Les prémices d’une légende
Al est un enfant du Mississippi. Il est né à Monticello, une ville dans le sud de l’état. Il est allé au lycée à Prentiss, autre ville du coin natal du jeune Jefferson. Au lycée local, le garçon montre un talent incroyable, faisant de lui un des tout meilleurs prospects lycéens du pays. Il attire les scouts de tous les US qui veulent recruter ce phénomène. Pour donner une idée de la domination de l’intérieur, il tournait, dans son année senior, à 42.6 points, 18 rebonds et 7 contres. Un monstre.
Considéré comme un top 5 prospect, le garçon décide initialement de rejoindre la fac d’Arkansas. Finalement, il fait marche arrière et décide, tout simplement, de se présenter à la draft dès la sortie de lycée en 2004. A l’époque, c’était autorisé et relativement fréquent. Monta Ellis, autre légende du Mississippi, a fait de même l’année suivante.
Les échecs de sortie de lycée s’étant enchaînés les uns après les autres sur les années précédentes (Jonathan Bender, Kwame Brown ou encore Eddy Curry pour ne citer qu’eux), les franchises étaient réticentes à l’idée de recruter un joueur sans expérience NCAA, aussi jeune soit-il. C’est dans ce contexte que « Big Al » finit en 15ème position, chez les Boston Celtics.
Les débuts d’Al Jefferson à Boston
Utilisé comme ailier fort au début de sa carrière, Al se retrouve dans des Celtics qui se cherchent autour de Paul Pierce et derrière Raef LaFrentz. Bien qu’il soit sur le banc avec une quinzaine de minutes seulement, le rookie bostonien arrive quand même à gratter sa sélection dans la All-Rookie Team. L’année suivante est plus dure au global. Al Jefferson se blesse, la franchise galère. Paul Pierce commence à faire la gueule. C’est durant sa troisième saison que le géant explose dans une raquette en surcharge pondérale avec Kendrick Perkins. Il envoie 16 points et 11 rebonds de moyenne avec 1.5 contres. L’intérieur est doué pour le basket mais il a aussi pas mal profité de l’absence de Pierce pour obtenir des tirs, au prix de la victoire collective qui aurait eu besoin du patron. A l’été 2007, « The Truth » met la pression aux dirigeants pour faire venir des stars et Al Jefferson fait parti des gens qui en pâtiront. Il est envoyé à Minnesota contre Kevin Garnett.
Le nouveau chef de la meute
Les Wolves sont alors orphelins de Kevin Garnett et sans joueur de talent qui se montre vraiment. Al Jefferson prend la tête de l’équipe naturellement du haut de ses 22 ans. Et on peut pas dire qu’il y soit allé avec le dos de la cuillère : 21 points, 11 rebonds, 1.5 contres. Il pointe mêùe en quatrième position dans les votes pour le MIP derrière Turkoglu, Gay et Aldridge. Cependant, malgré de belles lignes de stats et le fait qu’il soit un enfer à défendre, Big Al n’est même pas dans la course pour devenir All-Star. La faute à un supporting cast faible et des résultats insuffisants. L’année suivante, Al monte même à 23 points et 11 rebonds. Les résultats, toujours aussi nuls, et une blessures aux ligaments croisés, arrêtent sa saison au bout de 50 matchs. Pour sa troisième saison, les statistiques de Al baissent en retour de blessure pour laisser de la place en attaque aux jeunes Kevin Love, Jonny Flynn et Corey Brewer. Mais sous le coach Kurt Rambis, le jeu est immonde et la saison se termine sur 15 victoires.
Un nouveau jazzman en ville
A l’été 2010, les Wolves sentent qu’ils ont une pépite intérieure en Kevin Love. Il faut donner un maximum de place et de liberté aux jeune ailier fort, et donc ne pas lui mettre un intérieur qui squatte la raquette et qui lui prend des tirs. C’est dans cette optique qu’ils envoient Al à Utah contre Kosta Koufos et deux tours de draft. Utah, qui vient de perdre Carlos Boozer, a besoin de renfort intérieur et l’occasion de prendre Jefferson semble être bonne. Pour Al, l’occasion de jouer avec un meneur incroyable comme Deron Williams et un coach comme Jerry Sloan semble parfaite pour lui. Il va pouvoir jouer sa meilleure partition. Sauf que ce que ne savait pas le pivot, c’est que Deron et Jerry sont en froid. Les deux partent pendant la saison, laissant Al seul à nouveau, à devoir assumer un rôle de patron.
