26e choix de la draft 2020, Payton Pritchard a demandé à quitter les Celtics il y a deux ans. Aujourd’hui, il est couronné du titre de meilleur 6e homme de l’année, mais peut-il avoir un rôle encore plus important dans la franchise la plus titrée en NBA ?
Ce n’est pas la priorité des Celtics en ce moment de se poser des questions sur le futur rôle de Payton Pritchard, mais nous avons appris il y a peu de temps que Boston chercherait à réduire sa masse salariale cet été. En effet, avec plus de 220 millions de dollars de contrats garantis pour la saison 2025-26, c’est une sacrée amende qui attend les dirigeants des C’s si aucun mouvement n’est réalisé.
Les deux joueurs qui semblent devoir s’en aller sont Kristaps Porziņģis et Jrue Holiday, qui toucheront 30 et 32 millions la saison prochaine. Avec le potentiel départ de Jrue, la suite logique serait de donner encore plus de responsabilités à Pritchard en le propulsant dans le cinq majeur, mais est-ce une bonne idée ?
L’un des meilleurs salaire de la Ligue
Au terme de cette saison, Payton Pritchard aura encore trois ans de contrat garanti, pour seulement 23 millions de dollars. Boston ne devrait donc pas le lâcher, lui qui voulait pourtant quitter l’institution en 2023, après avoir été relégué derrière Marcus Smart et Malcolm Brogdon.
À l’époque, demander un transfert, ce n’était pas une chose compliquée. […] Je suis un compétiteur qui veut jouer. »
Payton Pritchard
Les départs de Smart et Brogdon ont finalement libéré son chemin. Il s’est imposé comme un pilier du banc, obtenant cette saison le trophée de meilleur 6e homme de l’année. Boston montre des envies de donner ce rôle de meneur titulaire au numéro 11, notamment en signant définitivement JD Davidson, qui deviendrait sa doublure.
Mais les Celtics, habitués des meneurs à vocation défensive (Smart puis Holiday), pourraient vouloir continuer sur cette lancée, et chercher un autre meneur pour laisser Pritchard être le leader de la second unit. Encore faut-il trouver ce meneur, et avoir le package pour le récupérer.
Un shooteur d’exception
Cette saison, Pritchard a inscrit 255 trois points, soit le deuxième plus grand total pour un joueur des Celtics, derrière les 265 de Derrick White, record établi cette saison également. Avec près de 41% de réussite du parking sur 8 tentatives par match, il est une arme offensive énorme pour Boston. Cette adresse le place parmi les joueurs les plus efficaces de la Ligue en point par tir. Avec plus de 1,28 points par tir, il se classe 10e parmi les joueurs ayant joué plus de 1700 minutes.

Son carton à 43 points face à Portland en mars restera dans les mémoires. À 10/16 du parking, il a démontré tout son talent devant un TD Garden en feu.
Il se cantonne à ce rôle de floor spacer, avec sa taille (1,85m) et son physique, il ne peut pas vraiment drive et enfoncer ses adversaires. C’est donc près de trois quarts de ses tirs qui sont pris derrière la ligne à trois points. Mais, bien que le volume ne soit pas immense, il reste très adroit à mi-distance ou au cercle (75% de réussite, 90e centile chez les meneurs).
Il affiche la 2e meilleure adresse à mi-distance chez les guards derrière Ty Jerome, avec 53% de réussite. C’est un meilleur pourcentage que Shai Gilgeous-Alexander ou Jalen Brunson, qui tirent beaucoup plus que lui dans cette zone toutefois. À volume comparable, il est meilleur que De’Aaron Fox, qui est pourtant réputé pour son midrange.
Elle est maintenant loin l’époque où Pritchard cherchait plus de temps de jeu autre part. L’herbe n’est parfois pas plus verte ailleurs, et la persévérance des Celtics pour garder son petit meneur en est la preuve. Pritchard est notamment félicité par Joe Mazzulla à chacune de ses performances.
J’aime sa capacité d’avoir plusieurs rôles, il s’en fiche des circonstances. Il ne prête attention à rien d’autre que de jouer au plus haut niveau. C’est un pur compétiteur. »
Il n’y a pas que le shot making
Pritchard est un meneur moderne, capable de monter la balle et de tirer de loin, mais ce n’est pas lui l’organisateur des Celtics lorsqu’il est sur le terrain. Il affiche tout de même 3,5 passes décisives par match, mais un ratio Assist/Usage à 0,94. Les meneurs cette saison affichent en moyenne un ratio de 1,10. Ses chiffres ne sont donc pas brillants, mais son shoot est si létal qu’il écarte les défenses même quand il n’a pas le ballon. Ça crée de l’espace pour Jaylen Brown et Jayson Tatum. En quelque sorte, sans faire de passes, mais par sa simple présence, il libère ses coéquipiers.

