« Une affaire de famille » est une série d’articles qui arrive prochainement sur Le Roster qui met en valeur les différentes familles qui ont marqué l’histoire du basket. Cependant, ces différents cas sont souvent des exemples de népotisme. C’est dans cette optique que l’ épisode 0, explique ce qu’est le népotisme en NBA, sous le prisme de l’histoire de Bronny James. 

Qu’est ce que le népotisme en NBA ?

Pour poser un bon contexte, il convient de définir les termes du sujet. Selon le Larousse en ligne, le mot « népotisme » est dérivé de l’italien nepotismo, lui même dérivé de nipote, voulant dire neveu. Initialement, c’est un terme religieux désignant une « Politique adoptée par certains papes et qui consistait à favoriser systématiquement leur famille ». Par extension, il désigne maintenant un « abus de quelqu’un qui use de son autorité pour procurer des avantages aux gens de sa famille ». Gardez comme synonyme, favoritisme ou copinage. 

Le népotisme est globalement partout : cinéma, art, média, politique, sport … et donc en NBA.

En 2016, une étude du Wall Street Journal montre que 49% des joueurs de NBA ont au moins un parent ayant été professionnel de haut niveau, et dans 85% des cas, cela implique un parent basketteur.   

On compte sur la dernière saison, plus d’une trentaine de joueurs NBA dont le père a également foulé les parquets. L’explosion du nombre de « fils de » dans la grande ligue NBA, pose une question : est ce que tous les duo père-fils, sont des cas de népotisme ? Difficile de répondre par l’affirmative si on s’en tient à la simple définition donnée précédemment. 

Steph's priceless message to Myers after GP2 practice battles
Gary Payton II et Stephen Curry, deux fils d’anciens joueurs NBA. Crédit : NBC Sports

Mais comment expliquer alors cette explosion ? Un premier élément de réponse est biologique. Le joueur NBA moyen a des mensurations et des qualités physiques hors norme, adaptées au haut niveau. Le premier facteur déterminant ces caractéristiques est génétique. Eh oui, un fils ou une fille, de deux sportifs de haut niveau, a plus de chance d’être naturellement, physiquement conforme au monde sportif professionnel.

Une deuxième explication serait sociologique. Dans un article de 2010, Joshua Dubrow explique que contrairement à une idée reçue, la majorité des basketteurs de NBA, quelque que soit leur couleur de peau, viennent de milieu aisé. Cette image de l’ascension sociale du joueur NBA n’est pas un mythe, mais elle est très largement minoritaire, et de plus en plus. On peut alors faire un lien avec les fils d’anciens joueurs NBA qui accumulent assez de biens pour permettre à leurs familles d’être dans un niveau de vie supérieur à la moyenne. 

La famille James est donc un fabuleux exemple : si LeBron vient effectivement d’un milieu défavorisé, ses enfants dont Bronny, ne le sont plus du tout étant des fils de multimillionnaires.  

D’une part, un ancien joueur professionnel, aura plus de contacts, plus de ressources sportives comme des coachs individuels ou des équipementiers. Et si un parent utilise son nom et son influence pour placer son enfant devant d’autres jeunes basketteurs, pour rentrer dans des écoles privées ou dans des camps d’été, alors on rentre dans du népotisme, selon la définition. 

D’autre part, les enfants élevés par leurs parents, sont imprégnés dès leur plus jeunes âges, du contact professionnel parental. Qu’ils le veuillent ou non.

Si un jeune enfant, a la chance d’avoir du meilleur matériel pour se développer, de participer à des camps de basket ET de voir ses parents s’épanouir dans le monde du basket, alors on peut aisément penser qu’il sera d’autant plus attiré pour devenir à son tour professionnel. 

How Will Bronny James And LeBron Play Together?
Bronny James, 3 ans, dans les bras de LeBron James en 2007.  Crédit : Jesse D. Garrabrant-NBAE via Getty Images

Une autre explication, moins prouvable, et qui se place d’un point de vue des joueurs, serait liée à la pression et à l’attente provoquée par son nom de famille. Cela induirait une volonté supplémentaire de « prouver » aux restes du monde qu’il mérite bien sa place pour son niveau et pas pour son nom. Prove the doubters wrong comme diraient les Américains. 

Enfin, si on se place d’un point de vue d’une franchise NBA, il apparaît moins risqué de miser sur un joueur qui connaît quelques ficelles du milieu et qui a un entourage déjà habitué au monde professionnel. Zion, Ja, … les dernières années ont largement prouvé que l’entourage proche d’un joueur était un facteur déterminant à la réussite d’une bonne carrière. 

Pour répondre à la première question : est-ce que l’explosion du nombre de « fils de » est directement liée au népotisme ? ; cela doit s’appuyer sur les différents éléments de réponse proposés plus haut. Oui, il y a de grands cas de népotisme en NBA. Non, tous les joueurs ne sont pas pistonnés et n’ont pas « aucun mérite » d’être sur les parquets de la grande ligue. 

Si vous voulez un rapide exemple concret de ce qu’est le népotisme en NBA, voici le cas Brunson. Après que Jalen Brunson, prolonge aux Knicks pour un prix cassé, son père, déjà présent dans le staff des Knicks s’est vu promu premier assistant de Tom Thibodeau. Une situation qui a tout de même valu une enquête de la NBA et l’indignation de la franchise. Coutumier du fait, la ligue avait déjà sanctionné New York pour tampering, quand Rick avait les avait rejoint quelques mois avant son fils ! 