Malheureusement, le départ des deux patrons va donner lieu à une fin de saison moche. Bilan de 8-20 sous Tyrone Corbin qui fait rater les Play-Offs de peu. La saison suivante est l’occasion pour l’équipe de repartir sur des bases saines, avec Corbin au coaching. Al Jefferson reste patron, avec le duo Millsap-Hayward pour l’épauler. Jefferson fait une magnifique saison : bilan positif pour Utah qui va en Play-Offs, le pivot retrouve son explosivité d’antan et travaille bien sur sa défense et son leadership. Un vrai candidat au All-Star Game, même si il ne l’est pas au final. Au premier tour des play-offs, Utah est trop faible pour tenir face aux Spurs. Malgré 43 victoires la saison d’après, Utah ne retourne pas en PO en 2013. Al Jefferson est un des Free Agent les plus attendus, lui qui pourrait signer dans une équipe de haut calibre, chose qu’il n’a jamais connu.
Le lynx qui va ramener la gloire à Charlotte
Cependant, Al prend une autre décision: signer chez les Bobcats, une équipe qui traine dans les bas fonds sur les 2 années précédentes et surtout qui n’a pas mis les pieds en play-offs depuis 2010 et le passage de Larry Brown. Sauf que magie du scénario, les Bobcats, que tout le monde attendait encore en dehors du top 8, surprennent tout le monde. Ce 5 composé de Kemba Walker, Gerald Henderson, MKG, Josh McRoberts et Al Jefferson, avec Steve Clifford pour la défense en coach et Al en point d’ancrage offensif, fait 43 victoires et atteint les play-offs. Al Jefferson sort sa plus belle saison en carrière : 22 points, 11 rebonds, 2 assists, meilleur joueur offensif d’une équipe de play-off et titulaire d’une top 5 défense de l’époque. Même si les résultats collectifs pré-All-Star Game expliquent son absence, il finit All-NBA Team pour la première (et seule) fois de sa carrière. En play-offs, les Heatles seront trop forts et termineront Charlotte 4-0.
La saison suivante sera une grosse déception pour Charlotte. Les redevenus Hornets sont attendus après leur bonne saison. Dès leur arrivée, Lance et Marvin mettront du temps à s’acclimater. Enfin, quelques pépins physiques viendront flinguer la saison. Charlotte termine à 33 victoires. C’est la saison 2015-2016 qui signera la fin pour le Big Al. .Les Hornets marchent pourtant bien et font leur meilleure saison depuis plus de 10 ans. Mais Kemba Walker a définitivement pris le spot de patron. Cody Zeller prend la place du titulaire au poste 5. Al est lui trop souvent blessé, en 6th Man de luxe. Il sera néanmoins titulaire pour les play-offs dans cette série de haut-vol, perdue contre le Heat de Wade, Whiteside et Dragic.
Terminus, tout le monde descend
C’est en 2016 que Al quitte les Hornets avec les honneurs, lui qui a redressé une franchise à la dérive. Il signe dans l’Indiana, chez les Pacers de Paul George coachés par Nate McMillan. Al doit y être un parfait remplaçant vétéran pour le jeune Myles Turner. Problème : la volonté de jouer vite avec PG et Teague, et le jeu et l’âge avancé de Jefferson ne collent pas du tout. Dans une NBA toujours plus small ball, rapide et avec toujours plus de tirs à 3 points, Jefferson est une liability évidente en défense et un joueur plus du tout aussi valuable en attaque. Il passera 2 saisons sur le fond du banc avec d’être coupé par les Pacers en 2018. Après ça, il fera des passages en Chine puis en Big3 League, juste après avoir pris sa retraite de la NBA en 2019.
Que retenir de Al Jefferson
Finalement, qu’est ce qu’il en reste de l’héritage de Al Jefferson en NBA aujourd’hui ? Celui dont l’image est lié à un joueur de qualité, capable de produire mais qui n’a jamais eu le contexte pour gagner. En fait, ce qu’il reste d’Al, c’est l’extinction d’une espèce, d’un style de jeu. Avec Zach Randolph ou le beaucoup plus jeune Jahlil Okafor, le géant au numéro 25 a été le dernier représentant des joueurs intérieurs dos au panier. Avec une panoplie de move au poste trop incroyable à regarder . Mais aussi des qualités physiques et athlétiques, ainsi qu’une absence de 3 points, qui signeront leur fin. Cependant, en tant que fan de Charlotte, je voudrais dire « Merci » à Al Jefferson. Merci d’avoir redressé cette franchise. Merci d’avoir proposé des mixtapes incroyables sur les meilleurs intérieurs de la ligue.
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