La Draft des Spurs était très attendue, l’un des événements de l’année pour la franchise texane. Et les fans de San Antonio ne seront pas déçus. Quelques surprises et des signaux forts envoyés à Victor Wembanyama, il est obligatoire de revenir sur ces deux nuits de draft texane.
Un quatrième choix de premier choix
Sans surprise les Spurs ont drafté lors de la première nuit de la draft, un talent fou. Stephon Castle rejoint l’effectif de San Antonio en étant sélectionné à la quatrième position. Les besoins des Spurs étaient plutôt clairs, ils avaient un gros manque sur les lignes arrière, un manque de playmaking certain.
Alors que les fans de la franchise texane s’attendaient à voir leur franchise drafté un pur meneur organisationnel, comme Nikola Topic, où encore un talent on-ball à la mène, comme Rob Dillingham, le choix du front office texans a été plus mesuré. Les réactions ont donc divergé. Pourquoi sélectionner Stephon Castle, combo-guard facilitateur sans être un playmaker de rêve, alors que la franchise manque cruellement de talent organisationnel ?
Pour la faire courte, ce choix semble être le meilleur possible. Malgré les critiques qui ont pu en découler, choisir un meneur purement organisationnel aurait été un coup de massue dans le développement de Victor Wembanyama, Jeremy Sochan et Devin Vassell. Choisir un meneur qui a besoin obligatoirement d’avoir le ballon dans les mains aurait forcément, obligatoirement, enlevé des ballons des mains du trio déjà en place à San Antonio.
Gregg Popovich a toujours vu le basketball dans son intégralité, cassant parfois les codes qu’on connaît au niveau des postes dit “traditionnels”. Son basketball est fluide, total, avec un jeu de passes dynamique. La fluidité de l’attaque prime sur tout, et on a vu cette année que c’était ça qui manquait parfois à San Antonio : une attaque plus fluide où le ballon circule.
Stephon Castle rentre directement dans cette case. Le facilitateur, celui qui fluidifie ton attaque. Lors de son passage aux UConn Huskies, nous avons eu la chance de voir un des joueurs les plus matures de la NCAA, s’inscrivant dans le plan de jeu très tactique de Dan Hurley, sacrifiant ses moments on-ball pour le bien de l’équipe. Stephon Castle, bien qu’il soit freshman, a été l’un des grands artisans de l’équipe championne de UConn, chose très rare pour un joueur faisant sa première année en NCAA.
Stephon Castle est l’un des meilleurs défenseurs sur les lignes arrière de la Draft 2024. Un beau bébé physique, presque un monstre athlétique. Il s’inscrit parfaitement dans la culture défensive que Popovich veut instaurer aux Spurs.
Un combo-guard avec de grosses capacités organisationnelles, et qui défend bien en prime. Stephon Castle est-il le joueur parfait ? Évidemment que non, des interrogations au sujet de son tir extérieur pèsent. Castle tourne à 26.7% derrière l’arc pour un peu plus de 2 tentatives par match, c’est pour le moment insuffisant. La marge de progression existe évidemment, nul doute qu’il s’améliorera. Alors ça ne sera jamais Stephen Curry, mais il peut faire en sorte de ne pas être négatif.
Négatif en attaque : ça, il ne l’est pas. Castle jouit d’une grosse présence athlétique qui lui permet d’attaquer le close-out très facilement, et au cercle : c’est pas mal du tout. Je n’ai absolument aucun doute sur l’attraction offensive que pourra mettre en place les Spurs autour de lui. Qui plus est le jeu sans ballon de Castle épousera le talent offensif de Victor Wembanyama et permettra à Wemby de s’exprimer au mieux.
Un choix 8 qui part à Minny
Rob Dillingham, chouchou de la Draft pour n’importe qui daigne suivre le basketball. Les Spurs le sélectionne en huitième position, la foule est en délire et des larmes de joie coulent sur les joues des fans des Spurs… Puis le drame…
Minnesota has traded for the eighth pick and Rob Dillingham, source tells ESPN.
— Adrian Wojnarowski (@wojespn) June 27, 2024
Les San Antonio font un choix assez étonnant, en pleine reconstruction, celui de trade un pick de draft classé top 10. Dans ce fameux trade, les San Antonio Spurs récupèrent deux premiers tours de draft (dont un swap) dans assez longtemps, 2030 et 2031. Sur le moment, beaucoup ne comprennent pas ou sont déçus. Moi-même, j’aurais aimé voir Rob Dillingham avec la tunique des Spurs. En revanche, le mouvement des Spurs est totalement réfléchi et s’avérera, dans le futur, être un coup de maître.
À part à la mène, les San Antonio Spurs ne manquaient quasiment de rien. Les talents sont là, il faut juste les développer. Le choix du front office texans de récupérer deux futurs premiers tours de draft est excellent, ils accumulent des picks. On sait tous que les choix de draft sont des assets de premier ordre et une des monnaies d’échange les plus importantes dans les trades.