Très habile avec le ballon, Pritchard ne le perd que très peu. Pourtant, il n’attend pas dans le corner pour tirer, c’est lui qui monte le ballon. PP touche la balle près de 35 fois par match, et il pose en moyenne 5 dribbles, mais grâce à son jeu simple et sans grandes prises de risques, il ne perd qu’un seul ballon par match. Il affiche un TOV% de 8,2%, ce qui le classe dans le top 4% des meneurs.
Ce qui peut paraître surprenant, c’est sa qualité au rebond, surtout offensif. Il est pourtant généralement le plus petit sur le terrain, mais il arrive à récupérer plus d’un rebond offensif par match. Avec le five out et la tendance à tirer de loin de Boston, il récupère des rebonds longs. Mais il se fait aussi oublier par la défense, qui n’effectue pas le box out. On pourrait se dire que les rebonds lui tombent dans les mains, cependant il montre une envie de récupérer ces seconds ballons pour donner des possessions supplémentaires à son équipe.
Son adresse au shoot se répercute sur la ligne des lancers francs, où il affiche un taux de réussite de 84,5%. Néanmoins, il ne se retrouve sur cette ligne qu’une fois par match. En même temps, avec près de 75% de ses tirs tentés du parking, difficile de provoquer des fautes. Seulement 2,8% de ses tirs provoquent des fautes (8e centile chez les meneurs). Par contre, un tir sur trois sur lequel il est victime d’une faute se transforme en and one.
C’est une des limites de son jeu offensif, qui pourrait le bloquer dans ce rôle de pétard ambulant en sortie de banc. Un autre aspect de son jeu pourrait aussi rendre réticent Joe Mazzulla à l’idée de le titulariser, c’est sa défense…
Pritchard est-il vraiment un poids en défense ?
Si Payton Pritchard reste limité par son gabarit, il a transformé cette contrainte en signature défensive. Il combine une combativité brute à une intelligence tactique aiguisée. En défense sur le porteur de balle, il est insupportable, il est capable de suivre son vis-à-vis grâce à son centre de gravité bas. Renforcé par une carrure solide (88 kg), il peut aussi absorber les chocs et rester collé aux adversaires, même face à des ailiers costauds sur certaines phases de jeu.
Affronter Payton est difficile […] Il complique tout pour l’attaquant, je déteste ça. »
Jrue Holiday
Techniquement, il a peaufiné sa navigation d’écrans, évitant les fautes tout en maintenant une pression étouffante. Même battu, il perturbe le rythme de son adversaire grâce à ses mains de plus en plus actives. Les statistiques reflètent cette nuisance : ses vis-à-vis perdent 2% d’adresse dans la raquette face à lui.
Hors ballon, son impact est plus subtil. Sa taille le rend vulnérable près du cercle, mais Boston compense par une rotation défensive huilée. Pritchard communique activement pour déclencher des switchs, s’appuyant sur des coéquipiers comme Jrue Holiday ou Derrick White pour couvrir ses mismatches. « Il a gagné notre confiance », résume Joe Mazzulla, qui n’hésite plus à l’aligner en playoffs, mais avec un peu moins de minutes toutefois (19 minutes contre 23 en régulière la saison passée).
Je veux vraiment être connu comme un joueur d’impact des deux côtés du terrain. J’entends des critiques selon lesquelles je suis un handicap en défense, ça m’énerve. À chaque match, j’essaie de prouver que ce n’est pas le cas. »
Payton Pritchard
Bien qu’il ait l’envie de devenir un two way player, c’est aussi grâce à ses coéquipiers qu’il peut avoir autant de temps de jeu (27 minutes cette saison). Lorsqu’il est sur le terrain, les Celtics sont moins bons défensivement, mais de très peu.
Payton Pritchard en meneur titulaire la saison prochaine ?
D’un côté, Pritchard a prouvé qu’il pouvait être l’étincelle parfaite en sortie de banc : shooteur d’élite, gestionnaire sobre, et nuisance défensive surjouant son gabarit. Avec un contrat abordable et un impact tangible sur le titre de 2024, les Celtics auraient tort de bouleverser une alchimie qui fonctionne.
Mais l’équation est plus complexe. Si Boston perd Holiday, le besoin d’un meneur titulaire défensivement crédible se fera sentir. Pritchard, malgré ses progrès, reste vulnérable face aux meilleurs joueurs. La franchise pourrait préférer un two-way guard expérimenté, reléguant encore PP à un rôle de sixième homme.
Pourtant, son évolution tactique est indéniable. Son duo avec Derrick White, combinant adresse et défense, pourrait offrir une alternative audacieuse. Reste la variable financière : avec une taxe de luxe record, Boston n’a pas les moyens de signer un meneur star. Pritchard, déjà dans l’effectif, incarne une solution économique et logique. En 2025-26, les Celtics devront choisir entre stabilité et prise de risque. La balle est désormais dans le camp de Brad Stevens.