Comme l’année dernière, Le Roster vous propose des Scouting Reports mais cette fois-ci, au lieu de tout condenser à la fin, on vous les propose tout du long jusqu’à la draft. PJ Haggerty fait l’objet du premier scouting report de la saison sur Le Roster. Plongeons donc en profondeur dans le jeu et le potentiel de PJ Haggerty.
Qui est PJ Haggerty ?
PJ n’a pas de page Wikipedia et il n’y a pas vraiment de grandes stories détaillées sur sa vie. Cependant, on peut trouver quelques interviews sur internet qui nous permettent d’en savoir plus sur le parcours et sur la vie du personnage. PJ Haggerty est né le 13 avril 2004 à Crosby, dans le Texas, dans la région de Houston. On sait qu’il a commencé le basketball à l’âge de 4 ans et qu’il a pratiqué un peu de football US, il dit d’ailleurs que c’est ce qu’il aurait fait si le basketball n’avait pas été une issue viable. On n’en sait pas tant sur son environnement familial, on sait qu’il a un père, une mère et une sœur auxquels il tient beaucoup et il se dit très croyant. Il est un défenseur de l’éducation financière pour les jeunes.
Sur les questions basket, son joueur préféré est LeBron James. C’est un joueur qui a énormément bougé tout au long de sa carrière universitaire. Il a commencé en 2022-23 à TCU, donc dans son état local, mais ne fait pas sa place dans l’effectif et se fait vite redshirt par l’équipe. L’année suivante, il décide de rejoindre Tulsa, une équipe qui sort d’une saison horrible (bilan de 5-25) et qui ne joue pas grand-chose dans la AAC. Cependant, il profite de la faible qualité du roster pour exploser et sortir une grosse saison : 21.2 points, 5.5 rebonds, 3.8 assists et 1.9 steals avec 59.6% de TS%, soit une saison très efficace avec un gros volume au scoring. Mais la caractéristique qui fait que Haggerty se fait remarquer c’est une stat : .765 de FTr pour 21.2 points par match, c’est énormissime. En effet, PJ envoie 10 lancers par match. Forcément, ça intrigue et Haggerty rejoint Memphis (et reste donc en AAC), séduit par le discours de Penny Hardaway, pour former un duo de choc sur le backcourt avec Tyrese Hunter qui marche très bien sur ce début de saison et ils espèrent avoir leur place pour la March Madness, voire au Final Four comme il a pu le dire, et avec un bilan de 12-3 sur ce début de saison, le tournoi NCAA ne pourrait pas être si loin.
Contexte et personnage mis en place, on peut commencer à regarder ce qui constitue les qualités et les points à améliorer du guard de Memphis.
Les qualités de PJ Haggerty
- Le point le plus évident dont il faut parler avec Haggerty, c’est sa vitesse. C’est, de facto, sa force principale en attaque comme en défense. On voit plusieurs séquences de PJ où il arrive à passer son défenseur sans écran juste en étant un joueur dynamique, plus rapide et avec une incroyable explosivité. D’ailleurs, ça en fait une menace constante sur contre-attaque : sa capacité à pousser la balle n’en est que meilleure de par sa vitesse, qui lui permet de finir devant des défenseurs plus avancés lors de la course. Avec ce joueur sur le terrain, l’attaque de n’importe quelle équipe ira plus vite. Pour rester dans le sujet de la vitesse, on peut aussi parler de son utilisation qu’il en fait sur des cuts de côté où il adore placer une feinte avec un pas du côté éloigné pour ensuite se rapprocher du cercle à toute allure grâce à un combo d’explosivité et de rotation des jambes (genoux-hanches-chevilles) qui est assez fascinant à voir (on le voit sur des eurosteps notamment) et que les adversaires ne peuvent pas suivre. S’il a des différences notables avec le futur ex-meneur des Kings (comme on l’appelle en ce moment), il y a un côté très De’Aaron Fox à ce niveau-là.
— ☭ (@SapphireExtrait) January 11, 2025
- L’autre point positif évident avec PJ, et qui rejoint un peu le premier, c’est son combo équilibre-handle. En effet, balle en main, Haggerty montre une aisance assez incroyable de déplacement et de maîtrise. Si, pour le moment, on peut difficilement parler d’un joueur à 3 vitesses (comme un Fox à ses débuts, il est très vroom vroom et ne connaît pas le frein), on ne peut pas lui enlever qu’il maîtrise à la perfection cette vitesse max. Evidemment, il lui arrive de rater des lay-ups ouverts dans la précipitation justement car il allait beaucoup trop vite et qu’il n’a pas su décélérer sur le jump, mais on voit qu’il arrive aisément à conserver cette aisance sur fullcourt. On le voit énormément split des défenses, changer de direction de manière très rapide et surtout, le plus important, un équilibre en l’air qui est exceptionnel et qui lui offre autant de lancers francs. Cet équilibre qu’on retrouve balle en main se retrouve aussi quand il drive et aussi globalement quand il doit scorer. C’est d’ailleurs pour cette raison qu’il est si bon sur des fadeaways, stepbacks et autres moves si compliqués.