Les Spurs s’offrent deux solutions. La première étant d’accélérer immédiatement le processus de reconstruction autour de Victor Wembanyama, qui semble déjà prêt à tout exploser, et ce, dès cet été. La deuxième solution étant d’absolument garder ces picks de draft pour pouvoir mettre un coup d’accélérateur quand Wemby entrera dans son prime dans quelques années. La deuxième option me semble la plus logique, car même si Victor Wembanyama n’a pas de timeline et casse tous les codes du basketball, ses coéquipiers, eux, ont besoin de temps pour progresser.
La logique des Spurs devient simple et claire : ne pas dilapider les picks de suite et suivre attentivement les quelques bons coups de la Free Agency. Avec les deux picks (dont un swap) récupérer grâce au trade de Dillingham, les Spurs pourront balancer quatre premiers tours de draft qui ne leur appartiennent pas quand le moment sera venu d’accélérer pour Wemby.
Même si le pick 8 est finalement “hors draft” pour les Spurs, il me semblait obligatoire d’en parler, tant il découle de ce mouvement une logique claire à respecter du côté de San Antonio…
Un second tour « Spurs Culture »
Pour ceux qui ont suivi le second tour de la NBA Draft 2024, c’était un beau bordel. Des trades à tout-va, des incompréhensions et des joueurs qui ont énormément glissé. Pour San Antonio, le second tour était maîtrisé et ils sont repartis avec deux petits joyaux qu’ils désiraient.
Spurs are selecting Juan Nunez at No. 36 in the NBA Draft, sources say. https://t.co/9EpHPHoglF
— Shams Charania (@ShamsCharania) June 27, 2024
Juan Nunez est sélectionné en 36ème position par la franchise texane. Le meneur espagnol, qui avait déjà croisé le chemin de Wembanyama en compétition FIBA, est un profil très atypique qui pourrait se faire une place intéressante sur le banc texans. Il est tout de même possible que nous ne voyons pas Juan Nunez sous le maillot des Spurs avant quelque temps, il est un candidat parfait au principe de draft-and-stash. Le stashing est le fait de sélectionner un joueur par la draft pour obtenir ses droits, mais de le laisser jouer à l’étranger quelque temps avant de le rappeler, ou non. Juhann Begarin par exemple avait été stashé par les Celtics !
À l’inverse de Begarin, qui ne sera jamais rappelé par les Celtics, Juan Nunez a une vraie carte à jouer à San Antonio. Son profil est clair : c’est le meneur européen dans son cliché le plus grotesque. Maître le plus total du pick-and-roll, il semble déjà être un coéquipier parfait pour l’Alien Wembanyama. Sa capacité de passe est sa plus grande force.
En revanche, son tir extérieur est toujours en construction et sa capacité à défendre est désolante. Qui plus est, devenir le meneur de jeu d’une équipe NBA requiert des capacités physiques, tant la pace est grandissante. Juan Nunez est lent, très lent. A la NBA Draft Combine, il n’aurait couru que 0.01 seconde plus vite que Zach Edey, oui le mec de 2M24 et 136 kg. Il reste donc à voir comment Nunez s’intégrera dans la rotation des Spurs de Wemby. Il reste un joueur très talentueux qui aura forcément des séquences intéressantes.
San Antonio is selecting Harrison Ingram at No. 48, sources say. https://t.co/9EpHPHnIw7
— Shams Charania (@ShamsCharania) June 27, 2024
La Draft des Spurs ne s’arrête pas là ! Les Spurs se sont offert le luxe de sélectionner Harrison Ingram avec le 48ème choix de la draft. Harrison Ingram est un profil Spurs, sans aucun doute. Harrison Ingram mesure 1m96, et pèse pas moins 106 kg. Son envergure de 2m13 est à retenir car malgré sa taille, il chope un paquet de rebonds, pas moins de 8,8 rebonds par match la saison dernière. Ingram est aussi un facilitateur, il a un bon sens de la passe et s’inscrira totalement, à terme, dans l’attaque totale des Spurs.
Défenseur polyvalent, il est à l’aise pour switcher sur les arrières. Son tir extérieur est déjà solide également, faisant de lui un joueur très complet. Véritable swingman en devenir, je ne doute pas du fait que Ingram puisse se faire une place dans la rotation des Spurs d’ici quelques années. Pour le moment il reste quand même destiné à faire quelques temps en G-League, on sait que Popovich aime prendre son temps avec ces joueurs-là.
La Draft des Spurs s’achève donc ici, avec trois nouveaux ajouts à l’effectif texan. Mais surtout, le message envoyé à Wembanyama est très fort avec le trade de ce pick #8. Le projet paraît simple : On ajoute un guard talentueux en la personne de Stephon Castle et on développe Nunez et Ingram pendant quelque temps. Maintenant la Free Agency 2024 en vue pour le front office des Spurs, et on essaie d’entourer un peu mieux Wembanyama…