Après une saison rookie historique, et des Jeux Olympiques ponctués par une médaille d’argent face à team USA, Victor Wembanyama s’avance pour une seconde saison dans la Grande Ligue. Si beaucoup d’attentes sont placées en lui, à quoi peut-on s’attendre réellement de sa part ?
Victor Wembanyama peut-il connaitre « l’explosion statistique de l’an 2 » ?
Ces dernières décennies, beaucoup de très grands joueurs de la Ligue ont connu un énorme gap statistique entre leur première saison et leur année sophomore dans la grande Ligue. On peut par exemple penser à LeBron James, passé de 21 points, 5,5 rebonds et 6 passes à plus de 27 points, 7 rebonds et 7 passes décisives, ou même à Luka Dončić, qui a connu une augmentation similaire.
Ces augmentations statistiques ont une explication somme toute assez logique. Après une saison complète, les joueurs savent ce qu’il faut faire pour la reproduire. Leur année rookie leur a aussi conféré un certain statut, c’est à dire qu’ils sont véritablement devenus les stars de leur équipe. Qui dit nouveau statut dit plus grosse implication dans le jeu, et donc plus de ballons. Par exemple, lors de sa saison rookie, le pourcentage d’utilisation du ballon (Usage Rate) de Luka Dončić était de 30,8. Pour sa deuxième année, ce pourcentage est passé à 36,8.
Forcément, lorsqu’une attaque est tournée autour d’un joueur, ses statistiques ont tendance à augmenter. Plus de ballons permet d’avoir plus de tickets de shoot. D’une année à l’autre, Luka Dončić a pris 4 tirs et 2,5 lancers-francs de plus. Avec un pourcentage au tir équivalent d’une année sur l’autre, l’augmentation au scoring est donc d’environ 6 points, et si on y ajoute une efficacité en hausse, même légère, il est assez facile de comprendre comment le slovène est passé de 21,2 à 28,8 points de moyenne.
Pour rappel, lors de sa première saison en NBA, Victor tournait à 21,4 points, 10,6 rebonds, 3,9 passes décisives, 1,2 interceptions et 3,6 contres de moyenne par match. Ainsi, on devrait pouvoir attendre de Victor qu’il avoisine les 27-28 points de moyenne par match, ce qui constituerait une augmentation d’environ 6 à 7 points de moyenne par matchs. Avec une petite amélioration des pourcentages au tir, notamment de loin, cela parait largement atteignable.
Cette augmentation au scoring semble d’autant plus atteignable avec l’arrivée à la mène du très expérimenté Chris Paul, qui facilitera la tâche au français pour le mettre dans les meilleures dispositions en attaque. Sa science de la passe facilitera grandement l’accès au panier pour Wemby, qui a parfois subit l’absence d’un vrai meneur titulaire l’année passée. CP3 pourrait notamment créer des circuits préférentiels permettant de lancer l’ancien des Mets sur des lobs, lui qui est une des plus grosses menaces de la ligue sur Alley-Oop.
Cette connexion a déjà été entrevue lors du match de présaison opposant les Spurs au Magic d’Orlando. Si Victor Wembanyama a été assez maladroit (4/15 au tir), des flashs ont pu être aperçu. On retient en particulier l’énorme poster dunk sur Mo Wagner, lancé par Chris Paul. Des situations en pick & roll et en pick & pop ont aussi été mises en place, ce qui s’annonce de bonne augure pour la régulière.
Par ailleurs, les statistiques dans les autres compartiments devraient aussi connaître une légère hausse, mais les standards de la saison rookie sont déjà très hauts. On peut supposer que Victor devrait atteindre les 12 rebonds de moyenne avec plus de 4 contres de moyenne. À la passe, avec l’arrivée du Point God, et la draft de Stephon Castle, le numéro 1 de la Draft 2023 ne devrait pas connaitre d’explosion, et tourner autour de 4 ou 4,5 de moyenne.
Vous vous dites donc : « Mais c’est les stats de Prime Hakeem Olajuwon ! » Oui. C’est dire la démesure du potentiel sans commune mesure de Victor Wembanyama.
Un nouveau statut pour Victor Wembanyama ?
