2023, lorsque les Dallas Mavericks lui proposent un contrat de 2 ans non garanti, à hauteur de 3 millions d’euros l’année. Une offre que Dante Exum ne laisse pas passé malgré une très bonne expérience en Europe. Il explique notamment dans une interview avec Devin Harris, ancien joueur de Dallas, tous les bons souvenirs qu’il garde en garde en Europe, et notamment en Serbie, où il a adoré la mentalité et l’engouement auprès des supporters.

« La culture de cette équipe est sans égal. J’ai adoré chaque moment passé là-bas, ainsi que d’être entraîné par le meilleur coach (Zeljko Obradovic), j’ai appris de lui, appris de cet environnement, avec 20 000 fans qui chantaient, qui encourageaient et qui voulaient qu’on joue dur. Que l’on gagne ou que l’on perde, tant qu’on jouait dur et qu’on mettait touT notre cœur sur le terrain, c’est tout ce qui comptait pour eux, et j’ai adoré ça » .

Il a apprécié l’Europe mais ses réelles motivations étaient un retour en NBA, ce qu’il n’a d’ailleurs jamais caché. Son travail a payé et paye toujours, lui qui voit désormais un peu plus loin qu’un simple retour aux États-Unis. 

Un retour gagnant en NBA pour Dante Exum

L’Australien sait qu’il ne peut pas laisser cette deuxième chance, car cela arrive très rarement. Il doit réaliser une saison convaincante pour obtenir sa prolongation en NBA. Il réalise une présaison plutôt correcte, notamment à la passe où il est important dans la circulation et l’élaboration offensive de l’attaque de Dallas, lui qui tourne à plus de 5 passes de moyennes par match. Dante Exum affiche par ailleurs une jolie adresse extérieure en tournant à 60% de loin, preuve qu’il a travaillé sur ces points faibles durant son passage en Europe. 

Néanmoins, et alors que la saison régulière débute, Dante Exum n’est pas beaucoup utilisé par Jason Kidd (10,5 minutes par matchs durant le premier mois). Il éprouve des difficultés à s’imposer et à trouver son rôle dans cette équipe. Mais en décembre la chance tourne puisqu’il profite de la blessure de Josh Green ainsi que des contres-performances de Jaden Hardy et de Seth Curry pour obtenir de nombreuses minutes précieuses sur les parquets. Des minutes que Dante Exum va optimiser à la perfection, au point de faire un mois de décembre juste incroyable (15,3 points; 3,8 rebonds; 5 passes, à 61,4% au shoot, dont 53,3% derrière l’arc). 

Après avoir pris feu, le néo-mavs se voit malheureusement écarter des terrains pendant 3 semaines, et marque un peu le pas avant de retrouver de l’efficacité. Il stabilise finalement son temps sur le parquet (20 minutes) ainsi que ses performances jusqu’à la fin de la saison, lui qui n’a d’ailleurs plus aucun problème physique. À l’issue de la saison, il participe à 55 matchs où il est l’un des grands artisans de la 5ème place obtenue par Dallas au bout du suspense. Statistiquement parlant, il finit avec 7,8 points ; 2,3 rebonds ; 2,8 passes en 20 minutes, avec des pourcentages excellents (53% au tir et 49% à trois points).

Il marque les esprits de son staff, de ses coéquipiers, et de ses fans une dernière fois en fin de saison dans le derby texan contre Houston. Il réalise une bonne performance (14 points, 9 rebonds, 2 passes), mais on retient surtout son shoot au buzzer à 9 mètres du panier qui envoie son équipe en prolongation, où elle s’imposera. À la suite de ce match, Dante Exum s’exprime sur la gestion de la pression dans les fins de rencontres tendues. Il précise une nouvelle fois que son passage en Europe n’est pas une chose anodine à sa confiance ainsi qu’à sa réussite dans le money time. 

« Je pense vraiment que jouer dans ces environnements hostiles m’a aidé à avoir le sang-froid nécessaire dans ce genre de moments chauds, oui. Quand vous jouez pour le Partizan et que vous allez dans la salle du Red Star, c’est dur. On a joué une série de cinq matchs contre eux dont deux à l’extérieur et l’atmosphère était vraiment rude. C’était comme si les fans étaient sur le parquet avec leur équipe. Du coup, ça rend les choses plus faciles pour moi aujourd’hui ».

Dante Exum Rewards Dallas Mavs' Trust with Late-Game Heroics vs. Houston Rockets
Andrew Dieb-USA TODAY Sports – Dante Exum lors de son buzzer beater face aux Houston Rockets

Alors que sa carrière virait au cauchemar à la suite de son premier passage en NBA, Dante Exum a su réinventer son jeu, notamment sur la réussite longue distance et la gestion des moments chauds. Cette progression est notamment due à un passage en Europe époustouflant et serein qui doit en inspirer plus d’un… Il a su prouver cette année toute sa valeur et est devenu un élément de confiance d’une équipe contender. Il est désormais prêt à attaquer les play-offs avec un maximum d’ambition pour emmener sa franchise le plus loin possible.

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