- Évidemment, nous devons parler de cette capacité à attraper autant de lancers francs. En effet, un joueur qui est capable de capter plus de 8 lancers par matchs de manière quotidienne sur 2 années consécutives, qui sont faites dans 2 contextes différents (un one-man show à Tulsa et un duo offensif dans une vitrine à prospect qu’est Memphis), ce n’est pas courant. En effet, il est pertinent de l’évoquer maintenant qu’on a évoqué les 2 qualités principales qui en font un provocateur de lancers suprêmes : la vitesse et l’équilibre. Il profite énormément des retards adverses en défense liés à son handle crafty et son explosivité pour forcer les intérieurs à faire des fautes. Cette capacité à maintenir son corps droit dans les airs est une précieuse arme également. D’ailleurs, quand on parle de lancers, on parle d’efficacité aux lancers : 82.1% cette année, 76.7% l’an dernier. Haggerty réussit bien aux lancers avec une mécanique rapide et fluide qui fonctionne très bien.
— ☭ (@SapphireExtrait) January 11, 2025
- Son shoot extérieur a des défauts, c’est certain, et il est probable qu’il ait une petite surchauffe sur ce début de saison de par le contexte de Memphis et le système Hardaway. Cependant, on remarque déjà des qualités qui font des bons shooteurs: son release est rapide, il a une vraie variété de tirs pris (capacité à prendre et rentrer des stepbacks notamment) qui en fait une menace constante. Il a aussi un excellent toucher (gros pourcentages aux lancers francs, capacité à mettre des and-one, etc) qui rend son évolution comme shooteur efficace plausible.
- Il a aussi une très bonne activité aux rebonds, notamment offensif. Avec 5% de ORB%, il est dans les très bons guards rebondeurs et il est très sneaky, sait trouver les angles d’attaque pour choper le rebond et profiter de la deuxième occasion, si possible avec des lancers.
Les points à améliorer de PJ Haggerty
- Le point à améliorer qui doit absolument être travailler par Haggerty est la passe. Grâce à son agressivité et sa vitesse, il est un outil gravitationnel naturel sur le terrain, ce qui mène à pas mal de double teams, notamment sur isolation ou sur P&R. Pour utiliser d’autant plus ce point, PJ doit progresser à la passe. S’il a autant de balles perdues (4.0 par match pour 3.3 assists), ce n’est pas un hasard. Déjà, PJ a des vraies lacunes sur les passes à 1 main et n’en fait pas assez, comme si il n’avait pas confiance en ses capacités à diriger correctement ses balles sans la main lanceuse ET la main directive. C’est d’autant plus dommage que l’on voit que Haggerty a de vraies qualités de vision et une capacité assez incroyable à trouver les angles difficiles. La passe à 1 main ne se voit que sur flashs et c’est bien dommage. De plus, il manque parfois de justesse dans sa passe, on voit des tentatives de passes alley-oops ou des passes au roller qui finissent dehors. Pour optimiser son jeu offensif, PJ doit absolument progresser au passing
- Si PJ est un scoreur exceptionnel par sa capacité d’équilibre et à trouver des axes de déplacement difficile, ses choix sont parfois douteux. Il tente beaucoup trop de turnaround fadeaways à mi-distance et globalement des tirs un peu foireux qui sont autour de la raquette mais pas toujours dedans. On voit aussi des pull ups à mi-distance sur la ligne des lancers qui finissent rarement bien. D’un côté, ce sont des décisions logiques parce qu’il faut mieux ça que de foncer dans le mur sur deux intérieurs qui sont prêts à défendre. De l’autre, on peut déplorer ce choix et le fait qu’il ne se soit pas orienté plutôt vers une sortie de balle par une passe, que ce soit à cause d’un manque technique de passing, soit à cause d’un manque d’adaptation dans la réalité matérielle directe à une problématique imprévue pour une situation anticipée.
- Un point mitigé sur Haggerty est sa défense de manière générale. Dans les points positifs, on peut citer sa vitesse, sa longueur de bras très respectable, ses appuis dingues, une bonne volonté, beaucoup d’interceptions et une manière de faire ses switchs qui est très naturel. Ca fait un certain nombre de qualités qui seront possibles de retranscrire à l’échelon supérieur. Cependant, ça n’en fait pas un si bon défenseur pour autant pour le moment. En effet, on peut citer sa capacité de prise d’écran qui est très mauvaise en l’état, que ce soit à cause de son physique trop léger pour encaisser le contact au sol mais aussi et surtout des choix qui sont assez mauvais de comment prendre l’écran, c’est à dire par au-dessus ou par en-dessous, ce qui laisse trop de shooteurs ouverts. On peut aussi mentionner une hyper activité sur l’homme qui lui fait faire des fautes pas nécessaires ou qui font qu’il sera dépassé par son attaquant qui profitera du fait que Haggerty s’est trop jeté pour attaquer. Pour être un playmaker défensif si efficace, il va falloir épurer son jeu et accepter de ne pas toujours avoir l’interception et privilégier, parfois, une défense propre, efficace et pas forcément de forcer la contre-attaque.
— ☭ (@SapphireExtrait) January 11, 2025
En somme, PJ Haggerty est un prospect super intéressant à suivre dans une fac très fun à regarder cette saison (étonnamment). On est encore en janvier, la saison est longue et les ranges sont larges pour les joueurs comme lui mais il ne serait pas étonnant de voir le meneur de Memphis finir au second tour voire en fin de premier, ou bien de retenter sa chance en NCAA pour une année junior de progrès qui lui permettrait de gratter un premier tour en 2026 ou en 2027.