Avec une telle augmentation statistique, il est logique de penser que le français atteindra un nouveau statut, le statut des tout meilleurs. Wemby doit s’imposer comme un joueur minimum top 10 de la Grande Ligue à l’issue de la saison prochaine, si ce n’est pas plus. Pour cela, il lui faudra atteindre quelques objectifs qui confirmeront son changement d’échelle.
Premièrement, il doit obtenir sa première étoile de All-Star. Obligatoire. Toutes les stars y sont passées avant lui, de LeBron James, à Luka Dončić, en passant par Kevin Durant et Trae Young (oui j’étais obligé). La sélection pour le match des étoiles devrait être facilité pour le français, qui bénéficie de l’adoration des fans américains. Pour rappel, le vote des fans compte pour 50%. De plus, les joueurs et les coachs devraient aussi le faire figurer dans leur sélection. Victor ne s’en cache pas, s’il est sur le terrain, il sera dans la discussion pour tous les trophées :
« Bien sûr, j’aimerais être All-Star, mais je suis convaincu que si j’aide mon équipe du mieux possible, je le serai. C’est la même chose pour les autres récompenses individuelles. Au final, si j’aide mon équipe dans tous les aspects du jeu, je devrais être dans la conversation pour tous les trophées » – Victor Wembanyama lors du Media Day
Passé à deux doigts de le remporter l’année dernière, il est le principal favori pour le titre de défenseur de l’année. Au vu de l’influence défensive affolante qu’il a montré, notamment au contre, il est le candidat tout désigné pour cette saison, lui qui a affirmé à Rudy Gobert que le DPOY 2024 serait son dernier. Déjà All-Defensive First Team et Meilleur contreur de la Ligue, il devra confirmer cela pour pouvoir glâner ce trophée.
Lors de la récente publication du fameux « Top 100 » du média américain ESPN, Victor Wembanyama a été positionné à la onzième place, devant des joueurs tels que Anthony Davis et Jalen Brunson, qui sont pourtant des joueurs confirmés avec de l’expérience en Playoffs. C’est dire les attentes placées en ce jeune joueur qui fêtera ses 21 ans en janvier prochain.
Quels objectifs collectifs pour Victor Wembanyama et les Spurs ?
Toutefois, pour atteindre ces objectifs, Victor Wembanyama aura besoin d’une équipe qui suit. Pour remporter les différentes distinctions, il lui faudra également être compétitif sur le plan collectif. Pour cela, les Spurs ont logiquement effectué quelques mouvements à l’intersaison, avec les arrivées de vétérans comme Chris Paul, et Harrison Barnes, mais aussi la draft de Stephan Castle, qui va dynamiser la défense extérieure.
En effet, pour en revenir à l’objectif du Défenseur de l’Année, les statistiques affolantes de Victor ne suffiront pas, il lui faudra une meilleure équipe défensive, en terme de rating, mais aussi simplement dans le jeu. Face à des adversaires comme Rudy Gobert, qui joue dans une des meilleures équipes défensives de la NBA, le dossier collectif peut balancer en la faveur des meilleurs bilans, malgré des statistiques et un impact supérieur de Wemby.
La nomination dans les différentes équipes All-NBA, All-Defensive et surtout All-Star seront conditionnée par la position des Spurs au classement. Compliqué d’attribuer une place en All-NBA Second ou Third Team a un joueur treizième ou quatorzième de sa conférence. Il faut donc se fixer l’objectif de lutter pour se qualifier au play-in. Les déclarations de l’ancien des Mets lors de la présaison vont en ce sens :
« L’objectif, c’est d’atteindre le play-in ou les playoffs » – Victor Wembanyama lors du Media Day
Le numéro 1 des Spurs est confiant, mais les objectifs qu’il se fixe sont-ils réellement envisageables ? L’objectif des Playoffs parait prématuré, mais l’objectif du play-in, semble lui plus abordable, malgré une rude conférence Ouest. La blessure de Kawhi Leonard pourrait par exemple faire tomber les Clippers dans le classement de l’Ouest. Des concours de circonstances pourraient favoriser les Spurs pour grimper de quelques places, mais il faudra batailler pour obtenir une qualification au play-in.
Ainsi, cette seconde saison de Victor Wembanyama à San Antonio s’annonce remplie de promesses, avec des objectifs individuels et collectifs qui s’imposent, et qu’il s’impose. Il faudra porter attention à l’évolution du français lors d’une saison qui doit être celle de l’explosion.