On se connaît un peu maintenant. Vous savez que j’écris particulièrement sur les Suns. Mais aujourd’hui je voulais me servir de ce qui se passe à Phoenix depuis l’arrivée du nouveau propriétaire, Mat Ishbia, pour essayer d’y voir plus clair sur un sujet animé et segmentant : les superteams.
Parce que depuis le 09 février 2023, date du trade dans lequel les Suns récupéraient Kevin Durant, un des commentaires les plus écrits et lus sur internet, c’est que les Suns sont une superteam.
Et on va le dire tout de suite : c’est le cas. Et alors ?
Et alors ce n’est pas la seule chose qu’on entends, en tout cas chez celles et ceux qui daignent un peu creuser la discussion et aller plus loin que la take elle-même. Ça implique quoi, d’être une superteam ? Avoir un bon paquet de superstars, ça d’accord. Mais qu’en est-il du projet ? De ses chances de réussites ? La superteam est-elle vouée à l’échec, à de rares exceptions près ?
Une superteam aux Suns ? bouuuuuh !!!
Quand le sujet du superteam arrive sur la table, ce n’est jamais positif. Jamais. Il s’agit toujours de juger de manière péjorative cette sorte de désenchantement, comme si une franchise vendait son âme au diable pour atteindre l’objectif suprême. Il y a un peu de ça, ce n’est pas faux non plus, et les Suns en sont un exemple.
Je suis le premier à regretter le stop brutal du projet Book – Mikal – Cam J – Ayton, que les Suns avaient jusqu’à ce jour de février où KD arrive. Monty Williams avait emmené ces gars en Finales NBA en 2021. Groupe construit à la draft principalement. Groupe capable de battre le record de victoires en saison régulière. Groupe qui apprenait de ses erreurs et qui continuait de progresser. Mikal Bridges en premier, dans cet hiver 2022-2023, fait de blessures et d’absences, momentum où son talent offensif a décidé d’exploser et de faire de lui une réelle menace en attaque (en plus de sa défense létale).
Et puis boom, on l’attendait depuis l’été, mais le choc : les Suns ramènent Kevin Durant et coupent court à ce projet si affectif et si sensible pour les fans. Mais qu’est-ce que tu veux dire quand Kevin Durant est sur la balance ? Hein ?
Les Suns n’étaient déjà pas en odeur de sainteté dans les autres fanbases. Leurs excès de confiance, presque arrogant, de la saison 2021-2022 n’y est pas pour rien. La nouvelle dimension superteam, encore relative à l’époque (Chris Paul n’étant plus celui de NOLA), c’était la goutte d’eau : il fallait s’accrocher pour aimer ce projet, qu’on soit dans la fanbase ou pas.
Et puis cet été 2023. Bradley Beal arrive, Deandre Ayton reste. Quatre stars, dont deux superstars. Une vraie superteam. Incroyable.
Une telle agglomération de talent peut nous rappeler dans l’Histoire récente de la league, les Heatles, les Celtics de Garnett, toute proportion ou toute disposition gardée. Pourtant, les sceptiques sont légions, et on entends à foison : « elles sont pas nombreuses à avoir gagné dans l’Histoire, les superteams. »
Est-ce que c’est si vrai que ça ?
Est-ce que les superteams sont obligatoirement maudites et condamnées à l’échec ? Est-ce que tout mettre sur la table d’un coup pour ramener tant de stars, et composer un banc de rôle players avec des contrats minimum, c’est un projet capable de décrocher le titre ?
En vrai ? Bah… Si c’est le cas, faut m’expliquer les exceptions. Notamment les deux que j’ai cité plus haut.(non, en vrai je m’en fiche)
Mais je m’aventure sur un terrain sur lequel je n’ai pas vraiment envie d’aller (vous savez, le terrain miné par la loi de Brandolini, où on va commencer à discuter des détails et à comparer les joueurs, blablabla…).
Je vais plutôt poser la question opposée : un projet de draft garanti-t’il la victoire à coup sûr ? Parce que finalement, si on affirme que les superteams ne vont nulle part, alors on on peut en déduire que les projets drafts font mieux ?
Là aussi, il y a évidemment des exemples concrets de réussite, parfois même glorieuse ! Je pense tout de suite aux dynasties des Spurs des Warriors. San Antonio drafte Duncan, puis chope Tony et Manu, développent en balle, et chasse du trophée pendant une dizaine d’années. Et les Warriors, tout pareil.
Pour autant, est-ce que TOUS les projets draft sont concluant ? Est-ce que TOUS mènent à la réussite finale ?
En fait, c’est ça, je crois, qui me butte toujours quand on émet un doute sur la structuration d’une équipe. Cette league est tellement compétitive, tellement âpre. La réussite y dépend de tellement d’autres choses, parfois au détail près, que de juste empiler les bons choix de draft développés, ou les stars recrutées par trades.
La superteam des Suns pose des questions évidentes et justifiées : l’avenir de la franchise à la draft, après la fin de contrat de Kevin Durant ? La no-trade clause de Bradley Beal ? Les role-players sont-ils suffisant pour aller au bout ?
Mais les questions de cet acabit, on est en droit de les poser pour chaque franchise. Chaque projet a son lot de vertiges, et chaque fan a sa propre appréhension du danger et de la hauteur.
Ce projet des Suns, il est ce qu’il est. On l’aime ou pas. Mais le condamner si vite ? Joel Anthony, ancien membre du Miami Heat époque Heatles, le dit (dans un article chez The Athletic) : à l’époque, le Heat était détesté et décrié dans toute la league. Le résultat ? Il confie que cela a soudé toute l’équipe, et que c’est un facteur décisif dans la détermination collective du groupe à réussir.
Les Suns n’étaient pas certains de pouvoir gagner avec l’équipe de l’ère précédente. Ils étaient d’ailleurs sûrs d’avoir grillé une cartouche, après la remontada sanglante des Bucks en 2021. Sont-ils désormais assurés de gagner le titre ? Non. Ils sont juste assurés de se taper les éternelles takes sur les superteams. Assurés d’entendre pendant toute la saison, que si cette équipe ne gagne pas, ce sera la honte. Et que si elle gagne, ce sera de la triche. Et quelque chose me dit que ça leur va bien. Quelque chose me dit que ça va nourrir l’équipe.
Embrace the hate.
[…] sont partis. Alors qu’une nouvelle ère s’ouvre et qu’il faudra bien se projeter avec cette superteam, les souvenirs de Steve Kerr et de ses décisions pointent le bout de leur sale museau qu’on […]
[…] the hate, disais-je l’été dernier, longtemps avant cette déroute chez les Phoenix Suns. La franchise de l’Arizona construisait […]