Des cas de népotisme, dans le monde du basket, on en connaît quelques un. D’ailleurs, certains seront intégrés à la série d’une dizaine d’articles « Une affaire de famille » développant les plus grandes familles ayant joué au basket. Mais les articles ne se limiteront pas aux relations père-fils, et exploreront également quelque fratries ou cousinades, américaines et françaises. 

Le cas Bronny James

L’arrivée en NBA de LeBron James Jr, plus connu sous le nom de Bronny James a pas mal divisé les fans NBA. Pourtant, ceux qui suivent la NBA depuis quelques années ont vu grandir le jeune meneur. Ultra-médiatisé dès son plus jeune âge, le moindre highlight est diffusé massivement sur les réseaux sociaux, souvent avec LeBron en bords du terrain. 

Il rejoint le lycée de Sierra Canyon en même temps que son petit frère Bryce et Zaire Wade, le fils de Dwayne Wade. Après plusieurs saisons, il est une recrue 4 étoiles et décide de s’engager avec la fac d’USC, dans la même ville que son père qui évolue alors aux Lakers. A l’époque, certains soulignent déjà que Bronny est un nepo baby et qu’il ne mérite pas tous les honneurs qu’il reçoit. 

 Malgré ces critiques, à l’été 2023 il est projeté pour être au premier tour de la draft 2024. C’est à cet instant qu’arrive un moment critique pour la famille : Bronny est victime d’un arrêt cardiaque. Un tournant pour sa carrière, on a même peur qu’il ne puisse plus jamais rejouer à la balle orange.  

5 mois plus tard, après une longue rééducation, il fait ses débuts universitaires. Et il poursuit toute la saison, en étant plutôt décevant, ce que l’on peut expliquer par un manque de rythme. C’est alors qu’arrive le moment de décider s’il se présente à la draft. Classiquement après une année comme cela, n’importe quel joueur enlève son nom de la liste et continue, au moins pour une année l’aventure NCAA. Bronny n’est clairement pas prêt pour la NBA, mais décide tout de même de garder son nom. 

La suite ne vas pas vous surprendre. Dans un total cirque médiatique, certaines équipes seraient soi-disant intéressées pour le drafter, mais on le sait tous à l’avance, les Lakers ont le 55ème choix et vont le choisir. Lors du deuxième soir de la draft, grosse surprise, il est sélectionné par les Lakers. 

Bien évidemment, tout cela est la volonté du père, LeBron James. Difficile alors de ne pas voir du népotisme ici. Cela ne vas pas s’arranger puisque lors du premier match de la saison, malgré une mauvaise summer league, Bronny rentre sur le terrain. Cet instant marque l’Histoire de la NBA, ils deviennent le premier duo père-fils à jouer un match ensemble. LeBron a forcé, mais a réalisé un de ses rêves. Cet évènement marque un certain côté obscur de la NBA, où les franchises sont obligées de faire des concessions, à première vue aberrantes, à leur superstar. 

NBA : première pour LeBron et Bronny James, la saison est lancée
LeBron et Bronny James lors du premier match de la saison 2024-2025. Crédit : Frederic J. Brown-AFP

Pour faire simple Bronny n’est pas bon quand il met les pieds en NBA. En G-League, cependant, il a montré de vraies belles choses, laissant entrevoir du potentiel pour le futur. Il ne faut pas oublier qu’il n’est qu’un 55ème choix de draft, et finalement, on n’attend pas grand chose des joueurs sélectionnés à cette place. S’il perce : c’est du bonus, s’il ne foule jamais les pieds de la NBA : c’est tout à fait normal.

Le cas Bronny James est bien évidemment du népotisme mais est-ce si grave ? Cela dépend de votre sensibilité. On peut penser qu’il vole la place d’un autre jeune joueur dont le rêve ne s’est pas réalisé. D’un autre côté, il a toujours été projeté dans les mock draft, mais là encore, à quel point cela était dû à son nom ? Finalement, son rôle est plus que limité et le fait qu’il ne soit « que » une 55ème position durant la draft limite légèrement le problème.

Ensuite, ce n’est pas le seul, ni le dernier cas flagrant de népotisme en NBA. Ici, LeBron était en position de réaliser quelques chose de jamais vu, de quoi étoffer sa greatness. D’ailleurs, si vous n’étiez pas au courant, son deuxième fils, Bryce, vient d’être champion de Californie avec son lycée, et s’est engagé avec la fac d’Arizona. LeBron a peut-être pour objectif de jouer avec ses deux fils d’ici 2027, et quand on voit sa longévité et son influence, rien n’est impossible.

Le népotisme en NBA, est de plus en plus courant, à différents degrés selon les cas. Les fans des franchises impliquées sont tout à fait en droit de trouver ça inadmissible, et le fait que le népotisme soit de plus en plus répandu, dans bien des domaines, ne doit pas rendre la chose plus acceptable. Bronny James en est un parfait exemple, tant son arrivée en NBA a fait polémique, et a relancé les débats sur le mérite de certains joueurs NBA.

Cet épisode 0 de la série, avait pour but d’introduire une notion que l’on voit ressortir de plus en plus. Il est aussi là pour montrer que même si la série d’articles à venir a pour but de mettre en valeur les grandes familles du basket, il ne faut pas perdre de vue qu’une partie de ces cas sont des exemples de népotisme. Essayons de garder un peu d’esprit critique.

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